Voici une sélection, ce 27 septembre 2021, des derniers
propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en
France.
► Emmanuel Macron
(Président de la République)
[Covid19] En Afrique, à peine 3% de la population
est vaccinée. On doit aller plus vite, plus fort. La France s’engage à doubler
le nombre de doses qu’elle donne, soit 120 millions de doses.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Jean Castex (Premier
ministre)
[Discours à l’université du MoDem]
(…) Partout où je me déplace, et
Dieu sait si je me déplace, je recommence à voir des gens réunis et heureux
d’être réunis. Et ceci, mesdames et messieurs, est sans doute dû à la
formidable mobilisation que tous ensemble, le peuple français dans son immense
majorité, a effectué, avec la très grande résilience qu’il a mise dans la lutte
contre cette crise sanitaire inédite qui n’est pas finie… Nous devons être
vigilants, rester mobilisés, mais la gestion de cette crise révèle, en tout cas
lorsque l’on se compare à tous les pays du monde, mesdames et messieurs, que
nous n’avons pas à rougir.
(…) Ce n’était peut-être pas écrit, il y
a un certain nombre d’années, que nous nous retrouverions, ici ou ailleurs, à
partager ensemble des moments politiques très importants pour notre pays.
Des choses sérieuses. (…) Quand je vois ce qu’il se passe aujourd’hui, ce
dont témoigne ma présence parmi nous, je le vis et le ressens comme un progrès
majeur dans notre histoire politique. Si on parle des références littéraires, les hommes, et
j’ajouterai aujourd’hui aussi, les femmes, de bonne volonté, peuvent se
retrouver alors que des lignes politiques souvent factices les en ont trop
souvent empêchés. C’est à Emmanuel
Macron que nous devons, mesdames et messieurs, cette évolution formidable pour
notre pays et pour notre démocratie. (…) Outre que nous savons toujours nous retrouver sur l’essentiel, outre que
vous avez compris que la vie politique c’est le collectif, à un moment donné,
nous devons trouver des compromis, des équilibres.
Il n’a échappé à personne, du reste, et
certainement pas à moi, que nous sommes dans un moment très particulier de
l’histoire de notre pays. Pas seulement, mais disons-le, cela compte un peu,
parce que s’approche chaque jour davantage une échéance, un rendez-vous majeur
pour notre pays, mais aussi parce que la France, l’Europe, le monde, sont
confrontés à une crise inédite. Sur le plan sanitaire, les historiens nous
ramènent à la grippe espagnole de 1918-1919. Sur le plan économique, il faut
remonter à la crise de 1929 et à la deuxième guerre mondiale pour que notre
taux de croissance ait été aussi fortement amputé. Et il se trouve que de toutes les composantes
de la majorité, du Premier ministre aux parlementaires, aux militants, il se
trouve que c’est nous qui sommes en responsabilité pour faire face à cette
situation exceptionnelle. Quand je
me promène, quand je vais au contact de mes citoyens, plaisir suprême pour moi,
les gens ne sont pas hostiles. Ils me disent souvent: «Oh là là, M. le Premier ministre, je n’aimerais
pas être à votre place…». Et je
leur réponds inlassablement, comme sans doute vous pourriez le faire à
ma place: «Détrompez-vous, madame,
détrompez-vous, monsieur. Rien n’est plus beau que de servir notre pays, et
particulièrement quand il est dans la tempête».
C’est pour cela que le premier message
qui est le mien ce matin: le peuple
français nous regarde. Vous connaissez bien le peuple français, son histoire,
ses caractéristiques. Ce n’est pas un peuple très facile à gérer… Il a sa personnalité, son caractère, on ne le
changera pas. Quelque part, c’est heureux. Il faut être fier de son peuple.
Dire aussi qu’il y a des choses à changer, c’est le rôle du Premier ministre.
Mais ne nous trompons pas de
diagnostic: c’est un peuple très
politique, il nous observe. Il aime bien envoyer des fléchettes à ses
dirigeants. C’est surtout une façon de les tester dans l’adversité, de mesurer
leur sens de l’intérêt général, leur capacité à faire face. Nous devons faire
face. Il nous regarde, il nous observe. Ce que nous devons faire, c’est mon premier message, je le répète, c’est
travailler, travailler, travailler encore au service de nos concitoyens. Ils
voient bien, malgré toutes les polémiques, les réseaux sociaux, ce qui se dit,
ce peuple sait distinguer les choses. J’en suis convaincu. Il peut regarder les
résultats.
(…) Il y a beaucoup à dire car nous
faisons beaucoup pour notre pays. Si c’était faux, mesdames et messieurs, ils le verraient parfaitement.
Parfaitement. Si nous n’étions pas ensemble, comme je le suis personnellement,
je suis derrière le président de la République en première ligne, donc je dois
plus que tout autre montrer l’exemple… si nous n’étions pas au service du pays,
à chaque minute, engagés jusqu’aux bout de nos forces, si nous ne faisions pas
avec sincérité et humilité… cette crise est inédite, sans doute avons-nous pris
des décisions parfois inadaptées?
Qui ne l’a pas fait ? A part celles et ceux qui n’ont jamais exercé aucune
responsabilité et dont vous observerez qu’ils sont les premiers à donner des
leçons aux autres… Ne donnons aucune leçon. Travaillons et montrons à voir ce
que nous faisons.
Notre pays peut être, dans les
circonstances que nous traversons, fier de lui-même. Je ne dis pas cela pour le
gouvernement de la République, quoique, et pour la majorité qui le soutient
sans faille, et pour les militants qui l’accompagnent au quotidien, je
dis cela car c’est la réalité: Nous
n’avons aucune raison de nous auto-flageller. Par rapport à ce qu’il se passe
ailleurs, oui, je le dis, c’est aussi une façon d’être fier de notre pays à
côté de la collection des gens qui vous disent que tout va mal, il fait bon vivre dans notre pays! En ajoutant immédiatement que notre devoir de dirigeant, de politique, de
responsable, c’est de veiller à celles et ceux de nos concitoyens, de nos
territoires, dont la situation demeure très difficile et que nous devons
impérativement aider à s’en sortir. C’est cela l’action publique.
Ce travail explique aussi que notre pays
est celui, en Europe, dans le monde, où la croissance économique est la plus
forte. Mesurez bien : Si j’étais venu m’exprimer l’année dernière, si les
conditions sanitaires ne m’en avaient pas empêché, je serai le Premier ministre
confronté au taux de chômage le plus élevé de l’histoire, au nombre de faillites
le plus élevé de l’histoire, à un effondrement quasi complet de notre économie
et de notre société. Par les mesures que nous avons prises, par l’esprit de
résilience de nos concitoyens, par la solidarité nationale qui s’est exprimée,
nous avons tenu le choc. Il ne
faut pas jamais les négliger. On donne
très souvent la parole à ceux qui protestent de façon véhémente, radicale. Vous
devez croiser tous les jours comme moi des membres de la majorité silencieuse
pour lesquels je veux avoir une forte pensée aujourd’hui. Tout simplement.
Nous devons continuer inlassablement à
protéger nos concitoyens, à renforcer et transformer la France. C’est un
impératif collectif. Cette relance économique par le travail, l’investissement,
c’est une priorité absolue. Je
vois les débats qui sont devant nous. Non sans quelque curiosité, j’entends que
les mêmes nous expliquaient il y a un an, quand j’ai présenté le plan France
Relance, que nous étions des petits joueurs... Les mêmes qui disaient cela
semblent nous reprocher de dépenser trop. Comprenne qui pourra!
En réalité, nous n’avons aucune leçon à
recevoir sur les questions d’équilibre des comptes publics et de préservation
de l’avenir. C’est un sujet extrêmement sérieux. Même les experts les plus
sévères – je pense au FMI – nous disent que rien ne serait pire, alors que
cette crise sanitaire et économique n’est pas terminée, de faire comme on l’a
fait par le passé, de succéder à la relance par l’austérité. Cela ne marcherait
pas ! La société s’en trouverait d’autant plus affaiblie et dégradée.
Je le dis, clairement : nous devons
continuer à investir, à travailler, et nous mettrons toutes nos forces dans ce
défi. Voyez bien d’ailleurs l’actualité du jour : Nous avons réussi à
recréer un nombre d’emplois considérable, le taux de chômage est déjà revenu à
celui d’avant-crise alors même qu’on avançait cette perspective à la fin de
2022. Dès la fin de cette année, au plus tard au début de la suivante, nous
aurons reconstitué le stock de richesse nationale perdu depuis la crise
sanitaire de 2020. Nous avons, plus que n’importe quel pays, préservé le
pouvoir d’achat de nos concitoyens.
Et aujourd’hui, que nous dit-on? Où est l’urgence? Pour voir ces emplois ainsi crées. C’est pour cela que par la formation,
par la mise en œuvre de l’assurance-chômage, par la négociation de branche,
nous en avons fait l’impératif majeur de cette rentrée. Ramener le maximum de
nos concitoyens au travail et à l’activité. Faire de notre économie la
plus transformatrice, celle qui se numérise, celle qui se décarbone, celle
qui reconquiert sa souveraineté : c’est comme cela que nous rembourserons
nos dettes et que nous comblerons notre déficit. Tel est notre objectif. Nous
devons travailler pour les Françaises et les Français, inlassablement, jusqu’au
dernier jour, pour ce qui concerne mon Gouvernement et la majorité.
Dans le même temps, nous devons dessiner
l’avenir. Ce qu’attendent nos concitoyens, ce n’est pas simplement de faire
face, de gérer la crise avec les résultats que vous savez, ils nous demandent
d’en tirer toutes les conséquences les plus structurelles, en donnant un sens, un cap, à l’avenir. Nous devons être
au rendez-vous de tous ces défis:
la transition écologique, la souveraineté économique, la cohésion sociale et
territoriale. C’est tout l’objet du plan de relance, des lois que le Parlement
a adoptées et va continuer jusqu’au bout, à adopter.
Nous avons, chevillé au corps, que nous
devons avoir une économie plus forte, plus résiliente, mieux adaptée aux enjeux
du monde et de demain, parce que nous croyons à la justice sociale, à notre
modèle social, et que nous devons lui donner les moyens de s’adapter aux enjeux
du vieillissement, de la pauvreté, de l’activité. C’est cela que sous
l’autorité du président de la République, mon gouvernement, la majorité, a
entrepris et continuera inlassablement à mener jusqu’au bout.
Une société plus humaine mais aussi, plus européenne. Nous devons revendiquer
notre identité européenne. La
souveraineté de la France, à laquelle je suis particulièrement attaché, passe
par la souveraineté européenne. Le 1er janvier prochain, nous y
travaillons d’arrache-pied: il se trouve
que la France va prendre la présidence française de l’Union européenne. C’est
un moment très important. Je vous le dis : je suis fier que soit Emmanuel
Macron qui soit à la barre, à la manœuvre, dans ce moment-là. Nous nous sommes fixés des
objectifs ambitieux pour faire valoir une vision de la France dans
l’Europe, qui est toujours la sienne : respectueuse des autres partenaires,
mais qui caractérise notre œuvre commune. Nous travaillons ardemment à faire
aboutir pendant cette présidence française le SMIC européen. C’est tellement
important pour nos concitoyens, cette Europe sociale. Nous voulons par exemple
faire avancer, peut-être aboutir, cette taxe carbone aux frontières de l’Union
européenne. Car il n’y a aucune raison, alors que nous sommes parmi les plus
vertueux sur le sentier de la transition écologique, que rentrent en Europe des
produits venant de pays moins respectueux de ces règles, qui du coup sont moins
chers et viennent concurrencer nos producteurs, nos agriculteurs. C’est cela le
chemin européen de la France.
Et puis, il y a évidemment des projets,
l’action, des résultats. Il n’y a, je ne cesse de le dire depuis mon entrée en
fonctions, une méthode, une façon de faire. J’ai dit lorsque je me suis présenté devant les parlementaires, députés et
sénateurs, à la faveur de mon discours de politique générale que je serais
l’homme de l’« intendance ». Quel gros mot ! Je vois beaucoup de
champions des idées. Mais pour faire société, pour donner du sens, j’ai la
conviction que le « comment » a autant d’importance que le
quoi. Alors oui, c’est vrai, je vous invite à revendiquer autour de vous
que nous devons être le parti du rassemblement. Plus que jamais dans la crise, inlassablement, alors que les discours
radicaux pourraient donner l’illusion d’apporter des solutions, plus que jamais
notre pays a besoin d’être rassemblé. Plus que jamais. Ce n’est pas facile, car
il faut apprendre, réapprendre à vivre les uns avec les autres.
J’ai la conviction par mon histoire, par
mon passé, par ce que je sens au plus profond de moi-même, que cette
recicatrisation du pays, son développement, passera par les territoires. Je
l’ai dit, je l’illustre. Je vais beaucoup dans les territoires, à la rencontre
de mes concitoyens. Nous étions vendredi dans l’Yonne. J’aime la France des
sous-préfectures. Nous avons été les premiers à nous attaquer à la
désertification médicale, au numerus clausus, au fond du problème !
Quand j’étais mardi, il y a trois jours,
en Seine-Saint-Denis, pour m’occuper notamment des quartiers de la politique de
la ville, je le fais aussi. En toute circonstance, nous menons une politique
cohérente : ressouder la France. Faisons-le avec bon sens, avec humilité, avec sincérité : n’oublions
jamais que la première vertu de la politique, monsieur l’ancien ministre de
l’Education nationale, c’est la pédagogie. Expliquer ce que nous faisons.
Surtout quand nous avons fait, nous faisons et nous ferons beaucoup pour notre
pays. Rassembler, fédérer, écouter, éclairer l’avenir.
Au fond, au-delà des débats idéologiques
et, vous les voyez se dérouler sous nos yeux sans que j’aie besoin de
commenter... Les Français voient bien.
Nous devons nous-mêmes nous rassembler,
montrer l’exemple, quand d’autres, sans doute, laissons-le leur, afficheront
leur division. Nous devons le faire dans la clarté et dans la sincérité.
Je vois des gens aujourd’hui qui, sans
doute pour conquérir un certain type d’électorat, radicalisent leur discours au
point de n’être plus eux-mêmes. Les Français s’en aperçoivent. Soyons nous-mêmes. Sans fierté excessive. Tout
est là. A l’écoute de nos
concitoyens qui ont tant à nous apprendre.
De ce rassemblement fort dont nous devons
montrer le chemin résultera un élargissement. Nous devons faire venir à nous,
élargir.
Au bout du bout, au-delà des débats
idéologiques légitimes, nous sommes une grande démocratie. Toutes les idées se
respectent. Mais n’oubliez pas particulièrement dans ces temps troublés, dans
ce monde plus incertain que jamais, qu’au bout du bout, nos concitoyens se
poseront la question : qui est le plus capable ? Le plus à même de
rassembler la nation France ? De porter les belles valeurs
historiques ? De la représenter, de la faire prospérer ? Ce sera, comme
toujours, dans ce rendez-vous avec nous-mêmes qu’est une élection
présidentielle, la question ultime.
Si nous continuons à travailler, à être
humbles et à l’écoute, à éclairer l’avenir, à rassembler, à commencer par
nous-mêmes, alors on peut espérer pour notre pays et pour 2022.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)
- Le premier pilier de la démocratie, c'est la
liberté. C'est la garantie des droits. Mettre la liberté au centre de la
république, c'est une idée profondément républicaine.
- Nous sommes dans une période
historique complexe où la démocratie peut se sentir fragilisée. Les régimes
autoritaires gagnent du terrain. Ce qui sauvera la démocratie, c'est la
république.
- L'éducation a été l'élément de
consolidation fondamental de la république. On peut faire un parallèle entre la
fragilisation de la république et de l'éducation avec des abaissements de la
pensée critique et de la culture scientifique.
- Les grands enjeux qui nous touchent
seront relevés avant tout par l'éducation, ce qui est d'autant plus vrai avec
le contexte sanitaire. C'est aussi une catastrophe éducative qui s'est passée à
l'échelle mondiale.
- Tous les enfants vont à l'école,
mais chaque enfant est un cas particulier. L'école doit être capable de
personnaliser les parcours, en particulier si les enfants ont des troubles ou
des handicaps.
Bruno Le Maire
(ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)
- Il n'y aura plus d'indépendance politique s'il n'y
a pas d'indépendance technologique. Il n'y plus de souveraineté nationale sans
souveraineté européenne ! L'indépendance française dépend aussi de la
souveraineté européenne
- Non je ne suis pas un homme de
droite, et je ne suis pas davantage un homme de gauche. Quand j’entends les
candidats des Républicains désespérément dire qu’il faut restaurer la droite,
non c’est la France qu’il faut restaurer.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
- A l’heure du bilan, nous pouvons dire que nous
avons fait le bon choix pour le pays. Y-a-t-il un autre pays au monde qui a
autant protégé l’économie, a été au rendez-vous de la vaccination, et protégé
autant de libertés.
- Nous sommes à l'aube d'une grande
et belle élection. Ce sera le moment d'aller parler avec les français de leurs
problèmes, les écouter plutôt que leur imposer des choses.
Jacqueline Gourault
(ministre des Territoires et des Relations avec les collectivités
territoriales)
- Notre famille politique a un devoir de réflexion
mais aussi de pédagogie. On est dans un monde de populisme, c'est-à-dire au
fond l'arrangement avec la vérité, la conscience et la responsabilité. La
société est tirée vers le bas.
- Conscience et responsabilité sont
indissociables. À partir du moment où nous avons conscience de l'état de notre
pays, notre responsabilité est bien de construire le grand Centre.
- Je suis convaincue que les Français
ont besoin de responsables nationaux et de responsables locaux qui travaillent
ensemble. Tous ceux qui font commerce des oppositions entre national et local
sont des dangers publics.
- La différenciation des politiques
peut fonctionner parce qu'on a besoin d'emmener des outils et des ressources
différentes selon les territoires. Le rôle de l'État est aussi de mettre fin
aux inégalités et aux fractures.
- On sait qu'on est efficaces
lorsqu'il y a une action conjointe de l'État et des collectivités. Or par
populisme, il y a des politiques qui aggravent les clivages. Je crois en la
politique de contractualisation pour aller vers l'équité.
- Les Français sont très attachés au
sentiment d'égalité et au rôle de l'État. La France se situe en réalité sur une
ligne de crête entre ce sentiment et le respect des cultures locales, qui
conduit à des oppositions.
- On parle souvent de sentiment, que
ce soit de fracture, d'inégalité. La première question, c'est de distinguer la
réalité des sentiments. Nous sommes dans l'un des pays les plus redistributifs,
sans être capables de le rappeler.
- Dans la mission qui est la mienne
au Ministère, c'est un combat quotidien d'expliquer aux élus locaux que la
France est un pays dans lequel les grandes réalisations se sont toujours faites
par l'alliance des collectivités et de l'État.
- Une société plus apaisée, c'est un
objectif que nous recherchons tous. Il y a beaucoup d'inquiétudes et
d'interrogations, notamment vis à vis du monde politique, des institutions et
des autorités en général.
- Nous sommes le premier pays
européen sur le développement de la fibre, c'est fondamental, d'autant plus quand
on pense que le téléphone a pris 50 ans pour couvrir le territoire. Nous avons
fait un saut en avant durant ce quinquennat.
Eric Dupond-Moretti
(Garde des Sceaux, ministre de la Justice)
- En matière de justice, le pragmatisme doit s’imposer. Le rappel à la loi
était un dispositif mal perçu de nos compatriotes, de nos forces de l’ordre et
de nos élus. Cette réponse pénale, trop faible pour être efficace, représente
30 % des alternatives aux poursuites, soit 270.000 décisions dont 180.000
prononcées par les seules forces de l’ordre. Si la supprimer est du bon sens,
une alternative s’impose.
Dans le cadre de mon projet de loi «confiance en la justice», et après de
nombreuses consultations des magistrats, je souhaite que l’on crée
l’avertissement pénal probatoire. Il sera effectif dès le 1er janvier
2023. Il sera délivré par la justice qui, pendant un an, mettra les mis en
cause sous surveillance. Dans le cas d’une autre infraction durant cette
période, ils seront alors jugés pour les deux délits, le nouveau et l’ancien.
Ce dispositif permet de rompre avec le caractère évanescent du rappel à la loi,
pour une mesure plus efficace de lutte contre la primo-délinquance, et de
décharger les forces de l’ordre d’une tâche lourde. En seront exclus, dès la
promulgation de la loi, les délits de violence contre les personnes
dépositaires de l’ordre public ou détentrices d’un mandat électif et, au 1er juin
prochain, tous les délits de violences. Nous travaillons avec les procureurs
pour que la justice soit au rendez-vous de cette réforme, notamment en
augmentant encore les crédits permettant le recours aux délégués du procureur.
- Nous généralisons peu à peu la procédure pénale
numérique à toutes les juridictions, ce qui simplifie le travail des greffiers.
- [En ce qui concerne] la lutte contre les violences
conjugales, allons au bout de l’expertise: les dispositifs de protection des
victimes que l’on a mis en place permettent d’éviter des milliers
d’infractions. Les aménagements de peine sont passés de 2 à 12 % entre
2019 et 2021.
- Nous avons mis en place la justice de proximité dont la
mise en œuvre et l’application sont simples. La loi «confiance dans la justice»
à venir prévoit aussi de nombreux outils de simplification, comme la mise en
état des dossiers de cour d’assises qui va permettre d’organiser l’audience. En
matière civile, la généralisation de la médiation est un facteur de
simplification. En face de chaque réforme, nous avons mis des moyens. Quand
nous créons le Code de justice pénale des mineurs, nous augmentons de
45 millions d’euros le budget de la protection judiciaire de la jeunesse,
soit une hausse de 6 %. Depuis deux ans, le gouvernement augmente
considérablement les effectifs de la justice. L’année dernière, 2100 juristes
assistants et renforts de greffes ont été embauchés. Cette année, nous avons
passé la barre symbolique des 9000 magistrats. Il s’agit du plus grand plan
d’embauche depuis vingt-cinq ans. C’est une bouffée d’oxygène pour l’ordre
judiciaire, qui ne peut qu’accélérer le cours de la justice. Enfin, très
concrètement, lors des États généraux de la justice, nous allons aussi nous
employer à dégraisser la procédure pénale et civile.
- Je veux être dans la décroissance législative. Mais, dans
le sillage de l’affaire Samuel Paty, fallait-il ne rien faire contre la haine
en ligne? Fallait-il, au sujet de l’affaire Halimi, ne pas prendre en compte
les réquisitions du parquet général signalant un vide juridique en matière
d’irresponsabilité pénale? Et fallait-il ne rien faire en faveur de la protection
des mineurs contre l’inceste et le viol? D’ailleurs, bien de ces textes ou de
leurs dispositions en abrogent d’autres, plutôt qu’ils ne s’ajoutent. Et vous
m’auriez sans doute fait grief, si nous n’avions pas pris ces mesures utiles.
C’est la société qui fait évoluer le droit et non le contraire.
- [Budget du ministère de la Justice] C’est d’abord un
budget historique qui dépasse d’un demi-milliard d’euros ce qui avait été prévu
en début de quinquennat. Il y a 650 magistrats de plus en juridiction qu’en
2017. Et cinquante de plus seront embauchés en 2022. Après cela, on peut
toujours discuter du point d’équilibre optimum quant à leur nombre.
Aujourd’hui, alors que nous avons donné aux magistrats les moyens d’agir, se
pose davantage la question de la manière de travailler.
Les magistrats revendiquent moins des effectifs que d’être des chefs d’équipe
qui pilotent des juristes assistants et des greffiers. Pour ces derniers, nous
avons bien conscience de leur nombre encore insuffisant malgré une école que
l’on fait tourner à plein régime. Les États généraux de la justice pourraient
permettre de trouver des solutions en travaillant par exemple sur la
redéfinition de leurs tâches.
- [Prison] Notre plan nous permettra d’atteindre
75.000 places. Si cela avait été 80.000, M. Bertrand c’est
«M. Plus», il en aurait sans doute proposé 85.000. Concrètement, les
crédits dédiés à la construction de places de prison en 2022 s’élèvent à
636 millions d’euros au total, soit une hausse de 62 % en deux ans.
Ces sommes nous permettent d’aller au bout du premier plan de 7000 places
de prison qui vont voir le jour ou ont déjà vu le jour, comme à Lutterbach. Et
c’est à mettre au crédit de notre mandature, pas d’une autre. Allez à Caen,
Le Mans, Valence, Avignon, Osny, Meaux, Bordeaux ou encore Troyes pour
voir s’il n’y a pas de chantiers! Nous lançons aussi la seconde tranche de
construction de 8000 nouvelles places, qui sont désormais budgétées et
localisées. J’ai moi-même négocié avec tous les élus. Je suis donc ulcéré du
procès qui nous est fait au sujet de ces 15.000 places de prison. Les
mêmes qui vitupèrent dans les médias, souvent des élus de droite, sont ceux
qui, par-derrière, font tout pour ne pas avoir d’établissements sur leur
territoire.
- [États généraux de la justice] Cela répond à la demande
adressée au président de la République par les deux plus hauts magistrats de la
Cour de cassation, Chantal Arens et François Molins, après l’expression de
tensions fortes dans la société contre la justice. Ils sont dans leur rôle. Je
mets en œuvre ces États généraux avec enthousiasme, pour améliorer le
fonctionnement de notre justice et nous en reparlerons très vite.
- [Peines planchers] Il faut que la droite arrête de
recycler cette proposition. Si demain, vous me donnez la démonstration que
cette solution est susceptible d'éradiquer la délinquance, je suis preneur,
a-t-il assuré. Je ne suis pas un idéologue. Il s'avère qu'on l'a testée. Non
seulement ça n'a pas marché et il y a eu aussi plus de délinquance. C'est pour
ça que les peines planchers ont été abandonnées.
Frédérique Vidal
(ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)
Quatre ans après le discours de La Sorbonne du
Président de la République Emmanuel Macron, les universités européennes sont une réalité tangible
: 41 universités européennes
lancées, 33 établissements français impliqués, 1/4 des projets est coordonné par la France.
Amélie de Montchalin
(ministre de la Transformation et de la fonction publique)
- L’écologie à laquelle nous croyons, c'est une
écologie du quotidien ! Dans ce gouvernement pas de discours incantatoire ni moralisateur, mais une
transition concrète pour tous les Français, et des résultats près de chez vous.
- Ceux qui caricaturent le Président
en élite parisienne déconnectée ont tout faux. Son gouvernement est le premier
à suivre et à présenter les résultats de son action département par
département. Prendre des engagements, les tenir dans la vie quotidienne, le
prouver.
- La pseudo radicalité de droite ou
de gauche qui voudrait décroître, déconstruire, ou tout réduire à
l’immigration, c’est surtout celle qui rétrécit et abaisse le débat politique.
Marc Fesneau
(ministre chargé des relations avec le Parlement et de la participation
citoyenne)
- Une démocratie est un tout : des représentants
nationaux et locaux qu'on élit, des syndicats représentant des secteurs, et des
citoyens. La fracture entre citoyens et élus vient du sentiment de ne pas être
représentés par les élus.
- La première œuvre d'un politique
est de vivre comme tout le monde avec tout le monde. Un politique doit à la
fois écouter les citoyens et prendre des responsabilités, c'est pour cela qu'il
est élu.
- Nous devons renforcer le pouvoir du
parlement, aller plus loin. Si les parlementaires sont plus à même de porter
les décisions, ça n'affaiblira pas le gouvernement mais évitera qu'il soit seul
face aux décisions finales.
- Comment voulez-vous par exemple
prendre des décisions sur le réchauffement climatique, quand la première
réaction de nombreuses personnes, c'est répondre qu'il n'existe pas?
- Il est sain que les citoyens ne
donnent pas un quitus éternel et que nous ayons à leur rendre des comptes. Nous
sommes dans un moment où tout est ébranlé, la raison, la science. C'est
difficile de décider quand tout est remis en cause.
- Nous sommes collectivement responsables
du sentiment d'abandon créée dans les territoires. Ca fait écho à l'absence
d'espace de dialogue pour les citoyens à l'échelle de certaines collectivités
comme les intercommunalités ou les régions.
- Un projet qui prend 20 ans c'est
qu'il a un problème. On a besoin d'une réflexion à long terme, et en même
temps, on a besoin d'adosser des projets concrets qui arrivent dans du temps
court.
- On nous a fait des choses plus
moches que les éoliennes ces dernières années, comme les lignes électriques. Le
problème n'est pas là, mais plutôt comme des décisions imposées par l'état
central sans demander l'avis des personnes au local.
- Le paradoxe des Gilets jaunes, c'est que leur
expression est partie d'une taxe, à un malaise des territoires abandonnés, alors
qu'en 2018, nous avions pris des initiatives sur les services. Nous avions déjà
perçu ce sentiment d'abandon.
- Lorsqu'il y a un problème local, le
jour où vous verrez des manifestations devant un département ou une région,
prévenez-moi. Tout le monde va manifester devant les préfectures même lorsque
ce sont des dysfonctionnement locaux.
Elisabeth Moreno
(ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité
et de l'égalité des chances)
- Le principe de méritocratie, au cœur de notre
pacte républicain, est synonyme de justice sociale et d'émancipation.. La
«reconquête méritocratique» est un enjeu de société.
- Nous allons consacrer 1 million
d'euros en faveur des femmes dans la ruralité: lutte contre les violences, accès aux droits, émancipation
économique. La Grande cause du quinquennat, c'est partout dans nos territoires.
Franck Riester
(ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)
- Si nous ne parvenons pas à réconcilier la France
avec sa diversité, notre société succombera aux «puissants ferments de
dispersion que notre peuple porte en lui-même», comme l’écrivait le Général de
Gaulle.
- Être à la hauteur de nos
responsabilités, c’est d’abord refuser catégoriquement ces postures incessantes
qui avilissent l’image de ce noble engagement qu’est la politique.
- Les défis que nous devons relever
sont aussi ceux de notre société, ici en France, et ils sont immenses. Nous
sommes aujourd’hui à la croisée des chemins.
- Nous voyons bien que, dans le grand
jeu de la géopolitique, nos plus proches et nos plus anciens alliés eux-mêmes
sont tentés de faire cavaliers seuls, au détriment, souvent, de nos intérêts
nationaux et européens. N’en déplaise à certains, la France n’est pas une
puissance moyenne et l’Union européenne n’est plus un nain politique. C’est
bien notre prospérité, notre mode de vie, les règles qui régissent notre
société qui sont aujourd’hui en jeu et mises à l’épreuve. Cette conscience est
l’un des piliers de la vision politique qui nous rassemble chez Agir et qui nous différencie sans
ambiguïté des chantres de la démondialisation verdoyante et des apôtres du
repli sur soi identitaire. Nous devons être lucides, nous devons voir le monde
et la société tels qu’ils sont, sans naïveté ni fantasme, avec leur complexité
et leurs nuances.
- A l’approche des élections
présidentielle et législatives, nous devons être à la hauteur des
responsabilités historiques qui sont les nôtres, face à des oppositions prêtes
à toutes les outrances pour exister dans le débat public. Qu’il s’agisse du bal
des ambitions personnelles des LR, où chacun se pousse du coude, dans la course à l’échalote
avec l’extrême droite. Christian Jacob lui-même en arrive se compromettre avec
Eric Zemmour, en affirmant sans complexe qu’il n’est pas d’extrême droite.
Qu’il s’agisse d’Anne Hidalgo, qui ne recule devant aucune promesse
électoraliste et irréaliste de dépense. Qui pourrait lui confier la gestion de
la France quand elle est incapable d’entretenir un trottoir parisien ? Qu’il
s’agisse de Zemmour dont le goût pour la zizanie n’a d’égal que la vacuité de
son programme économique & pour qui il faudrait «refaire des Français»
Qu’est-ce que ça veut dire? Déniera-t-il la qualité de Français à ceux dont le
prénom ne lui revient pas? Qu’il s’agisse des Insoumis que l’on retrouve aux
premiers rangs des fans clubs de tous les dictateurs de la planète, du
Venezuela à la Syrie. Qu’il s’agisse des Verts, dont on ne sait si leurs
gourous voudront interdire les sapins de Noël, supprimer la viande des
cantines, ou prôner le dogme de la décroissance, mortifère pour notre économie
comme pour notre système social & notre environnement.
- [Agir] Nous savons qui nous sommes,
nous savons où nous allons. Nous avons la droite républicaine et le centre
droit pour origine et le dépassement pour horizon. Cela ne signifie pas
renoncer à notre ADN politique ni à nos idées ou à nos valeurs : mais avoir le
courage de faire passer son pays avant son parti. Le dépassement cela signifie
aussi avoir conscience que la vie politique de notre pays a évolué et que nos
concitoyens sont de moins en moins nombreux à se reconnaître dans les clivages
du passé incarnés par le PS et LR.
- [Agir] Nous pouvons être fiers du
projet politique que nous portons : un projet clairement de droite, fondé sur
la valeur travail, le mérite, la liberté, la responsabilité et l’émancipation
individuelles. Un projet résolument républicain, assis sur deux valeurs
cardinales : le respect des libertés publiques d’une part, et d’autre part
l’autorité de l’Etat qui seule peut en garantir le plein exercice. Un projet
résolument réformateur, au service des transformations dont notre pays a besoin
et que les Français attendaient depuis trop longtemps, pour une France plus forte et plus
prospère, et pour une société plus juste. Un projet résolument humaniste, qui
place la dignité de la personne humaine et le respect des droits de l’Homme au
cœur de son ambition et la solidarité comme ciment de la société. Et, bien sûr,
un projet résolument européen, dans la continuité de l’ambition forte pour l’Europe exprimée par le Président
de la République il y a quatre ans jour pour jour à la Sorbonne.
- Si nous ne parvenons pas à apaiser
notre société, nous laisserons le champ libre aux éléments les plus radicaux.
Nous ne devons faire preuve d’aucune complaisance face à ceux qui exploitent
sans vergogne les peurs & les inquiétudes de nombreux Français. (…) Nous
devons être d’intraitables remparts des principes universels qui font la
grandeur de notre pays et la majesté de notre République. Nous devons être
intraitables face aux indigénistes et aux xénophobes de tout poil, comme face à
ceux qui entendraient vivre en France mais hors de la République. Pas de place pour ceux qui ont fait de la haine de l’autre
et de la division leur fonds de commerce, ni pour ceux qui placent leur foi ou
leurs convictions personnelles au-dessus des lois de la République.
- En 4 ans, beaucoup a été fait pour
transformer le pays. Nous avons fait un effort massif en faveur du pouvoir
d’achat de tous les Français avec la baisse de l’impôt sur le revenu, la
suppression intégrale de la taxe d’habitation pour les résidences principales.
- Nous pouvons nous réjouir de la
façon dont nous sortons de cette crise sanitaire et économique, Qu'on soit
revenus au niveau de chômage avant crise démontre que les mesures prises
pendant la crise ont été utiles et efficaces.
- Nous avons engagé une stratégie
ambitieuse de réindustrialisation qui porte d’ores et déjà ses fruits. Depuis
2017, 34 000 emplois industriels ont été recréés sur tout le territoire.
- Nous avons profondément modernisé
les règles du marché du travail, afin de les rendre à la fois plus protectrices
des droits individuels, et plus flexibles afin d’encourager l’emploi.
- Nous n’avons pas ménagé nos efforts
pour débarrasser nos forces vives des carcans administratifs et fiscaux qui
entravaient leur dynamisme.
- Nous avons engagé un vaste chantier
en faveur de la jeunesse : dédoublement des classes en primaire, réforme de
l’apprentissage.
- On est dans un moment-clef où on a
besoin de plus de souveraineté européenne.
- La véritable souveraineté
aujourd’hui, la véritable autonomie stratégique qui garantira notre prospérité,
il faut les concevoir et les bâtir à 27.
- Aujourd’hui, la France est de retour. Notre pays
reprend sa place dans le monde et réaffirme son leadership, tant en Europe que sur la scène
internationale.
- Nous appelons à la construction
d’une Maison Commune, afin de préparer les élections 2022, et la réélection d’Emmanuel Macron.
- Il faut plus de coordination et de
travail en commun avec En marche! et le MoDem. Et veiller à ne pas diluer les entités de la majorité dans
un grand fourre-tout, ce serait mortifère. Notre diversité doit rester notre
force.
- Il y a 3 ans, créer Agir était un pari. C’est aujourd’hui
une réussite. L’énergie, la richesse des débat, les idées: nous pouvons être
fiers d’agir au sein de la majorité présidentielle. La droite humaniste et
constructive a de l’avenir !
Olivier Dussopt
(ministre chargé des Comptes publics)
- Nous estimons la dette du Covid autour de 165
milliards d’euros. C’est la conséquence de la politique du «quoi qu’il en
coûte», qui est une bonne politique.
- Le budget a subi des
conséquences des actions utiles mises en œuvre. Le «quoi qu’il en coûte» était
la bonne décision, nous arrêtons les aides d’urgence car la croissance est un
bon niveau. Pour en sortir, il faut retrouver une trajectoire plus normale (…).
Mais il serait fou de revenir à une politique d’austérité.
- Nous avons fait le choix
d’accompagner les ménages les plus fragiles.
- C’est une bonne idée de rapprocher toutes les formations
de la majorité. Le MoDem mais aussi Agir et Territoires de progrès. Il est
normal que la majorité soit unie. L’essentiel, c’est l’unité. Il y a
différentes formations avec des sensibilités différentes, cette majorité est
riche. (…) Je crois à l’unité de la majorité, je ne crois pas qu’une seule
formation politique puisse rassembler l’ensemble de la majorité.
Geneviève
Darrieussecq (ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
- La raison rassure, c'est le fil pour nous
puissions continuer à croire en notre démocratie. Nous devons poursuivre dans
nos objectifs démocratiques. Soyons toujours dans ce combat.
- Comment faire nation avec toutes
nos diversités, en les respectant et en les faisant avancer vers un objectif
fort, un objectif démocratique ? Notre grand enjeu, c'est comment embarquer
tout le monde avec leurs diversités.
- Comment, en parlant tradition et
culture locale, tenir compte de cette identité importante pour les populations
et que nous avancions de manière sociétale et que chacun puisse trouver sa
place ? C'est notre enjeu.
- Je suis frappée dans les différents
déplacements depuis 4 ans et demi par à la fois la diversité de la France, ses
identités, son patrimoine culturel et humain. Notre grand enjeu est d'être
respectueux des gens, de leur histoire.
- Pour lutter contre l'abstention, il faut déjà que les
élus et les candidats inspirent de la confiance dans leur façon de faire de la
politique.
- Nos jeunes sont formidables, j'ai
une confiance presque aveugle dans la jeunesse. Qu'on arrête de culpabiliser
les jeunes sur l'abstention, il n'y a pas que les jeunes qui ne votent pas.
Clément Beaune
(secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
- La présidence française de l’UE n'est pas à voir
comme un risque, mais il faut l'assumer. Cette présidence est une occasion qui
ne revient que tous les quinze ans. C'est une occasion de relever les défis des
grands bouleversements.
- Je suis heureux de pouvoir compter
sur les idées, les inspirations du MoDem sur l'Europe, qui fait partie de votre ADN. Je crois que
l'Europe jouera un rôle, nous avons assumé de défendre nos idées pour l'Europe.
- Il faut qu'avant la fin de l'année,
nous ayons une garantie que le nucléaire soit pris en compte dans les
investissements verts en Europe.
- [Elections allemandes] Je ne
redoute pas un changement de ligne, car les partis allemands de coalition sont
tous pro-européens. Nous ne serons pas d’accord sur tout, mais notre discussion
avec ces partis doit commencer maintenant, pour travailler ensemble vite.
- D'une certaine façon, les Allemands
ont voté pour Angela Merkel ; le social démocrate Olaf
Scholz était son vice-chancelier, il a fait toute
sa campagne en l'imitant.
- Tous les jours, on voit la fraude
intellectuelle du Brexit. Sur l'immigration, il y a beaucoup de mensonges, de
démagogie de la Grande-Bretagne.
- En quatre ans, l'Europe a
profondément changé. Elle a subi un double choc : d'abord avec le Brexit, puis
avec la crise sanitaire et économique qui a été gérée avec succès, sans
dogmatisme budgétaire, avec une intervention monétaire massive et une
solidarité sanitaire qui n'était pas du tout évidente. En parallèle de cela,
elle s'est renforcée en étant souveraine en matière de technologie, ambitieuse
en matière de climat, à la pointe de la régulation sur les grandes entreprises
du numérique. Elle a amélioré la gestion de ses frontières extérieures, créé un
premier budget européen de défense. Nous avons mobilisé au Sahel plus de dix
pays européens aux côtés des forces spéciales combattantes françaises. Son logiciel
n'est plus du tout celui de 2017. Nous ne sommes plus les herbivores de la
mondialisation. Les Européens ne tendent plus la joue quand on les gifle. Cette
mentalité de bons élèves qui doivent toujours chercher à tendre la main ou à
s'excuser recule de jour en jour.
- [Crise du «contrat du siècle] Cette crise est un bon
exemple. Elle a montré que la solidarité entre États membres est désormais un
réflexe. Assez rapidement, au plus haut niveau, de nombreux pays se sont
exprimés. Les déclarations allemandes ou italiennes sont très claires : quand
un problème de cette nature touche la France, c'est un camouflet européen.
Certains de nos alliés pensent que la parole engagée vis‑à-vis d'un grand pays
européen ne vaut rien, que l'on peut travailler sur des questions stratégiques,
dans une région aussi cruciale que l'Indo-Pacifique sans les Européens. Non,
nous nous tenons ensemble.
- La relation transatlantique reste nécessaire, on ne peut
s'en dispenser. Il n'y a pas de débat là-dessus. Mais les Européens doivent
prendre conscience que leurs intérêts se définissent à Bruxelles et dans les
autres capitales européennes, pas à Washington. Qu'il s'agisse récemment de
l'Afghanistan ou des sous-marins australiens, nous ne devons pas nous lamenter
d'avoir été «maltraités». Nous serons de plus en plus livrés à nous-mêmes : ça
s'appelle être une puissance. L'Europe a toujours été tournée vers elle-même,
car elle s'est construite sur un projet de réconciliation. L'étape suivante,
c'est une Europe qui règle sa relation à l'extérieur, qu'il s'agisse des
migrations, de la défense, de la régulation des grandes plateformes numériques
ou du climat. Nous ne pouvons pas attendre des autres de définir cette
relation, comme nous le faisions au temps de la guerre froide, qu'on a connue
pendant soixante ans.
- Nous continuerons d'avancer sur la question des opérations
extérieures communes, comme au Sahel, mais aussi sur la cybersécurité. Toutes
nos démocraties, malheureusement, sont soumises à des cyberattaques privées ou
d'État. Nous avons développé des compétences importantes sur ce sujet. Nous ne
devons pas tout attendre des Américains, ni tout faire non plus au seul niveau
national.
- Il n'y aura aucun changement dans l'importance de la
relation franco-allemande. Celle-ci n'est pas remplaçable. Nos projets en
matière de coopération économique, industrielle, de défense sont irréversibles.
En revanche, cette relation n'est pas exclusive. Nous la complétons aujourd'hui
avec des partenaires traditionnels comme l'Italie et l'Espagne, d'autres moins
évidents comme les Pays-Bas et les pays nordiques. Nous acceptons même des
tensions avec l'Allemagne. C'est précisément parce qu'on ne pense pas pareil à
Paris et à Berlin que nous trouvons des consensus au niveau européen, comme ce
fut le cas avec le plan de relance. Mais la boussole est claire : le nouveau
chancelier regardera d'abord vers Paris, et la France tendra tout de suite la
main à l'Allemagne.
(…) Selon le chancelier [qui sera en place], les domaines plus faciles ou
difficiles ne seront pas les mêmes. Le SPD ou les Verts ont des sensibilités
plus éloignées des nôtres sur les questions d'énergie ou de défense, la CDU et
le FDP sur les questions d'investissement et de règles budgétaires. Lorsque le
programme de coalition va se construire, sans immixtion mais sans indifférence
non plus, nous travaillerons avec les Allemands pour faire passer un certain
nombre d'idées sur l'Europe. La période de définition du contrat de coalition
est essentielle : elle ne peut pas être une période de glaciation ou de
distance entre Paris et Berlin, elle doit déjà être une période de travail.
Nathalie Elimas
(secrétaire d’Etat chargée de l’Education prioritaire)
- L'école c'est le lieu de l'égalité des chances, on
déploie énormément de mesures pour lutter contre les inégalités sociales. Le
petit-déjeuner gratuit n'est pas une mesure accessoire, trop d'élèves arrivent
avec le ventre vide.
- On avait demandé la fixation d'un
seuil d'âge de consentement, on vient d'avancer. Pareil sur la prescription. Il
y a encore beaucoup à faire notamment sur l'inceste, mais là aussi, on avance
avec la nouvelle plateforme.
- Il est important de relancer la
natalité en conscience et responsabilité. Je souhaite un Family Act à la
française, il n'est pas trop tard et c'est le bon moment
- Nous pouvons parler également de la
conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, que les femmes
puissent s'investir sereinement notamment.
- Il faut aller plus loin dans les
mesures. Les Français ont besoin d'être rassurés.
Sarah El Hairy
(secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)
- L'éducation morale et civique n'est plus à la
hauteur des enjeux de notre temps, nous sommes tous d'accord. Notre jeunesse est
absolument politique, elle n'est juste plus partisane. Elle s'engage pour des
causes, des solidarités.
- La mère des batailles, c'est
l'école. Comment on remet au coeur de l'école le chemin du civisme ? Comment on
peut prendre la mesure de ce qui nous entoure ? Comment accompagner ceux qui en
ont le plus besoin?
- Ce que je veux dire à tous c'est :
«Ose!» Audace et humilité permettent à chacun de reprendre le volant de sa vie.
Chez nous, notre force, c'est humanisme et ce n'est que ça.
- Nous avons accompagné la naissance
du Collectif mentorat. Rien ne peut remplacer le regard humain, la confiance
que l'on donne. La mère de cette bataille c'est l'école.
- Nous voyons dans les chiffres la
défiance envers le monde politique. Pour renverser cela il faut montrer
l'exemple, de façon concrète. Nous n'acceptons pas le plafond de verre de
l'engagement.
- Le combat pour faire reculer
l'abstention , un combat qui dépasse les partis politiques.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)
- La Covid19 a été un incroyable accélérateur d’une transformation qui
préexistait. Le numérique s’est révélé une « ligne de vie ». Il est
devenu la condition indépassable de nos vies scolaires, professionnelles,
sociales, familiales, sentimentales. Nous sommes en train de changer d’ère,
presque de civilisation, et la pandémie a précipité ce changement. Il se passe
la même chose qu’avec la révolution de la mécanisation : une remise en cause
des rapports de force entre l’Etat et les citoyens, de la démocratie, des liens
entre les salariés, le travail et les employeurs et même une remise en cause de
notre vie sociale, avec des distances abolies. Forcément, cela crée aussi des
tensions sociales. C’est ambivalent : d’une part le numérique a mis en lumière
la rivalité Chine-Etats-Unis comme structurante dans l’ordre du monde, avec une
course aux armements numériques, avec des cyberattaques comme champs de
bataille et des assauts de «soft power» culturel de la part des géants du
numérique. Et d’autre part, le numérique a sauvé le monde, a accéléré les
essais cliniques pour les vaccins, a permis de traiter d’énormes sommes de
données pour comprendre les mécanismes de la pandémie, les comorbidités… Il est
à la fois vecteur de changement et sans doute la solution aux problèmes nés de
ce changement !
Adrien Taquet
(secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)
- Le projet de loi sur l’Aide sociale à l’Enfance adopté à l’unanimité à
l’Assemblée nationale qui va arriver au Sénat avant la fin de l’année comporte
notamment un principe de non-séparation des fratries. (…) Il y a un impératif à
ne pas les séparer et ce n’est pas simple parce que dans les structures l’offre
ne correspond pas. Parfois, il faut les séparer quand il y a des difficultés
entre eux - c’est toujours l’intérêt de l’enfant qui prime - mais le principe
de ce projet de loi c’est de toujours les garder ensemble quand c’est
souhaitable. J’ai initié depuis deux ans une démarche de contractualisation
entre l’État et les départements pour définir ensemble les objectifs et priorités
en fonction des territoires. Dans ce cadre, l’État apporte des financements
supplémentaires pour atteindre ces objectifs. Dans les contrats que je porte,
il est prévu le financement de 600 places supplémentaires pour accueillir des
fratries. 70 départements ont contractualisé avec l’État
- Les mineurs non-accompagnés sont des mineurs avant
d’être des étrangers. Ce sont des enfants, à ce titre-là, ils doivent être
protégés. C’est un principe de notre droit, c’est notre honneur. Il n’y a pas
deux protections de l’Enfance. La Cour des comptes dans son rapport de
juillet 2020 a clairement dit que le département ne pouvait pas se
soustraire à son obligation de mise à l’abri de ces enfants. Une fois qu’on a
dit ça, évidemment, l’État doit accompagner les Départements dans cette
mission, et on le fait. Se renvoyer les compétences des uns et des autres au
visage, ne fait rien avancer. L’État accompagne les Département dans
l’évaluation de l’âge des jeunes : c’est 500 euros par jeune dont
100 euros pour un bilan de santé obligatoire. Mais aussi un forfait pour
la mise à l’abri.
- [Inceste] Le mal est tellement vaste qu’il faut agir sur
tous les moments de la chaîne. On a agi sur la répression avec le seuil de
non-consentement à 15 ans, on a allongé le délai de non-prescription à
30 ans même si certains voulaient l’imprescriptibilité. Il faut aussi agir
en prévention. C’est la sensibilisation des enfants eux-mêmes à tous types de
violences dont ils pourraient être victimes C’est la demande du président de la
République qui a dit trois choses en janvier dernier : d’abord on vous
croit, ensuite repérage systématique des violences à l’occasion des bilans de
santé de 3-4 ans, 5-6 ans et 11-12 ans dans les classes avec les professionnels
de santé dans les classes, enfin la prise en charge des victimes. En ce sens
j’annoncerai prochainement des parcours gradués pour venir en aide aux enfants
victimes.
- [Mineurs prostitués en France] Dès ma prise de fonction en
2019, j’ai identifié ce sujet comme croissant. J’espérai en novembre 2019
intégrer à mon plan de lutte contre les violences faites aux mineurs un volet
sur la prostitution, je me suis rendu compte que nous n’étions pas prêts face à
ce phénomène nouveau. C’est pourquoi j’ai demandé à Catherine Champrenault ce
rapport qui m’a été remis en juillet. J’annoncerai un plan d’ici trois semaines
à un mois. On part de zéro ou presque. Il faut à la fois sensibiliser et former
les professionnels de l’Éducation nationale pour repérer les signaux faibles
qui peuvent laisser penser à un basculement vers des pratiques
prostitutionnelles. C’est aussi nécessaire chez les travailleurs sociaux, les
magistrats et les forces de l’ordre. Il faut ensuite mettre en place des
dispositifs de prises en charge des jeunes filles et des jeunes hommes -même si
à 90 % il s’agit de jeunes filles - victimes de la prostitution, afin de
pouvoir couper le lien avec les proxénètes qui jouent sur des phénomènes
d’emprise et d’addiction. Globalement l’enjeu, c’est une prise de conscience à
l’échelle de la société de cette question qui touche les enfants à partir de
13-14 ans. Cela traverse tous les milieux sociaux. Une dispute avec des
parents, une agression sexuelle ou un harcèlement scolaire assez poussé dans le
passé de ces jeunes font qu’ils basculent. Il y a aujourd’hui, notamment par
l’utilisation d’Internet, une banalisation et une glamourisation de la
prostitution des mineurs, il faut en faire un sujet de société et de santé
publique.
► Assemblée nationale
Richard Ferrand (président)
- [Discours à l’université du MoDem]
(…) Si on fait un zoom arrière,
comme disent les photographes, que voyons-nous à l'œuvre ? Nous voyons
évidemment un monde globalement très morcelé, avec des doutes qui se font jour
sur la sincérité d'un certain nombre d'alliances. Nous voyons, y compris
sur notre continent européen, des
démocraties qui reculent et nous voyons, dans d'autres grands pays/continents,
des démocraties qui sont totalement mises à l'arrêt ou qui, en tout cas,
n'émergent plus.
Dans ce contexte, et cela rejoint notre
engagement partagé de toujours, nous avons besoin de voir l'Europe se
renforcer, nous avons besoin de voir la souveraineté européenne, un concept
cher au cœur du Président de la République et pas qu'à son cœur, à son action,
nous avons besoin de la voir se construire, cette souveraineté européenne,
puisque nous voyons bien que, pour peser sur le cours du monde et sur le cours
des choses, il faut que l'Europe arrive à se rassembler et apporter une voix
forte vis-à-vis des autres.
Je puis vous dire que, pour rencontrer
fréquemment un certain nombre de Présidents d'Assemblées des pays qui font
partie de l'Union, je me dis que l'affaire est loin d'être gagnée. Chacun
considère que c'est finalement un club sympathique, où il est possible d'aller
faire son marché. Ils considèrent
que le désir de construction européenne, c'est une affaire d'idéologie et, pour
eux, c'est un gros mot, mais ils considèrent aussi qu'il faut finalement être
très pragmatiques et cela veut dire ne s'engager sur rien, mais faire ce qu'il
est possible de faire «à la petite semaine».
Lorsque l'on commence à parler de
souveraineté européenne, d'engagement commun, on sent tout de suite se
rétracter les différentes expressions politiques. C'est dire qu'il nous faudra collectivement une
énergie sans faille pour porter cette espérance d'une souveraineté européenne
qui sera à l'ordre du jour de la prochaine présidence de l'Union européenne,
placée précisément sous la responsabilité d'Emmanuel Macron.
Puis, lorsque nous regardons la France,
nous voyons bien qu'il y a beaucoup de forces qui veulent diviser la France.
Nous voyons bien que l'extrême-droite est prête à hystériser - c'est même
sa vocation - tous les questionnements et les doutes, dans une forme de
surenchère haineuse et d'autant plus haineuse qu'elle est elle-même fracturée.
À l'extrême-gauche, nous voyons que tout
n'est que combats éternels, nostalgiques, frontaux, faits d'oppositions
définitives et d'expressions sectaires un peu comme si, au fond, la majorité,
quoi qu'elle fasse, aurait toujours tort, tandis qu'eux qui ne font rien
auraient toujours raison dans le discours. Puis, par ailleurs, nous le voyons aussi, nous le voyons à droite, nous le
voyons à gauche, il y a un désir commun, c'est de réinstaller une France
bipolaire qui aurait des humeurs ou des souffrances, pourrait changer d'élite,
qui serait un coup de droite, officiellement, un coup de gauche,
officiellement, dont les protagonistes auraient en commun de sortir toutes et
tous des mêmes écoles.
Au fond, on voudrait réinstaller une
mécanique qui permettrait à des systèmes de se succéder, sans jamais être en
phase avec ce que le peuple français attend, mais être en phase avec ceux qui
ont pris les habitudes de gouverner pour toujours : attendre dans la
durée. Alors, nous voyons bien, au
moment où nous nous rassemblons, que certains sont aux prises avec des sujets
complexes : faut-il faire une primaire ou un congrès pour désigner notre
chef ? C'est dire si ce chef ne s'impose pas d'évidence !
Ensuite, en matière écologique, nous
sommes tous convaincus que l'écologie ne se discute pas, c'est une nécessité
que d'agir sur ce terrain-là, c'est une question de survie, mais ce n'est pas
un dogme, c'est un enjeu que nous devons, chacune et chacun, avoir à l'esprit.
Cela doit intégrer chaque jour un peu
plus les différents choix politiques que nous faisons, mais ce n'est pas un
dogme qui serait, au fond, symbole de pureté qu'il faudrait opposer à tout
autre choix politique que celui d'une doxa qui viendrait tout à la fois nier le
réel, refuser la croissance et penser qu'au fond, tout, dans notre société,
devrait être modifié brutalement au nom des angoisses liées au changement
climatique ou à d'autres évolutions inquiétantes. Alors intégrons l'écologie mais ne subissons
jamais, jamais de dogme.
Alors, au fond, dans ce contexte,
morcellement ici, de divisions un peu partout, regardons-nous en face, nous
qui, depuis 4 ans, travaillons ensemble, avons découvert que nos valeurs
étaient communes, que nos combats étaient communs et que, surtout, nos votes
ont été communs pour soutenir l'action du Président de la République. Nous pouvons faire ce constat et nous dire
qu'au fond ce que pendant des décennies, et François l'a rappelé, le combat que
vous avez mené était la lutte contre la bipolarisation de la vie politique
française, et avec Emmanuel Macron on l'a baptisé un peu différemment, mais
cela veut dire la même chose, c'est le dépassement.
Que signifie le dépassement ? Cela
veut dire que, lorsque l'on est d'accord sur des valeurs, lorsque l'on est
d'accord sur un projet, sur une vision d'avenir, alors on doit être capable de
se rassembler et capable de se rassembler quelle que soit l'origine politique,
culturelle, philosophique même, il n'y a pas d'appellation d’origine contrôlée
pour ceux qui veulent venir servir la France autour du même projet. Et donc humanisme, cela a été dit avant moi,
justice sociale, développement économique, prise en compte totale des enjeux
contemporains liés à l'écologie et évidemment impérieuse nécessité de
construire l'Europe, eh bien c'est cela qui fait que nous sommes ensemble
depuis 4 années et que nous avons envie de le rester. J'ajoute que nous sommes, nous, par contraste,
et c'est saisissant, dans le refus des divisions, mais évidemment nous sommes
aussi dans la passion du débat car il faut tout de même faire un distinguo
entre ce que sont les divisions et la capacité à débattre.
Être unifié, être rassemblé, cela ne veut
pas dire être dans une caserne où personne n'aurait le droit de s'exprimer.
Mais, la division, c'est autre chose, c'est lorsque l'on mêle le désir du
pouvoir que l'on habille dans des considérants idéologiques qui, en vérité, ne
sont qu'une manière de créer des courants qui s'opposent pour gagner la tête du
parti. Et, croyez-moi, après 40 ans de parti socialiste, j'aurais à vous en
raconter jusqu'à demain matin si vous y tenez vraiment !
Mais, que voulez-vous, avant de découvrir
une démarche originale, il faut avoir une solide expérience de ce qui a existé
ailleurs et donc y compris ce qu’il est convenu d’appeler le Centre n’a jamais
été épargné. Donc faisons de nos
états de service des expériences pour construire précisément un avenir dans la
clarté où l'on sait distinguer ce qui relève des enjeux de pouvoir et de ce qui
relève des débats politiques, évitons de mélanger les deux, cela permettra aux
Français de s'y retrouver un peu plus clairement.
Alors, depuis 4 ans, nous avons eu
l'occasion les uns et les autres, et je pense aussi à l'ensemble des militants
de la République en Marche, de nous connaître, de nous apprivoiser d'une
certaine manière, de croiser nos cultures, de voir nos points communs et de
développer au fond ce sentiment de confiance qui fait qu'il est temps de faire
des pas en avant vers une plus forte unification, une plus grande capacité à
construire ce que nous avons les uns et les autres tour à tour appelé la Maison
commune.
Alors, c'est vrai que cela fait longtemps
que l'on dit : « il faudrait finir par le faire ». Maintenant je
lis ici ou là : « tiens, ils nous reparlent de leur serpent de
mer ». Là on se moque un peu, des âmes charitables qui aiment bien
ironiser sur la lenteur des choses, mais on ne fait pas des choses aussi
importantes, on ne relève pas des défis de cette importance par un claquement
de doigts. Il faut d'abord y réfléchir, en débattre et ensuite il faut en
convaincre largement autour de soi. Je me dis : donnons-nous un objectif. C'est comme quand on a un mandat, on commence quelque chose, on le finit
et, après, on l'inaugure. Eh bien,
moi, je trouverais bien que l'on puisse inaugurer notre Maison commune avant la
fin de cette année. Alors
évidemment, notre Maison commune, ce doit être une maison - vous savez, je suis
un fils de maçon - aux fondations solides. Les fondations, c'est évidemment ce
que vous représentez et c'est ce que Stanislas Guerini qui sera demain parmi
vous représente, c'est-à-dire au fond deux organisations qui seront les piliers
sur lesquels il va être possible de bâtir, bâtir ensemble une maison. Une maison, ce n'est pas un bunker, j'anticipe
ce que les uns ou les autres pourraient imaginer, c'est une belle maison avec
des grandes baies vitrées, très transparente. C'est comme cela que je l'imagine,
avec des grandes pièces où l'on peut débattre longtemps, jusqu'au bout de la
nuit si on le veut et qui soit évidemment prête pour accueillir et pour agir.
Et au fond, qui veut-on voir venir dans
notre maison ? D'abord tous ceux qui, à quelque responsabilité que ce
soit, ont fait le quinquennat qui s'achève et qui ont vocation à être dans
cette maison puisque, ce quinquennat, nous l'avons conduit ensemble. Et évidemment ces fondations et cette maison,
cela doit préparer le quinquennat que nous espérons.
Donc, au-delà évidemment de notre courant
politique qui doit être en capacité d'élargir la majorité, car la majorité que
nous représentons n'a pas vocation à se restructurer, elle a vocation à se
renforcer et à s'élargir, ce que nous voulons, c'est cela, c'est créer une
maison ouverte dont nous serons garants des fondations et qui ne sera fermée à
personne dès l'instant qu'évidemment nous aurons en partage les valeurs et les
projets que nous portons.
On ne fait pas un parti, un mouvement
commun, une Maison commune, appelons cela comme l'on veut, simplement pour se
dire : nous sommes en 2021 et il y a 2022, la belle affaire, nous
pourrions y aller comme nous y sommes en 2022, puisque nous y sommes parvenus
comme cela il y a quelques années et nous avons vécu ensemble ces 4 années.
Non, c'est parce qu'il est urgent, il est
nécessaire dans le contexte historique européen et français d'ancrer un mouvement
qui, dans le plein accomplissement, dépassera ceux qui l'auront créé et ceux
qui l'auront organisé, mais qui offre à la société française, et au-delà à la
société européenne, un espace où l'on peut être dans cette logique de
dépassement, cette logique de rassemblements, dans ce refus de la
bipolarisation et qui donne une continuité, une suite, une ligne d'horizon,
celle que l'on n'atteint véritablement jamais à tout ce que nous avons en
commun. Alors, oui, il faut le
faire maintenant car nous avons de bonnes raisons de le faire après avoir muri
ensemble, travaillé ensemble et parce que nous avons des obstacles
extraordinairement difficiles à franchir ensemble en 2022, mais la vraie
préoccupation c'est, qu'après 2022, eh bien nous soyons en capacité d'attirer
toujours plus de Françaises et de Français pour porter bien plus loin et encore
plus haut ce qui nous tient à cœur. C'est cela me semble-t-il ce qui est devant nous et c'est cela l'intérêt de
cette Maison commune, car nous avons un défi civique, citoyen à relever, c'est
tout de même de redonner envie aux Françaises et aux Français de s'engager et à
tout le moins de voter.
Et donc, notre devoir, c'est de recréer
cette appétence parmi notre peuple, car il y a toujours quelque chose d'un peu
angoissant à voir une démocratie affaiblie par une moindre participation.
Au fond, nous devons donc travailler à
définir des lignes claires, à redonner cette impression et que la politique,
oui, peut redonner espoir.Pour ma part, j’ai la conviction que là est notre
devoir, et que là est le chemin que nous avons envie de marcher ensemble, en
tout cas je l'espère.
- Il nous faut montrer aux Français
que face aux défis, il y a une majorité qui se rassemble. Nous devrons tous
être sur le pont pour faire gagner nos idées!
► Haut-commissariat au
Plan
François Bayrou (Commissaire, président du
Mouvement démocrate)
- [Discours de clôture de l’université du MoDem]
Charles Péguy, que j'aime beaucoup, disait que, dans l'histoire, il y avait des
périodes et des époques. Les périodes, c'est quand il ne se passe pas
grand-chose, que nous avons des évènements qui sont des événements à la
dimension de nos vies, parfois microscopiques. Nous avons l'impression que le
cours des choses ne change pas, ne change guère, et il y a les époques et le
terme "époque" a quelque chose de plus épique : il se passe de
plus grandes choses, il y a de plus grands dangers, il y a de plus grands
risques et les époques accouchent, généralement, d'un monde nouveau, d'un monde
inédit. Eh bien, sans se tromper, nous pouvons dire que nous voilà au cœur
d'une époque et cela donne la dimension de notre responsabilité. Si nous
voulons égrener, ne serait-ce que deux événements majeurs - les gilets jaunes,
d'un côté, et l'épidémie, de l'autre -, la signification de ces deux événements
est, pour moi, absolument frappante.
Le premier, les gilets jaunes, c'est un événement social et culturel, inédit
car, d'habitude, les révoltes se passent aux marges de la société et, là, pour
la première fois, les gilets jaunes n'étaient pas des Français des marges,
n'étaient pas des Français périphériques. C'était des Français du cœur de la
société française, enracinés très souvent ayant des situations des métiers, des
retraites, qui en faisaient des intégrés et, tout d'un coup, ces intégrés ont
constaté qu'ils étaient des désintégrés, qu'ils étaient en sécession et en
sécession assez profonde, nous le retrouvons encore dans les manifestations
d'aujourd'hui, contre les légitimités qui étaient, jusqu'alors, acceptées sans
la moindre discussion.
D'ailleurs, si nous voulions écrire l'histoire des derniers siècles, alors
c'est une mise en cause progressive des légitimités que tout le monde
acceptait. Cela a commencé par la religion et, Dieu sait, chez nous, que la
mise en cause de cette légitimité a été importante. Cela a continué par les pouvoirs
politiques. Nous avons l'habitude. Cela s'est poursuivi par les pouvoirs
médiatiques et, Dieu sait que les journalistes, je les regarde avec amitié, ils
sont eux aussi au cœur de la contestation et même ciblés assez fortement. Cela
s'est achevé ou cela a trouvé son point culminant dans quelque chose qui était
absolument inattendu, la dernière légitimité qui était respectée par tout le
monde, c'était la légitimité scientifique et singulièrement la légitimité
médicale, mais le fait que les médecins se soient écharpés en direct sur toutes
les chaînes pendant des mois et des années a fait que cette dernière
légitimité-là est, aujourd'hui, mise en cause, avec une question très simple: «Qui
es-tu, toi, pour me dire ce que je dois faire ?». Selon quelle autorité
prétends-tu me dicter ma conduite ?
Et ceci crée un monde d'abord qui nous permet de constater un certain nombre de
nos échecs et l'échec éducatif en est un. J'ai consacré ma vie à cette question
de l'échec de l'éducation. Mon premier livre s'appelait «La décennie de
malappris», car je sentais bien, dès cette époque lointaine, que nous avions
simplement un problème de contenu, d'efficacité et de légitimité de la
transmission. Échec de l'éducation, échec de la démocratie, de notre
organisation démocratique, de l'imperfection de notre organisation démocratique
où un très grand nombre de Français ne se sentent plus représentés ou, en tout
cas, impliqués, engagés, et, enfin, dernier point, une absence de sens, un
devoir ou une injonction faite à ceux qui ont les responsabilités dans la
société: «Mais où nous amenez-vous ? Que faisons-nous ensemble?». Là
encore, ce n'est pas pour citer mes œuvres complètes, j'ai écrit il y a 25 ans,
un livre qui s'appelait «Le droit au sens». Certains journalistes se moquaient
de ce titre, mais je prétends que c'était un titre juste que cette question-là,
car la responsabilité des gouvernants est de donner à un peuple des raisons de
vivre.
Nous sommes à ce rendez-vous aujourd'hui, mais nous ne pouvons plus donner, on
devrait même dire redonner aux personnes des raisons de vivre, redonner à ceux
qui nous ont fait confiance, à ceux qui nous entourent, à ceux dont nous avons
le destin entre les mains, cette certitude que, ensemble, nous avons un chemin
à parcourir et cela ne se passe d'ailleurs, ce n'est pas un hasard évidemment,
cela se passe au cœur de crise planétaire.
La pandémie est une crise planétaire. Cela nous a montré, au contraire de ce
que beaucoup de personnes croyaient ou imaginaient, qu'il n'y a pas de
frontières pour le virus, comme il n'y a pas de frontières pour l'atmosphère et
que nous sommes coresponsables, où que nous vivions et où que nous soyons. C'est
pourquoi je n'aime pas ceux qui construisent des murs entre les peuples, non
pas seulement car je trouve que cela trahit notre idéal commun, mais car cela
ment sur la réalité. Il n'y a pas de frontières pour le virus. Il n'y a pas de
frontières pour le climat et notre devoir est d'exercer une coresponsabilité
sur ces sujets, qui sont des sujets planétaires et vitaux. Nous sommes
responsables chacun pour notre compte, mais, si nous nous arrêtons à notre
responsabilité, nous ne voyons rien du tout.
Je prends l'élément fondamental de la crise climatique : l'atmosphère de
la terre pèse - si je ne me trompe pas - 5 millions de milliards de tonnes
et la France relève de cette atmosphère planétaire pour 1 millième. Alors,
nous avons raison de nous battre pour l'émission de gaz à effet de serre chez
nous. Nous avons raison d'être fiers très probablement aujourd'hui le pays le
plus vertueux ou presque au monde pour les émissions de gaz à effet de serre,
en particulier, grâce au nucléaire. Nous avons raison d'en être fiers, mais
nous dont nous occuper des 999 autres millièmes en même temps. Nous devons nous
occuper de ce qu'il va se passer en Afrique. L'Afrique, c'est 100 fois plus
important pour l'atmosphère de la terre que ne l'est la France. Or, la
transition entre l'énergie actuelle produite en Afrique et l'énergie future qui
va être produite, si nous passons par le charbon, alors nos efforts ne servent
à rien. Si nous ne sommes pas capables de proposer, dans le concert des peuples
de la planète une stratégie commune pour - je vais simplifier - que ceux qui
étaient au charbon passent au gaz et que ceux qui étaient au gaz passent à du
renouvelable et à du non-émetteur de gaz à effet de serre, avec notre
responsabilité particulière pour la maîtrise des technologies de production
d'électricité sans émission de gaz à effet de serre. Ce n'est si nous ne sommes
pas capables de faire cela, alors nous passons à côté et nous mentons. Nous
nous laissons abuser, car le sujet majeur est le partage par les Chinois, par
les Indiens par l'Amérique du Sud, par l'Afrique, de cet objectif commun et
partagé. Nous avons très bien fait, dans les plans successifs, de fixer à
chaque peuple des obligations, mais je trouve que nous sommes insuffisants dans
la réflexion partagée et qu'à s'obséder, à juste titre, sur nos stratégies
nationales, nous passons à côté de la stratégie planétaire qui est la seule qui
peut nous permettre de corriger la trajectoire désastreuse qui nous conduit à
avoir des augmentations de température catastrophique.
Puis, il y a les crises internationales, il y a cette immense
interrogation : pendant longtemps, nous avons cru que la démocratie était
l'horizon partagé de tous les peuples de la terre. Nous avons cru que, bon an
mal an, chacun à sa place, nous l'avons cru lorsque le mur de Berlin est tombé,
chacun des peuples de la planète se retrouverait avec les mêmes règles démocratiques
que les nôtres. Ils pourraient choisir leurs dirigeants et leurs modèles de
société. Puis, aujourd'hui, cette question est absolument remise en cause,
cette question est devenue isolée. Nous sommes une île ou une péninsule
démocratique dans le monde et, lorsque l'on regarde ce qui se passe ailleurs,
alors nous sommes saisis de cette inquiétude : «Et si, peu à peu, nous
nous retrouvions seul les derniers défenseurs de cette démocratie sur la
planète?». En effet, ce qui se passe en Chine, tout le monde l'a sous les yeux,
ce qui se passe dans les crispations de l'Inde, tout le monde l'a sous les
yeux, ce qui se passe dans les grandes interrogations sur la croissance, la
croissance chinoise, en particulier, aura des répercussions directes chez nous
et l'idée que nous nous en remettons au peuple pour choisir le modèle de
société est une idée qui devient minoritaire sur la planète. Nous avons donc
une responsabilité particulière que bien d'autres n'ont pas ou que d'autres ont
éludée, qui nous place devant la question que nous devons traiter aujourd'hui
et cette question est, pour moi, très simple: «Dans le paysage politique
français et européen, quel est notre devoir à nous?».
Le paysage politique français, tout le monde le connaît, c'est un paysage en
explosion permanente sur tous les bancs, comme l'on dit à l'Assemblée
nationale. Tous les mouvements politiques français sont ou bien pris dans des
rivalités inexpiables qui sont, disons-le clairement, des rivalités de
personnes, ce qui prouve d'ailleurs qu'aucune ne s'impose vraiment, car, quand
quelqu'un s'impose vraiment, on se regroupe autour de lui. Les partis
politiques explosent. Tout à l'heure, on disait deux droites et deux gauches,
mais, aujourd'hui, il y a trois droites et trois gauches et les trois, en
effet, sont en crise interne.
Je ne sais pas si les sondages sont vrais, mais je me mets à la place de ceux
qui ont cru au Parti socialiste, une partie de leur existence et quand je vois
que la candidate qu'ils ont choisie se retrouve dans des zones d'intentions de
vote qui sont purement et simplement dérisoires, j'imagine ce que cela doit
représenter comme inquiétude, comme sentiment d'avoir échoué quelque chose de
tout à fait essentiel. Cela doit d'ailleurs nous servir de leçon.
Eh bien, le défi et l'enjeu sont, pour moi, très simples. Au moment où tous les
autres explosent, il faut que nous nous nous reconstruisions, que nous nous
rassemblions et qu'il n'y ait aucune ambiguïté sur ce sujet, dans notre
identité, avec notre histoire et avec nos racines. Cela fait 20 ans que
l'on nous bassinait avec l'idée, que la droite et le centre, c'était la même
chose. Mes états de service, mon livret militaire prouveront à qui veut
l'entendre que je n'ai jamais accepté cette idée parce que je trouve qu'il n'y a
rien de plus stupide que la bipolarisation, rien de plus stupide que d'imaginer
que toutes les sensibilités doivent se raccrocher à l'une ou à l'autre des deux
tentatives de simplification et de domination, comme si l'on voulait nous
expliquer que le monde est définitivement en blanc ou en noir et qu'il faut
être blanc ou noir et que si vous n'acceptez pas d'être l'un ou l'autre, vous
êtes rayé de la carte. Très souvent, quand les journalistes me disent : «bon,
Monsieur Bayrou, vous êtes un homme du centre. OK, on a compris, mais le
centre, c'est plus près de la droite ou de la gauche?» Je leur disais: «excusez-moi,
mais je vais vous poser une question toute bête, est-ce que vous connaissez les
couleurs du drapeau français?». Les points d'interrogation se lisaient dans les
pupilles. Je leur disais: «dites-moi les couleurs du drapeau français». Ils me
disaient: «bleu-blanc rouge». Je disais: «et le blanc, c'est plus près du bleu
ou du rouge?!»
De cette semaine, hier, les masques, si j'ose dire, sont tombés définitivement,
les faux-semblants ont été effacés parce que nos amis rivaux, partenaires,
concurrents, je ne sais pas quel mot employer, dans le jeu démocratique
français de LR, ont répondu enfin une fois pour toutes à la question et ils ont
dit, parce que les mouvements qui s'intitulaient du centre encore, avaient
demandé à participer. Ils n'étaient pas nombreux, ils n'auraient pas changé le
cours des choses, mais ils ont demandé à participer au vote pour soutenir un
candidat à l'élection présidentielle et on leur a dit, j'allais dire poliment,
moyennement poliment, on leur a dit: allez-vous faire voir. Et un de leurs
responsables a fait un tweet en disant: «s'ils veulent participer, c'est très
facile, ils adhèrent à LR», et donc cette fiction que je déteste ‑ ouvrez les
guillemets – «de-la-
Droite-et-du-Centre», avec des traits d'union entre chacun
des mots de la Droite et du Centre, cette fiction est, enfin, ruinée et nous
pouvons enfin affirmer que tout le monde est d'accord pour que nous soyons
nous-mêmes. Alors, je le dis d'autant plus que je ne fais pas cela ou que je ne
soutiens pas cette thèse pour soutenir notre identité, je n'ai aucune crainte
sur notre identité, je le fais pour soutenir la vraie nature de la démocratie
qui est le pluralisme.
Pour moi, on a parfaitement le droit d'être à droite. On a parfaitement le
droit d'être à gauche et, dans l'une des droites et dans l'une des gauches,
plus nationaliste d'un côté, plus, je ne sais pas, plus écologiste de l'autre,
y compris dans nos rangs. On a le droit d'être différent, d'être singulier,
d'être inédit, mais on n'a pas le droit de vouloir soumettre les uns à la
dictature des autres. Et donc, finalement, c'était une bonne nouvelle cette semaine,
cette clarification-là!
Nous, Modem, nous En Marche et nous tous ceux qui se reconnaîtront dans cette
démarche centrale, tous ceux qui comprendront que nous construisons le pilier
central de la démocratie française, tous ceux qui comprendront qu'un bateau a
besoin de mat et de quille, et c'est comme cela qu'il avance et que c'est cela
que nous construisons, tous ceux qui se retrouveront dans ce projet, alors ils
ont le devoir, aux yeux des Français, de sortir des nuances excessives, de
l'esprit de chapelle qui est dans la nature même des organisations politiques.
Je sais très bien que l'on tient à sa communauté de conviction, à ses
communautés d'amitié, en latin, on disait: «affectio societatis» - le goût
d'être ensemble. C'est précieux, c'est amical, regardez, c'est chaleureux,
affectueux, mais on a l'obligation d'entrer dans une logique de dépassement et
de vie en commun, de travail en commun, de projets à partager. Et on a
l'obligation de simplifier cette affiliation aux yeux des Français. Il faut
qu'il y ait une identité commune et simple pour que les personnes la
comprennent. Il faut qu'il y ait… Allez… un nom qui nous réunit tous. On verra
ce que l'on partage. Et après, chacun se situera où il préfère. Il y aura des
débats d'idées à l'intérieur de cette nouvelle entité, mais je voudrais appeler
votre attention sur ce sujet parce qu'il est à mon sens très important, je
voudrais formuler quelques exigences.
La première exigence, c'est que l'on ne transforme plus les débats d'idées en
combat pour le pouvoir, à l'intérieur de cette entité commune. J'ai beaucoup
observé les constructions du même ordre. De quoi le parti socialiste est-il
mort? C'était une formidable entreprise, le parti d'Epinay et la conquête du pouvoir
et les grandes figurent: François Mitterrand, Jacques Delors, Michel Rocard,
formidable entreprise, mais ils avaient dès le premier moment, introduit le
virus dans le système et le virus, c'était que les motions qui étaient censées
traduire des sensibilités, en réalité, c'étaient des entreprises de prise du
pouvoir en interne. Moi, je propose que nous ayons comme règle de séparer les
débats d'idées et les combats de pouvoirs, que cela ne soit plus une confusion
entre l'un et l'autre. On a le droit, le devoir d'avoir des sensibilités
différentes, mais ce n'est pas la prise du pouvoir qui est en jeu. C'est la
première condition.
La deuxième condition que je souhaite, c'est que les Français puissent adhérer
directement à ce nouveau mouvement sans passer, par l'une ou par l'autre, des
chapelles. Après auprès d'eux, chacun pourra défendre sa sensibilité, mais on
ne peut pas leur demander d'entrer dans le labyrinthe de nos histoires
conjuguées, confluentes et amicales. Il faut que l'on puisse adhérer à un vaste
ensemble. Je sais très bien pourquoi les Français n'adhèrent plus aux partis
politiques. Ils n'adhèrent plus aux partis politiques pour deux raisons
principales par la première c'est qu'ils ne veulent pas être inféodés. Ils ne
veulent pas que l'on prenne le contrôle de leur volonté, de peu ou de beaucoup.
Ils veulent conserver leur liberté, ils ont l'impression que, parfois, souvent,
quand ils adhèrent à un parti politique, ils perdent une partie de leur
liberté. Nous, nous voulons les rencontrer, les travailler avec eux sans
confisquer leur liberté une seule seconde. C'est le premier point et le
deuxième point, ils ne veulent pas de guerres de chapelle. Ils en ont marre que
l'on passe leur temps, sous couvert de grandes idées, à défendre des intérêts
et des intérêts personnels souvent, c'est du TPMG: «tout pour ma gouverne», si
j'ose dire! C'est ce qu'ils ne veulent pas et ce qu'ils ne veulent plus.
Alors je propose qu'on leur fournisse le chemin pour échapper à ces deux
fatalités-là. Et donc ce rassemblement de ce grand courant de la démocratie
française, il est, pour moi, vital. Comment le définir? Je n'utilise jamais le
mot de centristes. Je le respecte. Je respecte et j'aime bien, mais, d'abord,
ce n'est pas un joli mot parce qu'il rime avec un adjectif qui ne correspond
absolument pas à notre nature profonde. Nous, on est plutôt joyeux et gais.
Vous me suivez?! J'ai eu l'impression d'un grand moment de solitude! Et donc,
je trouve le mot pas très joli et surtout c'est une définition géographique
alors que notre définition à nous, elle est plus vitale, elle fait appel à la
sève, de l'engagement politique.
C'est pourquoi ce que j'aime, j'aime deux choses, j'aime deux idées, la
première idée que j'aime, c'est une idée incroyable, en fait, perpétuellement à
contre-courant, perpétuellement rebelle, c'est l'idée de démocratie qui veut
dire que les sujets, les femmes et les hommes qui composent une société
deviennent des citoyens. J'aimais bien, en Pologne, l'idée initiale de la
plateforme civique qui avait quelque chose là-dedans qui faisait que chacun
était invité à se hisser au niveau de citoyen, c'est-à-dire au niveau de
responsables, quelle que soit sa situation, quelle que soit sa situation
matérielle, sa situation culturelle et sociale, il devient, il se sent, il se
comporte comme personnellement responsable du destin commun de la communauté à
laquelle il appartient.
La démocratie, c'est cela, on avait cela ce matin affiché sur le drapeau, c'était
le mot de Marc Sangnier: l'organisation sociale qui porte à son plus haut,
la conscience et la responsabilité des citoyens».
La conscience, formation, information, et la responsabilité des citoyens et,
là, nous avons un idéal donc j'aime le mot «démocratie» et j'aime le mot
«république». J'aime le mot «république», parce que la République c'est un
idéal, un projet qui est que chacun a droit à être conduit par la liberté, par
l'égalité, jusqu'à la fraternité et vous voyez: «liberté, égalité fraternité»,
en réalité, c'est un escalier, c'est une échelle de Jacob parce que la
fraternité, ce n'est pas naturel parmi les êtres humains. La fraternité, chez
les êtres humains, c'est plus souvent la loi de la jungle, la loi du plus fort,
ceux qui veulent imposer leur loi aux autres ou qui acceptent de subir la loi
des autres, mais la fraternité, cela permet de dépasser tout cela, et je trouve
donc que les mots de «démocratie», les mots de «république» sont
complémentaires et si je pouvais dire, je dirai que la démocratie est sœur de
la République ou la République est sœur de la démocratie. Là, nous avons une
définition en interne de la sève, de ce que nous portons.
Après, tout cela repose sur une philosophie et il faut des mots simples, en
tout cas dont la signification n'échappe à personne pour incarner ce que nous
sommes. Nous avons une philosophie commune, cette philosophie, c'est
l'humanisme. Quand on sait cela, quand on adhère à cette idée qu'Érasme a dit
une fois pour toutes, il y a bien des siècles, il a dit: «on ne naît pas homme,
on le devient». Simone de Beauvoir, après a repris: on ne naît pas femme, on le
devient.
Cela veut dire que la pleine conscience de sa responsabilité comme frères
humains, l'éducation du socle qui va faire que vous pouvez comprendre le monde
dans lequel vous êtes et que vous pouvez comprendre l'autre, dans sa
différence, dans ses difficultés, dans sa singularité et non pas le rejeter et
le bannir perpétuellement, mais partager quelque chose avec lui, être engagé
dans une compréhension mutuelle, cela, c'est la vraie laïcité. La laïcité n'est
pas une exclusion, à mes yeux. La laïcité, c'est une compréhension. C'est
l'affirmation que la différence est acceptée et que l'on peut travailler à
construire un destin commun même si on n'est pas les mêmes. C'est pourquoi je
suis, comme beaucoup d'entre vous, très choqué de ce que l'on entend, ce ne
sont pas des idées, mais des obsessions qui sont, ces temps-ci, portées dans le
débat politique français, notamment l'obsession sur l'identité et sur les
prénoms. Cela n'a l'air de rien, cela a l'air d'un gag. Ce n'est pas un gag.
C'est quelque chose de profond.
Il y a quelqu'un qui a fait cela au 20e siècle, c'est le maréchal Mobutu.
Mobutu, toujours dans le pays qu'il avait nommé à l'époque le Zaïre, a pris une
loi pour interdire les prénoms qui n'étaient pas des prénoms africains. Vous
savez, au Zaïre, à cette époque, il y avait plus de 60 % de la population
qui était chrétienne, catholique et donc il y avait des prénoms comme cela.
Mobutu lui-même, son prénom, c’était Joseph ! Avant de se faire appeler
Mobutu Sese Seko. C'était Joseph et il a fait une grande déclaration pour dire:
«il n'est pas possible qu'un Africain porte un prénom juif» et a pris une loi
pour interdire ces prénoms et il a dit: «ce n'est pas possible qu'une femme
africaine s'appelle Chantal où Marie». Les vidéos existent. Eh bien, je n'ai
pas envie que la loi de Mobutu devienne, d'une manière ou d'une autre, une loi
ou une proposition pour la France.
Vous vous rendez compte, je pense beaucoup aux soldats ces jours-ci avec la
mort de ce jeune sous-officier qui était héroïque - je crois qu'on peut le dire
- et qui est tombé dans une embuscade, [il y a] nombre de soldats que nous
avons dans les rangs de notre armée qui portent des prénoms aussi divers que
leurs origines le sont, que leurs cultures le sont, que la religion de leurs
parents l'est. Et on va dire qu'ils ne sont pas français? On va les obliger à
changer de prénom? Mais dans quel monde veut-on nous faire vivre?
Alors, il y a des paris derrière tout cela, des paris et des programmes, car le
pari, c'est qu'avec ces idées-là, qui sont des idées je sais exigeantes, qui ne
viennent pas naturellement, je répète, ce qui vient naturellement, c'est la
détestation du voisin: Qui c'est celui-là? D'où vient-il? Et celle-là, elle
n'est pas de chez nous. Croyez-moi, on a vécu cela dans les villages des
Pyrénées. Je connais, dans les générations plus anciennes des gens qui étaient
du village voisin que l’on n'a jamais considéré comme étant des autochtones. il
y avait 800 mètres entre les villages. Et donc, j'aime cette idée que l'on va
s'entraîner les uns les autres à comprendre mieux le voisin, pas à abandonner
ce que nous sommes, à abandonner ni notre identité, ni nos manières de vivre,
ni les principes qui sont les nôtres, et à être absolument clairs sur ce sujet.
J'étais très heureux ces jours-ci alors je vous confie un de ces bonheurs, il y
a un très grand sociologue qui s'appelle Éric Morin qui vient d'éditer un livre
qui s'appelle : Trois leçons sur l'école républicaine. Il a conduit une
enquête de sociologue sur la décision que j'ai prise en 1994 ou 1995
d'interdire le voile à l'école et il dit, pardon de le citer: «ne vous trompez
pas, ce n'est pas la loi que l'on a votée en 2004 qui a changé les choses,
c’est la circulaire que François Bayrou avait faite». En une seule année, je
dis bien une seule année, le résultat des filles d'origine des quartiers au baccalauréat
a bondi de moins de 50 % à plus de 65 % ; pas les garçons, ils
sont restés au même score, mais les filles, je ne sais pas si vous vous
représentez ce que cela veut dire de passer de moins de la moitié à plus des
deux-tiers de résultat au baccalauréat en une seule année. Et il explique cela
par le sentiment de libération qu'elles ont ressenti, car, simplement un
gouvernement avait eu, je ne sais pas s'il faut dire le courage, en tout cas
avait choisi d'imposer quelque chose qui était émancipateur, une règle
émancipatrice.
Et je voudrais finir sur une idée (…) qui est en même temps une volonté pour
l'avenir et l'énoncé d'un impératif pour nous. Nous vivons dans un débat
politique dans lequel on chante les louanges de la radicalité, des radicalités et
on a des radicalités opposées les unes aux autres qui se démolissent le
portrait allègrement et on applaudit. Eh bien, moi, je pense qu'il y a, dans la
radicalité, sans qu'il n’y ait jamais eu aucune exception historique, je ne
connais pas de radicalité qui n'ait mal fini. Partout dans le monde, c'est ce
type révolution qui vise à quelque chose de simple, c'est imposer aux autres la
loi que l'on estime nécessaire. Ce qui, pour moi, est le contraire de l'idéal
démocratique. L'idéal démocratique, ce n'est pas d'imposer aux autres sa loi,
c'est de permettre que les convictions vivent ensemble, selon des règles
harmonieuses et qui répondent aux impératifs de chacun. Les radicalités, on
sait comment cela finit, dans quel massacre Mobutu, une fois qu'il a eu fait
cela, un jour, il a pendu 500 personnes, dont les convictions religieuses ne
lui plaisaient pas, sur la place publique et je ne veux pas parler des autres
révolutions et des massacres qu'elles ont entraînés.
Je pense que l'on a le devoir de défendre devant nos concitoyens une idée
simple. L'avenir ne doit pas être aux radicalités affrontées les unes aux
autres, l'avenir doit être à l'équilibre, aux équilibres que nous avons à
construire. Un gouvernant, c'est quelqu'un qui recherche l'équilibre de la société,
de la communauté à laquelle il appartient.
Et, quand on va vivre les mois qui viennent avec les campagnes électorales
successives, mais d'abord la campagne électorale présidentielle, alors j'invite
à ce que l'on garde ce critère de réflexion qui nous invite à des radicalités
qui, un jour, finiront en affrontements inexpiables, qui nous invite au
contraire à nous rassembler, qui nous invite à dépasser les préférences de
l'instant pour construire un pays commun, une communauté de citoyens et une
communauté nationale. Et je veux le dire simplement, quand je regarde
aujourd'hui la situation de la France, je vois un Président de la République -
je ne me suis pas toujours entendu avec les Présidents de la République
successifs, on ne peut pas me faire des procès de complaisance réitérés - qui
est à hauteur de l'Histoire et je témoigne, et tous ceux qui ont l'occasion de
le rencontrer peuvent en attester avec moi, que non seulement il est à la
hauteur de l’Histoire, mais il est vraiment et en réalité à hauteur de femmes
et d'hommes, d'enfants et d'adultes et de personnes plus âgées. Il y a en lui
quelque chose d'une empathie qui ne s'est pas révélé jusqu'à maintenant, trop
souvent parce que cela ne passe pas l'écran de télévision, mais nous nous le
savons bien. Il y a quelque chose de fraternel dans le regard qu'il porte sur
ceux qui lui parlent. Je trouve que d'avoir un Président de la République à
hauteur d’homme et un Président de la République à hauteur de l'histoire, cela
vaut la peine de s'engager et de s'engager pour ce combat-là, pas pour des
combats d'ego, mais pour quelque chose qui va préparer pour notre pays le seul
avenir possible. C'est un avenir courageux et fraternel
- Eric Morin, sociologue, écrit que
quand j'ai pris la décision d'interdire le voile à l'école, en une année, le
résultat au Bac des filles d'origines musulmanes a augmenté de 25%. C'était une
décision d'émancipation qui a permis de les libérer.
- Dans l'ADN de la politique, il n'y
a qu'une chose qui revient perpétuellement, c'est la division parce que chacun
joue pour soi. Nous allons réunir ce grand mouvement central où tous ceux qui
veulent participer pour l'intérêt général seront les bienvenus.
- La France, ce n'est pas une
religion, ce n'est pas une couleur de peau, ce n'est pas une origine... c'est
l'adhésion à un idéal.
- En agitant des passions sur des
sujets comme les prénoms, on ne pense pas aux personnes derrière, aux enfants.
Il y a quelque chose d'inhumain, d'une trahison de ce que la France est. Ce qui
me stupéfait, c'est qu'on laisse dire les choses sans s'émouvoir.
- Vouloir se mêler d'interdire aux gens
de donner des prénoms issus de leur histoire, ou de leur affection, ou
simplement qu'ils veulent... ce qui me frappe dans cet incroyable dérapage -
voulu -, c'est qu'il ne pense pas aux enfants.
- S'il y a une fonction des
politiques raisonnables, dont le Président de la République, c'est de redonner
des raisons de vivre aux citoyens.
- Je ne sais pas si raisonnable est
le bon mot, je pense qu'il faut de la passion dans l'engagement. Nous sommes
dans un univers où il y a une concurrence de la radicalité, avec des gens qui
veulent imposer leurs lois aux autres.
- Toutes les légitimités et les
autorités sont remises en causes. Ce que nous vivons est incroyablement
révélateur, comme si tout ça avait fermenté souterrainement, et tout explose
désormais à la lumière et mérite qu'on y fasse attention.
► Partis politiques
● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stanislas Guerini (délégué général)
[Discours à l’université du MoDem]
(…) Je vais vous dire, dans cette rentrée, dans ce mois de septembre,
nous avons, nous, majorité présidentielle, le privilège de pouvoir penser non
seulement au présent de notre pays, et devant le Premier ministre, évidemment
Dieu sait qu'il y a beaucoup de choses à faire dans les prochaines semaines,
mais aussi de pouvoir penser à l'avenir du pays, car dans cette rentrée
politique, nous sommes au fond, les seuls à avoir les idées claires, une ligne
politique, un leader incontesté et la volonté de nous rassembler. Et je crois
que, cela, c'est suffisamment important et que cela dénote, avec ce que
montrent nos oppositions dans cette rentrée politique de la droite qui s'en
remet à un congrès riquiqui pour choisir son candidat, de la gauche qui n'en finit
pas de radicaliser son propre émiettement et même de l’extrême droite, c’est un
fait nouveau, qui est maintenant divisée dans le pays.
En réalité, dans ce pays, nous sommes les seuls à montrer notre envie de nous
rassembler et de nous projeter pour l'avenir du pays. Pour regarder là où nous
voulons aller ensemble parce que nous avons cet horizon partagé, il ne faut pas
oublier de regarder de là d'où l'on vient et nos racines communes.
C'est ce que nous avons fait derrière Emmanuel Macron, ensemble en 2017 et, au
fond, quelle en était la force ? D'abord, d'être partis des idées, d'abord
d'être partis d'un projet, avant de chercher à rassembler les uns et les autres
avant de chercher à rassembler les appareils partisans et les appareils
militants. Le projet d'abord, d'avoir dit à chacun que ce qui importait, ce
n'était pas de là où il venait mais là où nous voulions aller ensemble, de
pouvoir réunir des personnalités d'horizons politiques très différents, mais
sur la base d'un projet qui n'a fait en 2017 l'objet d'aucune négociation.
Il n'y a jamais eu ce moment-là où l’on dit: «Viens, tel ralliement contre
telle idée, contre telle partie du projet» et le constat que nous avons fait,
c'est que, sur les grands sujets, sur l'Europe, sur le travail, sur la liberté,
sur l'humanisme d'une certaine façon, la réalité, c'est qu'en 2017 nous étions
d'accord sur tout et c'est cela qui a fait la force inébranlable de notre
projet.
Et cette méthode, au fond, ce n'est pas l'absence d'idées, j'entends parler
parfois d'un attrape-tout, d'un fourre-tout. Moi, je combats et je crois que
toutes les interventions que vous avez faites à la tribune ce matin montrent
qu'il y a bien une définition idéologique de ce que nous pensons ensemble et
elle nous a permis de faire émerger, de faire surgir en 2017 ce grand espace
central dans la vie politique du pays dont j'affirme qu'il est cet espace celui
quitte à la plus grande cohérent politique de tout le champ de la vie politique
du pays.
Et cette force-là, elle nous a permis de construire une majorité qui a été
rejointe par la suite par nos amis, ceux d’Agir, par des sociodémocrates qui
ont rejoint pour certains un territoire de progrès et par deux Premiers
ministres, Édouard Philippe puis Jean Castex qui nous ont rejoints par adhésion
je le crois au projet, mais aussi à la méthode et qui, tous les deux, ont
démontré la valeur d’homme d'État qui était la leur.
Et c'est cette clarté dans les idées qui depuis quatre ans nous a permis de
gouverner ensemble et nous a permis de travailler toutes les crises que nous
avons connues, mais de traverser ces crises en gardant une boussole, en gardant
un cap, en ne changeant au fond jamais de trajectoire sur ce qui est
l'essentiel. Bien sûr qu'il a fallu de l'agilité pour s'adapter, pour faire le
quoi qu'il en coûte, mais je veux que nous soyons tous très conscients qu'au
fond nous n'avons pas dévié idéologiquement sur le substrat fondamental de ce
qui nous rassemble : le travail, l'emploi, la protection des Français -
vous le rappeliez encore ce matin - avec de grandes réformes en matière de
santé, en matière d'éducation, ce sont peut-être les plus fondamentales pour
l'Europe dont nous faisons bouger les lignes et l’actualité géopolitique la plus
récente montre que nous avons encore besoin de faire bouger les lignes en
Europe et aussi pour défendre la République en la défendant contre toutes les
formes de séparatisme. Cela aussi, c'est le combat de notre génération et c'est
le combat que nous continuons à mener ensemble.
Alors, au moment où nous devons écrire un nouveau chapitre, cette méthode,
gardons-la, les idées d'abord et les organisations qui en découlent par la
suite car, ce qui se joue aujourd'hui, c'est bien l'avenir du pays.
e sont, et c'est cela qui compte, les grands défis qui sont devant nous. Celui
de la souveraineté française, européenne, celui de la transition écologique
qu'il va falloir encore accélérer, celui de l'avenir de notre modèle social que
nous devons avoir le courage de réformer, celui de la dette que nous devrons
rembourser, celui de la protection de nos concitoyens que nous devrons assurer,
pour ne citer que ceux-là.
(…) Notre première responsabilité, notre toute première
responsabilité, c'est de tout faire pour permettre le rassemblement le plus
puissant possible derrière le Président de la République et cette vision
commune, celle que nous partageons pour l'élection présidentielle de 2022.
En tant que mouvement fondateur, mouvement cœur de la majorité présidentielle,
nous devons tout faire pour faciliter le rassemblement le plus puissant,
c'est-à-dire le plus large possible et le plus tôt possible derrière le
Président de la République. Soyons très clairs là-dessus, car, on ne doit
pas s'y tromper, cette nouvelle page dont je parle, ce sera certainement la
plus difficile à écrire.
Je vois beaucoup de commentaires, mais je veux que nous nous gardions ensemble
de cette facilité qui consisterait à penser déjà à l'après‑2022 a tiré des
plans sur la comète alors que ce combat-là, il sera extraordinairement
difficile. Que tous ceux qui pensent que les sondages aujourd'hui
démontreraient telle ou telle solidité, de tel ou tel socle, je crois que ce
serait une folie de le penser et que nous avons d'abord un combat à mener. Ne
nous trompons pas de sens dans les élections. Je crois qu'il faut les prendre
dans le bon ordre ! Alors pour cela, rassemblons, rassemblons et bâtissons
cette Maison commune dont on parle depuis si longtemps.
(…) Bous avez devant vous, un artisan sincère, loyal,
besogneux du rassemblement et de la construction de notre Maison commune.
Depuis 3 ans, j'ai plaidé à Bordeaux, à Amiens ici devant vous
à Guidel. Je le ferai encore à Avignon, pour que nous bâtissions cette
maison. Depuis 3 ans, dans les actes aussi, nous avons travaillé ensemble
(…). On l'a fait dans les actes malgré les difficultés.
Bien sûr qu'il y a eu des difficultés, vous l'avez rappelé ici ou là ici, quand
on ne s'est pas entendu au municipal dans telle ville, là où on n'a pas eu le
succès escompté dans les élections locales, bien sûr qu'il y a eu des
difficultés, mais cette énergie et cette volonté de bâtir ensemble, je crois
que nous en avons fait la démonstration commune dans les actes et parce que j'y
crois, je veux partager avec vous ce que je perçois comme des exigences qui
sont autant de conditions et de garanties de réussite de notre Maison commune.
J'en citerai quatre. La première, je l'ai déjà partagée, les idées d'abord, la
communauté de pensée et les questions d'organisation qui en découlent. Nous
sommes assaillis de questions pour savoir si la forme de cette Maison commune
cela doit être une coopérative, une confédération, une fédération, un parti
unique, etc. (…) nous allons travailler dans les prochaines semaines à
construire la forme, mais aucune affaire de boutique, d'une certaine façon, ne
doit jamais prendre le dessus sur les affaires du pays et sur le fond de ce que
nous devons construire ensemble. C'est un principe simple.
La deuxième exigence c'est de considérer qu'à partir du cœur historique de
notre majorité, du Modem et de la République En Marche, nous devons poursuivre le
travail d'élargissement de la majorité. Soyons très clairs, élargir cela ne
veut pas dire «morceler». L'élargissement, ce n'est pas la balkanisation de
notre majorité présidentielle, mais nous devons faire une place à tous ceux qui
partagent notre vision de la société et qui ne se reconnaissent plus dans un
paysage politique où l'on avait bien compris qu'il y avait deux gauches
irréconciliables et nous avons, maintenant devant les yeux le fait que deux
droites sont, elles aussi, irréconciliables. Alors accueillons-le, faisons une
place pour ceux qui pensent comme nous.
La troisième condition est très importante à mes yeux, c'est de rester fidèle à
ce qui fait, à la fois, l'originalité, mais la force de notre projet commun,
c'est-à-dire le dépassement des clivages entre la Droite et la gauche. Je
trouve, quand je lis les articles, quand je regarde la vie politique et les
débats politiques tels qu'ils se construisent, que beaucoup de forces nous
ramènent de façon gravitaire au clivage droite gauche, rêveraient au fond de le
réinstaller, mais moi, je n'ai pas fait En Marche pour me réinscrire à nouveau,
dans un clivage entre la Droite et la Gauche. Je pense que ce clivage-là n'est
pas plus opérant en 2021 ou à l'approche de 2022, qu'il ne l'était en 2017.
Alors gardons cela et ne demandons à personne dans notre majorité, de devoir
choisir entre l'aile droite ou l'aile gauche, je serais bien incapable de le
faire. La force de notre projet, c'est celui du dépassement du clivage entre la
Droite et la gauche.
Puis, la quatrième exigence, c'est de conserver ce que nous sommes. L'identité
de ces forces-là, vous en avez fait la démonstration ce matin pour ce qui
concerne le MoDem, et moi, devant vous, je suis fier de représenter un
mouvement citoyen, un mouvement qui a été, au fond, un surgissement citoyen, un
élan populaire dans le pays. Alors gardons cela dans ce que nous devons
inventer demain. Gardons les deux pieds dans la société civile, les deux pieds
dans le réel. Au fond, gardons cet élan populaire, je crois que c'est
extrêmement important dans ce que nous devons construire ensemble.
Alors, travaillons c'est ce que nous allons faire dans les prochaines semaines.
Vous avez engagé vos instances. Nous en parlerons aussi avec les instances de
la République. Travaillons et nous réussirons. Travaillons, mais sans oublier
d'agir et je vous propose dès les prochains jours, dès les prochaines semaines
d'aller ensemble sur le terrain pour porter haut et fort le bilan de notre
majorité, ce bilan que nous avons construit ensemble, d'aller dire aux Français
que ce quinquennat cela a été un quinquennat de plus, 5 années de plus
pour tous nos concitoyens.
Nous avons un exercice pratique à mener ensemble. Faisons-le sur le terrain,
sur tous les chemins de France pour aller convaincre nos concitoyens et, bien
sûr, agir, agir dans l’intérêt du pays, agir au sein du Gouvernement, agir à
l'Assemblée Nationale. Il nous reste tant à faire jusqu'au dernier quart
d'heure de ce quinquennat (…).
Christophe
Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)
«Ne composez jamais avec l'extrémisme, le
racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre». Jacques Chirac, 11 mars 2007.
Jour pour jour, deux ans après sa mort, quelle tristesse de voir LR se perdre en abandonnant tous repères, toutes valeurs.
● MoDem
Jean-Noël Barrot (secrétaire général)
- Qui sommes-nous ? Nous sommes des démocrates et
nous croyons en ce grand courant qui irrigue depuis longtemps la vie politique
française.
- Il suffit de se retourner pour voir
tout ce que notre courant a apporté à notre pays dans son histoire.
- Ce qui nous divise est plus petit
que ce qui nous rassemble, ce qui nous rassemble ce sont les idées, les hommes,
les valeurs. Et comme on le dit à Pau, les idées mènent le monde.
- Toutes nos réalisations pendant le
mandat actuel étaient nos espérances, elles sont devenues réalités. Nous nous
battrons pour un Parlement fort, pour le développement d'une Europe influente,
nous défendrons toutes les solidarités.
- Une économie responsable, c'est
aussi une économie dans laquelle les entreprises payent les impôts qu'elles
doivent payer. Le groupe MoDem a été le premier à défendre l'idée de la taxe GAFA et l'impôt minimum sur les
sociétés
- Le temps où on opposait
l'entreprise et le monde social et solidare est terminé, grâce à des acteurs,
des chefs d'entreprise. Nous regardons l'ensemble comme des acteurs du
changement indépendemment de leur statut.
- La part des salariés intéressés au
capital de leur entreprise est encore beaucoup trop faible en France. Il est
essentiel que les salariés puissent avoir le sentiment réel d'être aussi
associés à la réussite de leur entreprise.
Patrick Mignola
(président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Soyons conscients que l'idée répandue qui dit que
la démocratie a gagné dans le monde était désormais contestée. Personne ne peut
prétendre que la démocratie est relative et ne serait pas adaptée à tous. C'est
un message universel.
- Dans les oppositions, les seules
idées qui sont sorties de cette phase de préparation de l'élection présidentielle, c'est le
programme de Nicolas Sarkozy chez LR et celui de Ségolène Royal du PS en 2007.
- Quand on a voté le pass sanitaire, c'était
extraordinaire de voir à quel point nos oppositions ont été irresponsables. Le
PS a émis un avis et voté l'inverse, LR a voté différemment entre le Sénat et
l'Assemblée Nationale.
- Notre groupe à l’Assemblée
nationale a grandi au cours de cette législature, avec
un certain nombre d'amis qui se sont sentis appartenir à notre sensibilité.
C'est extrêmement intéressant de voir comment nous avons trouvé une cohérence.
Isabelle Florennes
(députée)
Si vous écoutez des professeurs de droit
constitutionnel, il ne faudrait rien changer à nos institutions ! Nous avons
besoin d'avancer avec des idées neuves sur les modalités de vote et les
organisations de scrutin.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
- [Tribune: «La faiblesse de l’OTAN n’est pas une bonne nouvelle. Nous
avons besoin d’un lien transatlantique fort»]
Personne n’a oublié qu’Emmanuel Macron a décrit, en 2019, une OTAN « en
état de mort cérébrale ». A Bruxelles, on a glosé sur ce positionnement
décidément si français, on a trouvé l’expression un peu vive, tout en
reconnaissant que Donald Trump mettait l’Alliance atlantique à rude épreuve.
Mais, surtout, on a tout fait pour mettre la poussière sous le tapis. Un
« comité des sages » a rendu un rapport sur l’avenir de l’OTAN, qui
s’est engagée dans la préparation d’un nouveau « concept
stratégique ». Mais rien n’a fondamentalement changé au siège de
l’Alliance atlantique, où l’on a poussé un soupir de soulagement lorsqu’à peine
élu, Joe Biden déclarait : « America is back. »
Et pourtant… Les signaux faibles qui auraient dû alerter l’Alliance sont
devenus des signaux de faiblesse et cela n’a rien d’une bonne nouvelle.
Que voit-on ? D’abord la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, qui prend ses
aises avec l’Alliance sans vraiment en payer le prix. Achat d’un système de
défense antimissiles russe, tensions en Méditerranée orientale, refus
d’inspection de l’OTAN sur le respect de l’embargo libyen, blocage des plans de
défense polonais et baltes, assauts contre les milices kurdes qui soutiennent
la coalition contre l’[organisation] Etat islamique… Depuis quelques mois,
Ankara se fait moins bruyant, mais c’est peu dire qu’il a fallu du temps pour
que les préoccupations légitimes des Européens soient entendues.
Venons-en à l’Afghanistan. La première et la plus importante opération de
l’OTAN en dehors de son périmètre, la première et la seule fois où
l’article 5 de la charte [qui oblige à se porter au secours d’un membre
attaqué] a été invoqué, pour venir en aide aux Etats-Unis après le
11-Septembre. Et, aujourd’hui, le plus gros échec de l’Alliance, qui peine
pourtant à le reconnaître. Les talibans ont gagné, le risque terroriste est
redevenu réel : triste bilan pour une alliance.
Au sein même de l’OTAN, le retrait américain s’est fait sans consultation ni
considération des alliés. Lorsque Britanniques, Allemands et Français ont
plaidé auprès des Américains pour une extension de la date limite de leur
retrait militaire, ont-ils été entendus ? Non. Cette conversation
s’est-elle tenue à l’OTAN ? Nullement. Il a fallu un G7 extraordinaire
pour qu’elle ait lieu. L’OTAN a-t-il débattu de sa stratégie de sortie ?
Les ministres de la défense de l’Alliance se sont-ils seulement réunis pour
coordonner le retrait ? A aucun moment. C’était l’été, nous dit-on. Vous
avez dit mort cérébrale ?
Et maintenant l’Aukus [sigle donné au pacte de sécurité sur la base de
l’acronyme Australia-United Kingdom-United States]. Au moment où l’Union
européenne (UE) publie sa première « stratégie Indo-Pacifique », la
voici superbement ignorée par un axe Washington-Londres-Canberra, qui se
présente comme une nouvelle alliance militaire et qui torpille, au passage, le
partenariat franco-australien et son contrat de livraison de douze sous-marins.
Le coup est sévère pour la France, déroutant pour l’UE, qui s’est exprimée,
mais que dit-il de l’OTAN ? Rien d’autre que ce que répètent les
Etats-Unis depuis Barack Obama : que l’Amérique pivote et que ses
priorités sont ailleurs.
Alors ? La première réponse, la plus évidente, c’est d’accélérer la marche
vers une défense européenne. J’en suis, j’y crois et, avec beaucoup d’autres,
je m’efforce d’y contribuer.
Si nos priorités et celles des Etats-Unis ne coïncident pas toujours, si notre
environnement est instable et notre principal allié occupé ailleurs, alors
serrons les rangs entre Européens et écoutons… Angela Merkel : « Nous,
les Européens, devons prendre en main notre propre destin. » Cette phrase
date de 2017. Quatre ans plus tard, des progrès ont été accomplis mais pas
encore un saut qualitatif majeur. Si le compte n’y est pas, c’est notamment
qu’en Allemagne, on peine à passer des mots aux actes.
La seconde réponse n’en est pas vraiment une et, pourtant,
elle fleurit dans la classe politique française, jamais aussi gaullienne qu’en
période électorale : « Sortons du commandement intégré de
l’OTAN ! », répètent à la fois Xavier Bertrand, Fabien Roussel et
Eric Zemmour. Ceux-là même pour qui la France n’est pas assez entendue là où
elle siège proposent de la mettre sur un strapontin. Etrange manière d’exercer
notre influence que de proposer de la diminuer. « Quittons
l’OTAN ! », réplique Jean-Luc Mélenchon. Saluons sa constance mais ne
cédons pas à son inconsistance.
Le constat d’Emmanuel Macron, la situation de faiblesse de l’OTAN n’ont rien
d’une bonne nouvelle. Nous avons besoin d’un lien transatlantique fort, dans
lequel l’Europe s’affirme davantage et pèse d’un vrai poids, mais nous avons
aussi besoin que l’Amérique reste engagée.
Prenons la menace terroriste, contre laquelle nous luttons au Sahel et au
Levant et qui ressurgit en Afghanistan. Nous y avons besoin des Etats-Unis et
leur soutien y est précieux, tous les militaires vous le diront.
Mais puisqu’il est question de l’OTAN, parlons de la menace russe. Elle n’a
rien d’hypothétique, de la Crimée aux cyberattaques et aux campagnes de
désinformation « made in Russia ». Sur ce terrain, la Chine apprend
vite, et la réalité d’un monde libre assailli par des régimes autoritaires qui
cherchent à affaiblir nos démocraties n’a rien d’un fantasme. Que ni
M. Mélenchon ni Marine Le Pen n’y trouvent à redire interroge.
Que certains plaident l’équidistance entre l’Amérique et la Russie ou entre
l’Amérique et la Chine est, pour moi, une défaite de la pensée. J’ai vécu à
Washington et je sais ce qui nous différencie. Je ne veux, pour Internet, ni de
la loi de la jungle américaine ni du contrôle social chinois. Mais je sais
aussi dans quel genre de monde je veux que mes enfants grandissent et combien
il importe de défendre nos démocraties quand elles sont attaquées.
Notre continent vit un moment gramscien. L’OTAN est affaiblie, la défense
européenne progresse mais reste à construire et c’est dans ce clair-obscur que
surgissent les monstres.
- Sur l’Europe, Emmanuel Macron a à la fois un bon bilan et une vision forte. Avec Renaissance nous continuons le
travail de conviction et d’entraînement des Européens pour une Europe
souveraine, unie et démocratique, plus nécessaire que jamais.
Marie-Pierre Vedrenne
- L'Europe a été critiquée en début de crise, mais
il y a eu des avancées historiques comme le plan de relance. Il doit permettre
de bâtir une relance juste socialement, responsable écologiquement et source
d'innovation.
- Nous avons un devoir de vigilance.
Un projet est sur la table de la Commission européenne, pour garantir une
concurrence loyale et équitable.
- L'Union européenne est pleinement
consciente de la nécessité de relocaliser des productions. Tout ne sera pas
relocalisable évidemment, mais nous devons aller vers une autonomie stratégique
sur des secteurs clés.
- L'objectif est de construire une
Europe sociale, qui doit passer par un salaire minimum.
- Pour répondre à la crise d'un point
de vue économique, il faut insister sur l'aspect historique du plan de relance.
Celui-ci n'était pas du tout acquis.
- Le salaire minimum va être un enjeu
du budget européen,
en l'adaptant aux conditions des différents pays. Il nous faut bâtir un modèle
social, qui permettra de tirer les droits vers le haut.
- Le mécanisme carbone est un enjeu
essentiel pour la protection de l'environnement, tout en permettant d'obtenir
des ressources budgétaires à l'Europe.