vendredi 25 mars 2022

Propos centristes. France – Crise alimentaire mondiale en vue / Soutien indéfectible à l’Ukraine / Enquêter sur les crimes de guerre de la Russie / RSA / Retraites…

Voici une sélection, ce 25 mars 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

Emmanuel Macron (Président de la République)
> L’OTAN a fait un choix, celui de soutenir l'Ukraine pour arrêter la guerre, sans faire la guerre. Avec nos Alliés, nous allons continuer à fournir des armements, dans un cadre d'efficacité complète, avec une ligne rouge : ne pas être cobelligérants.

> La guerre en Ukraine et les choix qui ont été faits par la Russie gravissimes et irresponsables et je le dis bien, c’est la conséquence directe des choix de la Russie et de la guerre qui font que des pays comme l’Egypte mais plusieurs autres au Machrek, au Maghreb, en Afrique et au Proche et Moyen Orient ont aujourd’hui des difficultés à s’approvisionner en blé et plus généralement en céréales. Un pays comme l’Egypte dépend à 80% de ses importations de la région ukrainienne et russe.
A court terme il y aura des difficultés dans ces pays mais, surtout, la guerre en Ukraine rend impossible pour le moment, par le choix fait par la Russie, de semer comme il se devrait et donc de créer une situation qui sera encore plus grave dans 12 à 18 mois.
Cette situation va créer une crise alimentaire, des situations gravissimes dans plusieurs pays et, à coup sûr, des conséquences massives dans plusieurs zones géographiques que j’évoquais. (…)
Il faut que la Russie se montre responsable et ne prenne pas en plus cette responsabilité de créer cette famine qui sinon est à coup sûr inévitable.

> Pour éviter une crise alimentaire, il nous faut réagir. J’ai souhaité lancer, en lien direct avec l'Union africaine, l'initiative FARM : Food and agriculture resilience mission.

> [Résolution franco-mexicaine à l’ONU] La résolution humanitaire portée par la France et le Mexique [demandant une cessation immédiate des hostilités, la protection des civils, le respect du droit international humanitaire] a été votée à une très large majorité à l'Assemblée générale des Nations unies : 140 voix pour, 5 voix contre. Cela montre l'isolement que nous maintenons sur la Russie.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)
> Loin d’ébranler les convictions écologiques de l’Europe, la guerre en Ukraine n’a fait que les renforcer.

> La guerre en Ukraine souligne notre dépendance aux énergies fossiles et les liens étroits entre sécurité énergétique et climat.

> Le contexte international a radicalement changé, et notre débat s’inscrit désormais dans une situation très grave et prend une toute nouvelle teneur compte tenu de la menace qui pèse sur la souveraineté européenne. (…) Nous devons répondre à la crise [climatique], mais nous devons également nous pencher sur notre besoin d’indépendance énergétique.

 

Florence Parly (ministre des Armées)
> Le porte-avions Charles de Gaulle, en escale au port du Pirée, est engagé depuis la Méditerranée pour des missions de police du ciel au-dessus de la Roumanie et de la Bulgarie, avec des avions Rafale et Hawkeye. Qu’ils soient déployés sur le flanc Est (Estonie, Pologne, Roumanie) ou en Méditerranée : nos soldats, nos aviateurs, nos marins contribuent concrètement à notre sécurité. La France est fière de leur engagement.

> Signature du contrat de vente de 3 frégates de défense et d’intervention et de 6 Rafale supplémentaires (24 au total) à la Grèce.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)
> Il ne faut pas faire la guerre à la Russie. Je trouve démagogue d'accuser les chefs d'entreprises françaises qui y restent. Mais je pense que ces entreprises doivent mettre davantage de moyens pour les réfugiés en France : par exemple, en les embauchant.

> Marine Le Pen est dangereuse pour Emmanuel Macron, elle peut gagner cette élection.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)
> [RSA] On ne peut pas se contenter de verser une allocation. Près de 40% des bénéficiaires du RSA le sont depuis 5 ans. Il faut que chacun puisse avoir accès à un accompagnement qui lui permette de s’en sortir et de retrouver un emploi. C’est ce que nous proposons.

> Il faut assurer le financement de notre système de retraites et de protection sociale. Comment ceux qui proposent de partir à la retraite à 60 ans comptent le financer ? En augmentant les impôts ? En baissant les pensions ? Ce n’est pas le choix que nous faisons.

 

Joël Giraud (ministre des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)
> Nous avons assuré au ministre ukrainien que nous sommes prêts à agir et à nous assurer que les crimes de guerre seront traduits en justice. Avec les ministres européens nous mobilisons Eurojust aux côtés de la CPI : les enquêtes pourront être coordonnées et les preuves partagées.

> Enquêter sur les crimes de guerre en Ukraine est indispensable. La France et l’Union européenne soutiennent l’action du procureur de la Cour internationale de justice et mettra à disposition des magistrats, enquêteurs et experts.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)
> [Crise alimentaire mondiale] Il n'y a pas de risque de pénurie en France parce qu'on est indépendant, je voudrais être très rassurant.

> A cette tragédie de la guerre en Ukraine, pèse un risque très fort de crise alimentaire à court terme, mais surtout à 12 et 18 mois.

> Face aux conséquences de la guerre en Ukraine, l’heure est à la solidarité. Emmanuel Macron a proposé une initiative de solidarité internationale pour les pays les plus vulnérables en matière de sécurité alimentaire, comme nous l’avions fait avec les vaccins lors de la crise Covid19.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)
> Ce quinquennat fut celui de l'égalité. Durant 5 ans, nous avons agi pour l'égalité réelle, partout.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)
> La France est aux côtés de l’Ukraine. Soutien humanitaire et financier, sécurisation des approvisionnements énergétiques et sécurité des centrales nucléaires ukrainienes.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)
> Par les réformes que nous avons menées, nous avons redonné de l'élan à nos industriels, en rendant de la compétitivité et de l'attractivité au site France, au service de notre rebond économique.

> Dans le contexte de la crise ukrainienne, nous avons entamé une série de rendez-vous hebdomadaires pour suivre les relations commerciales et accompagner les entreprises de toute la filière agro-alimentaire.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
> Il y a 65 ans était signé le Traité de Rome. N’oublions pas, face aux brûlures de l’histoire, ce que le projet européen nous a apporté. Ayons la fierté de le défendre et le courage de l’améliorer.

> Fascinant de voir tous ces politiques et éditorialistes qui fustigent sans cesse la « culture de la repentance » sur la colonisation ou la Françafrique passer leur temps ces jours-ci à dire que la guerre en Ukraine est in fine de notre faute car nous avons « humilié la Russie ».

> Au nom de la Présidence française de l’UE, je suis intervenu au Parlement européen, pour réaffirmer 3 messages clés : la fermeté contre la Russie,la solidarité avec l'Ukraine, l'unité et la souveraineté européennes.

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)
> Le permis de conduire (code et heures de conduite) sera financé pour celles et ceux qui s'engagent dans le Service National Universel! Un coût de 1 800€ en moyenne. Un engagement de la Nation pour nos jeunes.

 

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)
> l'Union européenne adopte un texte inédit pour la régulation des géants du numérique: l'acte pour les marchés numériques  ou Digital markets act. Aujourd'hui, les règles changent pour un meilleur partage de la valeur et plus d'innovation!
Après l’accord sur l’acte pour les marchés numériques, l’
UE poursuivra son action pour mieux réguler le numérique avec l’acte sur les services numériques. Objectifs: responsabiliser les plateformes numériques et protéger les citoyens sur Internet.

 

Gabriel Attal (porte-parole du gouvernement)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Les entreprises françaises peuvent continuer leurs activités en Russie mais pas investir sur de nouveaux projets.

> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] On a gelé les actifs des oligarques.. L'économie russe vacille.

> [Contreparties en échange du RSA] Ça peut être des ateliers de préparation au CV, des formations, des mises en situation, des immersions.

 

Haut-commissariat au Plan
François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)
> [Guerre de Poutine contre l’Ukraine] Les sanctions doivent être appliquées par les entreprises françaises et vous savez qu'il y a une très grande question qui se pose, c'est que l'Europe tout entière est dépendante du gaz russe et l'Allemagne, en particulier, a 60 % de dépendance. Nous, nous avons 20 % de dépendance. Ces pays-là peuvent se trouver devant une crise de la vie quotidienne tous les jours donc je pense que les sanctions financières sont plus importantes et, en tout cas, je ne vois pas pour l'instant de moyens de couper le robinet du gaz russe.

> Le Président de la République fait, fait courageusement et fait de manière presque obstinée, c'est de maintenir le dialogue avec Poutine pour essayer de laisser toujours une porte ouverte. Cela avait été absolument sensible dès la première rencontre, la première conférence de presse où il avait opposé à Poutine des arguments et une position extrêmement ferme, tout en prenant soin de toujours laisser une toute petite ouverture pour qu’il ne soit pas totalement dans une impasse, totalement enfermé.
Je pense, je peux me tromper, je ne suis pas assez spécialiste de l'armée russe, je suis persuadé que Poutine croyait qu'il allait conquérir sans coup férir l'Ukraine, qu'en tout cas il allait conquérir Kiev, que peut-être il serait peut-être accueilli avec des bouquets et des embrassades, que la population ukrainienne ou une partie, et la population russophone ukrainienne en particulier n'attendaient que cela, et on s'est aperçu - les témoignages que vous avez projetés sont incroyables - qu’il a solidarisé contre lui l'ensemble de la société ukrainienne, y compris les russophones.

(…) Poutiner a perdu du beaucoup depuis le début du conflit. Il a perdu premièrement, les experts disent plus de 10 000 hommes. Plus de 10 000 hommes tués au combat, cela veut dire probablement 30 ou 40 000 blessés. Vous avez vu les mères de ces soldats, les mères de ces soldats, elles disent : « comment peut-on m'expliquer que mon fils est mort pour cela ? » Et je crois que cela diffuse dans la société russe.
Il a perdu deuxièmement l'idée d'invincibilité de l'armée russe, l'idée de sa puissance rétablie, reconstruite. Il y a toute une légende que Poutine avait bâtie autour du fait qu'il avait reconstruit la puissance de l'armée russe.
Il a perdu cela et il a perdu quelque chose d'incroyable, c'est le lien de la Russie avec l'Ukraine. Je crois que c'est pour des décennies que le peuple ukrainien va considérer les Russes comme agresseurs, envahisseurs, devenus ennemis alors que c'était des peuples frères, frères de langue pour beaucoup, de religion. On ne se rend pas compte, mais toujours dans la saga de Poutine il avait reconstruit le lien avec l'église orthodoxe russe.
L'église orthodoxe ukrainienne qui dépendait pour partie du même patriarcat se révolte contre le patriarcat russe. Ce sont des choses qui nous échappent parce que nous ne savons pas quelle est la place dans le mythe national de ce lien avec la religion, mais, à mon sens, Poutine a perdu beaucoup aussi. Je ne suis pas sûr, je me risque, qu'il puisse rétablir sa situation après ce conflit.

> Je n'ai jamais plaidé contre le pouvoir « solitaire » parce que je ne connais pas de pouvoir qui ne soit solitaire d'une certaine manière, et on le voit bien dans cette crise-là. (…) Moi je suis pour un président fort, un gouvernement fort, un parlement fort. Je pense que c'est dans ce débat entre ces trois approches que les citoyens trouveront de l'intérêt à la vie politique.

> Il y a contre-pouvoir. Le parlement, vous savez bien, tous les constitutionnalistes disent cela, le parlement est en réalité le maître du jeu. S'il y a blocage, le Président de la République intervient par un référendum par exemple ou par une dissolution, autrement le parlement a tous les pouvoir. Simplement, il ne s'en sert pas parce qu'on a perdu depuis très longtemps l'idée que le parlement représentait le peuple dans sa diversité. Moi, je suis défenseur du pluralisme. J'ai essayé de montrer cela de toutes les manières : banque de la démocratie, proportionnelle, signature pour des candidats qui ne me plaisaient pas mais qui menaçaient de ne pas les avoir. Je pense que le pluralisme est la clef de l'adhésion. Je pense que ce que nous vivons aujourd'hui est extraordinairement frappant, c'est que les gens pensent que c'est truqué. Enfin… une partie, on parle de l’abstention.

> 30 % des Français pensent que les pouvoirs sont truqués. Méfiez-vous, pas que les pouvoirs politiques, pouvoirs médiatiques aussi, vous êtes ciblés de la même manière et, maintenant, les scientifiques sont ciblés, les médecins sont ciblés car les Français ont vu sous leurs yeux les médecins se faire la guerre pour essayer d'avoir raison contre l'autre. Tout ceci entraîne un immense mouvement j'allais dire de scepticisme, je pense que c'est plus fort que cela, de retrait.

 

Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Pieyre-Alexandre Anglade (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> Face à Poutine le seul chemin pour les Européens est celui de l’unité. Si nous voulons être efficaces alors nous devons continuer à prendre toutes les sanctions en commun à 27.

> Nous devons poursuivre le soutien à la résistance ukrainienne. Elle mène un combat essentiel pour la liberté et la démocratie.

> De Marine à Marion, dans la famille Le Pen la soumission à Poutine est totale. Soutenir la résistance ukrainienne ce n’est pas entrer en guerre avec la Russie, c’est venir en aide à un peuple victime d’une guerre brutale et massive qui fait des victimes civiles par milliers.

 

Gilles Le Gendre (député)
> [Convention transpartisane pour réformer les institutions] Le terme «transpartisan» est fondamental. Si nous n’avons pas pu mener cette réforme, c’est précisément parce que nous n'étions pas dans cette logique. Nous avons présenté au Parlement une réforme bouclée et nous avons dit aux oppositions qu’elle était à prendre ou à laisser. Cette fois, notre candidat adopte la démarche inverse: fabriquons cette réforme ensemble et, le cas échéant, faisons-la adopter par les Français. Ce changement de philosophie crédibilise les chances de réussite.
Je n’imagine pas qu’à l’issue de la réélection du président de la République, dont je ne préjuge pas, les responsables politiques puissent refuser cette main tendue. Nous ne parlons pas d’une réforme classique : les retraites, la fiscalité... Il s’agit là de fixer la règle du jeu démocratique. Celle-ci doit être le fruit d’une très large union.
Je vois trois axes, dont certains ont été évoqués par notre candidat: la représentativité des élus, la modernisation du travail parlementaire et l’association des citoyens à la décision publique. Mode de scrutin, lutte contre l’abstention, cumul des mandats, fabrique de la loi, missions de contrôle, intégration pérenne d’outils de démocratie directe et participative dans l’architecture institutionnelle… La feuille de route de la commission transpartisane reste à écrire.

 

Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Stéphane Séjourné (président du groupe Renew Europe au Parlement européen)
> Une semaine avant une élection historique en Hongrie, je serai à Budapest pour rencontrer les militants, les candidats et les leaders de notre parti allié Momentum et de l’opposition unie.

> Même s'il reste beaucoup à faire, nous vivons un tournant en Europe. La souveraineté européenne est enfin un objectif commun.

> Il faut acter des sanctions plus dures contre la Russie. Mais soyons honnêtes : les décisions à venir pour aider l’Ukraine seront difficiles car l’UE n’a pas encore tous les outils de sa puissance.

 

Nathalie Loiseau
> Hier l’UE s’est mise d’accord pour une régulation économique des entreprises numériques. La régulation des plateformes voit le jour sous présidence française de l’UE. Promesse tenue.

> Jean-Luc Mélenchon à la mémoire et l’indignation sélectives: après l’annexion de la Crimée par la Russie, il avait hurlé quand la France avait annulé la vente de deux navires de guerre à Moscou. Aujourd’hui il essaie de faire peur aux Français parce qu’on livre des armes à l’Ukraine.

> La France, l’UE et l’OTAN font tout pour arrêter la guerre, sans faire la guerre. Des armes sont fournies à l’Ukraine pour lui permettre de défendre ses populations civiles martyrisées. Il faut convaincre Poutine d’arrêter et d’accepter une vraie négociation.

> Marion Maréchal préfèrerait qu’on laisse mourrir les Ukrainiens. C’est normal, elle a une proximité ancienne avec le Kremlin. Mais elle dit une énormité: livrer des armes ne fait pas de nous des cobelligérants. Nous voulons arrêter cette guerre, pas y prendre part.
Rappelons en outre que le Front National, quand Marion Maréchal y était encore, avait critiqué la France pour l’annulation de la vente de navires de guerre à la Russie. On était juste après le premier conflit russe avec l’Ukraine. Pour Marion Maréchal, les armes, c’est pour la Russie.

> On nous avait dit: « Les talibans ont changé, ils sont plus modérés qu’avant. » Mais non. On nous dit aussi: « Vladimir Poutine a changé, avant il était plus modéré. » Pas davantage. Certains ont voulu s’aveugler et cherchent à s’en tirer par des pirouettes.

 

● Personnalités centristes
Jean-Louis Borloo (Ancien président du Parti radical, ancien préisdent-fondateut de l’UDI, ancien ministre]
> [Publication du manifeste «L’alarme»] Les Français vont choisir une nouvelle présidence et un nouveau Parlement. J’irai voter et je dirai quel sera mon vote avant le premier tour, mon choix est arrêté. Le moment démocratique qui vient est le plus important depuis très longtemps. Tout le monde le sent bien: il va falloir réparer la France avec une méthode. J’ai écrit ce texte parce qu’il y a urgence pour notre pays. Après avoir consacré trente ans de ma vie à l’action publique, je suis toujours aussi passionné tout en ayant pris suffisamment de distance. Quand vous êtes dans le fleuve, vous ne voyez rien. Il faut être sur la berge. Je suis souvent embarrassé quand de grands leaders politiques, des gens ou des acteurs syndicaux, me demandent mon avis sur la situation car tout le monde sent confusément que certaines poutres fondamentales de notre pays sont très abîmées. J’ai essayé de comprendre, d’aller au fond des choses et de proposer un chemin.

> La France adore les grands projets mais elle n’évolue pas facilement. Elle a besoin de crises pour prendre les problèmes à bras-le-corps. On y est. Mais ce quinquennat peut-être celui d’un nouveau souffle, de la réorganisation de nos pouvoirs publics et de la grande coalition de tous les acteurs.

> Nous vivons dans un imaginaire politique tellement ancré que le confort de nos habitudes nous empêche de voir qu’il n’est plus la réalité. J’ai mis moi aussi du temps à comprendre vraiment. Tout le monde essaye de bien faire. Nos élites ou nos cadres politiques ne sont pas de moins bon niveau qu’ailleurs, notre pays est bien formé, notre monnaie est solide, etc. Mais il y a un bug dans les priorités et l’organisation de l’action publique. Et quand vous comprenez d’où vient le problème, les marges de progression sont extraordinaires.

> Les débats sur l’école, la cohésion sociale, la justice, l’ordre républicain, l’hôpital sont les plus cruciaux car ils fondent notre pays. Avant les mesures, il faut trouver les causes pour trouver les remèdes. C’est difficile. Pour ma part, j’ai décidé d’ouvrir le capot de la voiture France pour repérer les fuites et l’enchevêtrement des innombrables tuyaux que plus personne ne reconnaît. Mais la réponse globale viendra de tous les acteurs publics de la nation0 sous l’impulsion de la présidence et du Parlement.

> [Droite radicale et extrémiste à plus de 30 % dans les sondages] C’est le thermomètre de la société prouvant que nos piliers fondamentaux ne vont pas bien. Résolvons les problèmes!

> Nous devons regarder la situation ensemble. Tout est tellement enchevêtré que pour avoir une compréhension simple des choses, il faut y passer du temps. Je me dis simplement que je n’ai pas le droit de rester silencieux car je suis convaincu, au fond de moi, que tout le monde peut être d’accord.

> Il y a un risque de stagflation car la hausse des matières premières et du coût de l’énergie n’a pas attendu l’Ukraine. Il faut consolider l’idée du plan de relance de 750 milliards, de la protection face aux Gafa et de la souveraineté numérique, satellitaire, physique et politique. Nous rentrons dans une nouvelle ère de l’Europe. Il y a des difficultés mais je reste plein d’espoir.

> La bonne méthode de gouvernance repose sur l’alliance de tous les acteurs, la préparation d’un document écrit, puis sur un comité d’évaluation et de suivi. Si vous prenez le dossier de la rénovation urbaine, je constate que les acteurs et l’écrit étaient bien là mais quand j’ai vu la suppression du comité d’évaluation, je me suis dit que cela allait s’arrêter. À ce moment-là, et même si je n’étais plus en fonction, j’aurais dû aller voir le président de la République pour lui dire que cette suppression signait la fin de la coalition de tous les acteurs mobilisés et la fin du programme de l’ANRU. C’est une leçon.

> [Proposition d’un Conseil national de la République] Le général de Gaulle avait réuni ce Conseil national de la résistance pour rassembler les partis politiques hostiles à Vichy et l’ensemble des forces syndicales, quand nous avions 45 % de syndiqués en France et que les gaullistes et les communistes combattaient ensemble dans les réseaux de résistance. De quoi s’agissait-il? Le CNR avait identifié les principaux objectifs de la nation et la répartition des responsabilités. Nous sommes restés sur cette nostalgie, mais, soixante-dix-neuf ans plus tard, après tant de bouleversements (l’Europe, l’euro, les régions, le syndicalisme, l’action sociale et la révolution numérique…), il est temps de rebâtir tranquillement nos fondations. Je ne propose pas de nouvelles mesures mais une réflexion sur l’organisation selon une juste répartition claire et efficace des responsabilités et des compétences.

> Les poutres essentielles sont la présidence de la République et le Parlement. Il leur appartient de réfléchir à la manière de partager cette réflexion sur la nouvelle organisation de nos pouvoirs publics. Nous ne sommes plus un État centralisé, mais pas non plus un État décentralisé. Nous sommes dans un système d’hybridation, c’est-à-dire de doublons et de confusions. D’ailleurs, je vois la Corse comme l’illustration des grandes difficultés entre l’État central et les régions, que je mentionne dans ce manifeste.

> Moi, je suis un républicain. Je suis pour un État fort sur ses responsabilités et pour un transfert des compétences aux collectivités concernant la gestion de proximité. Mais pour y parvenir il faut le temps de bien poser les termes du problème, hors période électorale. La coalition de tous les acteurs peut être lancée immédiatement sur six points cruciaux. Justice, ordre, jeunesse, santé, habitat, environnement… On fait nation sur ces questions capitales. Si ces fondamentaux ne sont pas repris à bras-le-corps au lendemain de la présidentielle, alors oui, il y a un risque d’explosion. Seul le ou la présidente de la République sera en état de proposer une nouvelle architecture. Les gens ont tous envie de participer à une belle histoire et d’en être les héros.

 

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