Voici une sélection, ce 23 mai 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la
République)
> [Message à l’occasion du premier Conseil des ministres du nouveau
gouvernement]
Il y a une semaine j’ai nommé Elisabeth Borne première
ministre et nous avons constitué un nouveau gouvernement. (…) Le gouvernement
que vous constituez (…) est un gouvernement pour agir, agir au service de nos
compatriotes, agir au service du projet sur lequel ils m’ont fait confiance les
10 et 24 avril derniers, agir dans un contexte inédit celui dans lequel nous
sortons d’une pandémie si tenté qu’elle soit complètement terminée, où la
guerre est revenue en Europe et où très clairement nous avons des défis inédits
à affronter pour notre société et pour notre continent.
Le gouvernement que vous constituez est fait pour agir en rassemblant notre
pays, un gouvernement qui lui ressemble.
C’est un gouvernement tout à la fois de continuité et de nouveauté avec des
femmes et hommes des partis politiques qui m’ont amenée aux responsabilités en
2017 et 2022, d’autres venant de formations politiques différentes avec cette
idée de rassembler, d’unir autour du projet qui me porte. Des femmes et des
hommes qui viennent de la société politique (…) et d’autres qui viennent de la
société civile.
L’action qui sera la notre sera tout à la fois de consolider
ce qui a été fait durant les cinq années qui viennent de s’écoule car un
deuxième mandat n'est pas un mandat pour refaire ou défaire, il s’installe sur
in socle solide, celui d’un bilan, d’une action résolue. Mais à l’aune des
défis nouveaux, de ce que nous voyons dans notre société, de ce mandat nouveau
qui m’a été confié de pouvoir bâtir une action nouvelle sur le fond et sur la
forme c’est-à-dire de pouvoir embrasser des défis nouveaux, de le faire encore
plus rapidement encore mais de le faire avec une méthode nouvelle.
Pour moi le fil rouge c’est celui du progrès pour notre pays et tous nos
compatriotes c’est celui de servir notre devise, c’est-à-dire un projet de
liberté, d’égalité, de fraternité mais aussi de laïcité. Un projet qui consiste
à transmettre les valeurs de la France et notre république mais d’embrasser ces
défis nouveaux.
> [Message à l'occasion de la 75ème Assemblée
mondiale de la santé]
Nous avons traversé ensemble la plus grande épreuve sanitaire depuis un siècle.
Or, celle-ci n’est pas encore achevée que nous devons déjà faire face à une
autre crise : un conflit armé qui remet en cause les fondements-mêmes du
multilatéralisme auquel nous sommes attachés. Attachement dont nous témoignons
par ce rassemblement à l’Assemblée mondiale de la santé, une fois encore.
Je souhaite ici réaffirmer la pleine solidarité de la France et de l’Union
européenne avec l’Ukraine. Nous condamnons avec la plus grande fermeté
l’agression militaire commise par la Russie, avec la complicité coupable de la
Biélorussie. Les conséquences de cette guerre sont dévastatrices, sur le plan
sanitaire, sur les populations, sur les établissements et sur les personnels de
santé, qui sont pris pour cible. Je tiens ici à remercier l’Organisation
mondiale de la santé, pour son action déterminante afin de préserver, sur le
terrain et malgré les difficultés immenses, le droit à la santé des populations
en Ukraine. L’Assemblée mondiale de la santé se saisira de cette question cette
semaine et j’appelle tous les États membres à soutenir la résolution présentée
par l’Ukraine.
Pourtant cette crise, cette guerre que nous vivons aujourd’hui en Ukraine, ne
nous fait pas oublier que de nombreuses autres urgences, sur le reste de la
planète, doivent continuer de nous mobiliser. La pandémie au premier
chef.
Vous connaissez l’engagement de la France et de ses partenaires européens face
à la pandémie. Nous avons été à l’origine du lancement d’ACT-A. La France a été
le premier pays à donner des vaccins via le mécanisme d’allocation équitable de
COVAX, et aura mis à disposition 120 millions de doses auprès de ses
partenaires d'ici fin juin, comme je m'y étais engagé. L’Europe a été le plus
grand pourvoyeur de vaccins du monde, en exportant la moitié de sa production
et en livrant, à ce jour, 365 millions de nos propres stocks, vers tous les
continents, à 90 % à travers le mécanisme COVAX. L’Equipe Europe a choisi aussi
d’investir pour le futur. Nous avons mobilisé plus d’un milliard d’euros pour
déployer des capacités de production de vaccins sur tous les continents, et
travaillé étroitement avec l’OMS pour créer des centres de transfert de
technologie en Afrique et sur tous les continents. J’étais dès le mois de mai
2021 au Rwanda, en Afrique du Sud sur ce sujet, et puis en contact avec
beaucoup d’homologues, dont le Sénégal, sur le continent. Enfin, l’Union européenne
a porté une position constructive devant l’Organisation mondiale du commerce
pour faciliter les transferts de licences en temps de pandémie, afin que les
brevets ne puissent plus faire obstacle à l’accès équitable aux produits de
réponse aux pandémies. Nous devons maintenant nous assurer que ce modèle soit
ancré dans la durée et cela signifie modifier la manière dont les grands
acheteurs de produits de santé s’approvisionnent, que ce soient Gavi ou le
Fonds mondial, car acheter local pour maintenir une capacité de production sur
tous les continents est dans notre intérêt à tous. Et je sais combien, en
particulier, le Président sud-africain y tient.
Aussi, puisque nous évoquons notre démarche en faveur d’un accès plus équitable
aux produits de santé, permettez-moi un aparté pour souligner la valeur
d'Unitaid. Cette organisation est en première ligne sur le combat de la
production locale. C’est notamment Unitaid qui a permis les accords de licence
avec Pfizer et Merck sur leurs traitements Covid, via le Medecines Patent Pool.
Unitaid a aujourd’hui 15 ans, et merci donc pour votre soutien pour continuer à
remplir ce rôle unique.
Notre mobilisation collective a permis un recul de la pandémie mais le combat
n’est pas terminé. Nous ne sommes pas à l’abri de résurgences et de nouveaux
variants. Le taux de vaccination dans certains pays reste très inquiétant et ne
pourra pas nous protéger collectivement si une nouvelle vague repart. Nous
devons donc maintenir nos efforts, notamment à travers l’appui aux campagnes de
vaccination sur le terrain. J’appelle ainsi tous les gouvernements à continuer
à porter cette ambition, sur tous les continents. Comme nous l’avons annoncé la
semaine dernière, la France mobilise des moyens supplémentaires pour ACT-A, à
hauteur de 100 millions d’euros, qui pourront servir dès cette année à la
vaccination Covid19.
De manière plus générale, la difficulté à déployer les campagnes de vaccination
est un des révélateurs des fragilités de nos systèmes de santé. Il est temps de
nous engager et d’investir davantage dans les systèmes de soins, systèmes de
soin primaires en particulier car c’est là que résidera la meilleure
préparation aux prochaines pandémies. Je ne suis pas convaincu que cet
engagement requière un instrument dédié. Il s’agit plutôt de repenser la
manière dont nous travaillons en santé mondiale et les moyens que nous
accordons aux gouvernements pour se saisir de ces sujets, à travers les
programmes multilatéraux et nos aides bilatérales pour rebâtir des systèmes
beaucoup plus forts, et des systèmes à la fois en termes de prévention et de
soins, beaucoup plus résistants aux crises. Nous avons déjà beaucoup
d’organisations et de grandes institutions financières investies sur la scène
de la santé mondiale, dont certaines sont en phase de reconstitution, comme le
Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La
priorité pour moi est de soutenir fortement ces organisations, en intégrant au
cœur de leurs mandats cette priorité que doit être le renforcement du système
de santé local.
Néanmoins, s’il y a un axe en particulier sur lequel il est essentiel que nous
concentrions nos forces, il s’agit du renforcement des compétences des
personnels de santé – car rien ne sert d’avoir des infrastructures ou des
vaccins si l’on n’a pas le personnel pour accueillir les patients et les
soigner. Vous connaissez mon engagement aux côtés du directeur général de l’OMS
pour mettre sur pied une Académie, qui ouvrira ses portes à Lyon en 2024.
L’Académie sera la référence mondiale en matière de formation aux enjeux de
santé globale. Elle formera, grâce à des technologies numériques innovantes, de
très nombreux apprenants à travers le monde, notamment en provenance des pays
les plus fragiles. Avec ce projet majeur, l’OMS apportera une réponse très
concrète pour la formation à la préparation et à la riposte aux pandémies.
C’est pourquoi je vous invite tous à soutenir cette initiative.
Maintenant, que ce soit pour la gestion des crises sanitaires ou pour le
renforcement continu des systèmes de santé, je vous appelle, chers collègues, à
soutenir sans relâche l’OMS. L’OMS elle est la seule institution légitime pour
garantir la sécurité sanitaire universelle, et nous permettre collectivement
d’avoir une réponse coordonnée, unie et solidaire. C’est ce qu’a fait la
France, en doublant ses contributions à l’organisation pendant la crise.
Je salue en particulier le rôle joué par le Directeur général de l’OMS, cher
Tedros. La France a présenté sa candidature à un second mandat et lui accorde sa
confiance pour qu’il poursuive la transformation de l’OMS dans les prochaines
années.
Ces derniers mois et années ont vu se développer une conversation passionnante,
qui nous a permis de faire réfléchir les décideurs du monde entier à la
gouvernance de la santé mondiale et à la préparation aux pandémies. De
nombreuses propositions sont sur la table, qui convergent notamment sur
l’importance de renforcer l’OMS dans son rôle de coordination scientifique et
d’instance normative, dans une approche « Une Seule Santé », et sur la
nécessité de lui donner davantage de moyens pour agir. Des moyens financiers,
avec des contributions plus importantes. Des moyens sous forme d’accès aux
données, car les États membres de l’OMS ont la responsabilité de mettre en
œuvre ses directives mais aussi de lui transmettre toutes les informations
nécessaires pour les éclairer. Des moyens pour s’assurer de la bonne
préparation sanitaire universelle, ce qui nécessitera un mécanisme de revue par
les pairs.
Enfin, comme toute organisation internationale, l’OMS doit garantir
l’implication active de ses États membres, notamment en temps de crise. C’est
pourquoi la France soutient la mise en place d’une Commission permanente du
Conseil exécutif de l’OMS sur les urgences sanitaires, et appelle à un
positionnement ambitieux de ce dernier, pour nous permettre d’être
collectivement prêts quand une urgence se présente.
Pour permettre à l’ensemble de ces réformes d’être ancrées dans le droit, pour
l’avenir, je suis favorable à l’adoption, sous l’égide de l’OMS, d’un accord
international juridiquement contraignant. Celui-ci devra être accompagné par la
révision du Règlement sanitaire international, afin d’adapter celui-ci aux
évolutions des risques sanitaires et nous assurer de sa mise en œuvre.
Je compte sur l’ensemble des Etats membres de l’OMS et sur la capacité
d’entraînement de son directeur général pour mener à bien l’ensemble de ces
chantiers. C’est la condition pour avoir une science libre, ouverte,
indépendante de toute pression politique, des mécanismes efficaces de
prévention des crises et de réaction rapide face aux crises, des mécanismes
d’organisation collective lorsque les crises sont là. Cela vaut pour la
pandémie actuelle, mais cela vaut pour tous les défis auxquels nous aurons à faire
face : pandémies nouvelles, interactions entre les déstabilisations de la
biodiversité et de la santé humaine. C’est notre responsabilité, non pas
d’attaquer l’organisation, mais de la parachever, de la renforcer, de la rendre
plus indépendante et forte afin de bâtir ensemble un monde plus sûr, pour nos
enfants et pour les générations futures.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Elisabeth Borne (Première
ministre)
> Emmanuel Macron a été élu sur la base d’un programme. Pour le mettre
en œuvre, il est important d’avoir un équilibre : les ministres en place
depuis plusieurs années et qui ont fait face à des crises inédites et conduit
des chantiers importants apportent leur expérience et permettent d’être
opérationnel tout de suite dans un contexte de crise préoccupant. Mais il faut
aussi une respiration et faire entrer de nouveaux visages légitimes et
compétents dans leur domaine, issus aussi bien de la société civile que de la
gauche, du centre ou de la droite. L’essentiel, c’est que nous avons des
personnalités très engagées et très énergiques, qui arriveront à des résultats
rapides.
>Les priorités ont été tracées par le président de la République: école, santé, transition écologique. Il y a aussi un sujet qui suscite l’inquiétude des Français : le pouvoir d’achat. Nous devons en tenir compte et être attentifs aux plus fragiles, qui peuvent être mis en difficulté par la hausse du prix des denrées alimentaires combinée à celle de l’énergie. Grâce aux mesures lancées par le précédent gouvernement, avec notamment le bouclier énergétique, nous sommes un des pays où l’inflation a été le plus contenue. Chez nos voisins, les prix du gaz et de l’électricité ont augmenté de 70 % voire 120 %. Je le redis, nous continuerons à agir. Le premier texte examiné par la nouvelle Assemblée nationale sera donc sur le pouvoir d’achat.
> Différents types de mesures sont prévus : la prolongation du bouclier tarifaire et de la remise sur les prix du carburant, la création du chèque alimentation, la revalorisation des minima sociaux ainsi que des retraites sur l’inflation, le relèvement du point d’indice de la fonction publique, la suppression de la redevance audiovisuelle, le triplement de la prime Macron et une nouvelle baisse des charges pour les indépendants.
> Tous les pays européens sont confrontés aux mêmes difficultés. Protéger les plus fragiles, c’est indispensable. Nous avons fait le choix de prendre des mesures temporaires, jusqu’à ce que les cours de l’énergie reviennent à un niveau acceptable, et ciblées sur les plus en difficulté. Nous allons également continuer à agir pour soutenir la croissance, créer des emplois, ce qui est aussi un moyen d’assurer des recettes fiscales. Donc non : nous ne laissons pas filer le déficit.
> Pouvoir d’achat et transition écologique sont conciliables. Cela suppose d’accompagner les plus modestes quand il s’agit par exemple de changer sa chaudière au fioul ou au gaz ou encore de passer des voitures thermiques aux voitures électriques… Nous voulons le faire rapidement. Comme le montre la sécheresse actuelle, le dérèglement climatique est déjà là. C’est maintenant qu’il faut agir.
> La transition écologique doit irriguer l’ensemble des
politiques publiques. Elle fait donc partie des fonctions de la Première
ministre. Cette idée de planification est importante pour rassurer à la fois
ceux qui trouvent qu’on ne va pas assez vite et leur montrer qu’on tient le
cap, en l’occurrence l’objectif de neutralité carbone en 2050, et ceux qui
craignent de ne pas être assez accompagnés dans cette transition. Nous devons
montrer qu’on aidera les entreprises, les ménages et tous les Français pour
arriver à cette neutralité carbone.
J’ai à mes côtés Amélie de Montchalin à la Planification écologique
territoriale et Agnès Pannier-Runacher à la Planification énergétique. La
première devra mettre en œuvre avec les élus la transition écologique dans les
territoires, c’est-à-dire soutenir des projets d’aménagement en évitant les
consommations excessives de ressources naturelles, accompagner les mobilités
propres ou encore la rénovation des bâtiments. Bref, des choses très concrètes.
La deuxième aura pour mission de sortir la France des énergies fossiles, de
mener une politique fondée sur le renouvelable et le nucléaire, composante
essentielle d’un mix énergétique, et de renforcer nos progrès en matière
d’économie d’énergie. Il y aura également un secrétariat général chargé de la
planification rattaché à la Première ministre pour s’assurer que chaque
ministre porte dans son champ d’action l’ambition en matière de transition
écologique.
> J’ai deux principes: être attentive à toutes les idées mais se méfier des fausses bonnes idées ! Des retraités louent un bien dont ils sont propriétaires, et les loyers qu’ils perçoivent composent une partie de leurs revenus. Les geler, comme des associations le suggèrent, risque de les mettre en difficulté. Nous avons aussi besoin de construire des logements, et il ne faut pas assécher les sources de financement des bailleurs sociaux. Parallèlement, le gouvernement a pris des mesures pour soutenir les salariés au smic et bientôt pour les fonctionnaires. Pour éviter les décisions hâtives, des concertations vont s’engager avec Bruno Le Maire.
> Le président de la République a fixé un cap: le plein-emploi. Il n’a jamais été aussi proche, aussi accessible. Le plein-emploi sera le symbole de la renaissance de notre pays que nous devons aux Français. Il est leur meilleure solution pour le pouvoir d’achat et pour la dignité de chacun.
> [Pap Ndiaye et Jean-Michel Blanquer] Évitons de caricaturer les positions. Tous les deux poursuivent le même but : assurer l’égalité des chances et l’excellence pour nos jeunes, ce qu’incarne parfaitement le nouveau ministre. Ce sont des personnalités différentes, mais je peux vous assurer que Pap Ndiaye aura à cœur de capitaliser sur ce qui a été fait sous le précédent quinquennat, comme le dédoublement des classes de CP. Nous devons aller plus loin. Notre détermination est totale pour garantir à chaque jeune de France les mêmes chances quelle que soit leur adresse, leur origine sociale.
> Ce que les Français peuvent constater, c’est qu’Éric Dupond-Moretti a obtenu la plus forte hausse du budget de la justice depuis vingt ans et des résultats concrets en matière d’effectifs et de délais de traitement des affaires, qu’il s’est pleinement mobilisé sur la justice de proximité. C’est ce que les Français attendent. Des états généraux de la justice ont été lancés pour aller plus loin et engager un chantier en profondeur. Il était important qu’il puisse recevoir les conclusions de ces travaux et engager rapidement leur mise en œuvre.
> C’est une réforme [des retraites] nécessaire. Ceux qui
voudraient faire croire qu’elle n’est pas indispensable ne disent pas la vérité
aux Français. Car l’enjeu, pour notre pays, est d’assurer la force de notre
modèle social, de poursuivre le progrès social et d’investir, notamment dans la
santé et l’éducation. Le président de la République a pris des engagements
clairs : ni hausse d’impôts, ni augmentation de la dette. Or nous vivons
de plus en plus longtemps, le rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de
retraités diminue… Si on veut préserver le système de retraite par répartition,
auquel nos concitoyens sont attachés, il faudra progressivement travailler un
peu plus longtemps. Mais c’est une mesure qui doit tenir compte des différences
entre les parcours professionnels. Clairement, un salarié des abattoirs ou un
carreleur n’ont pas eu les mêmes conditions de travail que vous et moi. La
pénibilité et l’usure professionnelle feront donc partie des sujets abordés
lors des concertations avec les partenaires sociaux, qui s’ouvriront après les
législatives.
65 ans n’est pas un totem, mais il faut assurer le financement de notre
modèle social. Et annoncer aux Français qu’ils vont travailler moins, brandir
la retraite à 60 ans, c’est leur mentir. C’est ce qu’a fait le RN pendant
des années. C’est aussi une mesure que l’on retrouve dans le programme de la
Nupes et qui n’est pas crédible. Les promesses façon « demain on rase
gratis », les Français n’y croient pas. Moi, je ne leur mentirai pas.(…)
Cette réforme, comme les autres, se fera dans le dialogue. Il faut que chacun
mesure les enjeux : si on ne travaille pas plus longtemps, on devra
consacrer davantage de nos ressources publiques à financer la retraite. Or nous
refusons de creuser le déficit, de baisser les pensions ou d’augmenter les
impôts. Au contraire, nous souhaitons revaloriser les retraites et créer une
pension minimum à 1 100 euros. Pour financer ces mesures mais aussi
dégager des moyens supplémentaires afin par exemple de permettre à nos aînés de
bien vieillir chez eux, nous devons ouvrir ce débat avec les organisations
syndicales et patronales. Il y a besoin de pédagogie et de dialogue. Réformer
les retraites, c’est préserver des marges de manœuvre pour agir sur des
politiques essentielles. (…)
Nous continuons à viser un système plus juste, avec la fermeture des régimes
spéciaux pour les nouveaux recrutés. Notre intention est de faire les choses de
manière progressive et de rassurer les Français quant à l’évolution de leur
niveau de retraite.
> [Réforme des retraites] Cette réforme sera celle de la nouvelle méthode voulue par le président de la République. Les principes ont été posés, maintenant nous devrons concerter et co-construire. Il faudra de l'écoute et de la volonté.
> Le maintien dans l’emploi des seniors, le recul de l’âge de départ, la pénibilité… Toutes ces questions, nous les aborderons conjointement avec les partenaires sociaux. Les sujets des retraites et du travail sont totalement liés. Par le passé, les réformes des retraites ont conduit à augmenter le taux d’emploi des seniors. C’est pour cela que le choix a été fait de confier ce dossier au ministre du Travail, du Plein Emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt.
> [Situation dans les services d’urgence à l’approche des congés d’été] Nous allons nous atteler à ce dossier prioritaire dès lundi avec la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon. Les tensions sont fortes à l’hôpital et nous devons trouver des réponses rapidement pour que les Français puissent continuer à être soignés dans de bonnes conditions.
> Je suis profondément convaincue que les bonnes réformes
se bâtissent dans le dialogue avec tous les acteurs et en proximité. Notre pays
est fait de diversité. Les habitants de Vire ou d’Évrecy, dans le Calvados, où
je suis candidate, n’ont pas forcément les mêmes préoccupations que les
habitants de la région parisienne. Dans chaque territoire, il y a des acteurs
qui peuvent participer à construire des réponses. Nous devons gérer le pays au
plus près du terrain. C’est la promesse du président de la République. Ce sera
notre méthode sur les deux chantiers prioritaires que sont la santé et
l’éducation. (…)
J’ai bâti la loi d’orientation des mobilités en concertation avec tous les
acteurs concernés, élus, associations, partenaires sociaux… Certes nous avons
eu des désaccords sur la réforme de l’assurance chômage. Mais les organisations
syndicales et patronales se souviennent des débats sur le passe sanitaire en
entreprise : elles étaient contre, et nous ne l’avons pas mis en œuvre. Ce
n’est pas de la concertation pour la concertation, mais pour tenir compte du
point de vue des uns et des autres afin de bâtir ensemble des solutions.
> [Réforme du grand âge] Des mesures ont été prises durant le précédent quinquennat, avec notamment la création d’une cinquième branche de la sécurité sociale. Dans son programme, l’ambition d’Emmanuel Macron est de permettre à nos aînés de bien vieillir chez eux. Nous allons donc travailler à un meilleur accompagnement à domicile, ce qui suppose de revaloriser les métiers et de mieux former les personnels, de proposer des aides pour adapter les lieux de vie… à travers le projet d’une Prime Adapt’. Le tout – et vous allez dire que je me répète – en concertation avec les acteurs concernés.
> La vie de notre pays est faite de beaucoup de sujets qu’il faut traiter avec détermination, quand ils sont urgents. Il faut en même temps porter des visions de long terme sur les grands défis qui sont devant nous, c’est l’objet notamment de la planification écologique.
> La guerre en Ukraine suscite l’inquiétude des Français et des Européens, elle a des conséquences sur la consommation. La désorganisation d’un certain nombre de chaînes d’approvisionnement est aussi un point de vigilance. Dans les prochaines semaines, nous devrons continuer à protéger au mieux notre pays des conséquences de la guerre. Comment ? En gardant le cap de la protection de notre économie et de notre réindustrialisation pour préparer l’avenir et en restant agiles, comme nous l’avons été pendant le Covid19. Deux ministres ont, dans l’intitulé de leur fonction, le terme « souveraineté ». C’est très important.
> Appelez-moi madame la Première ministre, il n’y a aucun doute là-dessus ! C’est une fonction qui a un masculin et un féminin, il est donc juste de l’accorder.
> J’ai beaucoup apprécié de travailler avec Jean Castex et Édouard Philippe, mais il m’apparaît essentiel d’exercer sa fonction en cohérence avec soi-même, et non pas au regard de ce qu’étaient ses prédécesseurs. Ce qui me tient à cœur : concevoir des politiques publiques et agir dans le dialogue avec tous les acteurs, le plus possible en proximité avec les Français. Et pour cela : faire du gouvernement un collectif. J’aurai à cœur de l’animer ainsi.
> C’est un honneur de travailler à ses côtés [Emmanuel Macron]. J’ai porté des réformes et des politiques importantes pour mettre en œuvre son projet pendant ces cinq dernières années, et cela nous a permis de bâtir une relation solide et fluide.
> Les outrances de Jean-Luc Mélenchon, personnellement, m’intéressent assez peu. M. Mélenchon, comme nous tous, devrait respecter nos institutions. L’élection présidentielle se joue à deux tours, et je rappelle qu’il n’était pas au second tour. Le gouvernement est déjà dans l’action. Il porte un projet au service des Français, comme tous nos candidats aux législatives.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)
> Je veux le dire avec force à nos compatriotes :
oui, la période économique dans laquelle nous sommes est difficile, mais la France
est bien armée pour y faire face.
> Notre action sera animée par une ambition : faire de Bercy un ministère modèle en matière de transition écologique.
> Nous mesurons à quel point l’augmentation générale des prix pénalise tous les Français. Notre priorité est la protection des Français contre l’inflation. Avec Gabriel Attal, nous préparons le projet de loi sur le pouvoir d’achat.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
> Sous l’autorité d’Emmanuel
Macron, nous avons devant nous de grands
chantiers : - Continuer à lutter sans relâche contre la délinquance, la drogue,
les violences intra familiales - Moderniser le ministère - Réussir les JO 2024,
le plus grand événement sportif de notre pays.
> C’est un grand honneur de servir la République au poste de ministre de l’Intérieur. Derrière le poste de ministre, il y a des policiers, des gendarmes, des sapeurs-pompiers, des agents de préfecture, qui risquent leur vie pour protéger nos concitoyens.
> Le gouvernement renforce son action contre les actes de délinquance commis par les mineurs non accompagnés notamment grâce à la loi du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure. La loi permet notamment la contrainte pour la prise d'empreinte digitale pour les mineurs délinquants non accompagnés.
Catherine Colonna
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
> Immense honneur d’entamer cette mission à la
tête du ministère des Affaires étrangères avec
toutes celles et tous ceux qui travaillent chaque jour au service de la France
de par le monde, engagés ensemble pour contribuer à apaiser les désordres du
monde.
> Chère Annalena Baerbock, j'ai été très heureuse de notre premier entretien et j'attends avec impatience notre future rencontre. Tu peux compter sur mon engagement pour la coopération franco-allemande, au service de l'Europe et des grands enjeux internationaux.
> Cher Antony Blinken, merci pour tes vœux et cette 1ere conversation. Je me réjouis de continuer à renforcer avec toi le partenariat étroit et de confiance attendu entre les plus vieux alliés que sont la France et les Etats-Unis. Ravie de poursuivre notre coordination étroite sur l’Ukraine notamment.
> Merci cher Josep Borrell pour ces premiers échanges chaleureux. Je me réjouis de pouvoir travailler avec toi au renforcement de la souveraineté européenne dans le cadre de la présidence française du conseil de l’UE.
Brigitte Bourguignon
(ministre de la Santé et de la Prévention)
> Pour mon premier déplacement du quinquennat,
j’ai voulu visiter une maison de santé pluriprofessionnelle du Pas-de-Calais.
Un modèle qui montre que la ruralité innove pour offrir aux Français une offre
de santé de proximité et de qualité, mobilisant tous les acteurs du territoire.
Olivier Dussopt
(ministre du travail, du
Plein-emploi et de l’Insertion)
> Le travail est une valeur d'émancipation et de progrès. Je sais que
les attentes de nos concitoyens sont brûlantes. Ce ministère est celui de
l'espoir et de la justice. Je le sais intiment, comme fils d'ouvrier.
> J’arrive ici avec une conviction: ce ministère est celui de l’espoir et de la justice (…). Je le sais presque intimement comme fils d’ouvrier, aussi attachés à leur emploi que parfois malmenés par les crises économiques ou leurs conditions de travail. J’aurai la charge de mener cette réforme nécessaire des retraites pour garantir la pérennité et la force de notre modèle social, celui d’une retraite par répartition. Modèle assez singulier, mais modèle qui est l’âme même de notre modèle républicain autour du partage, de la fraternité, de l’entraide et de la solidarité entre les générations.
Marc
Fesneau (ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire)
> Nos
agriculteurs assurent une mission fondamentale : celle de produire pour nous
nourrir. Dès le lendemain de ma nomination, j’ai tenu à me rendre dans le Cher
auprès d’eux, alors qu’ils font face aux conséquences du réchauffement
climatique sur leurs productions.
La guerre en Ukraine démontre la pertinence des réformes initiées depuis 2017
et la nécessité de les amplifier pour que notre agriculture, + forte et
respectueuse de l’environnement encore, garantisse tout à la fois le revenu de
nos agriculteurs et notre souveraineté alimentaire.
Olivia
Grégoire (Porte-parole du gouvernement)
> Les trois priorités du gouvernement sont l’éducation, la
santé, l’écologie et une urgence, le pouvoir d’achat. Un projet de loi sur le
pouvoir d’achat devrait être adopté avant les législatives afin qu’il soit
présenté à la représentation nationale sitôt qu’elle sera élue.
Il s’agira dans ce texte sur le pouvoir d’achat d’aider tous les Français à
réduire leurs dépenses contraintes. Je pense aux prix de l’énergie (…). Il
s’agira d’agir sur le prix de l’alimentation avec le chèque alimentation.
Le gouvernement va augmenter les prestations sociales à travers les retraites
(…) Le gouvernement revalorisera le traitement des fonctionnaires. Ce sera fait
avec le relèvement du point d’indice de la fonction publique. (…) La prime
Macron ne sera plus exceptionnelle mais pérenne.
> Le gouvernement est aux côtés de celles qui, suite à une agression ou à du harcèlement, ont l'immense courage de parler. Il est aussi aux côtés de toutes celles, trop nombreuses encore, qui se sont murées ou qui ont été murées dans le silence. Le gouvernement continuera sans relâche à encourager la libération de la parole des femmes et sans relâche encouragera les femmes qui ont subi des violences à se présenter à la justice.
> [Accusations contre Damien Abad] L’enjeu est
l’établissement de la vérité. Et c’est à la justice de le faire, ça n’est pas à
moi ni non plus à vous (…) La seule affaire qui a été présentée à la justice a
été présenté à deux reprises par la même personne et sur les mêmes faits. Cette
affaire a été classée sans suite en 2012 et 2017. S’il existait d’autres
victimes, il faudrait qu’elles puissent se manifester sans réserve devant la
justice.
La ligne du gouvernement est très claire : la justice est la seule à
devoir et pouvoir trancher. Au moment où nous parlons, aucune autre procédure
est en cours concernant Damien Abad. Je n’ai pas pour habitude de commenter des
hypothèses. A ma connaissance la justice n’a été saisie d’aucune autre
procédure.
Je vous confirme que la première ministre a demandé d’avoir un échange direct
avec Damien Abad. Ils se sont rencontrés en fin de journée hier soir. Elle lui
a rappelé son engagement personnel sur cette question. Elle lui a redit que
dans cette affaire comme dans toutes les autres elle suivra les décisions de
justice qui pourront être rendues. (…)
A ma connaissance, aucun membre du gouvernement n’avait connaissance de ces
faits. Dans la composition d’un gouvernement par le président de la République
et première ministre la HATVP et la direction générale des finances publiques
sont consultées, ce ne sont pas les partis politiques qui sont consultés en
amont de la composition du gouvernement.
> Ce gouvernement renouvelé ressemble aux Français.
> Il y aura très certainement de nouvelles personnalités
au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au
logement. Le gouvernement sera complété après les élections législatives. (…)
La ministre Amélie de Montchalin a dans son portefeuille, dans son périmètre,
les enjeux de transport, les enjeux de logement, vous savez qu’il y a de grandes
administrations au service de ces enjeux, ils ont aujourd’hui une ministre.
Ce gouvernement est déjà opérationnel sur les enjeux de transport et de
logement, il nous manque peut-être quelques ministres et (…) le président de la
République et la première ministre auront loisir de compléter l’équipe
gouvernementale.
Clément
Beaune (ministre délégué chargé de l’Europe)
> Je ne me résous pas à ce que le
débat soit confisqué par une extrême gauche qui impose son communautarisme et
une extrême droite qui mène un combat xénophobe.
> Dans LFI, il y a un rejet du projet politique européen. Ils se fichent de cette coopération européenne, ils sont prêts à la passer par-dessus bord.
> La leçon de la Shoah c’est qu’on ne doit rien laisser passer qu’il s’agisse des petits arrangements, des mots qui dérapent, des caricatures du débat, des violences qui s’installent, des insultes qui prolifèrent.
> Le signal très clair envoyé à la Russie est : ne touchez pas à un seul pays européen de l’Otan.
> Si on dit que l’Ukraine va rentrer dans l’UE dans 6 mois,1 an ou 2,on ment. Ce n’est pas vrai.C’est sans doute 15 ou 20 ans, c’est très long La communauté politique européenne ce n’est pas une porte fermée mais une porte ouverte.
> Chez Mélenchon, et à LFI, il y a toujours une fascination pour certains régimes autoritaires, pour la Russie en particulier. Notre allié c’est évidemment les Etats – Unis d’Amérique.
> A LFI, on a des arrangements avec le communautarisme, des propos violemment anti-israéliens.
> Le burkini est un exemple de clientélisme électoral douteux. Et en plus ce sont des pyromanes. C’est un cadeau rêvé pour l’extrême droite.
> Il faut empêcher une victoire de la Russie en Ukraine. C’est une guerre d’agression qui a été choisie par Monsieur Poutine. On ne peut pas la laisser faire.
Amélie
de Montchalin (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des
territoires)
> La transition écologique doit
irriguer l’ensemble des politiques publiques.» Elisabeth
Borne a fixé un cap clair et ambitieux pour agir,
dès maintenant. A ses côtés pour le tenir, et rendre concrète la planification
écologique dans tous les territoires.
> La biodiversité est au coeur de la vie sur Terre, et de nos
vies. C'est notre patrimoine commun sans lequel nous n’avons pas d'avenir. Nous
en dépendons et en bénéficions. En cette Journée
internationale de la biodiversité [22 mai], il
n'est pas trop tard pour agir et la préserver.
J’en ferai une priorité de mon action. Nous avons un cap, la stratégie
nationale biodiversité 2030 :
- Inverser la trajectoire du déclin
- Réduire les pressions sur la biodiversité
- Restaurer les écosystèmes
Charlotte
Caubel (secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance)
> Il reste beaucoup à faire. Contre
la maltraitance. Contre les silences. Pour donner toutes les chances à tous les
enfants. À toutes celles et ceux qui œuvrent pour notre jeunesse, vous pouvez
compter sur mon engagement et mon écoute.
► Assemblée nationale
Richard Ferrand (président)
> Soutien total à la nomination de M. Pap Ndiaye
comme Ministre de l’Éducation nationale. Ce choix est celui de la méritocratie
républicaine et la promotion de l’égalité des chances face aux promoteurs du rejet.
L’École de demain sera une priorité et une chance pour tous !
► Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du
Mouvement démocrate)
> [Accusations contre Damien Abad] Je ne sais rien de cette affaire. Je
n’ai aucun élément même pour y réfléchir. Il y a une justice. Il y a un déroulé
des enquêtes. Je n’ai aucune opinion sur ce sujet. Je vois très bien les temps
que nous vivons. Dans les temps que nous vivons, les personnalités en
responsabilité sont tellement souvent ciblées. (…) Je voudrais qu’on
réfléchisse. Tous ceux qui commentent, s’ils ont des éléments, c’est normal
qu’ils commentent. S’ils n’ont pas d’éléments, on est dans un déséquilibre. (…)
Vous voyez cet enchaînement et cette surenchère et cet engrenage. S'il y a des
éléments, il y aura des enquêtes, s'il y a des enquêtes, il y aura des
décisions de justice ou autres. Et donc moi, en tout cas, je n'entre pas dans
cette surenchère, que ce soit fondé ou pas. Si c'est fondé, il est normal qu'il
y ait des suites. Si ce n'est pas fondé, c'est très problématique d'alimenter
ce genre de choses. Mais encore une fois, je ne dis cela ni pour ni contre, ni
en faveur ni en défaveur. (…)
En tant que responsable politique, je ne sais pas si c'est important ou pas,
mais je peux vous dire que j'ai vu mille accusations dont certaines étaient
fondées et d'autres étaient infondées et que donc l’attitude légitime,
républicaine puisque vous employez le mot, c'est de faire la différence entre
les accusations, les enquêtes et les décisions de justice.
> Je conteste qu'il y ait une classe politique. Cette idée de classe politique, cela suppose que ce sont des gens qui se protègent les uns des autres. Si je devais avoir un diagnostic, ce n'est pas qu'ils se protègent, c'est qu'ils sont très contents des accusations qui circulent des uns contre les autres.
> Il n'y a pas de mœurs politiques, il y a des hommes et des femmes qui sont désormais dans des situations où les projecteurs sont braqués sur eux et, si l’on faisait une enquête sur chacun de ceux qui sont autour de la table, probablement découvrirait-on qu'il y a peut-être des zones grises. Tous, parce que je ne connais aucun être humain qui soit d'une transparence absolue. Mais entrer dans des perpétuelles mises en accusation, dénonciations qui entraînent évidemment la sortie ou en tout cas l'exclusion de ceux qui sont aux responsabilités, alors je trouve que c'est excessif et que l'on ne sait pas garder les principes. Les principes, c’est que, s'il y a des accusations, il y a des enquêtes. S'il y a des enquêtes, il y a des décisions de justice et ce sont les décisions de justice qui font foi. C'est comme cela que je le vis.
> Je vais dire quelque chose qui n'a pas été dit du tout
pendant cette période. Ce gouvernement est celui qui va devoir faire face, si
je ne me trompe pas, aux pires crises que la France ait connues depuis la
guerre. Crises plus graves pour moi que la guerre d'Algérie. Pourquoi ?
C'est mon diagnostic, c'est ma vision, je l'ai exprimée pendant toute cette
période.
Un, nous sommes un pays fracturé et fracturé au pire endroit, au plus mauvais
endroit que l'on puisse imaginer pour une fracture. Si la France était un
bateau, c'est sa charpente qui serait fracturée. Pourquoi ? Parce qu’il y
a une rupture méchante entre la base de la société française et son prétendu
sommet, ceux qui sont aux responsabilités, au pouvoir de l'administration et du
pouvoir politique. Les Français de la base du pays, ceux qui travaillent, ceux
qui n'ont pas des salaires mirobolants, ceux qui n'ont ni fortune ni pouvoir ni
influence se ressentent comme non seulement abandonnés, mais extérieurs aux
décisions, au raisonnement de ceux qui sont aux responsabilités.
La France est un pays fracturé et, les crises qui viennent, on n'est pas au
bout de la crise de l'Ukraine, de très loin, il va y avoir des aspects
agricoles, alimentaires pour le monde entier. Songez ce que la pénurie de blé
dur peut faire en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne. Il y a
l'Ukraine, avec la possibilité d'un dérapage militaire, d'un dérapage d'un
accident gravissime qui n'est pas écarté.
Deuxièmement, il y a ce qui se passe en Chine. Personne n'en parle, personne ne
le voit, mais il y a des centaines peut-être plus d’un millier de
porte-conteneurs qui sont bloqués au port de Shanghai ne pouvant ni entrer, ni
sortir en raison du zéro Covid19 et du bouclage total. Cela touche les chaînes
d'approvisionnement et, demandez aux industriels français et au BTP, les
chaînes d'approvisionnement sont bloquées.
Troisièmement, je ne suis jamais rassuré sur ce qui se passe au proche et
Moyen-Orient.
Si vous envisagez ces crises-là, avec les conséquences économiques qu'elles
vont avoir sur une société fracturée, vous ne pouvez pas ne pas voir qu'il y a
des nuages noirs à l'horizon et, moi, je regarde le gouvernement avec ce
prisme-là, cette responsabilité-là.
Je sais que le choix que le Président de la République a fait et que la
première ministre a en tête, c'est d'avoir à affronter cela en changeant la
manière, en tout cas c'est leur volonté, d'exercer le pouvoir. Au passage,
c'est plus vite dit que fait.
> Je trouve vraiment que notre apport [du MoDem au
gouvernement représenté par deux membres dont un seul ministre] aurait pu être
plus important. J'espère qu'il le sera dans la deuxième vague, qu'il le sera
lorsqu'il y aura des gouvernements successifs. (…)
Dans les formations de gouvernement, il n'y a jamais d'assurance. Ceux qui
croient aux promesses qu'on leur ferait ont très souvent été déçus dans la vie
politique française. Donc je ne me fonde pas sur des assurances. Je ne me fonde
sur aucune demande, nous ne quémandons pas, je ne me fonde sur aucun chantage,
nous ne faisons pas de chantage et je me fonde sur ce que je sais que cette
formation politique apporte à la vie politique.
Disons que je trouverais heureux que cet apport soit plus utile.
> Je ne connaissais pas M. Pap Ndiaye. (…) et je n'avais
pas suivi les polémiques précédentes dont vous vous êtes repus. (…) J’ai donc
regardé son œuvre, j'ai regardé son parcours et j'ai regardé ce qu'il a dit. Je
veux dire une chose avec certitude. C'est un parcours qui honore la vocation de
l'Éducation nationale. Voilà un jeune garçon qui est fils d'une institutrice
française et d'un responsable sénégalais, le premier Africain en tout cas
sénégalais à être entré à l'école des Ponts et Chaussées et qui a fait sa
carrière dans des responsabilités au Sénégal. Il est le fils de ces deux
histoires, de l'histoire qui a réuni cet homme et cette femme. Il a fait un
parcours universitaire qui est en tout cas à saluer, normalien, agrégé.
Après, il a fait des travaux sur les États-Unis, et notamment sur les minorités
aux États-Unis où il a vécu. S'il y a un sujet aujourd'hui, en tout cas pour
ceux que l'on appelle les sociologues, ceux qui étudient les sociétés, s'il y a
un sujet qui est marquant, qui aveugle, qui crève les yeux, c'est ce qui se
passe aux États-Unis à propos des minorités. Vous voyez revenir aux États-Unis,
de manière semble-t-il irrésistible, et Donald Trump a joué un rôle dans tout
cela et les différentes morts de jeunes, de personnes sur lesquelles la police
a tiré et la couleur de la peau jouent un rôle très important. S'il y a un
sujet international dans le monde des sociétés auquel on doit réflexion et
étude, c'est ce sujet-là, ou alors je me trompe.
Dans cette affaire-là, il y a deux considérations.
La première, l'Éducation nationale, ses valeurs sont universelles, on ne
regarde pas la couleur de la peau, on ne regarde pas l'origine, on ne regarde
pas la religion, on n'a qu’un seul but c'est l'émancipation. Que chacun se
forge son esprit critique, c'est-à-dire sa capacité de juger, pour être libre.
C'est cela.
Deuxièmement, ses valeurs universelles sont le ciment de la société française
et il faut les transmettre.
Troisièmement, bien entendu il faut regarder ceux qui ont une histoire
différente et il faut les comprendre parce qu'autrement vous ne jouez pas le
rôle que l'école doit jouer, c'est-à-dire de creuset républicain.
> Un ministre de l'Éducation, sa feuille de route est
fixée par l'état de l'école, par les problèmes, par les difficultés, par la
crise incroyable que l'école vit et cette crise, demandez à tous les
enseignants, sur les copies qu'ils corrigent, c'est une crise qui les amène
parfois à désespérer. Les problèmes de niveau qui sont ceux de l'école en
France, pas seulement mesurés dans les enquêtes internationales, parce qu'il y
aurait sûrement beaucoup à améliorer, beaucoup à dire sur les enquêtes
internationales, mais mesurés dans chaque famille, dans chaque classe.
J'ai comme vous savez, des enfants enseignants nombreux et enseignants à
l'entrée à l'université, le désarroi de ce que, dans bien des cas, l'école
n'arrive plus à transmettre et qui fait le socle de notre vie en commun, le
fait que des enseignants ont beaucoup de mal à faire court.
La crise des vocations que l'on est en train de vivre… Il n'y a plus de
vocation ou très peu. Elles sont de qualité, j'espère, mais il n'y a plus de
vocation.
Tout cela c'est la feuille de route du nouveau ministre. Alors il faut changer
beaucoup d'aspects. Je vais vous dire une chose qui, pour moi, est
nécessaire : il faut rendre de la lisibilité à l'école.
Les parents ont tellement de mal à comprendre les cheminements si mystérieux,
si complexes, qui, au travers du temps, se sont multipliés. Il faut rendre de
la visibilité et que les parents, quels que soient leur niveau social, leur
profession, leur culture, comprennent ce qu'il se passe à l'école et qu'ils le
soutiennent.
La différence entre les enfants qui réussissent à l'école et ceux qui ne réussissent
pas, ce n'est pas seulement le niveau, admettons, culturel des familles, ce
sont les familles qui soutiennent l'école, qui l'aiment, pour qui c'est
important, et celles pour qui c'est secondaire. Si c'est secondaire, l'échec
est promis. Si c'est soutenu, si les familles soutiennent, alors exactement
comme la famille Ndiaye, vous voyez les deux enfants, vous savez que
c'était une famille, la maman était enseignante, vous voyez que c'est une
famille pour qui l'école était importante. C'est le profil de quelqu'un qui a
du poids personnel et qui sera ou devrait être respecté en tant que tel. Mais
avec le parcours que je signale, c'est forcément quelqu'un de républicain.
C'est forcément quelqu'un d'universaliste, ce n'est pas ce qu'on l'accuse
d'être. (…)
[Pour le ministère de l’Education] il faut, nécessairement, quelqu'un qui soit
capable de porter les deux messages : le message de ceux qui veulent que
l’école retrouve, par les fondamentaux qu'elle transmet, l'universel qui donne
à chacun, bien sûr l'égalité des chances, mais ce n'est pas l'essentiel,
l'essentiel c'est que chacun se forge une capacité de vivre et d'être au cœur
des sujets de la vie.
> Élisabeth Borne a une expérience et, surtout, elle est dans le mouvement de pensée du Président de la République. Elle n'est pas extérieure. Elle a mené toutes les campagnes avec nous. Elle a été au Gouvernement pendant 5 ans. Il y aurait eu une forme d'étrangeté à voir que ce n'est pas dans le courant principal. Je pense qu'il est très important qu'il y ait une complicité et une entente entre le Président de la République et son Premier ministre.
> On ne peut pas dire que Pap Ndiaye soit un technicien. On ne peut pas dire que Bruno Le Maire soit un technicien. Si vous reprenez les principaux postes de ministres, non, je ne pense pas que l'on puisse dire cela. Je pense que c'est un gouvernement très marqué par les étapes antérieures, de ce que les personnes ont déjà fait dans le Gouvernement. Beaucoup de ministres étaient déjà dans les gouvernements antérieurs ou dans le conseil du Président de la République, s'agissant de la ministre de la Culture.
> C'est un gouvernement que le Président de la République a voulu ouvert, rassembleur et il met, en effet, des personnes qui ont une expérience et un chemin à droite et des personnes qui ont une expérience et un chemin à gauche comme on vient de le voir. Et, au fond, il a choisi, je sais comment il réfléchit. Il m'arrive d'en parler avec lui. Il a essayé de choisir des solutions pour les problèmes qui se posent avec des personnalités dont il pensait qu'elles pouvaient apporter les solutions. Il a voulu symboliquement, en effet, une femme à la tête.
> Imaginez qu'Éric Dupond-Moretti ait été remplacé dans
cette fonction, qu'auriez-vous dit ? Vous auriez dit que les magistrats,
syndicats, "ont eu la peau" du Garde des Sceaux. C'est indiscutable. Eh
bien, le Président de la République n'a pas voulu qu'il soit imaginé que l'on
donne satisfaction à un corps contre le ministre chargé de porter une politique
d'intérêt général. C'est comme cela que je vois les choses et je comprends. (…)
La formation du Gouvernement, c'est la responsabilité du Président de la
République et de la Première ministre maintenant. C'est leur responsabilité. Il
peut arriver que l'on maintienne quelqu'un parce qu'il a mené un combat
extrêmement difficile, extrêmement symbolique et on décide que, pour
l'équilibre et l'intérêt général, alors, on ne peut pas se contenter d'une
défaite pour l'exclure. Et il arrive que ces défaites soient significatives alors,
évidemment, on les change, mais vous demanderez au Président de la République.
> [en 2017] Il y avait deux oppositions qui ne souhaitaient
pas [la proportionnelle]. Je pense qu'aujourd'hui ils s'en mordraient les
doigts et ils seraient volontiers décidés à changer cela : c'étaient LR et
le PS, les deux profitant du scrutin majoritaire, étaient contre, tous les
autres étaient pour. J'ai signé une lettre au Président de la République que
nous avons portée ensemble, que j'ai écrite et qui a été signée de Marine Le Pen
à Jean-Luc Mélenchon, en passant par les écologistes, le Centre et des
personnalités de droite comme Gérard Longuet et, de gauche, comme François
Rebsamen. C'est une question très importante. De cette question, dépend
l'équilibre ultérieur des institutions en France. C'est de cela que cela
dépend.
Est-ce que les citoyens vont avoir la garantie qu'ils seront représentés à
proportion de ce qu'ils pèsent ? Je dis oui puisqu’Emmanuel Macron l'a
promis lui-même de manière absolument explicite, parce ce grand débat
transpartisan que l'on va mener et dont je ne doute pas, qu'en tout cas sur ce
point, - il y a d'autres points plus compliqués – mais qui conduisent à la
proposition d'un changement ou du choix d'une loi électorale juste, enfin
juste. Et pour moi, c'est très important.
> [Réforme des institutions] Ce n'est pas la priorité
pour les fins de mois, mais c’est la priorité quand ils veulent un pays juste.
C'est la priorité quand ils veulent que leur voix soit entendue.
Vous n'avez pas vu ce qu'il s'est passé au moment des gilets jaunes ? Vous
avez suivi des centaines de milliers, millions de personnes qui manifestent à
leur manière et une grande partie du reste du pays qui dit : on est
solidaire de cela. Si vous ne vous rendez pas compte de cette, j'appelle cela,
«fracture», de ce gouffre qui s'est créé entre les citoyens et les pouvoirs
alors vous passez à côté de l'essentiel. Il faut que, tout de suite, on bâtisse
cette réforme.
> J’ai contribué à remporter, si j'ose dire, une très grande victoire, c'est que la planification qui, hier était discutée, moquée, qui provoquait des haussements d'épaules comme si on allait revenir au temps soviétique ou au plan de la guerre. La planification est maintenant devenue une donnée essentielle pour tous les courants politiques y compris pour le Président de la République et la Première ministre qui, du point de vue, écologique en est chargée. Vous voyez bien que l'introduction de la planification, dans des portefeuilles gouvernementaux et dans des secrétariats généraux cela nécessite une redéfinition des choses.
> Une fausse bonne idée, c'est de prétendre que c'est le
pouvoir politique qui règle la question du pouvoir d'achat. Parce que des
personnes disent : le Smic à 1 500 €. Pourquoi pas
2 000 ? Pourquoi pas 2 500 ? La Suisse a un Smic à peu près
de ce niveau-là. Pourquoi est-ce que ce n'est pas une décision politique ?
Parce que ceux qui dirigent les questions du pouvoir d'achat, qui tranchent les
questions du pouvoir d'achat, c'est la réalité de la vie économique. S'il y a
des entreprises, est-ce qu'elles gagnent de l'argent ? Est-ce qu'elles
créent des emplois ? Est-ce qu'elles veulent se développer ? Est-ce
que notre commerce extérieur est en ligne avec tout cela ? Est-ce que les
équilibres sont trouvés ? Est-ce que les investisseurs ont envie
d'investir en France pour créer des usines ? Pour créer des
entreprises ? La question du pouvoir d'achat c'est celle-là.
Donc, l'idée que vous êtes élu, vous arrivez, vous prenez votre stylo et vous
dites : à partir de maintenant, moi, je décrète que le Smic sera à
2 000 €, ça c'est une fausse bonne idée. Ce n'est pas une fausse
bonne idée, c'est un mensonge dont se repaissent beaucoup de propositions
politiques, mais c'est une escroquerie. Quand vous faites des choses comme
cela, on a fait cela à certaines époques, cela a entraîné, à l'époque où il y
avait le franc, une dévaluation immédiate, c'est-à-dire que les personnes ont
perdu derrière le rideau, l'argent qu'elles avaient apparemment gagné devant le
rideau.
> Je pense ce que l'on ne peut que cibler les aides sur ceux qui en ont le plus besoin. Ce n'est pas normal que vous et moi, nous bénéficions des mêmes aides que ceux qui sont dans la panade, parce qu'ils ont besoin pour aller travailler, de prendre leur voiture tous les jours et qu'ils habitent à 35 kilomètres de leur lieu de travail. Ce n'est pas normal. C'est injuste. D'ailleurs, quand Jean-Luc Mélenchon dit «je vais baisser la TVA pour tout le monde», la vérité est qu'il baisse la TVA deux fois plus pour les plus riches que pour les plus pauvres, parce que les plus riches consommant plus, ce sont eux qui vont avoir les bénéfices. Il y a quelque chose d'une escroquerie dans tout cela. Il y a quelque chose d'un mensonge, d'un mensonge fait pour piquer des voix. Cette approche est une approche que, oui, j'atteste qu'il y a de fausses bonnes idées.
> Le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Défense, en réalité, sont les mêmes. Il n'y a qu'un ministre principal des Affaires étrangères et qu'un ministre principal de la Défense, c'est le Président de la République. C'est cela, l'essentiel de sa tâche, de son travail et donc les changements de portefeuilles ministériels, l'une et l'autre étaient en place depuis 5 ans, le Président a dû souhaiter une respiration.
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Je suis favorable
à des sanctions progressives et décidées en Européens, à la montée progressive
des sanctions. Je pense qu'il y a des étapes ultérieures prévues. Je pense que
le chef de l'État russe, dans la dérive absolument folle dans laquelle il s'est
engagé, se rend compte que la montée de la pression sur lui, lui pose des
problèmes. Et je suis absolument certain que, dans la société russe, il y a de
plus en plus de personnes qui se rendent compte de quoi il s'agit, qui se
rendent compte d'abord du caractère désespérant de cette guerre contre des
voisins, des frères…
Il y a une sanction la plus importante, ce sont les très grandes difficultés
militaires, pour ne pas dire l'échec militaire que la Russie rencontre sur un
certain nombre de théâtres de ses opérations. Cela, c'est pour la Russie,
sidérant qu'une armée qui est considérée unanimement comme la deuxième du
monde, soit à ce point tenue en échec et repoussée. C'est un changement
stratégique. Vous êtes tous familiers des grandes réflexions stratégiques que
de Gaulle a initiées juste avant la guerre de 40, en disant que l'arme
mécanique, les blindés, l'aviation, étaient ce qui réglait la question des
théâtres d'opérations et les champs de bataille. Ces Russes sont en train de
découvrir en Ukraine, c'est que ce n'est plus vrai. Ce sera dans les livres
d'histoire, ce basculement-là.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Pascal Canfin
> Encore une preuve concrète que transformer
l’Europe de l’intérieur ça marche ! Je soutiens bien sûr cette décision de la
Commission européenne de prolonger d’un an l’état d’urgence budgétaire.
> Nous sommes le seul pays en Europe à donner à la Première ministre la responsabilité directe du climat. C'est un bing-bang institutionnel fondamental.
> La révolution écologique est d'abord une révolution industrielle et économique. Le risque, c'est de fracturer la société.
> Concilier fin du monde et fin du mois c'est la seule méthode possible, et la feuille de route de ce gouvernement.
Bernard Guetta
> Au bout de trois mois de guerre, le pays le
plus étendu du monde (...) n'a réussi à conquérir qu'une bande frontalière de
l'Ukraine.
> La question est de savoir si nous construisons une défense européenne autonome. Aujourd’hui, il n’y a plus d’opposition à cette idée dans l’UE alors qu’il y a 4 ou 5 ans, cette idée était portée uniquement par la France.
> [Energie] L’UE cherche, depuis le début de la guerre en Ukraine, des solutions de substitution aux approvisionnements de la Russie. On est en train de les trouver.
> [Opinion: La France, l’Ukraine et l’Europe]
Rien d’irréparable, rien d’irréversible, mais attention ! Un fossé se
creuse dans l’Union entre ses deux principales puissances d’un côté, la France
et l’Allemagne, et de l’autre l’ensemble des Etats sortis du bloc soviétique ou
de l’URSS elle-même. Avant que cela ne s’aggrave et que Vladimir Poutine ne
puisse se croire en situation d’en profiter, il faut donc lever les malentendus
et c’est à la France de le faire car c’est elle qui suscite le plus de craintes
en Europe centrale et orientale.
A l’Allemagne, les anciens pays communistes reprochent sa réticence à livrer
des armes lourdes à l’Ukraine et son refus de renoncer sans plus attendre au
gaz russe. Ils la jugent égoïste et couarde mais lui font d’autant moins de
critiques de fond qu’ils considèrent que le chancelier et ses amis sociaux-démocrates
finiront par évoluer sous la pression de l’opposition démocrate-chrétienne et
des deux autres partis de la coalition gouvernementale, les Libéraux et les
Verts.
A la France, les anciens pays communistes reprochent en revanche de renouer
avec une russophilie historique qui la conduirait à vouloir éviter une franche
défaite à Vladimir Poutine en lui cherchant une « porte de sortie ».
Contrairement aux Allemands qui ne voudraient que défendre leur confort et
leurs sous, nous Français serions enclins, en un mot, à ménager la Russie en
faisant bon marché des menaces qu’elle fait peser sur les pays que la chute du
mur a soustraits à son contrôle.
Aussi caricaturaux et mensongers qu’ils soient, ces reproches sont trop
véhémentement et fréquemment exprimés pour que la France continue de les
ignorer. Emmanuel Macron doit y répondre. Il doit le faire au plus vite en
mettant court au mauvais procès qui lui est fait depuis qu’il a proposé de
réunir dans une « Communauté politique européenne » les pays
candidats à l’Union mais ne pouvant pas encore s’y intégrer en raison de leur
niveau de développement économique et politique.
Formulée le 9 mai dernier au Parlement de Strasbourg, cette idée avait aussitôt
été vue comme une manière de fermer la porte à une entrée de l’Ukraine dans
l’Union ou de lui refuser en tout cas le statut de pays candidat qu’elle
voudrait obtenir avant l’été. Ce qu’Emmanuel Macron avait dit était au
contraire qu’aucun pays ne devait plus rester suspendu dans un long vide
politique entre l’obtention de son statut de pays candidat et sa réelle entrée
dans l’Union.
C’est pour combler ce vide en resserrant et multipliant les liens entre l’Union
et les pays candidats qu’il avait donc suggéré la création de cette nouvelle
structure. D’un coup, il tendait la main à l’Ukraine, à la Géorgie, à la
Moldavie, à la Serbie et au pays des Balkans occidentaux mais, depuis un quart
de siècle, la France a si constamment préféré approfondir l’unité européenne
plutôt que d’élargir ses rangs que le président de la République n’a pas été
compris.
Il l’a même été si mal qu’il a tenté une mise au point en déclarant jeudi,
devant la présidente moldave, que sa proposition de Communauté politique
n’était aucunement une alternative à l’Union. C’était clairement affirmé mais
ce fut vain car le soupçon reste que la France veut tenir l’Ukraine à distance
de l’Union dans l’espoir de plus facilement parvenir à un compromis avec
Vladimir Poutine. Volodymyr Zelensky vient en conséquence de dire qu’il
rejetait cette idée de Communauté et le président de la République doit donc
aller plus loin qu’une simple clarification.
Il devrait dire que l’essentiel est à ses yeux d’inscrire les pays candidats
dans le sillage de l’Union en les associant, chaque fois qu’ils le voudront et
le pourront, aux initiatives et aux politiques de l’Union, que c’est ce seul
souci qui l’animait le 9 mai et que le reste n’est qu’une question de moyens.
La Communauté politique peut en être un mais l’Union pourrait tout aussi bien
se réorganiser de fond en comble afin de pouvoir très vite accueillir en sein
tous les pays dont elle aurait accepté la candidature. Cela impliquerait d’en
revenir aux cercles concentriques de Jacques Delors et de faire de l’Union une
fusée à trois étages entre lesquels, le jour venu¸ chacun des Etats
membres qui le souhaiteraient pourrait passer.
Au premier étage, se trouveraient les pays simplement liés par le marché commun
et le respect de l’état de droit. A deuxième, se retrouveraient tous les pays
dont les législations intégreraient l’acquis communautaire, l’appartenance à la
zone euro, le green deal et l’interdiction de toute forme de dumping social et
fiscal. Appartiendrait enfin au troisième étage un plus petit nombre d’Etats
membres, ceux qui mettraient en commun leur Défense, leur politique étrangère
et leurs investissements dans les industries du futur.
Il ne s’agirait pas pour la France de plaider un choix plutôt que l’autre mais
de dire qu’il faut sans attendre arrimer l’Ukraine à l’Union, que cela implique
de passer un jour à quelque trente-cinq membres, que les institutions actuelles
ne le permettraient pas et qu’il faut donc peser les avantages et inconvénients
de toutes les innovations envisageables.
La solution des trois étages demanderait le plus d’imagination politique et
d’inventivité juridique. Il faudrait notamment savoir redéfinir la place et le
rôle du Parlement en le dotant de deux Chambres. La solution de la Communauté
présenterait l’avantage d’être institutionnellement plus aisée mais le
redoutable inconvénient de constituer les pays candidats en une entité séparée
pouvant chercher à peser par eux-mêmes en s’appuyant sur les Etats-Unis ou la
Grande-Bretagne.
Le choix n’est pas évident mais en proposant le débat tout en se disant
favorable à l’octroi du statut de pays candidat à l’Ukraine, la France
éviterait à l’Union de se fissurer puis de se casser. La France reprendrait la
main et plus personne ne pourrait alors lui reprocher de vouloir maintenir le
contact avec le Kremlin pour promouvoir, lorsque l’agression aura été défaite,
un compromis qui ne répéterait pas la tragique erreur du Traité de Versailles.
Pascal Durand
> Les listes transnationales, qui seront les
mêmes dans les 27 États membres, vont permettre de définir un vrai programme
pour l’UE et de constituer la future Commission.
Ainsi, les citoyens vont pouvoir choisir quel type d’Europe ils veulent construire.
Valérie Hayer
> Transformer l'Europe de l'intérieur pour
changer les règles, c'est ce qu'il y a de plus efficace et juste pour tous les
partenaires ! Les règles budgétaires resteront bien supendues en 2023, comme
soutenu par Renaissance.
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