Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Comment critiquer Emmanuel Macron avec tout ce qui vous passe par la tête?
En le traitant d’égotiste, de narcissique, de graine d’autocrate.
Ainsi, son utilisation du «je» -- dont ses contempteurs estiment qu’il l’utilise «plus que le général de Gaulle», c’est dire s’il est coupable! – serait la preuve de sa présidence impériale et serait également le pourquoi les Français le détestent (on rappelle qu’il est en tête dans tous les sondages pour la présidentielle et qu’il obtient de bons scores dans les baromètres de popularité…).
Pour ceux qui doutent que des «experts médiatiques» aient pu dire de telles âneries, il leur suffit de regarder franceinfo en replay…
Mais ces attaques ne se font pas que sur la chaîne de service public (sic!) et tentent d’accréditer que l’actuel hôte de l’Elysée ne serait pas un vrai démocrate.
D’où évidemment la nécessité de le remplacer en 2022.
Problème pour ceux qui propagent cette thèse c’est qu’ils sont de gauche et de droite, donc pas toujours d’accord sur celui ou celle qui devrait lui succéder…
Plus sérieusement, une personnalité politique dans une démocratie, en plus au pouvoir, peut utiliser le «je» pour endosser la responsabilité de la gouvernance du pays et des décisions prises.
On se rappelle, à ce propos, qu’Emmanuel Macron a toujours dit, depuis sa campagne électorale jusque dans les soi-disant «affaires» dont on voulait le rendre comptable, a toujours affirmé qu’il endossait la responsabilité de toutes les décisions prises par l’exécutif.
Il a toujours refusé de s’abriter derrière quoi que ce soit ou qui que ce soit.
Le reconnaître ne signifie pas que tout ce qu’il a fait était positif, qu’il n’a pas commis d’erreur ou qu’on le soutient mais seulement constater ce qui est un fait.
Ceux qui ont pris ce biais pour le critiquer voudraient sans doute qu’il utilise le «nous» – bien que je suspecte qu’ils souhaitent qu’il se taise définitivement!
Or le «nous» en démocratie n’est pas toujours la valorisation du travail collectif ou l’affirmation d’une opinion commune mais la manière de ne pas prendre l’entière responsabilité de ses actes.
Le «nous» dilue cette responsabilité, voire fait de l’enfumage, et permet à celui qui a agi de se cacher et de ne pas être reconnu comme celui à qui on doit demander des comptes.
Dans un monde où le courage politique est une valeur qui baisse dangereusement, saluons plutôt les personnalités qui utilisent le «je», non pour s’attribuer tous les mérites comme le font les autocrates et les dictateurs, mais pour dire aux citoyens où se trouve l’origine d’une décision et qui est l’auteur de celle-ci qui, au choix, peut être encensé ou critiqué pour l’avoir prise.
Jean-François Borrou