En huit jours, les deux composantes principales de la
majorité présidentielle ont tenu leurs grands rassemblements de rentrée au
cours duquel chacune d’entre elles a loué l’autre et s’est prononcée pour une
union d’intérêt mais aussi, si ce n’est de cœur, de compagnonnage et de proximité
intellectuelle.
Pour autant, ceux qui ont adhéré à LaREM ne sont pas ceux qui
sont membres du MoDem.
Les premiers ont rejoint un mouvement qui voulait
transcender les partis et la vie politique quand les seconds sont venus
participer à la création d’un parti du Centre.
Bien sûr, ils sont proches idéologiquement parlant comme le
montrent les sondages sur leurs préoccupations, leurs valeurs, leurs visons de
la politique à mener et ils font partie de l’axe central.
Mais dire que LaREM et le MoDem sont la même chose et qu’ils
pourraient se fondre en un «Grand parti démocrate» relève de la supercherie.
La diversité des adhérents de La REM venus d’horizons divers
est bien différente de la composition monolithique des militants du MoDem.
Beaucoup des premiers ne se verraient pas se mêler aux
seconds qui, eux, jalousent leur «indépendance» pour laquelle ils ont payé les
années passées le prix fort.
En réalité, LaREM possède en grande partie les
caractéristiques d’un vrai mouvement où la composition hétéroclite en est une
des distinctions majeures – d’où d’ailleurs le nombre important de départs
depuis 2017 – alors que le Mouvement démocrate a, lui, toutes celles d’un parti
traditionnel.
Au-delà de plusieurs divergences sur certains sujets,
parfois instrumentalisées par le MoDem, le plus petit des deux donc celui qui
doit absolument affirmer son existence, surtout, c’est leur engagement en
politique qui différencie les membres des deux formations parce qu’ils ont d’abord
décidé de soutenir deux personnalités – et non une idée comme c’est le cas pour
d’autres partis – qui ne sont pas solubles l’une dans l’autre, Emmanuel Macron
et François Bayrou, sans eux pas de LaREM et de MoDem.
Macron n’est pas un Bayrou jeune et Bayrou n’est pas le
mentor politique de Macron.
Le cliché que tente d’imposer pour des raisons évidentes le
président du MoDem sur sa soi-disant complicité avec le Président de la
république ne doit pas masquer leurs profondes différences et même leurs
rivalités puisque l’un a piqué le poste que convoitait l’autre depuis si
longtemps et dont il ne s’est toujours pas résolu à abandonner la conquête ce
qui provoque à périodes répétées des frictions.
En revanche, LaREM et le MoDem peuvent tout à fait s’allier
dans une structure de coordination et de liaison parce que c’est leur intérêt
et qu’ils défendent tous deux une démocratie républicaine de la responsabilité,
de la méritocratie et du respect et qu’ils sont au centre de l’axe central.
En outre, on peut se poser la question de savoir si la
création d’un «grand parti démocrate à la française» avec tous les attributs d’une
vraie formation politique, n’aurait pas l’effet inverse de celui recherché.
Au lieu de booster l’offre politique, elle pourrait la
rétrécir et donc elle pourrait offrir moins de choix à ceux qui seraient tenté
de rejoindre la majorité présidentielle.
Faire union sans pour autant faire réunion, faire assemblage
sans faire fonte c’est d’ailleurs tout le challenge des dirigeants des deux
partis et c’est sans doute pourquoi ils n’ont toujours pas trouvé la formule
magique.
En réalité c’est plutôt un concubinage ouvert qu’un mariage
fusionnel que leurs dirigeants recherchent autour d’une sorte de syncrétisme
central.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC