Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Au moins quatre militants sur dix de LR sont donc Lepeno-zémmourien-compatibles si l’on se rappelle qu’Eric Ciotti qui vient d’obtenir un peu plus de 39% (39,05%) au second tour de la primaire de la formation de droite a affirmé qu’en cas de duel Macron-Zemmour au second tour de la présidentielle, il voterait pour l’extrémiste populiste qui est un clone de la famille Le Pen comme l’a si bien expliqué le patriarche Jean-Marie.
Du coup, le score du Niçois de droite radicale est peut-être l’événement le plus important dans le résultat de la primaire, étant entendu que Valérie Pécresse, qui a obtenu un peu plus de 60% (60,95%), était quasiment-sûre de la gagner après le ralliement sous son nom des trois éliminés du premier tour.
Car Ciotti, lors de ce premier round n’avait obtenu qu’un peu plus de 25% des voix.
Avec près de 40%, il augmente son score d’environ 15 points, c’est-à-dire que nombre d’électeurs de Bertrand, Barnier ou Juvin ont voté pour lui ou se sont abstenus, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour la désormais candidate.
Dès lors, Ciotti et son programme proche de l’extrême-droite sont en position de force pour la campagne de la présidentielle et soyons sûrs qu’il pèsera tout ce qu’il pourra pour droitiser le plus possible la candidature de Pécresse qui, selon certaines sources, pourrait lui offrir le ministère de l’Intérieur en échange de son soutien.
Et là, les près de 40% qu’il a obtenus prennent ainsi toute leur importance.
Valérie Pécresse avait déjà droitisé sans états d’âme son discours pour l’emporter et l’on doit donc s’attendre à une inflexion encore plus grande vers un radicalisme qui est un courant majeur de LR aujourd’hui car son ambition personnelle prendra, à n’en pas douter, le pas sur ses convictions au vu de la campagne qu’elle a menée jusqu’à présent.
Ce qui permet de répondre à l’affirmation des médias consistant à dire que Pécresse est le choix LR qui posera le plus de problème à la «macronie» qu’il la «craindrait».
Drôle de manière d’analyser un rapport de force d’un parti où elle n’a jamais été la candidate en tête des sondages, toujours derrière Bertrand, et avec un score aux alentours de 10% des intentions de vote.
Son discours incohérent et truffé de contre-vérités, ses formules à l’emporte-pièce dont elle est manifestement très fière ainsi que son manque de vision et de charisme sont, à première vue, une bonne nouvelle pour la candidature à venir d’Emmanuel Macron.
Cependant, évitons de faire des pronostics, les campagnes présidentielles nous gratifiant souvent de surprises et se déroulant plus dans l’émotion que la raison.
Jean-François Borrou