Un sondage Ifop (1) révèle que les Français estiment majoritairement (54%) que la démocratie fonctionne mal (et à 48% que la situation s’est aggravée au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron).
Fort bien.
Notons d’abord que ceux qui font pencher la balance du côté négatif sont essentiellement les sympathisants des extrêmes, c’est-à-dire les ennemis même de la démocratie!
Sans oublier les abstentionnistes qui par leur geste sont aussi responsables de ce mauvais fonctionnement…
Voilà qui relativise un peu des résultats de ce sondage qui est néanmoins intéressant.
D’abord parce que le score des mécontents est le plus bas depuis douze ans (48% en décembre 2009 et à égalité avec décembre 2012).
Ensuite parce que la première mesure «tout à fait prioritaire» à prendre (sur une liste fermée de propositions) qui arrive en tête est «Le renforcement de l’enseignement scolaire centré sur la démocratie et la participation citoyenne».
Mais ils ne sont que 49% à le penser.
Et l’on ne se sera pas étonné si les scores les plus bas sont atteints chez les abstentionnistes, les sympathisants RN et ceux de LFI!
Eduquer les citoyens pour ceux qui ne participent pas à la vie politique ou sont les principaux propagateurs de fake news et de théories élucubrationnistes (complotistes), c’est évidemment inacceptable…
De même, pas de surprise chez les admirateurs des autocrates, qu’ils soient de gauche ou de droite, qui sont les premiers à réclamer un régime plébiscitaire avec la multiplication des référendums.
Mais pour que la démocratie fonctionne mieux, ne faut-il pas que les citoyens mettent du leur, chacun individuellement et tous collectivement, ce que le sondage ne demande pas.
Non pas dans la participation à des «conventions citoyennes» ou autres happenings qui sont plus du domaine de la communication que de la politique mais en étant plus responsable de sa vie et en respectant mieux la dignité de l’autre.
D’autres études d’opinion ont montré toutefois que la responsabilité et le respect étaient des priorités chez les Français.
Néanmoins, au-delà des mots ronflants, la pratique n’est pas à la hauteur.
C’est le cas dans toutes les démocraties, faut-il le préciser, même si cela n’exonère pas les Français de leurs comportements.
Parce que trop de gens pensent que «responsabilité» veut dire mener sa vie à guise et non dans le cadre d’une communauté et d’un rapport à l’autre et que «respect» signifie essentiellement le respect qui m’est dû et non celui qui est partagé.
Et ajoutons que leur idée de la liberté est souvent celle d’une autonomie débridée.
La démocratie républicaine ne peut fonctionner sans des citoyens qui font leur les valeurs humanistes et non qui ramènent tout à l’aune de leur seul profit immédiat alors même que leur intérêt bien réfléchi est d’en être des pratiquants assidus.
Ce n’est pas le cas aujourd’hui, d’où le délitement de celle-ci et la menace sur la liberté réelle qui repose justement sur la responsabilité et le respect.
Soyons néanmoins optimistes puisque presqu’une majorité de Français veulent qu’on les apprenne à leurs enfants.
Mais ils oublient que, eux aussi, devrait prendre des cours en la matière...
(1) Sondage Ifop pour l’association Décident ensemble réalisé par internet le 30 novembre et 1er décembre 2021 auprès d’un échantillon de 1009 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus / Méthode des quotas / Marge d’erreur non-indique par l’institut