François Bayrou |
Très discret, voire trop discret, pendant l’entre-deux tours de la présidentielle, François Bayrou est omniprésent dans les médias depuis la victoire d’Emmanuel Macron et dans ce nouvel entre-deux qui va conduire aux législatives.
Et le président du MoDem de dérouler un programme pour les cinq ans à venir avec les priorités et les mesures à prendre.
Sans oublier de modeler la future coalition qui va aller aux législatives pour tenter de donner une majorité à Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale.
Il est fort possible qu’une partie des propos de Bayrou corresponde à l’agenda qui sera celui d’un futur gouvernement de l’axe central composé des partis qui ont soutenus le président de la république et ceux qui veulent être à ses côtés lors de son second quinquennat.
Mais rien n’est moins sûr, non plus.
Quoiqu’il en soit, voici les principales orientations qu’il préconise.
En matière de pouvoir d’achat, le leader du Mouvement démocrate se déclare pour une augmentation des salaires et des petites retraites.
Concernant la réforme des retraites, il souhaite la tenue d’un référendum.
Pour ce qui est de la défense de l’environnement et de la lutte contre lé réchauffement climatique, il développe son propre programme autour de trois pôles: une production d’énergie abondante et compatible avec une réduction des gaz à effet de serre; le combat pour la biodiversité; la mise en place d’une économie circulaire avec une exigence de frugalité et de refus du gaspillage.
Il veut évidemment que la réindustrialisation du pays se poursuive.
Il plaide pour un plan qui proposerait une vision pour les trente années à venir alors même que son travail à la tête de l’organisme chargé de le façonner a semblé peu efficace auprès du gouvernement de Jean Castex.
Il se positionne contre un parti unique et un seul groupe à l’Assemblée nationale qui représenteraient la coalition macroniste, voulant de la diversité en la matière.
Et puis il y a ce qu’il appelle le «but principal du prochaine gouvernement», «réconcilier le pays» et qui lui fait répéter souvent les mots «union» et «unité» mais auxquels il ajoute «diversité» en refusant l’«uniformité».
Parce qu’«on a besoin d'avoir la capacité de souder un pays, de ressouder un pays».
On note ainsi beaucoup de gravité et même d’angoisse sur la présentation qu’il fait de l’état de la société française et de l’avenir proche.
Il parle de « la dimension des défis que nous avons devant nous» qui sont «impressionnants» et «pourraient même être paralysants tellement ils sont importants» ajoutant qu’on n’a «jamais connu une succession et une addition de crises comme celle-là».
Il dit aussi qu’«on ne va pas vivre des temps faciles» et estime que la France «explose trop aujourd'hui» et que «l’on est devant une espèce de tremblement de terre qui dure depuis plusieurs décennies, et ce tremblement de terre fait que ceux qui forment la base de la société, ceux qui sont au travail, ceux qui sont à la retraite, ceux qui cherchent du travail, ceux qui sont en formation, se sentent coupés du sommet du pays».
Et de poursuivre:
«Que se passe-t-il? La base des Français, la base de la pyramide que constitue
le peuple français se sent coupée de ce que l'on appelle le sommet. C'est un
prétendu sommet, car ce n'est pas très haut comme sommet, mais l'immense
majorité des Français, des millions et des millions de femmes et d'hommes ont
le sentiment qu'on ne les reconnaît pas. (…) Dans la société où nous sommes, ce
qui manque le plus, c'est la reconnaissance. Presque chacun d'entre nous a le
sentiment qu'il n'est pas reconnu dans son identité ou qu'on ne lui donne pas
l'importance ou la reconnaissance qu'il devrait avoir.»
Face à cette situation, il pense qu’Emmanuel Macron – ou en
tout cas ce qu’il voudrait qu’il soit – est l’homme de la situation:
«L’inquiétude si profonde de la société française exige une sensibilité, une
vision, un enthousiasme, une capacité d’entraînement politique. Et
l’articulation entre politique et technique en sera ainsi heureusement
rétablie. Plus que jamais dans la Ve, on a besoin d’un nouvel équilibre pour
rapprocher le pouvoir du peuple. Le pouvoir doit être incarné, dans une figure
entraînante et bienveillante. Le président est l’inspirateur et il doit être
aussi, d’une certaine manière, le recours du peuple, à la fois prescripteur et
médiateur. Dans notre histoire nationale, le mythe de Saint-Louis, d’Henri IV,
s’est construit ainsi, et d’une certaine manière Mitterrand avait très bien
compris cela.»
Enfin, il plaide pour un Centre fort:
«On a besoin d'un Centre puissant en France, mais que ce Centre soit un Centre,
c'est-à-dire que ceux qui participent à ce mouvement soient soudés autour de
convictions philosophiques, politiques, d'une pratique politique, d'une manière
d'être en politique qui vous identifie, car, si c'est ce que les Américains appellent
un melting-pot, un pot où l'on mélange tout, ce n'est pas attractif et cela
vous expose à des détestations de la société.
(…) Nous avons déjà connu cela, car j'ai été successivement, quand j’étais très
jeune, le Secrétaire général et plus tard le Président de l'UDF. Cela
ressemblait à cela. C'était un système dans lequel nous étions ensemble, tout
en ayant des identités qui soient parfaitement caractérisées.»
Et de préciser encore:
J'ai toujours plaidé que c'était une absurdité de découper les réponses entre
droite et gauche. Que l'on avait besoin au contraire d'une aspiration qui
fédère, qui rassemble. C'est pourquoi j'ai toujours été un militant, un
défenseur de l'idée d'un centre puissant parce que c'est là que l'on se
retrouve et se réconcilie. Il y a des gens qui ont fait des carrières d'un côté
et de l'autre et qui s'aperçoivent le moment venu que, dans les moments graves,
ils sont ensemble.»
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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