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Emmanuel Macron
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Sans être (encore) candidat à la présidentielle de 2022,
Emmanuel Macron a présenté le 15 décembre sur les antennes de TF1 et LCI son
bilan, l’état de son action actuelle mais aussi certaines de ses priorités dans
le futur…
A propos de sa possible candidature, il a expliqué:
« Je ne suis pas aujourd’hui dans la situation de répondre à cette question à
la fois compte tenu du pays et compte tenu de moi-même. (…) Au moment où je vous parle, je regarde
simplement dans quel état est notre pays. Il est confronté à nouveau à cette
épidémie. Donc je me dois, dans un moment où il y a beaucoup d’agitation,
beaucoup de haine, de ressentiment, de prendre encore des décisions qui peuvent
être difficiles. (…) Au moment où nous parlons, je dois encore assumer la responsabilité
qui est la mienne. Je sais une chose, c’est que si j’étais aujourd’hui un
candidat comme les autres, je ne pourrais pas prendre des décisions que je dois
prendre là, maintenant, compte tenu de la situation sanitaire.»
Et d’ajouter sur son éventuelle envie de rempiler pour cinq
ans de plus:
«Je ne suis pas là pour conserver le pouvoir, je suis là
pour faire avancer le pays.»
►Voici les principaux propos tenus par Emmanuel Macron:
> Je suis pour un pays qui est fort économiquement, mais je suis pour un
pays juste.
> J’avais un triptyque : libérer, protéger,
rassembler. Pourquoi nous avons pu protéger durant cette crise? Parce que nous
avions fait le travail avant, que nous avions une crédibilité et une solidité
liées aux réformes du marché du travail et à l’attractivité. Ce qui fait qu’en
mars 2020, quand cette crise est arrivée, on était plus crédibles.
Dès le début le gouvernement a promis d’aider les entreprises pour qu’elles
aident les salariés. Le résultat est là aujourd’hui avec un taux de chômage qui
est au plus bas depuis quinze ans. Je ne suis pas pour la loi de la jungle. Je
suis pour la responsabilité, le mérite, mais également l’entraide et la
solidarité.
> La révolution [titre de son livre-programme de 2017],
je pense qu’elle a commencé et qu’on a bousculé des habitudes, des choses qui
semblaient irréformables, reportées depuis tant et tant de temps
(…) Nous avons créé plus d’un million d’emplois, malgré ces deux crises énormes.
(…) On va quasiment atteindre cette année 680 000 ou 700 000 apprentis,
c’est-à-dire des jeunes qui mettent le pied à l’étrier (…) Il y a eu la réforme
du travail et la réforme de la fiscalité de 2017.
(…) Nous avons vécu suffisamment de crises pour que j’ai la lucidité que tout
ça ne se fait pas dans une harmonie parfaite, et c’est normal. Mais je pense
que quelque chose est en train de changer, qu’il faut continuer d’accompagner,
faire advenir.
> Le pouvoir d’achat des plus pauvres a augmenté sous mon
quinquennat d’après les chiffres de l’Insee, en moyenne plus que sous les deux
précédents, malgré la crise. (…) Ce sont les classes moyennes qui ont vu leur
pouvoir d’achat le plus augmenter..
Pourquoi les plus aisés ont un pouvoir
d’achat qui a augmenté? Parce que nous avons mis en place un système pour
qu’ils réinvestissent, c’est-à-dire la taxe à 30 % sur l’investissement,
sur le capital et la suppression d’une partie de l’impôt sur la fortune. Je
l’assume totalement.
> L’assassinat de Samuel Paty est un moment de sidération
terrible. (…) La mort d’un enseignant parce qu’il enseigne est intolérable.
Mais la forme qu’a pris cet acte terroriste a causé une sidération terrible: (…)
Quand notre pays est touché dans son intimité à ce point, dans ce qu’il a de
plus fort dans ses valeurs, avec autant d’injustice, de cruauté et d’abject,
par une forme de conspiration de la haine et du fanatisme, évidemment, vous avez
de la tristesse.
> La laïcité, ce n’est pas l’effacement des religions, ce
n’est pas le combat contre telle ou telle religion. C’est faux. C’est le respect
de la dignité de chacun.
> Les ministres ont les mêmes devoirs que tous les autres
citoyens. Mais ils ont aussi les mêmes droits, et la présomption d’innocence
est un droit
Si, dès qu’il y a une rumeur, dès qu’il y a une accusation qui peut être
légitime, qui peut être la base d’une accusation, vous dites «C’est fini»,
alors à ce moment-là il n’y a plus de vie en société possible. Il faut que la
justice puisse faire son travail. Il faut prendre très au sérieux ces
accusations. Il faut les instruire..
> Je l’ai dit, j’agirai jusqu’au dernier quart d’heure.
(…) On ne transforme pas un pays en cinq ans et donc je continuerai à me
projeter et j’essaie d’avoir l’esprit sérieux.
> Je constate que des dirigeants politiques sont en train
de s’amuser à légitimer des formes de violence. Je pense que c’est une erreur
funeste, parce qu’on légitime tout ça progressivement, de proche en proche. Et
donc je condamne avec force toutes celles et ceux qui jouent avec cette
violence.
Je pense que les réseaux sociaux et l’anonymat qui les accompagne ont désinhibé
la violence et donc nous devons être vigilants. Mais en démocratie, si la
violence et la haine reviennent, alors c’est la démocratie elle-même qui
s’effondrera, c’est sûr.
> On peut souffrir, on peut avoir une parole, on peut
avoir un avis sur l’épidémie, sur la crise des «gilets jaunes» Nous avons en
quelque sorte créé un système où on pense que toutes les paroles se valent. Ce
n’est pas vrai. Il y a des gens qui sont démocratiquement élus par le peuple
pour porter sa voix. Un député de la République n’est pas l’équivalent d’un
manifestant quand il s’agit de parler, parce qu’il a une légitimité
démocratique. La parole d’un citoyen ne vaut pas celle d’un scientifique qui
vient s’exprimer sur l’épidémie.
> Je défie quiconque de montrer une démocratie qui a
fonctionné aussi intensément que la démocratie française dans cette période.
Les deux chambres ont pleinement exercé leur rôle démocratique en corrigeant la
copie du gouvernement. »
Il y a des moments où la machine a montré qu’elle était lourde. On doit en
tirer les conséquences. On a commencé et on doit bousculer le système. C’est ce
qu’on est en train de faire avec la réforme de notre fonction publique. On n’a
pas attendu la fin de la crise pour bouger.
> Très vraisemblablement, entre Noël et le Nouvel An,
nous aurons une très forte pression sur notre hôpital. (…) Je pense qu’on a
déjà demandé beaucoup. On va continuer à avancer avec, au fond, les trois
piliers de notre action : vacciner, vacciner, vacciner.
> [Vaccination des enfants contre la covid19 ne sera pas
obligatoire] Les autorités sanitaires ont expliqué que c’était bon pour les
protéger. On voit un virus qui tourne beaucoup chez les enfants et donc je
pense que c’est souhaitable. Après, c’est le choix des parents, il n’y a pas
d’obligation. Nous n’avons pas vocation à terme à le faire. Nous n’avons
aujourd’hui pas émis d’obligation et je pense qu’il faut informer les parents.
> Chaque année, [la grippe] revient avec une forme un peu
différente. Vous devez vous faire vacciner pour être adapté et avoir la bonne
protection contre la forme de grippe de l’année en cours. Il est vraisemblable
qu’on aille vers cela » pour le Covid19.
> Nous sommes vulnérables et on parle du vivant. Et
voilà, nous retrouvons l’humilité qui va avec notre condition. Et donc, oui,
l’humanité ne pensait pas à l’hiver 2020 presque s’arrêter, se calfeutrer parce
qu’il y aurait un virus.
Nous avons agi en citoyens, c’est-à-dire que, d’abord, on doit protéger les
autres. On a protégé notre hôpital et les plus faibles. Ensuite, nous avons
toujours débattu démocratiquement. Il y a eu plus d’une dizaine de textes de
lois qui sont allés devant le Parlement et donc nous n’avons jamais perdu ce
débat démocratique
> Moi, je suis comme vous, je vois la fatigue qui est là.
Beaucoup de nos compatriotes sont fatigués. Mais je pense que chaque centimètre
que nous arrivons à conquérir est utile. Nous maîtrisons aujourd’hui mieux la
situation qu’il y a un an. Le virus revient avec l’hiver, c’est normal, plus
fort. Nous allons résister, mais il faut continuer de nous vacciner, de nous
protéger.
> Ce qui s’est passé entre mars et mai 2020, c’est
ce que j’ai dit à l’époque aux Français, c’est comme une situation de guerre,
c’est-à-dire que nous avons dû tout fermer. Mais le monde entier s’est refermé.
Et là où on pensait que ces masques qui ne valaient rien ne valaient plus la
peine de les produire chez nous, quand tout le monde au même moment en a eu
besoin, ils devenaient rares. Et ça, c’est la deuxième vulnérabilité après
celle du vivant que nous éprouvons durant cette crise, c’est celle de la
mondialisation: la dépendance.
La sortie de crise, ça ne peut pas être l’autarcie [mais] Il faut se réarmer
entre guillemets, pacifiquement, c’est-à-dire qu’il faut réapprendre à être
souverain, c’est-à-dire coopérer et être ouvert.
> Est-ce que vous pensez que j’aurais dû, en pleine
pandémie, relancer une réforme des retraites? Est-ce que vous pensez que
j’aurais dû cet automne relancer une réforme des retraites? On est fatigués, ce
n’est pas une urgence. Le pays va avoir un débat démocratique en vue des
élections présidentielles. Il faut beaucoup de courage. S’il n’y avait pas eu
l’épidémie au printemps après l’hiver 2020, cette réforme, qui avait été votée
en première lecture avec un 49.3, elle serait allée à son terme. »
Contrairement au moment où j’ai été élu et où le Conseil d’orientation des
retraites écrivait qu’il n’y avait pas de problème de financement des
retraites, il y a maintenant un problème de financement. Et donc il est clair
qu’il faudra travailler plus longtemps.
> Je pense que je suis arrivé avec une volonté de
bousculer, de ne pas suivre les règles. Mais nous sommes dans une société de
décontextualisation (…). Vous dites deux mots, on les sort du contexte et ils
paraissent affreux parce qu’évidemment ils s’inscrivent dans un propos, une
atmosphère, une ambiance et des choses que vous avez dites avant.
Il y a des mots qui peuvent blesser, je pense que ce n’est jamais bon et que
c’est même inacceptable, puisque le respect fait partie de la vie politique. J’ai
acquis une chose, c’est qu’on ne fait rien bouger si on n’est pas pétri d’un
respect infini pour chacun. Au moment où je l’ai fait, je n’ai pas mesuré que
j’avais blessé. A l’époque, je pense qu’avec certains de mes propos j’ai blessé
des gens et je pense qu’on peut bouger les choses sans blesser des gens. Et c’est
ça que je ne referai plus.
> [Lutte contre l’islamisme radical] C’est un combat et la
difficulté, c’est que c’est un combat qui doit être mené avec détermination,
mais sans haine. C’est ce qu’on fait depuis le premier jour en mettant en place
justement une organisation de lutte contre le terrorisme.
L’islam radical peut = conduire au terrorisme et qu’il faut le combattre: Certains
ont appris à leurs enfants qu’il fallait haïr cette république et que leur
avenir était un projet d’obscurantisme. Ce qu’on appelle parfois l’islam
radical, c’est autre chose que le terrorisme. Je les distingue, mais l’un peut
conduire à l’autre. Il peut le nourrir. En tout cas, il entretient une
ambiguïté.
Il faut convertir les esprits et donc c’est bien un combat de l’ordre d’une culture
civilisationnelle. Pour cela, il faut être intraitable à l’égard de ces gens
(…). Et, dans le même temps, il faut aussi qu’on arrive à convaincre tous ces
jeunes que leur avenir, c’est la France.
[Français de confession musulmane] Nos compatriotes qui sont des citoyens
tranquilles, qui respectent les lois de la République et qui croient dans une
religion, il faut les respecter. Il faut qu’ils puissent vivre dignement et
calmement dans la société (…). C’est ça la laïcité.
> Remettons les choses en perspective. La puissance d’une
nation ne se juge pas uniquement à l’aune d’un contrat d’armement industriel,
bien sûr. (…) Vous m’interrogez sur le contrat australien. Oui, c’est une
forfaiture. Les Australiens nous ont fait une mauvaise manière industrielle et
stratégique. Nous avons répondu de la manière la plus ferme et ce sera dans la
durée que ça se consommera.