vendredi 12 novembre 2021

Propos centristes. France – Protéger les enfants sur internet / Appel mondial à l’éducation / Lutte contre la covid19 / Forum de la paix de Paris / La république est partout chez elle / COP26 / Moderniser la justice / Europe et crise Biélorusse…

Voici une sélection, ce 12 novembre 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

► Emmanuel Macron (Président de la République)
- [Discours en ouverture du 4e forum de Paris sur la paix]
Le Forum de Paris sur la Paix est né le 11 novembre 2018, le jour du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. En quelque sorte avec cette volonté de tenir la promesse alors faite, «plus jamais cela» et à un moment même où nous vivions collectivement une crise inédite du multilatéralisme. Des accords juste signés étaient remis en cause, les organisations multilatérales voyaient certains de leurs membres éminents s'éloigner et donc nous avons collectivement essayé de bâtir de nouvelles méthodes, chercher de nouveaux acteurs, bâtir un nouveau destin collectif en étant plus efficaces ensemble et grâce à vous toutes et tous, nous avons tenu durant ces années. Et je dois dire que de savoir les Etats-Unis d'Amérique revenant pleinement dans le club du multilatéralisme fut pour nous tous, une formidable nouvelle. Et donc, merci pour cela parce que je crois que c'est la place, la vocation des Etats-Unis d'Amérique et parce que je pense que pour nous tous, c'est aussi la condition d'une action utile. 
Néanmoins, les enjeux demeurent parfois plus inquiétants encore aujourd'hui qu'hier, et ils requièrent de poursuivre sur le chemin que nous avons essayé de tracer pour tenter d'être plus efficaces et d'avoir des résultats. Je crois comme vous au multilatéralisme, je l'ai dit à plusieurs reprises, mais je crois au multilatéralisme efficace et je crois que la difficulté de la période que nous vivons est double. C'est que ce multilatéralisme a parfois été trahi par certains qui en avaient été les promoteurs et il a été fragilisé, et il faut que nous lui redonnions tous ensemble plus de force, de légitimité. Et dans le même temps, nous nous sommes collectivement habitués à une forme d'inefficacité et je crois que c'est d'ailleurs le drame de beaucoup de démocraties. « Expliquez-moi votre problème, je vous expliquerai comment je ne peux pas totalement y répondre, en tout cas dans un temps qui est humainement utile pour vous. » Et les crises se multipliant, c'est la légitimité même de nos réponses qui s'en trouve attaqué. 
Et donc, redonner une force au multilatéralisme efficace, c'est, je crois, bâtir des réponses concrètes avec de nouveaux acteurs, de nouvelles méthodes, de nouvelles formes de coalitions et se donner des rendez-vous réguliers pour voir où nous en sommes. C'est une méthode de coopération, une méthode qui associe les États, les entreprises, les organisations intergouvernementales, les structures régionales ici présentes également, les ONG, les académiques, les activistes pour bâtir des coalitions d'acteurs comme la COP cherche à le faire sur le climat, comme nous l'avons fait avec le One Planet Summit et comme tous les porteurs de projets qui sont ici présents le font pour des actions éminemment importantes pour lutter contre nos grands défis. Je tiens à les remercier. 
Alors, je voudrais simplement me borner dans ce propos à rendre compte de ce qui a été fait sur les engagements pris il y a un an ici même. Il y a un an, nous avions essayé de définir ce qu'on avait appelé ce consensus nouveau international, ce consensus de Paris faisant écho à un consensus de plusieurs décennies qui avaient structuré un capitalisme financiarisé sur la planète et qui avait mis en place des doctrines qui avaient été utiles pour lutter et sortir une partie d’ailleurs du continent de la pauvreté, mais dont nous voyions alors les limites. Ce consensus que nous avions bâti, nous nous en avions collectivement donné quelques objectifs. 
Le premier : aller au bout de la réponse universelle à la pandémie. Vous y êtes toutes et tous revenus et vous avez décidé de vous exprimer principalement sur ce point. L'année dernière, à la même époque, nous pensions avoir un vaccin. Il était peut-être en train d'arriver et nous avions d'ores et déjà construit une action internationale avec l’accélérateur ACT et l’initiative rappelée tout à l’heure, nous l’avons vu, par le directeur général de l’OMS, cher Tedros, pour lutter contre la pandémie. Depuis un an, beaucoup de choses ont été faites dans tous les pays développés pour vacciner le maximum de la population. Mais en un an aussi, nous avons su convaincre collectivement les pays riches de partager leur vaccin et nous avons largement dépassé le milliard de doses initialement promises par le G7. La clé est maintenant d’aller jusqu’au bout sur le terrain. Vous avez rappelé des chiffres importants madame la vice-présidente et je vous en remercie. Au moment où je vous parle, la France a pu confirmer hier à Madame la première ministre, 2 millions de doses nouvelles via Covax pour le Bangladesh. 
Aujourd’hui, d’ores et déjà, les Françaises et les Français ont chacun livré une dose de vaccin au reste du monde et nous aurons, au premier semestre de l'année prochaine, livré une deuxième dose, ce qui veut dire que nous aurons dépassé l'objectif de 120 millions de doses données. Néanmoins, ces engagements du G7 et du G20 ne sont pas suffisants. Vous avez rappelé les chiffres avec beaucoup de cruauté. On vaccine dix fois moins vite sur le continent africain, dans le Pacifique, dans les Caraïbes, dans certaines régions d'Asie. Il nous faut donc aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort. 
Premièrement, en accélérant les dons de doses, pas forcément les milliards qui viendront dans un an, deux ans, cinq ans. Les dons de doses. 
Deuxièmement, nous devons renforcer la transparence sur ces dons de dose sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé pour que tout le monde sache qui donne et où les choses vont. 
Troisième point, nous devons renforcer les systèmes de santé dans les pays les plus fragiles, grâce à notre nouveau partenariat avec l'Unicef, qui est celui qui permet justement d'accélérer la vaccination sur le terrain, et nous devons aussi collectivement réussir à bâtir une aide renforcée à l'égard des systèmes de soins primaires. Nous y travaillons et je remercie le Président de la Commission européenne Michel d'être là avec plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne. Nous y travaillons en vue du sommet entre l'Union africaine et l'Union européenne qui se tiendra en février prochain à Bruxelles et qui sera un moment important de la concrétisation de cette solidarité. 
Mais nous devons, et vous l'avez rappelé aussi, accélérer la production des moyens de lutte contre les pandémies sur tous les continents, et c'est pourquoi la priorité est aussi de pouvoir produire des vaccins dans les pays en voie de développement, à revenu intermédiaire et parfois les pays les plus pauvres. Au Sénégal, en Afrique du Sud, au Rwanda, des transferts de technologies nécessaires ont déjà été actés pour permettre l'augmentation des capacités de production. La Côte d'Ivoire est en train d'y travailler et je sais que dans les prochaines semaines, nous aurons aussi un résultat sur ce volet. Mais sur ces sujets, nous ne pouvons accepter une situation où je veux ici vous rappeler les chiffres où le continent africain représente 20 % des besoins de vaccins, quelles que soient les épidémies, et a une capacité de production de 2 %. Il est en quelque sorte à chaque crise, la victime de restrictions, de priorités nationales ou régionales mises par d'autres régions du globe. Et donc il nous faut dans la durée contre ce virus, mais au-delà, contre les autres virus pour lesquels il existe de la vaccination, poursuivre ces transferts de technologies et de capacités de production. 
Et nous devons tous adopter un cadre de conduite clair pour tirer les leçons de la pandémie. Nous en avons discuté dans le cadre du G20. Lever les restrictions aux exportations qui nous ont tant bloqués au cœur de la crise. Améliorer la transparence sur les contrats d'approvisionnement,  obtenir un accord à l'OMC pour que le partage de la propriété intellectuelle ne soit plus une entrave à l'accès équitable, et bâtir un mécanisme solide de prévisions et d'alertes précoces des crises sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé. Chacun doit pour cela, prendre ses responsabilités. 
Mais si beaucoup a été fait depuis un an pour lutter contre la pandémie, nous voyons tout ce qui nous reste à faire et je citais là beaucoup le continent africain. Dans le Pacifique, les mêmes situations étaient connues. Nos amis des Balkans, qui sont ici présents, ont aussi tant souffert de voir leurs pays privés de doses au moment où leurs voisins, à quelques kilomètres, parce qu'ils étaient dans l'Union européenne, pouvaient en bénéficier. Je crois que nous avons tous des leçons à tirer de ce qu'est la véritable solidarité et des perspectives que nous voulons leur offrir. 
Le deuxième engagement que nous avions pris, c’est de réduire les inégalités aggravées par la pandémie mais qui existent au sein de nos pays et entre nos pays. Vous l’avez rappelé avec beaucoup d'éloquence, Madame la vice-présidente, vous l’avez dit aussi, Madame la Première ministre. C’est un chantier immense et c’est celui qui fragilise notre organisation internationale comme nos sociétés occidentales. 
Là aussi, en un an à peine, nous avons, je veux ici le rappeler, beaucoup avancé sur des sujets qui paraissaient il y a un an impossibles. Il y a un an ici même, nous lancions le projet d'émettre des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international pour permettre justement un accompagnement de la sortie de crise. Grâce à l'engagement de la directrice générale du FMI, 650 milliards de droits de tirage spéciaux étaient décidés. C'était il y a un an jour pour jour, nous appelions de nos vœux une solidarité accrue. 
Au mois de mai dernier, beaucoup des chefs d'Etat et de gouvernement africains ici présents étaient là avec d'autres amis et nous avons acté la nécessité de réallouer une partie de ces droits de tirage spéciaux des pays les plus riches vers les pays à revenu intermédiaire et les pays en voie de développement pour pouvoir justement accompagner ce qui est aujourd'hui avant tout une crise économique et sociale liée à la pandémie. La part de l'Afrique sur ces 650 milliards était de 33 milliards. Nous avons donc porté ces initiatives et acté en G20 la réallocation de 100 milliards de droits de tirage spéciaux. Ce qui est le minimum que nous pouvons et devons faire, c'est celui qui couvre un tiers des besoins du continent africain sur la période 2021-2025, tel que chiffré par le Fonds monétaire international. C'est un pas qui était apparemment impossible il y a un an. Nous l'avons fait et acté. 
La France a décidé de réallouer 20 % de ses titres. Plusieurs pays nous ont suivis et c'est ce qui nous permet d'obtenir cet engagement des 100 milliards. Nous devons continuer de travailler ensemble et ce quelles que soient les techniques adoptées par les pays : vente de stocks d'or, réallocation de leurs droits de tirage, ce chiffre au minimum sera tenu. 
La mobilisation des moyens inédits pour la solidarité internationale, c'est une avancée tangible vers une mondialisation plus juste. Et c'est ce même esprit, cette même volonté qui nous a permis une deuxième grande avancée que vous avez rappelée et qui était là aussi impossible à imaginer il y a un an : une taxation des profits des multinationales et notamment des plateformes du numérique au bénéfice de nos concitoyens de tous pays. Cette taxation minimale qui a été endossée en G20 à Rome, est une avancée majeure pour l'égalité mondiale. 
Pour autant, il nous reste là aussi de nombreux chantiers. Je ne pourrais pas tous les citer, mais nous savons qu'il nous faut aller plus loin sur la mobilisation des droits de tirage spéciaux. Nous savons qu'il nous faut aller plus loin aussi en matière d'éducation. Et je ne veux pas ici oublier ce combat, vous l'avez rappelé. La crise a privé d'école pendant des mois un milliard et demi de jeunes garçons et de jeunes filles. Et l'Unesco a chiffré les besoins de sortie de crise. Au moins 11 millions de jeunes filles ne retrouveraient pas l'école, principalement sur le continent africain. Nous devons nous battre pour investir davantage dans l'éducation qui est une cause mondiale à l'Unesco, à l'Organisation internationale de la Francophonie, de manière bilatérale, avec les organisations régionales pour répondre à ce qu’est cette inégalité de demain que nous subissons. La pandémie, le terrorisme ont pour victimes nos enfants. Et mes amis du Sahel qui sont ici présents le savent. Eux, qui, dans leurs pays, subissent chaque jour des fermetures d'écoles à cause de cette politique de terreur. 
Nous avons aussi, sur le plan de la lutte contre les inégalités, à continuer à nous battre sur le sujet qui devient de plus en plus central de la démographie mondiale. Ce sujet, dont les migrations ne sont qu'une conséquence, doit nous conduire à réaménager nos financements, notre pensée même de notre organisation internationale. Nous ne pourrons durablement avoir un Nord qui vieillit de plus en plus en bonne santé et un Sud avec des enfants avec si peu de perspectives. Tout cela ne créera que des tensions si nous ne savons pas mettre au cœur de nos politiques de développement, de nos investissements, la question démographique et les inégalités qu’elle crée. 
Le troisième axe que nous nous étions donné, l’année dernière, pour redéfinir ce consensus, c’est évidemment nos engagements pour le climat et la biodiversité. Là non plus, les mots ne suffisent plus, et les jeunesses de tous les pays nous appellent à faire plus. Demain, la COP26 se conclura, et il ne reste que quelques heures. Alors, je ne serais pas de ceux qui crient victoire trop tôt parce que nous n'y sommes pas encore, mais je ne suis pas non plus de ceux qui veulent battre en retraite trop vite. Et je pense qu'on décourage tout le monde à dire à chaque fois qu'on est face à un échec ou qu'il n'y a plus que des mots. Ce n'est pas vrai, ce n'est plus vrai. Mais il y a toujours et encore plus d'engagement, d'efficacité et d'action à prendre, et je veux ici adresser mon entier soutien aux négociateurs à Glasgow pour la dernière ligne droite. Une fois la COP terminée, nous ferons le bilan par rapport aux deux critères qui comptent : notre capacité collective à éviter le réchauffement climatique au-delà d'un degré et demi, et notre capacité collective à tenir nos promesses en matière de justice climatique, les fameux 100 milliards de dollars pour aider les pays en voie de développement, à revenu intermédiaire et les plus pauvres. Mais d'ores et déjà, regardons ce qui a été possible et ce qui a été fait ces derniers mois grâce à l'engagement de tous ici présents. 
Le G20 a pris il y a quelques jours l'engagement historique d'arrêter d'ici la fin de l'année tout financement international de centrales à charbon. C'est une révolution qui est la succession de décisions structurantes du Japon et de la Corée du Sud au printemps dernier, puis de la Chine. L'engagement sur le méthane qui a été pris à la COP pourrait, s'il est pleinement appliqué, réduire le réchauffement de 0,2 degrés Celsius. Nous avançons sur la prise en compte des liens entre la préservation du climat et la protection des écosystèmes, comme nous l'avons fait sur les forêts tropicales, comme nous continuerons de le faire au travers de nos actions sur les océans avec le sommet de février prochain et sur la Grande muraille verte, cher président ISSOUFOU, sur laquelle plusieurs d'entre nous sommes profondément engagés. Nous avons, durant cette dernière année, réussi à resynchroniser progressivement nos agendas entre la lutte contre le réchauffement et le dérèglement climatique et la lutte pour la biodiversité, combat indispensable. 
Ces derniers jours ont aussi été marqués par une annonce sino-américaine importante qui, je l'espère, marque le début d'avancées qui viendront. Je le rappelais, à la tribune de Glasgow il y a quelques jours : si les deux principales puissances ne se mettent pas d'accord, nous n'arrivons pas à gagner ce combat. Et je salue la discussion à venir entre le président Xi Jinping et le président Biden et l'accord qui a d'ores et déjà marqué une avancée à ce point. Nous savons ce qui nous reste à faire. 1,5 degré, pas plus qu'à la fin du siècle, la neutralité carbone en 2050 ; des stratégies nationales revues et rehaussées pour 2030 pour tenir ses objectifs. L'Union européenne a pris ses engagements et les tiendra. Et nous aurons dans les prochains mois avec le Green Deal, à acter les mécanismes, les financements, avec le président MICHEL, la présidente von der Leyen et l'ensemble des collègues ici présents, ce sont des révolutions majeures. 
Mais nous devons continuer d'aider chaque pays à transformer en ce sens son économie. Et à cet égard, l'Afrique du Sud a montré un chemin, un chemin possible, avec un appui technique et financier de plusieurs d'entre nous, de plusieurs organisations internationales. Elle a acté une stratégie de sortie du charbon par le nucléaire et les renouvelables, permettant véritablement d'aller vers une décarbonation de son économie. Ce qui montre que pour les grands émergents, cette stratégie est aussi possible et c'est ouvrir la voie à ce qui paraissait jusqu'alors si peu crédible pour certains. 
Il nous reste pour autant des combats à mener, parfois dans les toutes prochaines heures et les prochains jours, nous devons aller au bout du combat pour le financement climatique et la finance juste. Les 100 milliards de dollars par an ne sont pas une option. Le rapport rendu il y a quelques semaines montre que nous serons au rendez-vous sur la période 2020-2025 avec 100 milliards par an, mais nous avons un retard pour les quelques mois qui viennent. Je sais tous les efforts qui sont faits par votre administration, par vous-même et le Président Biden pour obtenir une majorité vous permettant de rattraper, en quelque sorte, le retard des dernières années - et merci de cela. Je pense que nous devons acter de continuer à innover là aussi et s’il manquait quelques milliards pour 2021 et 2022, de continuer l’innovation financière avec le Fonds monétaire international et de les mobiliser par des mécanismes supplémentaires à ce que j’évoquais tout à l’heure : des ventes d’or, des réallocations de droits tirage spéciaux à nouveau. Nous n’avons pas le droit d’attendre et de laisser attendre les pays les plus pauvres. L’Europe avec 27 milliards de dollars de finance climat chaque année fait sa juste part, la France en son sein aussi. 
Enfin, sur le climat, il nous faut poursuivre sur les mécanismes de transparence et de responsabilité. Je me félicite que nous ayons pu, lors de cette COP, finaliser ce que nous avions lancé là aussi il y a un an, pour continuer de faire le suivi de nos travaux communs, un mécanisme de responsabilité supervisé par l'OCDE, Monsieur le Secrétaire général. Le mécanisme IPAC va permettre à l'OCDE d'évaluer chaque année les stratégies climatiques menées par les Etats et de voir si les actions sont au rendez-vous des engagements. C'est un mécanisme de responsabilité indispensable pour notre crédibilité. À l'égard de nos concitoyens et du reste du monde, il nous faut poursuivre sur cette voie et avoir un mécanisme de traçabilité et de lisibilité sur la bonne affectation des 100 milliards de dollars sur la finance climatique. De savoir qui paye, quand et où va l'argent ? Car aujourd'hui, comme je l'ai rappelé, une part non négligeable de ces 100 milliards par an va vers quelques grands émergents, mais trop peu vers certains pays à revenu intermédiaire, aux pays pauvres. Nous avons donc encore des engagements à tenir. Nous aurons dans les mois qui viennent sur ces mécanismes de responsabilité, un travail essentiel et nous aurons à poursuivre notre agenda en matière de biodiversité avec le One Ocean Summit à Brest, avec les initiatives que nous poursuivrons sur la Grande muraille verte lors du sommet entre l'Union africaine et l'Union européenne. 
Enfin, le dernier grand défi que nous avions en quelque sorte porté tous ensemble, c'est ce combat universel pour les droits et les libertés, pour nos valeurs fondamentales, les valeurs de nos démocraties face aux périls qui les menacent. C'était le quatrième grand engagement pris l'année dernière pour ce nouveau consensus. Il n'est pas vrai que le combat pour les droits de l'homme serait relatif à telle ou telle culture ou tel ensemble géographique. Et je veux ici le redire avec beaucoup de force. Les principes dont nous parlons : la dignité des femmes, l'égalité entre les femmes et les hommes, la liberté d'expression, la liberté de culte, la lutte contre toutes les formes de xénophobie et de racisme, d'antisémitisme ne sont pas des valeurs relatives ou régionales, elles sont universelles. C'est le fruit de nos combats existentiels durant le 20ème siècle, c'est parce que certains avaient accepté des discours de faiblesse, expliquant qu'on pouvait y renoncer, que nous avons connu le pire. Nous n'avons pas le droit de répéter cela. Et donc, nos droits, les nôtres, où que nous soyons, régressent à chaque fois que nous détournons le regard et que nous cessons de nous battre pour eux. Se battre pour les droits de l'Homme, c'est se battre pour les droits des femmes partout, comme nous l'avons fait ensemble au Forum génération égalité et je veux remercier tous les acteurs de ce forum, certains étant ici présents, pour les engagements concrets qui ont été pris, des financements massifs pour l'égalité femmes-hommes qui ont été annoncés lors de ce forum. 40 milliards d'engagements nouveaux : sur l'autonomisation des femmes ; des engagements pour l'éducation des filles ; les droits de santé sexuelle et reproductive ; la lutte contre les violences ; et le soutien aux combattants de la liberté. Nous n'oublions aucune d'elles et chacun de ces combats est existentiel pour nous. Cela, nous l'avons fait ensemble. 
Ce sont ces combats que nous continuerons aussi à porter en suivant la situation en Afghanistan et ailleurs, car ce qu'il s'y passe, ce qu’il s’y joue, est essentiel pour nous. Se battre pour les droits de l’homme, c’est aider concrètement les pays qui sont en première ligne, en Afrique ou en Asie pour accueillir les réfugiés qui fuient la guerre et les persécutions. La Première ministre du Bangladesh le sait, pour faire face chaque jour à la tragédie des Rohingyas mais plusieurs d’entre vous le savez ô combien, qui vivaient avec des populations déplacées, avec des réfugiés et les crises terroristes, les conséquences de la pandémie, les conséquences des drames climatiques que toutes les régions du globe sont en train de vivre, font que notre planète aujourd'hui vit l'une des heures les plus terribles, celle précisément où nos droits sont bafoués chaque jour parce que des centaines de millions de nos compatriotes, de citoyens du monde vivent déplacés, réfugiés, privés de leurs droits et dans la détresse la plus absolue. Je veux ici remercier toutes les associations qui se battent et les combattants de l'humanitaire. Nous leur devons protection et nous aurons l'occasion en début d'année prochaine, avec le ministre, de tenir dans le cadre de la présidence française, un sommet, justement, une fois encore pour nos humanitaires. Je veux ici les en remercier solennellement. Ils se battent, plusieurs d'entre vous se battent, plusieurs organisations internationales, la Croix-Rouge internationale tout particulièrement et merci de ce combat mené partout à travers le globe. Nous devons continuer l'action humanitaire, nos engagements financiers et c'est un enjeu essentiel pour la préservation même de nos droits. 
Se battre pour les droits de l'homme, c'est défendre les droits des enfants dans les conflits armés, mais aussi dans l'espace numérique où ils sont exposés chaque jour à d'insoutenables violences. Nous évoquerons cet agenda essentiel dans quelques instants. Se battre pour les droits de l'Homme, c'est enfin défendre nos libertés, toutes nos libertés, face à toutes les formes d'autoritarisme, de totalitarisme ou d'extrémisme. Et enfin, c'est aussi se battre pour nos valeurs et nos droits dans le cadre d'un agenda numérique, pour créer un ordre public du numérique et de la paix en ligne. Nous allons dans un instant y revenir et écouter plusieurs engagements qui seront pris mais, des sommets Tech for good au Global partnership en intelligence artificielle, en passant par le Christchurch call, le Paris call et toutes les initiatives conduites durant ces dernières années, un travail important a été mené. Pour l'information et la démocratie aussi avec Reporters sans frontières et plusieurs d'entre vous. Un agenda démocratique numérique indispensable, c'est aussi cela se battre pour nos valeurs. 
Ces engagements que nous avons pris il y a un an, je voulais vous en rendre compte aujourd'hui pour vous dire tout ce qui a été fait sur ce chemin depuis, malgré la pandémie comme vous le voyez, beaucoup de choses ont avancé et ont tenu. Beaucoup de progrès concrets ont été faits. La difficulté, c'est qu'ils ne vont pas assez vite, qu'ils ne sont pas encore assez justes et qu'il nous faut aussi collectivement avoir cet esprit de responsabilité et d'en rendre compte de manière régulière pour pouvoir dire ceux qui avancent et ceux qui ne progressent pas encore suffisamment et qu'il nous faut relancer. Les quelques axes que je viens de donner seront, pour ce qui est de la France, le chemin de son action pour les prochains mois. Vous l'avez rappelé et c'est dans votre propos tout à l'heure. 
Je rappelais il y a 4 ans la différence entre le nationalisme et le patriotisme. Le patriotisme, c'est aimer son pays en ne cherchant pas à s'opposer au reste du monde. Tous ces chemins, toutes ces actions que nous avons à conduire, n'existent que dans la coopération internationale. Elles n'existent que par des partenariats nouveaux et une volonté d'être efficaces. Mais tout cela est aujourd'hui éminemment fragilisé par de nouvelles crises, de nouveaux bouleversements, tout cela est aujourd'hui bousculé par de nouvelles fractures sécuritaires et géopolitiques qui sont en train de s'installer. 
Et je voudrais simplement finir mon propos en ajoutant un engagement à ceux que nous avions pris. Il nous faut maintenant adopter ces méthodes du multilatéralisme efficace pour relancer un agenda de contrôle des armements, de coopération entre les grandes puissances et de lutte contre la désorganisation du monde car sinon, les grands conflits qui aujourd'hui se préparent, les tensions qui menacent chaque jour d'escalade viendront retarder ces agendas essentiels que je viens d'évoquer. Il nous faudra sur le contrôle des armes, sur la construction d'un multilatéralisme de paix réinventé, sur la gestion des conflits régionaux, comme nous allons demain le faire avec l'Union africaine et les Nations Unies sur la Libye, bâtir aussi des coalitions nouvelles pour régler les crises régionales et construire la paix. 
Vous l'avez compris, depuis un an, nous avons fait beaucoup de choses, mais il nous reste infiniment à faire, alors que tous ceux qui croient au multilatéralisme efficace et à ce nouveau consensus de Paris s'imaginent heureux et convaincus que leur action puisse être décisive.  Pour ma part, je le suis. 

- [Intervention dans le cadre de l’agenda de Paris pour le numérique et les technologies]
(…) D'abord, on a quelque chose de formidable, de nouveaux espaces s'ouvrent à travers l'innovation, le digital, etc. Il y a une demande pour l'accès à ces espaces et c'est formidable. En même temps, ces espaces, pour la première fois dans notre histoire, sont conduits par de l'innovation privée, des acteurs privés qui sont devenus des géants privés. Certains d'entre vous sont là pour les représenter et les porter. Et nous n'avons jamais vécu ça parce que normalement, ce qui structurait les créations de nouveaux espaces, c'était la sphère publique. 
Et donc, on a créé des possibles nouveaux, mais qui ne relevaient pas de choix collectifs démocratiquement débattus dans des sociétés démocratiques. Et ça, c'est totalement neuf, ce qui fait qu'on est tous confrontés à des injonctions qui sont contraires. On veut de plus en plus innover. Nos citoyens sont aussi des utilisateurs qui veulent cela et qui commencent à sentir ce déséquilibre. Et on voit bien qu'on a besoin de plus en plus de réguler de l'autre côté parce qu'il n'y a pas de liberté sans ordre public, parce qu'il n'y a pas de liberté sans limites à cette liberté -  même pour le respect de la liberté des autres - sans règles qu'on donne entre les individus, sans possibilité de respecter ce qui sont nos valeurs communes. Or, vous l'avez très bien dit, nous avons créé un espace de possibles extraordinaire et il continue à avancer de plus en plus vite. 
Mais aujourd'hui, au fond, on est en train de s'apercevoir que les grands acteurs ne savent pas tout garantir sur leurs propres algorithmes. Aujourd'hui, on est en train de s'apercevoir qu'en effet, les acteurs du pire utilisent ces opportunités pour faire le pire, qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse d'agresser nos enfants ou de les manipuler, et autre. Nous sommes face à ce dilemme qui est assez historique, c'est qu'on n'a pas envie d'arrêter tout ce que, justement, les plateformes, le numérique, l'innovation, l'intelligence artificielle peuvent donner à l'humanité de progrès, mais on voit bien qu'on ne peut pas laisser ces moyens à la main de ceux qui les utilisent pour le pire. Et donc, on doit créer quelque chose de nouveau. 
L'approche qu'on a adoptée, qui est très Forum de Paris pour la Paix, c'est en effet, vous l'avez tous très bien dit : multi-stakeholders parce que on s'est aperçu que justement, on avait des acteurs - il y a tous les États qui doivent être concernés – mais plus on élargit, plus on est efficaces. Vous l'avez très bien démontré à l'instant, parce qu'on a des entreprises qui sont là et qui sont maintenant mondiales et qui sont des acteurs incontournables, parce qu'on a une réflexion académique, parce qu'on a des activistes, parce qu'on a des intellectuels, parce qu'on a des associations qui se sont organisées. Et donc, c'est par ce dialogue permanent entre les gouvernements, les compagnies, les communautés, les académiques qu'on peut réfléchir et avancer. 
Et au fond, il faut assumer deux types de batailles. D'abord, il faut assumer de commencer, je prends la formule à mon ami Pascal Lamy, il faut assumer de commencer par le gazeux pour aller vers le solide. Et donc, on part de choses qui paraissent très générales et généralistes, mais qui posent le problème, et on les structure peu à peu pour faire du droit de plus en plus dur et aller au solide. Je sais bien la frustration, quand on commence comme ça, beaucoup d'observateurs disent « vous êtes sympathiques, vous faites des déclarations, ça ne dit rien. » Ce n'est pas vrai, et on l'a démontré ces quatre dernières années. Mais on a besoin de commencer par l’état gazeux. 
La deuxième chose, c’est qu’en même temps, ce gaz doit être parfait, c'est-à-dire qu’il doit de plus en plus s’étendre parce que, en même temps qu’on doit solidifier ce qu’on arrive à faire, on doit avoir de plus en plus d’acteurs qui rejoignent. Et donc, c’est ce qu’on est en train de consolider et c’est un peu ce bilan que je voulais faire avec vous sur tous les sujets qui ont été posés. 
En 2018, on a donc lancé le Paris call for trust and security in cyberspace. Et donc cet appel de Paris était très gazeux pour beaucoup de gens. C'était un appel très généraliste avec beaucoup de principes, mais il a posé les règles pour la première fois d'une bonne gouvernance entre les acteurs. Il compte 1 200 supporters et aujourd'hui, on a eu deux annonces très importantes - merci infiniment madame la Vice-Présidente, chère Kamala  parce que ça, c'est une extension du domaine extraordinaire, le fait que les Etats-Unis rejoignent le Paris call. On change la nature compte tenu de ce que représente votre pays, compte tenu du fait que tant d'entreprises structurantes sont incorporées dans votre pays. Certaines entreprises avaient rejoint avant le gouvernement fédéral, mais ça va changer beaucoup de choses. De même du fait que la Commission européenne ait décidé de rejoindre les Etats membres. Donc vous voyez, on étend, mais cet accord a permis d'établir des principes justement pour à la fois assurer sécurité, stabilité, meilleur environnement. 
En même temps, on va plus loin. Ce qu'a annoncé Justin Trudeau est un point très important. Son initiative pour la connectivité, la formation, la justice s'inscrit dans les principes du Paris Call, mais elle permet d'aller un cran plus loin, elle l'approfondit. Et nous-mêmes, en européen, nous sommes en train d'aller un cran plus loin. Et grâce à ces valeurs de l'Appel de Paris, ce sont les fameuses directives DMA DSA rappelées par la présidente von der Leyen : on va réguler à la fois les services et les acteurs économiques et d'ailleurs en déclinant dans du droit qui devient plus dur - on est entre le liquide et le solide - mais s'inspirant de ces mêmes principes de l'Appel de Paris, on va décliner des régulations pour la première fois à l'égard de ces acteurs. Ça c'est notre premier pilier et nous voyons que depuis quatre ans, on l'a étendu et aujourd'hui, avec une annonce massive et on est en train de le préciser, de le consolider. 
La deuxième grande initiative qu'on a prise en 2019 avec la Première ministre Ardern qui était avec nous tout à l'heure, c’était après la terrible attaque de Christchurch contre une mosquée. On s'en souvient tous. On a lancé le Christchurch call. Vous avez décidé de le rejoindre il y a quelques mois et le fait que les Etats-Unis nous rejoignent était là aussi vraiment un immense changement. 
On a bâti une régulation contre les contenus terroristes en ligne. Et ce n'était pas acquis. Je me souviens très bien moi, à l'été 2017, on n'était pas nombreux à le défendre. On était avec la Première ministre Theresa May après les attaques terroristes à Londres. On était quelques Européens, et on n'était pas suivi. 
En 2019, il y a eu le Christchurch call, on a été suivi. On a obtenu quelque chose, un vrai engagement de l'industrie qui était la golden hour : le retrait en une heure de tout contenu terroriste. Et l'industrie joue le jeu. Nous-mêmes, quand nous avons vécu des attentats, parfois certains réseaux ont enlevé ces contenus avant même que nos régulateurs, nos plateformes de régulation ne les voient. Donc ça a une efficacité ce qu'on a fait avec l'Appel de Christchurch en mai 2019. 
Et on a continué à le faire et ça a permis d'ailleurs là aussi, une loi européenne à la fin de l'année dernière, fin 2020, qui a inscrit dans le droit dur européen la golden hour. Et on progresse là aussi et on a avancé. Maintenant, on sait où est notre défi sur ce sujet qui est au fond aux confins de l'Appel de Paris, de l'Appel de Christchurch, c'est qu'on avance beaucoup plus vite et plus fort contre la lutte des contenus haineux en ligne et que soient beaucoup plus efficacement interdits et stoppés tous les contenus qui sont antisémites, racistes, xénophobes, etc. C'est dans nos appels, mais c'est ce qui sera en particulier dans la directive dite DSA en européen. Ça, c'est un travail qu'on doit faire vraiment avec les Etats-Unis d'Amérique aussi pour réussir à mettre cette régulation en marche. 
La troisième grande initiative, ça a été le GPAI, le Global partnership for artificial intelligence, lancé en 2019 dans le cadre du G7. Plateforme commune Canado-française et c'est vraiment une avancée énorme parce qu'on va pouvoir mettre sur pied la base éthique technologique avec des intellectuels, des académiques, des indépendants qui réfléchissent pour la planète à l'intelligence artificielle. 
Et si je devais l'expliquer très simplement pour tout le monde pourquoi c'est si important, c'est la même chose que le GIEC pour le climat. Pourquoi le climat ? Parce qu'on a des chercheurs indépendants du monde entier qui nous expliquent ce qui est en train de se passer. Et du coup, il ne peut plus y avoir de débat. On ne dit pas : ils sont manipulés par untel ou untel. Et donc, l’intelligence artificielle révolutionne tellement la médecine, la gestion des données privées/publiques qu’il nous faut avoir une tierce partie neutre avec les meilleurs au monde pour nous dire comment ça bouge, c’est ça. 
Et donc, le rapport qui est donné aujourd’hui, le rapport d’experts et les travaux que vous êtes en train de faire est une étape importante. Et donc là, on rentre dans le dur. On a des rapports, c’est ce qu'on a annoncé en 2019, on va avancer sur l'intelligence artificielle. 
La même année - c'est la quatrième initiative en 2019 - on a lancé le Partenariat pour l'information et la démocratie avec Reporters sans frontières pour promouvoir véritablement le cadre d'une information démocratique transparente qui correspond à nos valeurs, mais sur l'internet. Et pour pouvoir dire : ceci est de l'information, ceci n'en est pas, ceci que vous avez sur les ondes avec la même apparence que ce qu’on a tous dans nos démocraties, c'est de la propagande faite par un régime qui, lui, n'est pas démocratique, mais utilise nos règles apparentes. C'est construire au fond, les anticorps à la désinformation. C'est exactement ça, ce partenariat. Et avec ce qui a été fait durant ces deux dernières années, le Forum, l'Observatoire des bonnes pratiques, on est entre le gazeux et le liquide pour reprendre la métaphore. 
Maintenant, sur Information et démocratie, il faut qu'on arrive à passer des régulations un peu plus dures pour permettre de dire que telle pratique n'est pas conforme, en effet, à ce qui a été défini. Donc, vous voyez tout le chemin qui a été fait, je veux qu'on le mesure collectivement. Il est inédit parce que ce combat est inédit. 
Et on ajoute aujourd'hui une cinquième branche, une cinquième flèche, en quelque sorte à l'ensemble de ces initiatives, c'est grâce à ce que vous avez préparé, ce qu'on fait ensemble, véritablement tout le travail sur la protection de l'enfance. On se bat beaucoup dans nos pays contre le harcèlement scolaire, le harcèlement en ligne, mais aussi ce que vivent nos enfants et la violence à laquelle ils sont confrontés, la pédocriminalité. Les ministres qui sont avec nous sont ici très engagés. 
Mais on s'aperçoit exactement de la même chose que pour le reste, c'est-à-dire que même si on se bat contre le harcèlement scolaire à l'école, la vie commence avant 9 heures du matin et continue après 17 heures. Et si vous ne traitez pas le sujet des réseaux, ce monde numérique, pour des enfants, des adolescents, des jeunes adultes, la souffrance qu’ils peuvent subir, les harcèlements, mais aussi la désinformation, le contenu, l'apprentissage vicié de l'amour ou du respect de la vie par la pornographie Sans être guidé, tout ça s'effondre. Et en quelque sorte, ça devient un formidable environnement ou de harcèlement ou de déduction. Et donc on a besoin, là aussi, de remettre de l'ordre public, en quelque sorte, du contrôle de l'engagement. 
Ça passe par de l'accès, de la formation, de la régulation, de l'éducation. Si on veut réussir ce travail avec nos enfants, on doit améliorer ce que beaucoup ont dit. L'accès de tous les enfants au numérique, aux contenus, aux services, parce que c'est aussi une manière d'apprendre, c'est une inégalité face au numérique qu'ont vécu nos enfants et qui ont créé des inégalités qui sont terribles pour eux. C'est que certains avaient des écrans avec des contenus, d'autres non - les plus pauvres dans nos Républiques, dans nos quartiers et ceux qui sont dans les pays les plus pauvres. Donc, on doit d'abord faire ça si on veut protéger les enfants pour qu'ils apprennent, les aider à avoir accès aux bons savoirs dans le numérique. 
Ensuite, on doit réguler les contenus et les formes d'autorisation, pour dire : un jeune de 8 ans, de 10 ans, de 15 ans - et vous avez parfaitement décrit un des défis qui est d'harmoniser l'âge entre nous. Il n'est pas armé, il n'a pas appris la même chose, il ne peut pas être exposé à tous les contenus sans règles - et donc, ce qui est une série d'opportunités pour aider à apprendre devient terrible et devient un instrument pour des prédateurs ou un instrument pour apprendre le monde à l'envers ou avec les pires travers si on ne met pas ces règles. 
Et puis, il faut éduquer, c'est-à-dire que dans l'espace-temps, dans nos systèmes éducatifs, il faut apprendre à nos enfants à justement être dans les réseaux, à avoir accès à ces nouvelles pratiques. C'est pourquoi cette cinquième flèche, c'est vraiment l'appel à l'action pour les droits de l'enfant dans l'environnement numérique qui est signé aujourd'hui, qui a été travaillé étroitement avec l’UNICEF, que je remercie, et qui a été signée avec plusieurs États, plusieurs ONG, plusieurs plateformes. Et merci de l'avoir rejoint et d'avoir dit avec beaucoup de force, votre engagement. 
Cet appel, c'est une toute première étape. Maintenant, il faut convaincre de plus en plus d’États, de gouvernements, d’entreprises, de collègues et, qu’on arrive à aller plus loin. Et je pense que le rendez-vous d’ailleurs du sommet des démocraties doit être une étape importante à cet égard, il faut qu’on essaie de pousser avec nos amis Américains en ce sens. On prend quels engagements ? D’abord, que cet appel nous conduise tous à aller vers la définition de droits de l’enfant dans l’environnement numérique et donc oui, qu’on harmonise des règles, des normes au niveau européen et mondial pour véritablement définir les mêmes règles et les droits qu’on donne à la fin et, qu’on ait l’engagement des grandes plateformes des acteurs du numérique et des gouvernements pour le faire. Ensuite, qu’on mette des vrais régulateurs et des vrais moyens de contrôle. C’est aussi important. Beaucoup m’ont dit hier et beaucoup de formidables intellectuels et penseurs qui étaient avec nous hier soir disaient : vous passez parfois des règles sur le numérique qui sont très bien mais la mise en œuvre, leur bonne application est très dure et vous n’êtes pas toujours au rendez-vous. C’est vrai. 
Sur les enfants, on n’a pas le droit d’attendre. Donc, sur ce sujet, c’est aussi un point sur lequel nous devons avancer et nous devons nous poser les questions dans les semaines qui viennent tous ensemble sur la base de cet appel, de ce que nous sommes prêts à faire pour préserver nos enfants des violences, des abus, de la haine, des contenus illicites. Y compris le recours au contrôle parental installé par défaut, y compris des choses auxquelles on n'était pas habitué, mais qui sont indispensables parce qu'il y a des endroits qui sont interdits aux enfants dans la vraie vie, parce qu'aucun de vos enfants ne va au bar tout seul et ne peut avoir accès à de l'alcool, aucun de vos enfants ne va au coffee shop, ne peut aller dans des lieux de prostitution parce qu'il y a des contrôles parentaux et des règles qui marquent cette interdiction. Elles sont très faibles aujourd'hui dans cet environnement. Et donc, on doit se poser ces questions et aller au bout de celles-ci et on ne peut plus attendre. 
Avec ces cinq flèches, on a déjà beaucoup fait mais aujourd'hui, ce qu'on lance pour nos enfants est un axe absolument essentiel et c'est le combat de beaucoup d'associations, de beaucoup d'entre vous. 
Depuis beaucoup d'années, moi, j'ai appris énormément, mais pour avoir échangé avec des enfants encore, il n’y a pas longtemps que vous étiez là, je peux vous dire que la souffrance qu'ils vivent, quand on les laisse tous seuls face à ça est telle que nous n'avons pas le droit de ne pas bouger et donc, c'est vraiment pour moi cette 5ème flèche qui vient compléter tout ce formidable travail. Merci infiniment d'avoir été là. Merci beaucoup de votre action. Merci Alex pour l'animation des débats.

- Le combat pour les Droits de l’Homme n’est pas relatif à une culture ou à un ensemble géographique, il est universel.

- Le cyberespace est devenu le nouvel espace public mondial, un espace d’ouverture, un catalyser d’échanges et d’opportunités, mais aussi un lieu où de nouveaux risques et de nouvelles menaces sont apparus. Dans ce contexte, une démarche multilatérale et multi-acteurs, complémentaire à un cadre de régulation fort, transnationale est un impératif collectif : pour protéger les enfants lorsqu’ils recourent à des outils qui n’ont pas forcément été créés pour eux ; pour permettre à nos enfants de s’enrichir par l’utilisation du numérique, de s’instruire, de s’ouvrir sur le monde ; bref, de devenir, dans un cadre sûr pour eux, les citoyens éclairés de demain. [1. Voir déclaration ci-dessous]

- Protéger nos enfants et nos adolescents en ligne, c’est les éloigner des contenus inappropriés ou dangereux, de la violence, la haine et la pornographie. Depuis mon discours à l’UNESCO en novembre 2019, nous avons pris des mesures pour responsabiliser et sanctionner les sites.

- En interdisant le portable au collège, en formant des référents anti-harcèlement dans les académies, en inscrivant dans la loi le droit à une scolarité sans harcèlement, en mobilisant encore et encore, j’ai souhaité faire de la lutte contre le harcèlement une priorité absolue.

- Face aux fractures économiques, sanitaires, environnementales, sécuritaires et politiques de notre monde, il n’y a pas d’alternative crédible à une réponse collective. Voilà le sens du Forum de Paris pour la Paix, un multilatéralisme efficace !

- L’intelligence artificielle est vectrice de progrès extraordinaires. Mais elle peut aussi être utilisée par certains pour le contrôle des populations, la surveillance de masse, la discrimination, la désinformation ou la criminalité. Nous n’avons pas attendu pour agir.

- Mettre un terme à la diffusion de contenus terroristes et extrémistes violents sur Internet était un impératif. Nous nous sommes engagés. Nous avons mobilisé. Les résultats sont là.

- Le dernier Compagnon de la Libération n'est plus. Mais ces 1038 qui ont épousé la France d'un amour inconditionnel, allant jusqu'au sacrifice, ne disparaissent pas. Leurs braises ardentes sont dans nos mains.

- Au Soudan, les événements en cours sont très préoccupants. Nous demandons la libération immédiate de tous ceux qui incarnent l'esprit et l'espoir de la révolution soudanaise, qui ne doit pas être trahie.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)
[Intervention sur la politique de la ville / Vaulx-en-Velin]
L'objectif que nous partageons avec tous ces acteurs que j'ai rencontrés, les élus, les associations, les entreprises, les établissements scolaires, les forces de sécurité, c’est le même : c'est que la République soit partout chez elles et c'est d'ailleurs le symbole de ma présence ici à Lyon mais vous le savez, je vais partout dans les territoires les plus ruraux ou dans les zones urbaines les plus denses.
La République doit être partout chez elle. C'est d'abord, évidemment, le respect de la loi républicaine. Il y a des phénomènes qui sont inadmissibles. On en a vu encore à Lyon récemment, et non seulement, nous veillons au respect de cette loi, mais le Gouvernement donne aux acteurs, aux forces de sécurité intérieure, au service public de la justice des moyens supplémentaires, à nos commissariats de police, à nos forces de gendarmerie, à nos parquets, à nos juridictions. Ici, à Lyon, nous aurons plusieurs centaines d’emplois, que le ministre de l’Intérieur a annoncés au début de l’année 2021, qui vont se déployer progressivement. On a vu dans le commissariat Duchère, les arrivées qui vont s’échelonner. Nous avons également, parce qu’il ne faut surtout pas négliger la prévention, plus d’une cinquantaine dans le cadre de la politique de la vie de poste d’éducateurs et de médiateurs. Bref, nous déployons tous les moyens pour assurer la sécurité à laquelle nos concitoyens ont droit. C'est un point, évidemment, sur lequel nous serons et nous sommes intransigeants.
Et je fais observer encore une fois que c'est sous ce quinquennat que les moyens les plus importants ont été déployés, que nous nous attaquons comme jamais cela n'a été fait à la réponse pénale dont je l'ai dit à plusieurs reprises : j'ai parfaitement conscience qu'elle mérite d'être renforcée et confortée pour que tous les faits puissent avoir la suite pénale qu'ils méritent. Mais évidemment, la politique dans ces quartiers suppose aussi que la République continue à être une promesse, un ascenseur social.
Donc, nous agissons là aussi sur tous les terrains et d'abord, évidemment, celui de l'éducation et de l'école, grand acquis du quinquennat, le dédoublement des classes qui permet une meilleure prise en charge des enfants, qui est au cœur, là encore, de l'éducation et de la possibilité de s'élever. Mais nous le faisons aussi, vous le savez, et on l'a constaté sur place, avec de lourdes opérations de rénovation urbaine.
Et ce sont plusieurs centaines, là encore, dans les quartiers que j'ai visités de logements qui vont être soit carrément détruits et reconstruits, soit réhabilités. Et nous avons augmenté très sensiblement les moyens de la politique de la Ville au début de l'année 2021. C'est un investissement d'avenir. Il faut que l'intégration républicaine reprenne sa marche en avant. Vous le savez toutes et tous, c'est un impératif pour permettre à la société de rester unie.
On l’a vu aussi sur le champ de l’insertion professionnelle, je l’ai dit, au moment où l’économie repart, et repart vigoureusement, au moment où la relance est là, il est impératif que non seulement les quartiers de la politique de la ville en bénéficient — et on a vu beaucoup d’exemples, ne serait-ce que par la rénovation d’équipements sportifs où des équipements sont rénovés grâce au plan de relance — mais il faut aussi que les habitants des quartiers de la politique de la ville et notamment ceux qui sont les plus éloignés des formations et de l’emploi, bien que nous nous occupions d’eux, que nous allions les chercher avec tous ces acteurs, avec Pôle emploi, avec les missions locales pour les ramener vers l'emploi et l'activité, tant le travail est un facteur d'émancipation, évidemment, vous le savez également.
Enfin, je voudrais vous dire que j'ai rencontré, ici comme ailleurs, des acteurs extrêmement engagés, des élus qui sont à la manœuvre, qui y croient. Personne ne sous-estime ni ne nie les difficultés, mais, eux, ils sont sur le terrain pour y faire face et l'État doit être à leurs côtés.
Je dois vous dire aussi que j'ai vu, j’ai rencontré des habitants et là non plus, ce n'est pas la première fois de ces quartiers, de ces banlieues qui sont fiers d'y habiter, qui sont heureux et qui comprennent mal parfois le discours très négatif, très décliniste qui est apporté.
Nous notre devoir, c'est de répondre à cette promesse républicaine, d'avoir une politique extrêmement équilibrée, être intransigeants en apportant des moyens concrets, précis, vérifiables sur le respect de la loi républicaine et puis être extrêmement ambitieux pour intégrer, pour que notre société soit la plus unie possible et que tous ces quartiers soient comme tous les autres, c'est-à-dire tournés vers leur avenir.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
- Je salue la décision prise par les États-Unis de soutenir l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace. Trois ans après son lancement par le Président de la République lors du premier Forum de Paris sur la Paix en novembre 2018, les États-Unis rejoignent plus 1.200 acteurs, dont 80 États, autorités publiques et collectivités locales, acteurs privés et organisations de la société civile, qui ont endossé cette initiative en appui de notre vision d’un cyberespace sûr, neutre, et libre.
Cette décision américaine vient appuyer une initiative structurante de la diplomatie numérique que nous menons depuis 2017. Aux côtés de l’Appel de Christchurch pour lutter contre les contenus terroristes en ligne, du Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle pour promouvoir un emploi responsable et éthique de cette technologie, ou encore le Partenariat Information et Démocratie, l’Appel de Paris contribue à une régulation internationale de l’espace numérique pour des technologies au service du bien commun.
Dans la perspective de la Présidence française de l’Union européenne, au premier semestre 2022, nous poursuivrons et approfondirons cette démarche avec nos partenaires européens dans le cadre des initiatives engagées au niveau européen.

- J’ai réuni aujourd’hui à Paris mes homologues d’Arménie et d’Azerbaïdjan pour contribuer à réduire les tensions. La mobilisation de la France reste entière dans le groupe de Minsk. Nous n’oublions pas les victimes de la guerre interrompue il y a un an.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)
- Faire avancer la communauté internationale lors de la COP26 pour limiter le réchauffement à 1,5 degré d’ici la fin du siècle et éviter la catastrophe.

- 2 points en suspens dans la dernière ligne droite de la COP26:
- comment mettre en place un marché carbone mondial ?
- comment garantir la transparence de l’action climatique des États ?

- Les Émirats arabes unis accueilleront la COP28 en 2023. Nous avons échangé avec l’envoyé spécial climat Dr Sultan Al Jaber sur la préparation de ce sommet qui aura une importance particulière : c’est à cette date que l’accord de Paris prévoit un premier bilan mondial.

- [Boga (Beyond oil and gas alliance), coalition de pays, dont la France, qui s’engagent à sortir progressivement du gaz et du pétrole] La lutte contre le dérèglement climatique implique de tourner la page des énergies fossiles. J’annonce aujourd’hui à la COP26 que la France rejoint l’accord mettant fin aux financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles d’ici fin 2022.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)
- La Déclaration de Paris  est historique. Appel mondial à investir dans l’éducation approuvé à Paris dans le cadre de l’UNESCO. Pour tous les enfants du monde déscolarisés du fait de la pandémie et pour un investissement accru dans chaque pays. [2. Voir déclaration ci-dessous]

- Être rebelle le 11 novembre 1940, c’est honorer la tombe du soldat inconnu malgré l’interdiction de l’occupant. Des lycéens et étudiants l’ont fait au péril de leur vie et nous leur rendons hommage comme chaque année. La France sera toujours synonyme de Liberté.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)
Je dis une chose simple aux Français : Soyez fiers de ce que vous êtes. Vous êtes un grand peuple dans une grande Nation. La France réussit remarquablement bien au lendemain de cette crise.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)
[Promesse de la construction de 15.000 places de prison] Il y a un volet 7.000 places et un volet 8.000 places en dix ans. Le plus grand plan de construction depuis trente ans. 2000 sont déjà sortis de terre dont Lutterbach, 1000 autres recevront les premiers coups de pelleteuse avant décembre et 4000 sont engagés à travers 16 chantiers à Avignon Marseille Troyes, Meaux… Quant au plan "80000", j’ai personnellement négocié avec tous les maires pour trouver les sites.
J’ai souhaité agir par étapes. D’abord donner à la justice les moyens qu’elles n’avaient plus. Un de mes prédécesseurs avait parlé de «clochardisation». Il a fallu réparer avec un budget en augmentation de 33% sur le quinquennat. On a recruté 850 greffiers, 650 magistrats. Par comparaison, il y avait eu 27 magistrats supplémentaires sous le quinquennat de François Hollande et 140 en moins sous Nicolas Sarkozy. Il faut ajouter le recrutement de 2000 juristes assistants en renfort des greffes, soit 12% d’effectifs en plus dans les tribunaux en un an. Après ce temps de la réparation, le temps est venu de la modernisation. Tous les Français sont invités à donner leur avis sur la plate-forme parlons justice.fr.

- Le Président a dit qu’il présiderait jusqu’au dernier quart d’heure... Il est donc normal que ses ministres soient à la tâche aussi longtemps Emmanuel Macron m’a donné une chance incroyable. Depuis que je suis ministre, j’ai l’opportunité transformer tous mes coups de gueule, mes coups de sang en 36 années de barreaux en transformations concrètes de la Justice. C’est ce que je fais chaque jour.

- Les Etats généraux de la Justice feront l’objet d’un rapport indépendant. Je ne veux pas préempter ce qui sera dedans.

- J’ai vu la confiance en la justice se déliter et c’est insupportable puisque c’est la base de notre contrat social. C’est pour cela que j’ai fait voter un projet de loi qui pose les bases d’une restauration de confiance. Les procès seront bientôt filmés pour que la justice soit davantage connue, les crédits de réduction de peine ne seront plus automatiques, etc. C’est difficile de n’en retenir qu’une. Grace à ces effectifs supplémentaires pour la justice de proximité, les procédures civiles, la réponse pénale aux petites incivilités ont été accélérées.

- Il n’y a pas eu de conflit au Parlement au sujet du nouveau code de justice pénal des mineurs donc personne n’en a entendu parler. Alors que majorité et opposition l’ont voté. Ce texte permet une justice plus rapide et plus efficace. On a pris toutes les précautions pour préparer les juridictions les plus fragilisées. C’est une grande loi entrée pleinement en vigueur. Autrefois, un gamin sur deux était jugé une fois qu’il était majeur! Aujourd’hui, la décision sur la culpabilité est prise en maximum trois mois. Le prononcé de la peine intervient ensuite entre six et neuf mois. Et entre les deux, il y a une période probatoire.

- D’ici à deux ans, nous serons au zéro papier dans les commissariats et les juridictions.

- [Prévenus, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire, qui ont commis des délits en récidive et qui sont toujours en France] C’est un dossier complexe parce qu’il ne s’agit pas uniquement d’une décision française. La réalité est que les pays d’origine de ces étrangers ne veulent pas les récupérer et ne délivre pas les laissés-passés consulaires indispensables. Emmanuel Macron est le premier président à avoir dit les choses aussi clairement en conditionnant l’obtention de visas à la reprise des ressortissants condamnés.

- Secret professionnel des avocats] Je comprends les inquiétudes exprimées de bonne foi par certains mais d’autres instrumentalisent le texte et par la même le secret professionnel que j’ai défendu toute ma vie bec et ongles car il ne protège pas l’avocat mais le justiciable! Le projet de loi Confiance en la justice comporte des dispositions encore jamais écrites dans le code de procédure pénale sur les écoutes, les fadettes et même les perquisitions. J’ai reçu les représentants de la profession d’avocats à ma demande à la chancellerie après le vote de la commission mixte paritaire. J’ai entendu qu’ils avaient besoin de clarifications et je leur ai proposé de nous les soumettre mais celles-ci doivent être respectueuses du travail des parlementaires car en démocratie ce sont les parlementaires qui écrivent la loi. J’insiste, nous entendons les craintes et nous sommes disposés à les prendre en compte mais si le secret de la défense doit être inviolable, et il le sera avec le projet de loi "confiance", le secret du conseil est à concilier avec la nécessité constitutionnelle de pouvoir lutter contre la fraude fiscale.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)
- [Covid19] Plus de 4 millions de personnes ont fait leur rappel vaccinal contre le Covid, et 186 000 doses de rappel ont été injectées aujourd’hui. Les Français savent comment contrer le virus, et nous continuerons de leur permettre de se protéger.

- [Covid19] Le rappel de vaccination est aujourd’hui ouvert aux plus de 65 ans mais aussi aux personnes en surpoids, aux personnes souffrant de diabète, d’insuffisance cardiaque ou respiratoire. Si vous avez le moindre doute, demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)
- Le crédit d’impôt bio sera augmenté dès 2023 et prolongé jusqu’en 2025 ! Ce dispositif efficace permet de renforcer le soutien en faveur des agriculteurs bio et de consolider la forte dynamique française : Surfaces multipliées par deux depuis 2017, première surface en bio de l’UE.

- Vous êtes une entreprise de l'AgriTech ou de la FoodTech et vous voulez accélérer un projet de R&D au service de la 3e révolution agricole et de l'alimentation de demain ? Nous vous accompagnons.

- Le travail et les accords se poursuivent avec les Régions pour une PAC au service de nos territoires et de nos agriculteurs dès 2023 et attentive aux agents qui l’appliquent sur le terrain.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
- Heureux d’être intervenu au Forum de Paris sur la Paix avec la Prix Nobel Maria Ressa, sur le rôle démocratique des médias. Lutter contre les infox, permettre un débat rationnel, combattre les atteintes à la liberté de la presse, c’est notre devoir vital.

- On a deux phénomènes concomitants : un recul des libertés médiatiques de presse traditionnelle et puis on a tout l’univers du développement des réseaux sociaux, qui fait que les faits, l’investigation, la base commune qui est le socle de la démocratie et du débat honnête, est remise en cause.

- [Biélorussie] Ce n’est pas une crise migratoire, c’est une attaque migratoire. Un trafic d’êtres humains tragiquement organisé. (…) C’est un trafic organisé d’êtres humains à la frontière. C’est un test d’unité et de fermeté pour l’Europe. Nous sommes solidaires de la Pologne, de la Lituanie et de la Lettonie.

- [Biélorussie] Comment agir ? Premièrement, tenir la frontière en respectant nos valeurs. Deuxièmement, prendre des sanctions. Troisièmement, mener un travail diplomatique pour suspendre les vols.

- Dès cet été, la France a apporté un soutien concret à la Lituanie face au trafic d’êtres humains organisé par la Biélorussie. Nous continuerons, avec nos partenaires européens, fermes, unis et solidaires

-  Oui, le Brexit est un échec. Il y a une forme de dé-socialisation européenne ; les pêcheurs français et britanniques, qui pêchaient ensemble depuis des années, ne peuvent plus travailler ensemble. C’est une absurdité. Nous avons besoin de coopération européenne.

- [Moldavie] Entretien avec Nicu Popescu, ministre des Affaires étrangères. Ce fut l’occasion de réaffirmer le plein soutien de la France à l’engagement résolument européen de la Présidente et du gouvernement de la Moldavie.

- La France se réengage dans les Balkans ; notre stabilité et notre sécurité en dépendent, face aux influences des puissances extérieures.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)
- La situation s'est inversée sur le front de l'emploi. Nous avons un taux de chômage à son plus bas niveau depuis 13 ans. Nous avons recrée de l'emploi industriel. Nous avons un record du nombre d'apprentis. Soyons fiers de ce qui fonctionne !

- Oui, nous croyons au nucléaire ! C'est une force pour notre pays. Et nous faisons des investissements d'avenir comme sur l'hydrogène.

- Les poilus que nous honorons n’avaient pas choisi la voie des armes. « Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine. Ce sont des civils déracinés. » (Henri Barbusse)

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député)

Les grandes leçons de Bardella ne trompent personne. Lui et ses amis aux Parlement européen n’ont voté aucune des sanctions contre le dictateur Loukachenko. L’opération de déstabilisation qui vise l’Europe est menée par des régimes que le RN soutien.

 

● MoDem
Sabine Thillaye (députée)
- Le constat est connu et documenté depuis plusieurs années : l’Europe reste la grande absente des médias audiovisuels, en particulier en France. Chez nous, moins de 3% d’antenne globale sont dédiés aux sujets européens. Ce chiffre est encore moindre, de l’ordre de 2%, si l’on considère les chaînes d’information en continu et les JT traditionnels comme TF1 ou France 2. Deux types de sujets sont cruellement absents des écrans de télévision et des ondes radio : le traitement des nouvelles émanant des institutions européennes et les émissions de pédagogie sur le fonctionnement même de l’Union européenne. Ce retard n’est pas sans conséquence puisque 55% des Français se disent mal informés sur les sujets européens et 77% souhaiteraient accéder à plus d’informations sur les sujets européens. La présidence française de l’Union européenne doit constituer un moment central pour relancer durablement le traitement médiatique des sujets européens.
Actuellement la seule obligation légale de traitement des sujets européens résulte des cahiers des charges, conclus entre l’État et les médias publics. Pourtant l’absence de couverture du discours sur l’État de l’Union d’Ursula von der Leyen le 15 septembre dernier démontre combien ce cadre est inefficace. Le rapport propose la conclusion d’une charte d’engagement à adopter entre l’État et les groupes audiovisuels publics pour que certains évènements européens soient mieux couverts, telle que la journée du 9 mai. Cette proposition s’inscrirait surtout dans une démarche incitative, il n’est évidemment pas question de remettre en cause l’indépendance journalistique.  
- Dans un souci de plus grande qualité de l’information délivrée par les journalistes, il semble nécessaire que ces derniers soient incités à traiter et à analyser pertinemment les sujets européens, ce qui implique en amont des modules de formation adaptés. Il nous faudra aussi réfléchir, à plus long terme, à la création d’une école européenne de journalisme, consacrée à la formation de correspondants de presse européens. Par ailleurs, le prix français « Louise Weiss » qui récompense les journalistes francophones engagés dans un traitement approfondi des sujets européens pourrait être transposé au niveau européen. Le statut de « journaliste européen » permettrait quant à lui d’attribuer certaines facilités professionnelles. 

- Il faut notamment faire en sorte que l’Union européenne se « mette en scène », afin de montrer qu’elle peut délivrer un véritable « récit politique ». Il faut donner une dimension évènementielle à la vie politique européenne pour la rendre plus proche des citoyens et plus compréhensible. Par exemple, le journal en ligne Politico, spécialisé dans la couverture des affaires européennes, a démontré qu’il était possible de parler autrement de l’Union européenne et de son actualité en décryptant ses enjeux et mettant en scène ses débats. Sur un aspect plus institutionnel, il conviendrait de renforcer le contrôle parlementaire sur les Affaires européennes afin de donner matière aux journalistes. En ce sens, nous proposons de remplacer la séance de questions au gouvernement précédant les plus importantes réunions du Conseil européen par un débat solennel suivi d’un vote. Ce type de débat permettrait d’impliquer davantage la Représentation nationale dans le suivi de la politique européenne. Enfin, le rôle de la commission des Affaires européennes pourrait être revalorisée en faisant de celle-ci une commission permanente, régulièrement impliquée dans la mise en œuvre des textes européens dans le droit national.

- [Allemagne] Il faut tout d’abord noter que cette coalition (SPD, FDP et Grünen), réunissant non pas deux mais trois partis, pourra s’appuyer sur un socle électoral large de l’ordre de 52 à 54%. L’alliance entre ces trois partis au niveau fédéral constituerait donc un moteur puissant, certes basé sur un compromis politique mais capable de porter d’importantes réformes politiques, avec le soutien de la population.

Sur le fond et donc les sujets de politiques publiques à porter, le préaccord de coalition est encore général même s’il comporte des garanties qui permettraient aux trois partis en négociation d’aboutir à un contrat de coalition avant Noël. Ainsi, le FDP obtient le renoncement à toute hausse d’impôt et un respect des règles strictes liées à l’endettement, de même que les Grünen une sortie du charbon d’ici 2030 au lieu de 2038 comme ils le souhaitaient. Beaucoup de points sont toujours en discussion, en particulier en matière de politique étrangère et européenne.
Il semble qu’aujourd’hui les trois partis reconnaissent l’établissement d’une « souveraineté stratégique de l’Europe » ce qui constitue une grande avancée pour l’Allemagne et pour l’Europe. Comme l’a souligné Angela Merkel « ce sera un gouvernement pro-européen » et il convient de se réjouir de cette approche qui ne sera que bénéfique pour l’Union.

 

● Parti radical
Joël Guerriau (sénateur)
A Auschwitz Birkenau, en présence de parlementaires et ministres européens, afin de rendre hommage à plus d’un million cent mille juifs hommes, femmes et enfants, assassinés par les nazis. Pour eux nous devons agir et lutter contre toute forme d’antisémitisme.

 

Sylvie Vermeiller (sénatrice)
[Dette publique ] Cantonner la dette covid19 ne suffit pas à la rembourser. Quelle est votre stratégie de désendettement? Les dépenses pour faire face à la crise sanitaire étaient nécessaires, mais la France connaît-elle le secret de l'argent magique?

 

Bernard Fialaire (sénateur)
ll nous revient de veiller au financement des prestations de la Sécurité sociale d’aujourd’hui afin qu’elles ne pèsent pas de manière déraisonnable sur les générations futures.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Stéphane Séjourné (président du groupe Renew Europe au Parlement européen)
Cet homme peut battre Viktor Orbán. Márki-Zay Péter est le candidat de l’opposition unie en Hongrie. Avec nos membres de Momentum, il pourra compter sur le soutien de Renew Europe pour mettre fin à la corruption et au système autocratique en Hongrie.

 

Nathalie Loiseau
- Une semaine européenne marquée par la crise à la frontière polonaise, le Brexit mais aussi la montée de tensions dans les Balkans.

- L'extrême gauche et l'extrême droite française trouvent toujours toutes les excuses à la Russie de Poutine. Si Vladimir Poutine n'a rien à voir avec l'arrivée des migrants en Biélorussie, il doit dire à Loukachenko d'arrêter ce chantage d'un cynisme inouïe.

- Vladimir Poutine peut remercier Jean-Luc Mélenchon pour sa fidélité et sa capacité de déni à toute épreuve. Pour lui, « l’indépendance de la France », c’est l’alignement avec les autoritaires contre les démocraties.

- Un dictateur essaie de faire plier l'Europe en manipulant des migrants qui ne sont pas arrivés spontanément en Biélorussie. C'est sans précédent. C'est une organisation criminelle internationale en quelque sorte. (…) C’est le type même de ce qu’on appelle la guerre hybride, une guerre qui se mène par des moyens non militaires. La Russie est championne de la guerre hybride.

- Au lieu de les mettre devant des barbelés et des caméras, le régime Bélarus devrait mettre à l’abri les familles qu’il a attirées et conduites vers l’enfer de la frontière. Il se rend coupable de trafic et de mise en danger de la vie de milliers de personnes. Honte à lui.

- Il ne faut pas faire des migrants un épouvantail comme le fait l'extrême droite française. Simplement il faut que nous sachions qui ils sont : c'est à l'Union européenne de décider qui entre sur son sol, ce n'est pas à un dictateur de forcer l'Europe à ouvrir ses portes. 

- Encore du travail pour la diplomatie européenne: les tensions en Bosnie-Herzégovine mettent le pays et la région en danger. Le mandat de l’opération européenne Althea a été prolongé. Toutes les puissances régionales et mondiales doivent s’abstenir de souffler sur les braises et calmer le jeu.

 

♦ Collectif de députés de la majorité présidentielle

[Tribune: «Nous, parlementaires de la majorité, voulons soutenir le développement des Écoles de Production»]
La Nation sera là pour vous accompagner. C’est le message du président de la République à la jeunesse française lorsqu’il annonce le contrat engagement jeune. Les jeunes de moins de 26 ans en manque de perspectives mais motivés pour suivre une formation à compter du 1er mars 2022 bénéficieront d’une allocation jusqu’à 500 € par mois. Si le chômage se résorbe, il y a encore en France des centaines de milliers de postes à pourvoir, notamment dans les métiers de l’industrie, qui font leur retour en grâce au lendemain de la crise sanitaire.
L’industrie propose près de 100 000 emplois sur tout le territoire sans réussir à recruter. Alors que nous sommes à un moment critique de réindustrialisation et de relocalisation, notre industrie doit freiner son développement, faute des compétences nécessaires. En complément des lycées techniques et des centres de formation des apprentis, le modèle des Écoles de Production apporte un début de réponse à ce paradoxe.
Les Écoles de Production sont des établissements privés d’enseignement, à but non lucratif, reconnus par l’État. Elles proposent un enseignement gratuit, à la fois fondamental et technique, à des jeunes de 15 ans, qui sont identifiés comme décrocheurs, et qui ont besoin de « faire pour apprendre ». Durant deux années, ils reprennent goût à la collectivité, au travail et retrouvent la fierté de produire et de se projeter dans un avenir possible. À l’issue de leur scolarité diplômante, la moitié des jeunes décident de continuer leurs études et les autres se voient proposer en moyenne 4 à 5 offres d’emploi en CDI.
Les Écoles de Production réussissent là où d’autres dispositifs sont moins efficaces face au décrochage scolaire. Nous sommes nombreux, élus au cœur de nos territoires, associations et entreprises, à encourager ces projets, à contribuer à créer cette synergie entre un bassin d’emploi, des industriels et des jeunes. On compte déjà 41 Écoles en France et elles accueillent un peu plus de 1 200 élèves chaque année. Il est temps de capitaliser sur le succès de ce modèle et de déployer des Écoles sur tout le territoire. Car comme le dit Périclès, « si on veut obtenir quelque chose que l’on n’a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l’on n’a jamais fait ».
Le gouvernement, par la voix d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’industrie, en partenariat avec la Banque des Territoires, vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt de 5 millions d’euros pour doubler le nombre d’Écoles d’ici fin 2023.
Nous, parlementaires de la majorité, lançons un appel pour lever les freins et soutenir le développement massif des Écoles de Production. L’avenir des jeunes est notre défi à tous. Nous appelons l’État à sécuriser les financements pour ce qui concerne les investissements dans la chaîne de production et les frais de fonctionnement. Nous appelons le ministère de l’éducation nationale à regrouper et accélérer les inspections des Écoles et à desserrer les contraintes sur la reconnaissance des directeurs d’établissements pour pouvoir recruter des industriels.
Nous appelons toutes les Régions à identifier les opportunités. Seules 6 Régions sur 18 ont signé une convention avec la Fédération Nationale des Écoles de Production et certaines Régions comme Grand Est ou dans les Outre-Mer ne comptent encore aucune École.
Enfin, nous appelons les entreprises industrielles à proposer du mécénat de compétence, en détachant, parmi leurs collaborateurs, des porteurs de projet aux compétences-métiers solides, qui soient capables d’établir des partenariats ambitieux et un mode de gestion pérenne. Puisque les élèves passent 60 % de leur temps en situation de production, les industriels doivent être au rendez-vous et passer des contrats de sous-traitance avec les Écoles. Répondre à ces commandes réelles est une véritable source de confiance et de fierté pour les élèves.
Un jeune, une solution. Le gouvernement investit plus de 9 milliards d’euros pour que chaque jeune trouve sa place dans la société. Grâce au soutien de la ministre du travail Élisabeth Borne, il alloue 7,5 millions d’euros aux Écoles de production pour 2022. À nous désormais de saisir cette main tendue et d’impulser, à notre niveau, les Écoles de demain, pour que nos jeunes réinvestissent les métiers qualifiants et que notre industrie sacre son retour en force.

[Signataires: Thomas Rudigoz, Député du Rhône, Sandrine Mörch, Catherine Fabre, Marie-Christine Verdier-Jouclas, Sylvie Charriere, Corinne Vignon, Pascale Boyer, Danièle Cazarian, Dominique David, Anne Brugnera, Jean-Michel Mis, Carole Grandjean, Anissa Khedher, Gilles Le Gendre, Fannette Charvier, Typhanie Degois, Jean-Marc Zulesi, Sira Sylla, Éric Alauzet, Jean-Charles Colas-Roy, Christophe Arend, Gaël Le Bohec, Céline Calvez, Laurence Maillart-Mehaignerie, Stella Dupont, Patrice Perrot, Adrien Morenas, Muriel Roques-Etienne, François Cormier-Bouligeon, Thomas Gassilloud, Patrice Anato, Philippe Chassaing, Thierry Michels, Yves Daniel, Jean-Louis Touraine]

 

1. Appel à l'action : défendre les droits de l’enfant dans l’environnement numérique
La sphère numérique fait désormais partie intégrante du cadre de vie des enfants. 
Nous reconnaissons que le numérique peut permettre aux enfants d’exercer pleinement leurs droits de l’Homme, en particulier le droit à l’éducation, la liberté d’expression, la liberté d’association et la liberté de réunion pacifique. Il leur offre de nouveaux moyens de nouer des relations sociales avec leurs pairs, d’accéder à l’information et de participer aux processus publics de prise de décisions. 
Nous sommes néanmoins conscients du fait que les enfants peuvent être confrontés dans l’environnement numérique à des contenus néfastes et violents et à la manipulation de l’information. Tout comme les adultes, les enfants ont le droit à la vie privée et ce droit doit être respecté. Par ailleurs, les interactions en ligne peuvent les exposer à des menaces amplifiées par la technologie, notamment l’intimidation et le harcèlement en ligne, la violence en ligne, y compris la violence sexuelle, l’exploitation et la prostitution, la sollicitation et la manipulation psychologique réalisées à l’aide de la technologie à des fins sexuelles, le proxénétisme en ligne, la traite des êtres humains, les violences sexuelles et sexistes ou la radicalisation violente en ligne. 
Nous appelons l’ensemble des gouvernements, des fournisseurs de services en ligne et des organisations concernées à se mobiliser en faveur des droits de l’enfant dans l’environnement numérique, à faire de la sécurité et de la protection des enfants dans ce cadre une priorité et à prendre part aux travaux en cours portant sur une déclaration conjointe pour la protection des droits de l’enfant dans l’environnement numérique. 
Nous réaffirmons notre attachement aux droits de l’enfant et à leur promotion, consacrés dans la Convention relative aux droits de l’enfant et dans ses protocoles facultatifs ainsi que dans les instruments régionaux applicables relatifs aux droits de l’Homme et aux droits de l’enfant dans l’environnement numérique, ce qui se traduit notamment par les mesures suivantes : 
1) Mieux éduquer les enfants aux enjeux de l’environnement numérique et créer des outils numériques adaptés pour eux 
Puisque les outils numériques peuvent se révéler très utiles pour les enfants, notamment à des fins éducatives, nous souhaitons permettre à ces derniers d’accéder à ces outils et à l’internet, travailler avec tous les partenaires concernés pour résorber les fractures numériques, y compris celles liées au genre et à la catégorie socio-économique, et encourager le développement des compétences des enfants en toute sécurité en veillant à ce qu’ils ne soient pas surexposés aux écrans à un trop jeune âge. 
Notre objectif est de favoriser l’accès de tous les enfants à une maîtrise des outils et à une éducation numériques adaptées dès leur plus jeune âge, afin de leur permettre d’utiliser les outils numériques de façon autonome et d’acquérir les compétences nécessaires pour naviguer, créer et interagir en ligne en toute sécurité, aidés par leur compréhension de l’environnement 
numérique, de ses perspectives, des possibilités qu’il offre et des menaces qu’il recèle. L’éducation aux médias et à l’information joue un rôle particulièrement important pour leur permettre de naviguer en ligne en toute sécurité et, par la suite, de devenir des citoyens éclairés dans une société toujours plus numérique. 
Nous renforcerons le soutien apporté aux parents, aux éducateurs et aux personnes s’occupant d’enfants afin qu’ils acquièrent la maîtrise des outils numériques et soient sensibilisés aux risques courus par les enfants, qu’ils puissent les aider à exercer leurs droits, notamment le droit à la sécurité, et les protéger face aux risques liés à l’environnement numérique. 

2) Protéger les enfants efficacement face aux menaces en ligne 
Nous appelons les gouvernements, les fournisseurs de services en ligne et les organisations concernées à coopérer plus étroitement pour protéger les droits de l’enfant en ligne. 
Nous sommes déterminés à appliquer une politique de tolérance zéro concernant la violence envers les enfants en ligne, et nous nous engageons par conséquent à prendre les mesures nécessaires, grâce à un partenariat transversal efficace avec les organisations privées et publiques, pour lutter contre l’exploitation et la violence sexuelles en ligne touchant les enfants, aider les victimes de violence en ligne et faciliter les poursuites contre les responsables. Nous nous engageons à lutter contre toute forme d’exploitation économique, y compris le travail des enfants, tant en ligne qu’hors ligne, et donc à faire preuve d’une extrême vigilance concernant les nouvelles formes de travail forcé des enfants dans l’environnement numérique. 
Nous sommes résolus à prendre les mesures nécessaires pour permettre aux enfants d’utiliser les technologies numériques de façon plus sûre, sans être exposés à l’intimidation ou au harcèlement en ligne ni à d’autres formes de violence en ligne telles que les discours de haine. Nous demandons aux fournisseurs de services en ligne de s’engager à mettre en place sur leurs plateformes des produits conformes dès la conception au principe de respect de la sécurité et de la vie privée, afin de réduire le plus possible les préjudices potentiels causés aux enfants. 
Nous appelons également les fournisseurs de services en ligne à se montrer extrêmement vigilants concernant toutes les formes de menaces en ligne pesant sur les enfants et à les faire cesser, notamment en respectant un devoir de vigilance en matière de droits de l’enfant. Nous demandons en particulier une amélioration des outils de contrôle parental respectueux des droits de l’enfant installés par défaut sur les appareils et dans les systèmes d’exploitation, afin de mieux protéger les enfants contre les contenus néfastes, ainsi que des mesures visant à garantir le retrait rapide et efficace des contenus montrant des violences sexuelles sur enfant ou constituant du harcèlement en ligne, dans le plein respect du droit international des droits de l’Homme. Nous demandons de surcroît la révision des algorithmes susceptibles de proposer des contenus préjudiciables aux enfants. 
Afin de progresser sur ces sujets, 
- nous nous engageons collectivement à achever nos travaux portant sur une « Déclaration sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique », afin qu’elle soit adoptée dans les meilleurs délais par tous les pays intéressés ; 
- nous exhortons collectivement les fournisseurs de services en ligne et les entreprises concernées à respecter des normes rigoureuses en matière de transparence et de responsabilité ainsi qu’à soutenir cette initiative sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique, notamment en lançant ou en élargissant leurs propres initiatives, en créant des groupes de travail sur cette problématique et en mobilisant des ressources pour accélérer leurs efforts ; 
- nous appelons collectivement la société civile à travailler sur ces questions, y compris en fournissant des avis de spécialistes sur la façon de renforcer les droits de l’enfant dans l’environnement numérique ; 
- nous nous engageons collectivement à susciter un élan et à engranger un soutien plus large en faveur des droits de l’enfant dans l’environnement numérique. Afin de suivre les progrès réalisés par les gouvernements et les fournisseurs de services en ligne et la mobilisation de la société civile, nous décidons d’organiser une nouvelle réunion lors du prochain Forum de Paris sur la paix en 2022 et de faire préalablement le bilan de nos efforts au début de l’année 2022 pour approfondir l’organisation de nos efforts collectifs; 
- nous lançons collectivement un appel à l’ensemble des parties, des gouvernements, des entreprises et des organisations non gouvernementales intéressés et concernés pour qu’ils rejoignent cet appel à l’action. 
2. Déclaration de Paris : Un appel mondial à investir dans les futurs de l’éducation
Préambule
- Nous, chefs d'État et de gouvernement, ministres et délégués ; dirigeants d'organisations multilatérales, de la société civile, représentants des jeunes et des enseignants, des fondations et du secteur privé, nous sommes réunis à Paris, en France, le 10 novembre 2021, à l’occasion de la Réunion mondiale sur l'éducation (2021 GEM). Nous saluons l’engagement fort que tous les acteurs ont manifesté ici à Paris en France, une capitale mondiale de l’éducation.
- Nous soulignons l’urgence de s’attaquer aux crises et aux inégalités éducatives exacerbées par la pandémie de COVID-19, qui menacent les progrès durement acquis vers la réalisation de l’Agenda 2030 pour le développement durable et qui éloignent davantage les groupes et les apprenants marginalisés en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté, dans les régions éloignées et rurales, les femmes et les filles, ceux qui sont touchés par les crises et les conflits ainsi que les personnes handicapées.
- Alors que la pandémie a pesé sur les économies mondiales, nous sommes préoccupés par l’impact financier qu’elle continue à avoir sur le financement de l’éducation, en particulier dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, où on déplore que moins de 1% des plans de relance COVID-19 ont été alloué à l’éducation.
- Nous reconnaissons que l’équité, la qualité et l’efficience ne sont pas des objectifs concurrents en éducation. Elles se renforcent mutuellement lorsque l’investissement dans les politiques éducatives est basé sur les faits probants et prend en compte les synergies ainsi que des compromis adéquats.
- Nous réitérons l’importance de la coopération multilatérale et l’engagement multipartite pour défendre l’éducation en tant que réponse clé pour la relance après la crise du COVID-19, en construisant des systèmes éducatifs et des sociétés résilientes, inclusives, innovantes et transformatrices en matière de genre. Nous saluons et soutenons la réforme en cours du Mécanisme mondial de coopération en matière d’éducation et le nouveau Comité directeur de haut niveau pour l’ODD4 Éducation 2030, officiellement lancé aujourd’hui.
- Nous apprécions le rapport de la Commission internationale sur les futurs de l'éducation, qui invite les gouvernements, les parties prenantes nationales et les citoyens du monde entier à forger un nouveau contrat social pour l'éducation, régi par les deux principes fondamentaux suivants : garantir le droit à une éducation de qualité tout au long de la vie et renforcer l'éducation en tant que bien public commun.

L'éducation mérite que les promesses soient tenues - Pour un investissement d’avenir 
L'éducation est un investissement qui nécessite un financement durable. Nous reconnaissons que les ressources nationales - en particulier les recettes fiscales - sont essentielles et restent une source de financement primordiale pour l'éducation.  Nous nous appuyons sur les appels à actions précédents y compris la déclaration de Kenyatta des chefs d'État et de gouvernement des pays en développement partenaires duL'éducation est un investissement qui nécessite un financement durable. Nous reconnaissons que les ressources nationales - en particulier les recettes fiscales - sont essentielles et restent une source de financement primordiale pour l'éducation.  Nous nous appuyons sur les appels à actions précédents y compris la déclaration de Kenyatta des chefs d'État et de gouvernement des pays en développement partenaires du Partenariat Mondial pour l’éducation (PME) pour prioriser, protéger et augmenter le financement national de l’éducation.  
Nous exhortons tous les gouvernements à respecter sans délai les engagements qu'ils ont pris lors du Forum mondial sur l’éducation d’Incheon en 2015 et lors des Réunions mondiales sur l’éducation en 2018 et 2020 de : allouer au moins 4 à 6 % du PIB et/ou au moins 15 à 20 % des dépenses publiques totales à l'éducation ; consacrer une part adéquate des plans de relance nationaux à l'éducation, en particulier pour un soutien ciblé à la reprise des apprentissages, aux élèves les plus en difficulté, à l’établissement d’un cadre scolaire favorable à l’épanouissement de tous et à la formation tout au long de la vie, en particulier pour les personnes en recherche d’emploi ; accroître le volume, la prévisibilité et l'efficacité de l'aide internationale à l'éducation : a) en respectant le seuil de 0,7 % du revenu national brut (RBN) des donateurs pour l'aide publique au développement (APD) aux pays en développement ; b) en augmentant la part de l'APD à l'éducation en pourcentage de l'APD totale et c) en veillant à ce que l'aide internationale à l'éducation soit alignée sur les plans nationaux d'éducation et conforme aux principes d'efficacité de l'aide.
- Nous exhortons tous les gouvernements à développer des stratégies visant à accroître les ressources allouées à l’éducation et à les utiliser d’une façon efficace afin d’assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d'apprentissage tout au long de la vie. À cette fin : 
Augmenter les recettes qui permettront un accroissement des budgets nationaux de l’éducation notamment par des mesures qui renforcent la conception et l’équité du système fiscal ainsi que par des mesures de financements innovants et des coopérations public-privé. 
Investir dans les priorités politiques clés pour la reprise et l’accélération des progrès vers l’ODD 4, telles que garantir une éducation équitable, inclusive et de qualité dès le plus jeune âge, la formation et le développement professionnel des enseignants, l’employabilité des jeunes et la transformation numérique du secteur de l’éducation.

Prochaines étapes 

- Nous poursuivrons le dialogue et la coopération renouvelée sur le financement de l'éducation ainsi que les progrès des résultats de l’éducation lancés aujourd’hui à Paris. Nous demandons à l'UNESCO, aux États membres et à l’ensemble des partenaires de collaborer à la recherche, à l'analyse des politiques, le plaidoyer, le partage des connaissances et le renforcement des capacités à travers le Comité directeur de haut niveau ODD 4-Éducation 2030 et ses outils, y compris l’observatoire mondial de l’éducation. 
-  Nous chargeons le Comité directeur de haut niveau de : i)  décider en consultation avec ses groupes constitutifs des priorités stratégiques  et thématiques pour la communauté mondiale de l’éducation jusqu’en 2025 lors de sa réunion annuelle en 2022, ii) décider des actions prioritaires pour combler les lacunes dans les données pour un suivi efficace de l’ODD 4 et iii) décider des actions recommandées pour un financement accru, efficace et équitable de l’éducation afin de répondre aux priorités et aux actions catalytiques et de respecter les engagements de la Déclaration de Paris de la réunion mondiale sur l’éducation 2021.
- Nous appelons les dirigeants de tous les gouvernements et les partenaires à exprimer leur soutien à cette déclaration de Paris et à nous engager à investir dans l’éducation pour l’avenir de l’humanité et de la planète.