«Alors que Poutine s'apprêtait à reprendre la présidence à Moscou, il a publié un essai à l'automne 2011 dans un journal russe annonçant des plans pour regagner l'influence perdue parmi les anciennes républiques soviétiques et créer ‘une puissante union supranationale capable de devenir un pôle dans le monde moderne’. Poutine a déclaré que la nouvelle union eurasienne ‘changerait la configuration géopolitique et géoéconomique de tout le continent’. Certains ont qualifié ces mots de fanfaronnade de campagne, mais je pensais qu'ils révélaient le véritable programme de Poutine, qui consistait en fait à ‘re-soviétiser’ la périphérie de la Russie.»
Il aurait été bon d’écouter Hillary Clinton quand elle lança cet avertissement puis l’écrivit dans son livre «Choix difficiles» en 2014 et de s’en rappeler pour contrer dès l’origine les menées de Poutine.
Parce qu’aujourd’hui, les Occidentaux se retrouvent face à une menace à laquelle ils se sont mal préparés estimant que l’autocrate de Moscou ne prendrait pas le risque de déclencher une crise dont on ne sait jusqu’où elle pourrait aller.
Ils ont en fait mésestimé l’hubris et la mégalomanie de l’ancien agent du KGB ainsi que sa volonté d’effacer la soi-disant «humiliation» subie par les Russes lors de l’effondrement de l’Union soviétique, un peu sur le même modèle que Xi Jinping qui veut faire payer les mêmes Occidentaux lors de l’effondrement de l’Empire chinois, ces deux événements étant d’abord de la responsabilité de ces deux pays.
Poutine croit en sa bonne étoile et dans sa capacité à effrayer des Américains et des Européens qui n’auraient pas le courage de se battre pour leurs idéaux.
Toutes ses attaques de ces dernières années, notamment en s’immisçant dans les processus électoraux des pays démocratiques qui ont semé la zizanie comme aux Etats-Unis mais également dans la production à grande échelle de fake news, montrent que son entreprise est d’une particulière agressivité et que chaque opportunité de redorer le blason russe et d’abaisser celui des occidentaux sera relevée.
Il faut bien comprendre que le cas de l’Ukraine n’est qu’un hors d’œuvre, une sorte de test qui, s’il réussit lui permettra de faire une pression encore plus forte et réclamer des avantages encore plus abusifs.
Au lieu de jouer sur le développement économique et culturel du pays pour en faire une puissance qui compte au 21e siècle en utilisant pour cela la manne financière des matières premières dont celle du pétrole et du gaz, Poutine a choisi la voie militaire avec tout ce que cela comporte de risques tout en remplissant ses poches et celles de ses courtisans.
Mais il faut être conscient qu’un personnage de son acabit est prêt comme ses sinistres devanciers du siècle dernier à sacrifier beaucoup de vies pour ses rêves de grandeur et de gloire personnelles.
Car, in fine, c’est cela que veut Poutine.
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