Voici une sélection, ce 9 janvier 2022, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Covid19] On peut s’émouvoir sur
des formes d’expression qui paraissent familières que j’assume totalement.
Je m’émeus de la situation dans laquelle
nous sommes, la vraie fracture du pays est là, quand certains font de leur
liberté, qui devient une irresponsabilité, un slogan. Non seulement ils mettent en danger la vie des
autres, mais ils restreignent la liberté des autres et ça, je ne peux pas
l’accepter. Et je ne peux pas
laisser prospérer dans notre pays des débats qui consisteraient à dire: «ne
les soignons pas». Non. (…) J’assume
la stratégie qui est simple: vacciner,
vacciner, vacciner. (…) C’est un
mouvement complètement européen qui met des restrictions sur les personnes
qui ne sont pas vaccinée. Nous devons le faire pour l’ensemble de nos
compatriotes qui font l’effort de se faire vacciner et qui, par
l’irresponsabilité de certains autres qui, parfois par des choix assumés, sont
contaminés. Et nous devons le
faire aussi pour nos compatriotes qui parfois se laissent prendre par des
discours obscurantistes, par des discours de peur: ils ne se protègent pas
eux-mêmes alors que la science, la recherche et l’excellence technologique et
productive européenne leur permet. Il était de ma responsabilité de sonner un peu l’alarme, c’est ce que j’ai
fait cette semaine, pour que les choses puissent avancer encore plus rapidement.
> [Propos liminaires lors de la conférence de presse
conjointe avec la présidente de l’UE, Ursula von der Leyen à propos de la présidence
française]
Je suis très heureux madame la présidente de vous accueillir à Paris avec les
membres de la Commission européenne, pendant cette première semaine de la
présidence française du Conseil de l’Union européenne. Depuis plusieurs mois
déjà, nous travaillons ensemble à la préparation de cette présidence, afin que
la France prenne le relais de nos prédécesseurs au Conseil et nous voilà
maintenant à l’ouvrage. Alors hier et aujourd’hui, avec les commissaires et les
membres du Gouvernement, nous avons pu lancer très concrètement nos travaux,
avec nos parlementaires aussi, et ensemble, Commission européenne et présidence
française, nous avons, je le crois, la même volonté de faire de ce semestre un
moment utile pour l'Europe, d'efficacité, de réalisation de projets concrets,
résolument au service des Européennes et des Européens et de nos projets à
venir. Je voulais vous remercier d'avoir aussi pris le temps, ce matin, de
venir honorer la mémoire de deux grandes figures européennes que sont Jean Monnet
et Simone Veil au Panthéon.
Alors, je ne vais pas ici reprendre la totalité du programme. Ce ne serait ni
possible, ni n'aurait beaucoup de sens. Mais notre volonté de scander les
prochains mois avec d'abord l'avancée de textes qui sont prévus et que nous
avons collectivement fait cheminer pour avoir une société et une économie plus
décarbonée, en particulier avec le paquet climat. Et donc, nous aurons durant
ce semestre la possibilité de faire avancer plusieurs sujets comme le
mécanisme, en particulier, aux frontières, comme aussi l'ensemble des
mécanismes qui vont permettre d'accélérer la décarbonation de nos transports,
l'amélioration de notre système électrique, la décarbonation de nos logements,
etc.
Nous aurons également la possibilité durant ce semestre, de faire avancer notre
agenda numérique avec deux grandes directives DMA et DSA et nous sommes très
engagés pour pouvoir avancer sur ce point et donc réguler tout à la fois le
marché et les contenus, et créer un vrai modèle européen.
Nous aurons aussi un semestre, je crois, extrêmement important en matière de
convergence sociale et de justice sociale pour une Europe plus inclusive, plus juste
entre femmes et hommes, avec des textes importants pour les salaires décents et
pour l'égalité femmes hommes en matière salariale et dans les conseils
d'administration des entreprises. Et nous aurons aussi tout un agenda en
matière de sécurité aux frontières ou de défense, par exemple, très
structurant.
Les prochaines semaines seront scandées par plusieurs événements, un sommet à
Brest en février sur les océans et notre stratégie, un sommet à Bruxelles,
Union africaine/Union européenne où nous avons cette stratégie commune, nous
voulons, je dirais, refonder cette nouvelle alliance avec le continent
africain. Il y a un immense travail fait par la Commission en la matière, je
veux vous en remercier, du sanitaire à l’économique jusqu’aux mobilités et aux
migrations.
Nous aurons ensuite le 10 et 11 mars ce sommet informel en France qui nous
permettra à la fois d’avoir une discussion stratégique sur la défense, une
discussion stratégique sur notre modèle macroéconomique et notre nouvelle
gouvernance. Mais au cœur de cela au fond, la stratégie de construction du
modèle de croissance et d’autonomie européen. Avec beaucoup de projets que nous
avons commencés à financer, mais une stratégie que nous voulons partager et
mettre en œuvre. Et ce nouveau modèle de croissance, d’investissement, de
production, d’autonomie est un élément clé pour moi de ce semestre, mais
surtout de la décennie qui vient.
Nous aurons ensuite évidemment le conseil de mars, puis des sommets qui sont
prévus en particulier sur la question des Balkans et évidemment la situation
géopolitique qui nous conduira, dès les prochains jours et les prochaines
semaines, à agir ensemble et très clairement en particulier pour la sécurité
européenne, la question ukrainienne et plusieurs autres.
Je ne veux pas ici dans ce propos liminaire être plus long, et j’avais eu
l’occasion en décembre de présenter l’ensemble de nos axes de travail. Mais aux
côtés de la Commission, avec l’ensemble des membres du Conseil européen et du
Parlement européen, nous sommes à l'œuvre pour pouvoir faire de ce semestre un
semestre pleinement utile et faire avancer cette ambition commune que nous
avons.
> Je salue la décision des autorités égyptiennes de remettre Ramy Shaath en liberté. Je partage le soulagement de son épouse Céline Le Brun, qu’il retrouve en France, avec qui nous n’avons rien lâché. Merci à tous ceux qui ont joué un rôle positif dans cette heureuse issue.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Jean Castex (Premier
ministre)
> L'artificialisation des sols augmente 4 fois
plus vite que notre population : c'est une menace pour notre environnement et
sa biodiversité. Le Gouvernement va amplifier la mobilisation engagée en 2017 :
un nouvel appel à projets de 100 millions € sera lancé au début de l'année.
Très concrètement, il permettra d'accompagner de nouvelles conversions de
friches industrielles, sur le modèle de ce projet amiénois : cette ancienne
manufacture de velours deviendra demain un écoquartier rassemblant logements,
activités économiques et services.
Barbara Pompili
(ministre de la Transition écologique)
> Construire des logements sur une friche
industrielle, plutôt que sur des terres naturelles. Une opération coûteuse mais
bonne pour les habitants et pour la planète.
Roselyne Bachelot
(ministre de la Culture)
> Rencontre avec les Commissaires européens pour
échanger sur nos priorités en début de présidence du Conseil de l'UE :
renforcer la souveraineté culturelle européenne et placer la culture dans le
quotidien des citoyens européens.
Frédérique Vidal
(ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)
> Notre meilleur allié dans cette épidémie, c’est
le vaccin, et à travers lui, les biotechnologies. Nous lançons une stratégie
dédiée aux Biothérapies et Bioproduction de thérapies innovantes. C'est la clé
de notre souveraineté technologique.
> Elles représentent 0,2% des entreprises mais emploient 25% des salariés : les ETI sont un vivier inestimable de talents. L'Etat s’engage à nouveau à renforcer le capital humain des ETI par la formation des jeunes et la formation tout au long de la vie.
Amélie de Montchalin
(ministre de la Transformation et de la fonction publique)
> [Covid19] « Nous veillerons dans le
contexte de nouveaux variants à assurer la continuité des services publics et
de la vie de la Nation.» C’était l’engagement d’Emmanuel
Macron le 31 décembre. Il sera tenu, dans nos
administrations, dans nos mairies, pour tous, partout en France.
> [Covid19] Ces politiques qui manifestent sont des anti-vax, complotistes, dangereux pour la nation et pour la santé des Français.
> [Covid19] 400 à 500.000 fonctionnaires télétravaillent.
> [Covid19 et propos d’Emmanuel Macron] Il fallait tirer la sonnette d'alarme, nous avons augmenté le nombre de primo-vaccinés.
Elisabeth Moreno
(ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité
et de l'égalité des chances)
> [Egalité femmes-hommes] Nous n'avons pas attendu la campagne pour
agir! Le Président de la République est monté au front dès 2017. C'est lui qui
a fait de l'égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son
quinquennat. Il s'agit du premier Président à l'avoir fait et il était temps. (…)
Il y a encore tant à faire. Penser que tout a été réglé, ce serait manquer
d'humilité.
> Les femmes ne demandent pas l'aumône. Mais elles sont en général plus pauvres que les hommes, occupent plus souvent des emplois moins payés et reconnus, s'arrêtent pour élever les enfants et sont considérées comme des seniors dès 45 ans dans certains secteurs! Avec une prime à l'embauche des femmes, comme celle qui existe pour l'apprentissage, on les garderait davantage sur le marché de l'emploi. Il est également nécessaire d'inciter les jeunes filles à s'orienter vers les filières d'avenir, telles que les nouvelles technologies ou l'aéronautique, aujourd'hui majoritairement trustées par des hommes. Il s'agit d'un enjeu capital pour les femmes et pour toute notre société. C'est notamment l'une des ambitions de la loi Rixain-Castaner.
> Le féminisme, c'est simplement souhaiter l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. En France, l'arsenal juridique est très étoffé en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, mais au-delà du droit c'est l'égalité concrète et effective, au quotidien, qui doit être totalement parachevée. Il faut sortir de l'incantation.
> En arrivant en France, enfant issue de l'immigration et d'une classe sociale défavorisée, j'étais en mode survie, je n'avais ni le temps ni les moyens de penser aux combats féministes. Ma vie professionnelle a débuté dans des environnements très masculins : le BTP et les nouvelles technologies. J'y ai vu des femmes moins bien payées, moins promues, qui se battaient contre elles-mêmes pour oser s'exprimer en réunion. Je suis née dans un pays ouvertement patriarcal, le Cap Vert. Mon petit frère pouvait débattre de tout avec mes parents. Moi, l'aînée, je devais demander la parole! Les femmes dirigeaient la vie au quotidien. Mais dans la rue, elles marchaient derrière les hommes. C'était dans les années 1970, et pourtant en 2021 j'entends encore, en France, pays de l'égalité, des candidats à la présidentielle dire que les femmes ont une intelligence inférieure… Eric Zemmour dit que s'il est élu, il reviendra sur les règles de parité et l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes lesbiennes et célibataires.
> On n'atteindra jamais l'égalité si tous les trois jours un féminicide est commis. Avec plus de 50 dispositifs mis en place pour lutter contre ces violences, les politiques publiques existent, il faut s'assurer qu'elles fonctionnent. Et je tiens ici à rappeler les efforts particulièrement importants de Marlène Schiappa en la matière. Mais les femmes ne sont pas seulement des victimes. Elles contribuent au développement économique et social. Nous voulons les amener vers des métiers qu'elles ne regardent pas, leur ouvrir le champ des possibles. Un métier sur trois créé dans les cinq ans à venir aura une composante numérique, scientifique, mathématique; des secteurs qui n'attirent que 30% de femmes. C'est une rupture grave d'égalité. Chaque féminicide est un féminicide de trop. Le 4e de l'année qui a eu lieu vendredi à Aubervilliers ainsi que le meurtre de la petite fille de la famille sont tragiques. L'ensemble des dispositifs mis en place par le Gouvernement doit absolument être pleinement utilisé par les acteurs publics locaux qui, au quotidien, évitent déjà de très nombreux drames. Comme pour les féminicides précédents, je réunirai prochainement un comité local d'aide aux victimes. La lutte contre les violences faites aux femmes est ma priorité et celle du Gouvernement.
> J'ai découvert le monde politique après trente années en entreprise dans des milieux très compétitifs. Je n'avais jamais vu autant de violence, de la part des responsables comme de la société. J'ai été insultée et je me suis sentie blessée et humiliée, mais je ne veux pas y accorder d'importance. La politique, c'est aussi le lieu privilégié pour impulser des changements profonds.
> [#MeToo politique] Enfin l'omerta est brisée! Notre
responsabilité est de continuer à favoriser cette libération de la parole comme
dans toutes les sphères de la société. Et il est absolument nécessaire
d'encourager l'écoute. Toute notre société doit être vigilante.
Emmanuelle Wargon
(ministre chargée du Logement)
> Depuis son déploiement, le fonds friches, c’est
650M€ de France relance pour débloquer près de 1056 projets sur l’ensemble du
territoire et construire près de 100 000 logements. Un nouvel appel à projets
de 100M d’€ sera lancé pour accompagner de nouvelles conversions !
> [Covid19] LR, combien de droites irréconciliables ? En s'opposant au pass vaccinal, les députés LR ne jouent pas seulement avec la santé des Français : ils désavouent clairement Valérie Pécresse. On imagine bien l'efficacité de ce leadership aux plus hautes fonctions de l'État.
Jean-Baptiste
Djebbari (ministre chargé des Transports)
> Décarboner nos transports, c’est à l’échelle de
l’Europe que ça se joue. La France et l’Allemagne y parlent d’une seule voix.
> « 18 000 vols à vide opérés par
Lufthansa. » Si vous avez vu passer cette info, il y a de fortes chances
qu’elle vous ait indigné. À raison, car ce serait une parfaite aberration. Sauf
que… il est très probable que ça ne se produise pas.
Repartons du début : deux fois par an, les compagnies aériennes se voient
attribuer un certain nombre de créneaux de décollage et d’atterrissage dans
chaque aéroport saturé où elles opèrent. Ce sont les « slots ». es slots, c’est
le nerf de la guerre. Plus l’horaire du vol est pratique pour les passagers,
plus le slot a de la valeur. Entre les compagnies, forcément, la concurrence
fait rage.
Comme il y a plus de demandes de vols que de slots disponibles, les compagnies
doivent utiliser au moins 80% de leurs slots – sous peine de les perdre pour la
saison suivante. Exemple : X Airlines a 10 slots à Roissy. S’il veut les garder
pour la saison suivante, il doit en utiliser 8.
Cette règle a été fixée au niveau européen. 80%, ça permet de donner aux
aéroports et aux voyageurs de la visibilité, et aux compagnies une certaine
marge pour les imprévus d’exploitation. Sauf qu’avec la crise sanitaire, les
imprévus sont devenus la norme, et cette règle a perdu son sens. En mars 2020,
elle a donc été suspendue. Et les compagnies ont pu conserver leurs slots même
si elles n’en utilisaient aucun.
En mars 2021, avec la reprise, la règle a été rétablie, mais le seuil de 80%
abaissé à 50%. En plus de ça, les mesures sanitaires exceptionnelles (fermeture
de frontière, quarantaine à l’arrivée, etc) peuvent justifier de ne pas
utiliser un slot. Exemple : si entre mars 2020 et mars 2021, X Airlines n’a
fait voler aucun avion, il a quand même récupéré ses 10 slots quand il a repris
les vols en 2021. Et depuis mars 2021, il doit en utiliser 5 minimum. Le seuil
passera à 64% cet été. C’est moins que 80%, mais ça reste beaucoup. Car une
compagnie doit tout de même desservir toutes ses destinations. Or la demande
est inégale sur l’ensemble des destinations d’un réseau international comme
celui de Lufthansa.
Depuis le début de la crise, les compagnies ont adopté des stratégies
différentes. Celle de Lufthansa a été de supprimer beaucoup d’emplois et
beaucoup de vols. En conséquence : pour eux, 64%, c’est encore trop. Et
justement… Parce que le Covid19 perturbe encore le trafic, la Commission
européenne va changer l’assouplissement à la règle des 80% pour la saison qui
démarre en octobre. Les négociations débuteront dans les prochaines semaines.
Voilà pourquoi Lufthansa se fait entendre.
Sauf que… c’est la seule compagnie à faire état d’une telle situation. Quoi
qu’il en soit, nous veillerons à ce qu’aucune compagnie européenne ne soit
contrainte d’opérer des vols à vide. La présidence française de l’Union
européenne vient de débuter. Nous n’hésiterons pas à agir.
Olivier Dussopt
(ministre chargé des Comptes publics)
> Il y a 26 ans disparaissait François
Mitterrand. Président de mon enfance et de mon adolescence, je me souviens de
son ton si particulier, de sa capacité à rassembler et de son engagement
européen alors que celui-ci n'avait rien d'évident pour ceux de sa génération.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)
> Dans mon champ d'action, l'industrie, je me bats chaque jour pour que
les femmes puissent avoir un emploi mieux payé, plus stable, dans les villes
moyennes, pour qu'elles puissent décider concrètement de leur destin.
> [Egalité femmes-hommes] On peut être fiers du bilan d'Emmanuel Macron! Doublement du budget, index de l'égalité professionnelle, allongement du congé paternité, service public des pensions alimentaires… Continuons! Il nous faudra plus de cinq ans. Nos propositions ont vocation à nourrir le débat, à faire avancer la cause des femmes et obligeront les oppositions à sortir de l'immobilisme.
> [Egalité économique et professionnelle] Il faut une action coup de poing sur les métiers féminins, pas assez mis en lumière. Le secteur du nettoyage, par exemple, est occupé à 80% par des femmes auxquelles on impose des horaires décalés. Qu'est-ce qui justifie que des bureaux soient nettoyés avant 8 heures et après 20 heures? On les empêche d'avoir une vie normale!
> Ma conception du féminisme est universaliste, et non essentialiste. C'est l'anti-wokisme. Je le conçois comme une défense des droits de l'homme et de la femme. Chacun doit avoir accès à des perspectives, indépendamment de son sexe ou de son origine sociale. Tant qu'il existera des freins à l'égalité réelle, il faudra lutter.
> J'ai eu la chance de grandir dans un pays considéré comme privilégié en matière de droits des femmes, mes études m'ont permis d'accéder à des opportunités. Je n'ai été confrontée au sexisme que de manière insidieuse et mineure. Beaucoup de femmes en responsabilité n'ont comme moi pas conscience d'en être victimes; voire d'en être l'instrument, par exemple quand, au moment de recruter ou promouvoir un homme ou une femme, elles ne se posent pas les mêmes questions. C'est ce biais culturel contre lequel j'ai appris à lutter. (…) J'ajoute qu'il ne suffit pas d'être une femme candidate pour défendre les femmes. Valérie Pécresse a manifesté contre le mariage pour tous. Sur le congé paternité, elle disait : "Je ne suis pas sûre que beaucoup d'hommes aient envie de changer les couches". Marine Le Pen parle d'avortement de confort! Toutes deux défendent un recul dangereux. Elles ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt des hommes et des conservatismes.
> [Lutter contre les violences faites aux femmes] Il faut D'abord, inscrire un principe de non-régression des droits des femmes dans la loi organique. L'épidémie de Covid19 donne raison à Simone de Beauvoir : il suffit d'une crise pour remettre en cause l'égalité femmes-hommes. Il ne s'agit pas de discrimination positive. Mais l'égalité ne doit pas être une question de chance, personne ne doit être assigné à sa naissance. Deuxième point, faire de l'émancipation des filles par l'éducation l'une des grandes priorités de l'Education nationale, notamment en promouvant l'accès des filles aux filières scientifiques et technologiques. Dans l'enseignement technique, l'option métiers de l'environnement est choisie à 80% par des garçons, les services à la personne à 80% par des filles. Cette projection culturelle nous prive de talents dans ces deux champs.
> La lutte contre ces violences reste un combat de chaque instant. Notre point de vue est d'activer tous les leviers qui permettent d'empêcher, de réduire, de sanctionner ou de réparer ces violences. L'émancipation économique constitue l'outil central pour permettre aux femmes de vivre dignement et de faire face aux violences.
> Les femmes de tous les bords politiques en témoignent : sur les réseaux sociaux comme lors des prises de parole publiques, les insultes, les procès en incompétence ou en illégitimité fusent plus vite que pour les hommes. Ce constat de violence ordinaire n'est pas glorieux mais n'empêche pas de tracer sa route quand on est ministre.
> [#MeToo politique] Les auteurs de ces violences sexuelles et sexistes doivent savoir que cela peut mettre fin à leur carrière politique. Nous proposons qu'un élu auteur de violences sexuelles et sexistes puisse être condamné à une peine d'inéligibilité, comme c'est déjà possible en cas de manquement au devoir de probité, corruption ou trafic d'influence.
> Nous lançons la Stratégie d'accélération pour les biothérapies et la bioproduction de thérapies innovantes. Afin que la France devienne leader en la matière, nous investissons 800M€ pour permettre l'émergence de champions biotech et biothérapies.
> Les ETI incarnent un capitalisme patient et responsable, elles ont un attachement fort à leur territoire. Elles sont des fers de lance de la réindustrialisation : nous enclenchons la 2ème phase de la "Stratégie Nation ETI" au service de leur compétitivité.
Marlène Schiappa
(ministre chargée de la Citoyenneté)
> Pas 1€ d'argent public pour les ennemis de la
République ! Annonce du Président de la République, voté dans la loi confortant
les principes républicains, le Contrat d’engagement républicain entre en œuvre.
Nous signons les premiers.
> Merci aux enseignants et à tous les personnels de l’Education nationale en première ligne dans les établissements, grâce à leur engagement nos écoles restent ouvertes en France. Je pense aux enfants qui subissent des violences intrafamiliales ou la précarité.
Clément Beaune
(secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
> [Drapeau européen arraché lors d’une manifestation anti-vax] Une confusion des luttes, une confusion des esprits, une
confusion de tout, pathétique et révélatrice.
> François Mitterrand est parti il y a 26 ans. Sa force et son souvenir ne nous ont pas quittés, cet engagement pour la gauche, pour la France et pour l’Europe.
Nathalie Elimas
(secrétaire d’Etat chargée de l’Education prioritaire)
> Pour faire face à cette nouvelle vague
épidémique : nous aidons les collectivités
territoriales à équiper les classes en capteurs de CO2, nous renforçons nos capacités de
remplacement des professeurs malades.
> Emmerder les non-vaccinés, ce n'est pas de la provocation, c'était dans un contexte particulier.
Sarah El Hairy
(secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)
> Parfois, il suffit d’une personne pour changer
la vie d’un jeune!
Notre objectif est de mentorer 200 000 jeunes: le mentorat transforme le mentor
et le mentoré, il donne confiance, il donne des ailes!
> La culture nous fait rêver et ouvre le champ des possibles. Grâce au Pass culture, les jeunes ont accès à 300 euros pour acheter des livres, des places de concert, théâtre, cinéma ou des jeux vidéos!
> Le SNU garantit la mixité sociale : il faudra le rendre obligatoire pour le généraliser. Le SNU c'est 3 temps pour les jeunes entre 15 et 17 ans : séjour de cohésion, mission d’intérêt général, engagement volontaire. Un véritable parcours d'engagement!
> Réconcilier l’engagement et l’expression démocratique pour un parcours de
citoyenneté!
- Renforcer l’éducation civique & morale
- Cérémonies de remise de carte électorale
- Faciliter l’inscription électorale
- Démocratie scolaire.
> Les ennemis de la République ne doivent pas profiter des moyens de la République! Ils combattent nos valeurs principes par idéologie! Notre mission à l’école, dans les associations est de faire que la France soit une chance pour tous, redonner des repères et le goût de l'histoire!
> Rencontre avec les commissaires
européens :
-Service civique européen
- Erasmus +
- Clause d'impact jeunesse
- Citoyenneté et Engagement
Avec la présidence française de l’UE et l’année européenne de la Jeunesse, nous faisons pour et avec les
jeunes afin de créer
des opportunités concrètes d'avenir en commun.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)
> Le numérique comme priorité de la présidence
française de l’Union européenne, ce sont des objectifs très concrets : lutte
contre la haine en ligne et la désinformation, protection des consommateurs,
régulation des oligopoles…
> Le débat démocratique ne saurait être dicté par les seules conditions générales d’utilisation des plateformes. (…)Le Digital services act, dont la France a fait l’une des priorités de sa présidence de l’UE, doit permettre de superviser les politiques de modération des grandes plateformes. Il y a urgence.
> Le numérique aujourd'hui façonne nos vies. Il devrait être au coeur des débats de la campagne présidentielle. Pour Valérie Pécresse la priorité c'est le Kärcher, mais il ne donnera pas d'emplois à nos enfants.
> [Covid19] Près de 50 millions d'appareils ont #TousAntiCovid. Chaque jour, 50 000 personnes reçoivent une notification pour les prévenir qu'ils sont cas contacts. Pour que TousAntiCovid soit encore plus utile, activez le bluetooth et veillez à vous déclarer si vous êtes positif.
> Travail sur la proposition de loi visant à renforcer le contrôle parental sur les appareils connectés. La protection des mineurs en ligne est un engagement constant du gouvernement, depuis le 1er jour. Aujourd’hui, nous continuons.
Olivia Grégoire
(secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)
> Le projet de loi 3DS, adopté en vote solennel ce jour à l’Assemblée, marque une avancée
importante pour les SCIC, ces coopératives qui permettent d’associer au sein d’une
même entité salariés, usagers et souvent collectivités. Les collectivités
verront leur rôle clarifié au sein de ces structures de plus en plus
déterminantes pour l’avenir des territoires. Cela répond à une attente forte,
formulée notamment dans le rapport remis par l’IGF
et l’IGAS.
Gabriel Attal
(porte-parole du gouvernement)
> [Covid19] Pour LFI et le RN, il faut bichonner les antivax. Pour LR, il vaut mieux empêcher un enfant d’aller à l’école qu’un
non-vacciné d’aller au restaurant. Nous, nous faisons le choix clair de faire
peser la contrainte sur ceux qui refusent le vaccin.
> [Covid19] Le pass vaccinal est nécessaire. On a besoin que la campagne de vaccination se poursuive. Il y a un an, on avait dix fois moins de cas, et pourtant 25% de personnes hospitalisées en plus, il y avait un couvre-feu à 18h dans 15 départements.
> Ne vous laissez jamais contaminer par le virus du défaitisme, de la passivité et de la fatalité ! La France a tout pour réussir.
► Partis politiques
● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)
> C'était pendant la campagne des régionales.
Depuis... Valérie Pécresse est revenue chez les LR, Nadine Morano a intégré son
organigramme et Guillaume Peltier vient d'en claquer la porte. Et Éric Ciotti
vote toujours Zemmour s'il est au second tour.
> [Le député LR Peltier rejoint Zemmour] La clarification est faite. D'autres suivront. Le grand écart de Pécresse sur l'Europe, la liberté, la laïcité, l'immigration donnerait des élongations aux meilleurs des gymnastes. Les électeurs d'une droite sincère et républicaine sont les bienvenus à nos côtés.
> [Covid19] Quand Eric Woerth tient un discours de bon sens «ce qui est liberticide, ce n'est pas le pass vaccinal, c'est le virus»... pas un député LR ne l'applaudit... Quand notre majorité présidentielle salue sa prise de position claire!
Pieyre-Alexandre
Anglade (porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale)
> Tout craque chez LR. Hier soir Valérie Pécresse était incapable d’expliquer ce qui différencie Ciotti de Zemmour. Ce matin Guillaume Peltier annonce
soutenir Zemmour
« au nom des 40% des adhérents LR qui ont voté pour Ciotti».
> Le seul « kärcher » sorti par la droite à l’époque l’avait été pour supprimer 12 500 postes dans les forces de sécurité intérieure. Le tout avec le concours de Valérie Pécresse. Sans vision, ni projet, chaque jour démontre un peu plus que sa candidature n’est pas au niveau.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Stéphane Séjourné (président du groupe
Renew Europe au Parlement européen)
> [Drapeau européen sous l’Arc de Triomphe] C’est une fausse polémique
qui met en lumière une tendance à surpolitiser la présidence française du
Conseil de l’Union européenne dans le cadre de la campagne présidentielle.
> [Covid19] l ne faut pasmélanger l’ensemble des messages politiques. Il y a d’un côté un sujet sur la vaccination en France avec des prises de position du président de la République et de l’autre un enjeu de coordination européenne très importante car il ne faut pas qu’on ait les mêmes problématiques qu'on a vécues au début de la crise. Au cours des deux dernières années, "on a réussi à mettre des outils au service de citoyens au niveau européen pour garantir la liberté de circulation, garantir nos libertés. (…) l’Europe apprend toujours pendant les crises et il y a des victoires politiques pour ceux qui croient en l’UE. (…) Les enjeux seront là pour le président de la République, pour la présidence française: garder cette solidarité européenne et reconstruire une gestion de crise qui nous permette de garantir nos libertés et notre libre-circulation partout en Europe.
> L'État de droit européen, c’est le sujet majeur qui tient l’ensemble des États-membres. la Commission est très alignée avec le Parlement européen et une grosse partie des États-membres sur la conduite à tenir vis-à-vis de la Hongrie.
> La Pologne part dans un système où l’indépendance de la justice, la pluralité journalistique, l’indépendance des journalistes et peut-être même la capacité à organiser des élections sont remises en cause et l’indépendance de la justice est un sujet consubstantiel à l’ADN européen.
> [Ukraine] L’ensemble de la communauté européenne doit s’en saisir, Parlement européen, Commission et Conseil, et le président Macron prendra sa part à ce sujet s’il y en avait besoin et si la situation changeait. Nous avons un intérêt, nous, Européens, c’est de sauvegarder la paix et la stabilité des frontières de l’Union européenne.
> [Boussole stratégique européenne] Elle permettra une lecture du monde et des intérêts stratégiques de l’UE commune au sein de l’Union afin de parler un langage diplomatique commun et d’avoir un message politique commun.
Nathalie Loiseau
> Le terrorisme islamiste a endeuillé notre pays
à de multiples reprises. Nous avons réussi à le combattre sans nous renier.
C’est en poursuivant dans cette voie que jamais il ne gagnera.
> La diplomatie du RN : se précipiter auprès du leader serbe de Bosnie qui menace de faire sécession, entretient le négationnisme et glorifie les criminels de guerre.
> [Tribune: Dialogue États-Unis/Russie: où est l’Europe ?]
Au moment où Américains et Russes s’apprêtent à se rencontrer à Genève pour
parler de questions de sécurité, les Européens s’émeuvent de ne pas être à la
table des négociations et craignent d’y être au menu sans avoir leur mot à
dire. Ces craintes sont-elles fondées ?
Commençons par observer le contexte dans lequel se déroule cette rencontre, qui
ne sera certainement pas décisionnelle et sera suivie par d’autres, dans
d’autres formats.
D’entrée de jeu, Vladimir Poutine
obtient une première satisfaction : le retour dans la cour des superpuissances.
Il flotte en effet un parfum de XXème siècle sur les tensions actuelles et la
manière dont elles sont gérées. On y parle de sphères d’influence, d’Alliance
atlantique, d’OSCE, pas un mot sur la Chine, pas un mot sur l’Union européenne.
Nous voici revenus au temps de la guerre froide, où Washington et Moscou
décidaient ensemble de ce qui était acceptable et de ce qui ne l’était pas dans
le cadre de leur rivalité. On ne peut que penser à la crise des missiles de
Cuba, où une provocation russe s’était conclue par une issue pacifique,
stabilisatrice (l’invention du téléphone rouge) mais réductrice pour la
projection de la puissance américaine, qui s’était engagée à ne pas envahir
Cuba sauf en cas de provocation, mais qui avait aussi accepté de retirer des
armements nucléaires d’Italie et de Turquie. Cette fois-ci, qu’espère Vladimir
Poutine après avoir massé des troupes à la frontière ukrainienne et rendu
publiques des exigences dont il peut imaginer qu’elles ne sont pas acceptables
pour les Occidentaux ? Cherche-t-il un prétexte pour affaiblir encore davantage
l’Ukraine, ou bien croit-il véritablement pouvoir dicter les conditions d’une
nouvelle architecture de sécurité en Europe qui lui serait plus favorable ?
Il est clair qu’à première vue, Joe Biden doit ronger son frein. Tout occupé à
pivoter, comme ses deux prédécesseurs, vers l’Indopacifique et à contenir la
Chine, le voici contraint de se concentrer à nouveau sur la Russie, qui se
rappelle à son bon souvenir sur le sujet qui lui est le moins favorable, l’Ukraine.
Cette même Ukraine dont le clan Trump a tenté de se servir pour affaiblir le
candidat démocrate pendant la campagne de 2020 en raison des liens d’affaires
qu’y entretenait le fils Biden. Cette même Ukraine légitimement inquiète de
voir le gazoduc Nord Stream 2, qui la contourne, en état d’être mis en service
sans que l’administration américaine ne s’y oppose plus frontalement. Bref, ce
pays dont Joe Biden aurait manifestement préféré ne pas avoir à s’occuper de
trop près.
Pour les Européens, la vision poutinienne est naturellement inacceptable. Yalta
et surtout la guerre froide conduisirent à la partition de l’Europe entre l’Est
et l’Ouest, que la chute du Mur, puis l’effondrement de l’Union soviétique ont
permis de surmonter. Aucun retour en arrière n’est possible, ni souhaitable. A
aucun moment l’OTAN n’a cherché à s’étendre vers l’Est ou à menacer la Russie.
Ce sont les pays de l’ancien pacte de Varsovie qui, l’un après l’autre, sont
venus réclamer à l’Alliance atlantique des garanties de sécurité face à ce qui
restait une menace russe. L’adhésion à l’Union européenne n’est pas davantage
un élargissement, comme on le dit trop souvent et à tort, mais une
réunification du continent européen artificiellement divisé par la rivalité des
deux blocs. Dans un cas comme dans l’autre, qu’il s’agisse pour un État de
vouloir rejoindre l’OTAN ou l’Union européenne, il s’agit d’un choix souverain
de sa part qui ne peut lui être dénié.
Ce que cherche aujourd’hui Poutine ne peut donc lui être accordé. C’est
précisément le contraire de ce qui intéresse les États-Unis et de ce que
souhaitent les Européens. Et force est de constater que de ce point de vue, la
tentative de passage en force du maître du Kremlin a d’abord resserré les liens
transatlantiques. La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN a
été l’occasion d’une démonstration de cohésion comme on n’en avait pas vue
depuis longtemps. L’administration américaine a multiplié les consultations
avec les Européens et s’est engagée à continuer à le faire. La Turquie, dont le
rôle au sein de l’Alliance n’a pas manqué de poser problème depuis plusieurs
années et dont les relations avec la Russie demeurent empreintes d’ambiguïté,
fait montre d’une solidarité appuyée vis-à-vis de l’Ukraine. Quelles que soient
ses arrière-pensées, elle apparaît moins proche de Moscou qu’elle ne l’avait
été récemment. La Finlande, voisine de la Russie et qui n’est pas membre de
l’OTAN, a exprimé avec une détermination nouvelle qu’elle n’acceptait pas qu’on
lui dénie le droit de rejoindre l’Alliance atlantique dans l’avenir si elle en
faisait le choix souverain. Si Vladimir Poutine pensait avoir divisé les
Occidentaux, c’est plutôt l’inverse qui se produit.
Il est vrai que derrière les gesticulations militaires et la recherche de puissance
de la Russie, ce qui se présente comme des démonstrations de force apparaît aux
yeux des Occidentaux comme un aveu de faiblesse involontaire. Car que dit
l’Ukraine, que dit l’opposition biélorusse, que disent les manifestants kazakhs
en proie à une répression féroce appuyée par Moscou ? Le message est le même
dans tout l’espace ex-soviétique, avec des variantes mais tout de même : le
temps des autocrates et des oligarques, de l’illibéralisme et de la corruption,
aura une fin. Les aspirations des peuples n’ont rien à voir avec un quelconque
interventionnisme occidental et tout à dire sur leur lassitude face à un modèle
Made in Moscow et exporté dans sa supposée zone d’influence. « Qu’ils me
haïssent, pourvu qu’ils me craignent », pense peut-être Vladimir Poutine en
soutenant le dictateur biélorusse, en matant la contestation kazakhe ou en
étouffant l’opposition en Russie même. S’inspirer de Caligula n’est pourtant
pas de bon augure pour celui qui s’y essaie. Quant à l’opération de « maintien
de la paix » dépêchée à la hâte au Kazakhstan, elle ressemble furieusement à
Budapest 1956 ou Prague 1968 : une tentative réussie de sauver des régimes
frères menacés, mais aussi l’aveu que ces alliés ne tiennent plus leur pouvoir
que de la force brute et le divorce, assumé mais réel, avec les opinions
publiques. La preuve aussi que la Russie nouvelle n’a pas su renouveler sa
relation avec son environnement immédiat ni ses méthodes, calquées sur celles
de l’Union soviétique pourtant disparue.
Quant à la séquence qui s’ouvre, elle ne se limitera pas aux discussions
bilatérales entre Américains et Russes à Genève. D’ores et déjà, une réunion du
dialogue OTAN-Russie et une autre de l’OSCE, lieu somme toute évident pour
parler de sécurité en Europe, sont programmées.
Pour autant l’Union européenne ne peut accepter de rester en dehors du dialogue
entamé ni se satisfaire de la façon dont il démarre. Pour cela, elle doit
regarder la réalité en face et, une nouvelle fois, cesser de se payer de mots.
Cette réalité consiste d’abord dans la volonté constante de la Russie de
discréditer le projet européen, d’en tester les limites et d’en affaiblir la
portée. C’est Vladimir Poutine qui n’a pas voulu que l’Union européenne soit à
la table des négociations. C’est la Russie qu’il dirige qui s’efforce jour
après jour de diviser l’Union européenne par tous les moyens possibles. C’est
sans doute autant l’attraction qu’exerce l’Union européenne sur son voisinage
proche que redoute le Président russe qu’une présence avancée de l’OTAN à ses portes.
Cette réalité, c’est aussi que beaucoup, parmi les 27, se sont opposés à un
dialogue de l’Union avec la Russie, ont critiqué les efforts de la France, puis
les velléités du nouveau gouvernement allemand, d’un engagement lucide et
exigeant avec les autorités russes. Les mêmes découvrent aujourd’hui sans
plaisir que l’administration américaine trouve naturel de s’entretenir avec les
responsables russes, bien que cette nécessité relève de l’évidence. Les mêmes
qui ne voulaient pas parler à Poutine déplorent que d’autres le fassent sans
eux.
Cette réalité, c’est aussi que Vladimir Poutine tente sa chance en faisant
pression sur l’Ukraine à un moment bien choisi : alors que le retrait américain
d’Afghanistan signale le peu d’appétence des États-Unis pour une action
militaire conventionnelle, que l’AUKUS démontre la priorité accordée par
Washington à l’Indopacifique et le peu de cas qu’il peut faire de ses alliés
européens, la Russie reçoit parfaitement le message et décide de pousser ses
pions. L’enchaînement de ces trois crises, Kaboul, l’AUKUS et l’Ukraine, ne
peut plus être ignoré par l’Union européenne ou simplement traité sous l’angle
de la « vive préoccupation » et des discours de déploration.
Le moment est venu de prendre au sérieux les menaces qui nous guettent pour
pouvoir être pris au sérieux : l’Allemagne va devoir décider très vite de
parler d’une seule voix et dire très précisément quelles conséquences une
agression russe aurait sur Nordstream 2. Ce n’est pas, comme on l’entend trop
souvent à Berlin, une « affaire privée ». Les Européens devront très clairement
faire comprendre qu’il ne peut pas y avoir de pays de deuxième classe au sein
de l’OTAN, dont les droits seraient inversement proportionnels à leur proximité
géographique avec la Russie. L’Union européenne devra veiller aux intérêts de
ceux de ses membres qui ne sont pas membres de l’Alliance atlantique. Si les
idées d’Europe puissance et d’autonomie stratégique ont un sens, c’est le
moment de le démontrer, non pas contre les États-Unis, mais en complément.
Il revient aux Européens — et singulièrement à Emmanuel Macron qui préside le
conseil de l’Union européenne pour le premier semestre, de faire entendre leur
voix: dire clairement à Joe Biden qu’il ne peut pas leur demander de prendre
davantage leur sécurité en mains sans les associer pleinement et continûment
aux discussions qui s’ouvrent et aux décisions qui seront prises. Et faire
comprendre à Vladimir Poutine, qu’il ne peut demander à changer les règles de
la sécurité de l’Europe dès lors qu’il les a régulièrement et systématiquement
mises à mal.
Ce n’est pas une partie d’échecs qu’a commencée la Russie, c’est un coup de
poker. A l’Europe de s’asseoir, très vite, à la table et de jouer de ses atouts
pour que sa sécurité ne fasse pas l’objet d’un malencontreux coup de bluff.
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