En tant que centre de recherche et d’étude spécialisé sur le Centre et le Centrisme, notre seul objectif, ici, est de renseigner les électeurs centristes qui, selon nos critères, est du Centre et qui ne l’est pas tout en s’en réclamant ou en déclarant être compatible avec celui-ci.
Mais nous devons répondre d’abord à un premier questionnement.
Pourquoi donc consacrer un éditorial du CREC à des conseils de vote pour les électeurs qui choisiraient de voter centriste pour la présidentielle et les législatives de ces prochaines semaines?
Tout simplement parce que, depuis les dernières élections présidentielle et législatives, le paysage politique a évolué, notamment dans la sphère centriste.
Du coup, un citoyen peu attentif pourrait se fier aux anciennes affiliations de partis et de candidats, voire à des appellations mensongères.
D’où cet éditorial.
Ainsi, si des alliances se sont nouées (et que d’autres pourraient voir le jour, en complément ou en remplacement de celles existantes), le positionnement politique de certaines formations a changé, parfois de manière significative (on ne parle pas d’un simple changement de nom qui veut égarer l’électeur ou faire croire à une cure de jouvence d’une vieille formation).
Ces évolutions ont touché la Gauche et la Droite mais également le Centre et l’axe central.
Faisons le point tout en conseillant aux électeurs centristes de demeurer éveillés et vigilants s’ils veulent voter en fonction de leurs convictions sans tomber dans un piège.
Les conseils généraux sont les suivants:
- Regardez si les partis qui se disent centristes le sont;
- Regardez si les candidats qui se disent centristes le sont;
- Regardez si parmi les candidats de partis centristes certains ne sont pas des
faux centristes;
- Regardez les alliances faites nationalement ou localement de certains partis
ou candidats centristes ou qui se disent centristes qui les feraient parfois
très éloignées du Centre;
- Regardez en l’absence de candidat centriste si cela s’explique par une
alliance électorale entre un parti centriste et un parti de gauche ou de droite
dont le représentant fera partie d’une coalition qui sera centriste ou centrale.
Pour ce faire lisez les programmes, les documents de campagne, écoutez les propos et interpellez les élus sur leurs positions concernant tel ou tel sujet qui est important pour vous et vos valeurs centristes.
Entrons dans les détails.
Pour ce qui est de la présidentielle, les choses sont assez simples puisqu’un seul candidat reprend les idées et les valeurs du Centre, c’est Emmanuel Macron, le seul à pouvoir revendiquer de représenter l’espace central donc centriste.
Tous les autres candidats, sans exception, se présentent comme étant soit de gauche, soit de droite et attaquent le positionnement central et centriste du président sortant.
Même Valérie Pécresse qui prétendait être «centro-compatible», vu le naufrage de sa campagne, ne fait plus qu’appel à la mobilisation des électeurs de droite en sa faveur pour ne pas couler totalement le 10 avril.
Pour les législatives, quels sont les partis que l’on peut considérer comme centristes et ceux qui tentent de le faire croire?
Evacuons d’abord définitivement l’affirmation selon laquelle LR serait une formation «de droite et du centre» alors qu’elle n’est plus qu’une formation de droite qui ne porte plus du tout l’idée première – mais jamais réellement réalisée – de l’UMP, sa prédécesseure, d’être une maison commune de la Droite et du Centre et qui s’est même droitisée ces quatre dernières années voire radicalisée, en tout cas pour une frange consistante de ses membres.
A LR, il n’y a plus de centristes mais seulement d’anciens centristes et des faux centristes.
Le cas LR étant réglé, parlons de cette formation qui a décidé de se faire appeler Les centristes (en référence, bien entendu voulue, à LR, Les républicains) et qui n’est absolument pas située au centre de l’échiquier politique mais bien à droite même si quelques uns de ses membres pourraient se voir accoler à la rigueur l’étiquette de centre-droit.
Dirigé par Hervé Morin, le parti est devenu un simple appendice de LR à qui il doit tous ses élus.
Son positionnement est calqué sur celui de LR et Morin signe à périodes répétées des appels, des tribunes et autres opinions avec des membres très à droite de ce parti dont Laurent Wauquiez, souvent sur des sujets de prédilection de la Droite avec une vision très droitiste où il n’y a aucune place pour les idées centristes.
Ajoutons que Les centristes sont dans une opposition frontale, voire souvent manichéenne, avec la majorité centriste en place.
Un électeur centriste ne peut donc pas voter pour Les centristes s’il veut faire triompher ses valeurs.
Précisons que ce n’est pas la première fois dans l’histoire politique qu’un parti a «usurpé» une appellation.
Ainsi, le Zentrum allemand qui exista de 1870 à 1933 était un parti de droite et non centriste ainsi que son nom pouvait le laisser penser.
Ensuite, il y a l’UDI.
La question du parti présidé par Jean-Christophe Lagarde aurait pu être épineuse.
S’il est demeuré encore quelque peu centriste lors des premières années du quinquennat d’Emmanuel Macron, ce n’est plus le cas depuis plus d’un an au niveau de sa ligne politique nationale.
Une dérive droitière évidente s’est manifestée depuis 2017, à la fois, par opportunisme, par ressentiment et par changement d’opinion en particulier de son président inamovible qui le dirige de manière fort peu démocratique.
Créée en 2012 sur un modèle de confédération, l’UDI regroupait, dès l’origine et sous la houlette de Jean-Louis Borloo, des centristes (plutôt de centre-droit) et des droitistes modérés.
Elle était une tentative d’être la nouvelle UDF qui fut de 1978 à 1998 une confédération de partis de droite et du centre (ensuite, elle devint un parti unifié centriste jusqu’à ce qu’elle devienne le Mouvement démocrate en 2007).
Aujourd’hui, en 2022, l’UDI n’est plus un parti centriste mais se situe à droite prenant même des positions plus droitistes que des formations comme Agir ou Horizons.
En revanche, il peut demeurer encore en son sein quelques centristes qui, d’ailleurs, pour la plupart, ont appelé à voter pour Emmanuel Macron et non pour Valérie Pécresse.
Dès lors, pour les législatives, dans certaines circonscriptions il sera utile pour l’électeur de voir si, dès le premier tour, les candidats UDI ont appelé à voter pour le président sortant ce qui, en l’absence des candidats de l’actuelle majorité présidentielle, justifierait un vote en leur faveur.
Evidemment, tous les candidats qui porteront les couleurs de cette majorité présidentielle et qui devraient être regroupés sous l’appellation «Ensemble citoyens!» sont légitimes à solliciter le vote centriste.
Rappelons que celle-ci est constituée actuellement de LaREM, du MoDem, du Parti radical, de Territoires de progrès, d’Agir et d’Horizons.
La seule formation réellement centriste est le MoDem, LaREM est à la fois centrale et centriste, le Parti radical est de centre droit, Territoires de progrès est de centre-gauche, Agir et Horizons sont de droite libérale.
Une fois que l’on a fait ce tour d’horizon, on ne peut terminer sans évoquer la désinformation et les fake news déversées à des fins d’attaquer, de décrédibiliser, voire de diffamer, les partis centristes pour les faire apparaitre pour ce qu’ils ne sont pas ou de présenter certains partis comme centristes pour attaquer, décrédibiliser ou diffamer le Centre.
Si cette désinformation et ces fake news sont véhiculées par les réseaux sociaux voire la Gauche et la Droite, elles le sont également et malheureusement par les médias dits «classiques».
Exemple, lorsque Le Monde, organe de presse résolument anti-Macron jusque dans le travestissement de l’information a indiqué lors des dernières régionales que la liste LaREM-MoDem en Auvergne-Rhône-Alpes était de droite…
C’est la raison pour laquelle également cet édito n’est pas de trop.
Mais la confusion est aussi provoquée par les centristes eux-mêmes comme par exemple le groupe Union centriste au Sénat qui réunit à la fois les élus MoDem et ceux de l’UDI alors que les premiers appartiennent à un parti de la majorité présidentielle et qui se trouve dans la coalition gouvernementale alors que le deuxième est dans une opposition radicale à ce même gouvernement.
Une clarification est nécessaire ce qu’a toujours refusé de faire François Bayrou, le président du MoDem comme il l’avait refusé lorsque les membres de son parti faisaient partie de la majorité régionale en Auvergne-Rhône-Alpes dirigée par un homme de droite radicale, Laurent Wauquiez.
C’est dommage.
Le paysage que nous venons d’évoquer peut évoluer évidemment dans un sens ou dans l’autre pour les partis listés ici voire pour d’autres existants, sans parler de la création de nouvelles formations.
Les résultats de l’élection présidentielle dont le premier tour a lieu ce 10 avril peut évidemment amener une alliance électorale élargie ou restreinte en vue des législatives.
Si tel devait être le cas, nous actualiserions cet éditorial.
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