Voici une sélection, ce 15 septembre 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron
(Président de la République)
[Discours en clôture du Beauvau de la sécurité.]
Qu'un tel évènement sur la sécurité réunissent policiers, gendarmes,
magistrats, élus, citoyens n'est pas si habituel. Et pourtant, ça devrait être
une évidence. Une évidence, car la sécurité, je veux ici le dire très
clairement pour chacune et chacun à travers la nation, n'est pas simplement le
sujet de nos forces de sécurité intérieure. En effet, la sécurité est le
devoir, la cause même de notre nation qui doit faire bloc. La sécurité est
l'affaire de tous, une co-construction, un bien commun parce que la sécurité
est la première de nos libertés, celle sans laquelle les autres sont mises à
mal, fragilisées, parce que les Français attendent de nous collectivement, où
que nous soyons, l'efficacité, la proximité, la réactivité, la
responsabilité.
C'est pour cela que j'ai décidé, en février dernier, de lancer le Beauvau de la
sécurité. Vous en connaissez l’origine : l'intolérable combat que certains ont
décidé de mener contre les forces de l'ordre comme s'il s'agissait d'un camp,
oubliant ce faisant les principes mêmes de la République. Nos forces de l'ordre
servent la loi, la République elle-même ; la confiance fragilisée entre une
partie de nos concitoyens et ceux qui les protègent, les polémiques et attaques
multiples, comme ces derniers jours ont encore pu l'illustrer, le sentiment
aussi d'une perte de sens qui existe pour vous, policiers, gendarmes, vous qui
gardez la paix. Nous avons voulu, avec ce travail en profondeur qui s'est
déployé sur plusieurs mois et dans tout le pays, tout remettre à plat, associer
les hauts gradés comme les jeunes recrues, les femmes et les hommes de terrain
comme les administratifs, les élus comme les experts, les syndicats comme les journalistes,
les citoyens, pour d'abord poser un diagnostic et ensuite élaborer des
solutions nouvelles. (…)
Nous avons commencé dès 2017 par renforcer l'arsenal de lutte contre le
terrorisme avec l'augmentation des moyens des services de renseignement, renseignement
territorial comme DGSI, qui ont vu leurs effectifs augmenter de 1 900 agents et
leur budget doubler par rapport à 2015. Le directeur général ici présent le
sait, ô combien, la direction n'a pas ménagé sa peine et à ses côtés, toutes
les directions du ministère qui sont engagées dans cette lutte contre le
terrorisme. Nous avons procédé à un engagement massif de la nation. Il est
assumé, car il était nécessaire. En même temps, nous avons créé la coordination
nationale du renseignement et de la lutte contre le terrorisme. Nous posions le
principe du « chef de filat » de la DGSI et promulguions la loi Sécurité
intérieure et lutte contre le terrorisme qui a permis de sortir de l'état
d'urgence sans désarmer nos services et la protection de nos concitoyens. Nous
sommes aujourd'hui mieux armés juridiquement, techniquement, humainement, mais
il nous faut continuer inlassablement ce travail, car la menace est là, qui
s'adapte, se transforme constamment et c'est bien cette société de vigilance
qu'il nous faut continuer de bâtir. Je veux, en cet instant aussi, avoir une
pensée pour les victimes et les familles des attentats que la France a eu à
subir en novembre 2015 et dont nous vivons aujourd'hui les procès.
Nous avons aussi, dès 2017, engagé un effort sans précédent pour lutter contre
le crime et garantir la sécurité au quotidien. Le budget de la mission sécurité
du ministère a ainsi progressé depuis le début du quinquennat de 1,7 milliard
d'euros. La création de 10 000 postes a été actée et achève de se déployer avec
les sorties d'école actuelles, de même que des investissements historiques dans
l'équipement et l'immobilier. Défendre la sécurité et les forces de sécurité
intérieure, ça ne doit plus être des mots, mais bien des actes. Les actes, ce
sont des choix budgétaires, ce sont des décisions, ce sont des actions, c'est
ce qui s'est passé. France Relance a aussi permis d'accélérer encore ce
mouvement. Fin 2021, plus de 700 casernes et commissariats auront été
modernisés et 30 000 véhicules achetés. D'ici le printemps prochain, les deux
tiers du parc automobile auront été changés, 11 000 véhicules encore dans les
prochains mois grâce aux choix budgétaires que je confirmerai aujourd'hui, avec
des véhicules qui, je crois, correspondent tout simplement aux besoins sur le
terrain et aussi à la dignité attendue pour chacune et chacun.
Les ministres, - je dis bien les ministres, car c'est le travail conjoint du
ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux, sous l'autorité du Premier
ministre, ont aussi agi pour répondre à la situation de violence subie par nos
forces de l'ordre. Là aussi, des décisions claires et historiques ont été
prises. La fin des remises de peine, pour les auteurs de tels actes.
L'incrimination spécifique pour les auteurs d’actes contre nos forces de
l’ordre qui vient d'être adoptée et promulguée il y a quelques semaines. Et
enfin, l'Observatoire pénal de suivi de ces violences, qui était demandé depuis
tant et tant d'années et qui a été confirmé et se met en place. C'est une
réponse claire à une situation inadmissible.
Nous avons enfin pris à bras le corps les fléaux des temps présents, la lutte
contre la drogue avec la création de l’OFAST, une organisation nationale
structurée, une coopération de tous les services, des déclinaisons locales et
un travail à l'international pour démanteler les réseaux les plus profondément
établis. Le combat contre la cybercriminalité, qui ne touche pas seulement les
infrastructures les plus critiques, les institutions, les grandes entreprises,
mais aussi les très petites entreprises, les simples citoyens. Un plan a été
annoncé dès le printemps 2018 qui continue de se déployer. Tous ces moyens,
toutes ces actions permettent d'abord de rappeler que nous n'avons pas
simplement attendu la réflexion du Beauvau pour agir, ou les débats qui se
nouent légitimement au gré de l'actualité, mais ont aussi conduit à des
résultats qu'il convient de rappeler, car ils sont le fruit de votre
travail.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur le front de la lutte antiterroriste, 36
attentats ont été déjoués par nos services de renseignement depuis 2017. En
matière de délinquance, si les violences contre les personnes restent trop
élevées, chacun constate les résultats obtenus par la police et la gendarmerie
dans le champ de la protection des biens ; baisse d'un quart des cambriolages
depuis 2017, soit 46 300 habitations cambriolées en moins ; baisse de 20 % de
vols de véhicules en moins, soit 28 000 victimes de moins. Sur le front de la
lutte contre la drogue que j'évoquais il y a un instant, nous progressons aussi
de manière significative. Rien que pour le premier semestre de cette année, 37
% de saisies de cannabis, 91 % de saisies de cocaïne et 60 % de saisies
d'héroïne en plus par rapport à 2020. 7 837 trafics démantelés, ce qui
correspond à une hausse de 34 % ; 52 millions d’euros d'avoir criminels saisis.
Ces résultats, c'est le fruit de votre travail et ils sont incontestables,
factuels. Et vous les avez menés dans un contexte inédit où l'ensemble de nos
forces de l'ordre ont été largement mobilisées. D'abord, dans un contexte de
maintien de l'ordre inédit qui a demandé énormément de mobilisation, et ce
depuis 2016. Ensuite, dans un contexte aussi de lutte contre l’immigration
clandestine et les réseaux, inédite. Au moment où je vous parle, il y a en plus
des moyens spécifiques qui sont déployés, du travail que fait la PAF chaque
jour, de la mobilisation exceptionnelle que nous avons sur certains territoires
ultramarins, il y a aujourd’hui 4 000 policiers et gendarmes aux frontières
hexagonales pour lutter contre l'immigration clandestine. Il n'y en a jamais eu
autant. Malgré tout cela, il y a les résultats que je viens d’évoquer.
Ces résultats, ce sont les vôtres. Ce sont des victimes en moins, des vies qui
s'améliorent. Et je sais combien, être policier et gendarme est un métier
difficile, fait de risques, mais que vous avez choisi pour cela, pour avoir ces
résultats, pour bâtir la vie tranquille. Et vous pouvez être fiers de cette
action menée que je rappelle à l’instant parce que la République est fière de
vous et de cela. Simplement, tout ne va pas bien non plus. Et donc, aussi vrai
qu'il ne faut pas céder à la tyrannie des faits divers qui consisterait à dire
que nos forces de l'ordre ne font rien, et que nous soyons constamment débordés
- c'est faux ; et les chiffres que je viens de rappeler le montrent, il ne faut
pas non plus considérer que tout va bien et que nous pourrions en rester là.
Ce que les échanges de Beauvau ont confirmé, ce que vous dites, ce que vous
relatez chaque jour, c'est que ces statistiques ne disent pas tout de la
violence latente qui, ces dernières années, s'est emparée de notre société.
Vous êtes les premières et les premiers à la vivre. Nos concitoyens qui vivent
dans les zones les plus difficiles et les plus exposées le disent avec vous.
Les associations engagées le disent aussi, nos élus qui sont au front avec vous
sur ces sujets le relaient. Ces statistiques ne disent pas tout, non, de ces
faits divers de plus en plus sordides, parfois barbares même, qui endeuillent
trop souvent l'actualité, ne disent pas tout, des coups et blessures, de
violences intrafamiliales qui sont en croissance forte, de la délinquance
numérique qui explosent. Et je n'évoque pas les quartiers qui, comme à
Montpellier, Marseille où je me suis rendu récemment, voient des groupes
chercher à prendre le pouvoir, à imposer leurs règles sans que jamais nous n'y
cédions, mais qui reprennent parfois le terrain dès le lendemain ou le
surlendemain.
Face à ce retour de la violence, à cette transformation de la violence que nous
voyons dans nos sociétés depuis plusieurs années et qui ne touche pas que la
France, nous n'avons le droit à aucune complaisance. Nous ne devons céder ni au
déni, ni à la facilité. Ne pas céder au déni parce qu'il serait évidemment
inadmissible de dire qu’en quelque sorte, cette situation que je décris, ce
serait simplement un sentiment, parce qu'il y aurait à côté de ça la réalité
des chiffres. Les gens qui le vivent, vivent ces réalités. Il ne faudrait pas
non plus considérer que c'est par une mesure miracle, un gadget et toujours des
moyens supplémentaires - nous avons, je crois, fait ce qu'il convenait de faire
et qui correspondait à des évaluations établies, mais que telle ou telle mesure
permettrait de tout régler et de faire reculer la violence. La transformation
est si profonde, cette violence qui prend de plus en plus de place dans nos
sociétés du fait du numérique, de la montée, de l'habitude, de l'anonymat,
d'une libération de la parole, de la structuration de certains réseaux, de la
conjugaison parfois de phénomènes multiples, appellent au contraire de savoir
prendre des décisions profondes, peut-être radicales, de changer nos habitudes,
parfois, l'ordre établi, de répondre en quelque sorte, pas simplement à vos
attentes, mais à vos propositions.
Et donc ce que je suis venu vous annoncez ce matin, c’est une stratégie
complète inspirée de vos travaux, préparée par votre ministre en coopération
avec plusieurs membres du Gouvernement, en particulier le garde des Sceaux,
mais qui cherche à répondre en profondeur à cette évolution. Avec d'abord, et
ce sera le premier pilier, une réponse radicale sur deux sujets : la procédure
pénale et le temps long.
Réponse profonde et radicale parce que ce sont des sujets dont on parle depuis
longtemps. Et mon souhait est de vous en parler pour que cela change. Nous
avons commencé là aussi des progrès, mais nous devons, nous nous devons des
changements radicaux. La procédure pénale d’abord. J’étais, je l’évoquais, à
Marseille il y a une quinzaine de jours. Que voit-on quand on va dans un
commissariat, une brigade de gendarmerie ? Des piles de papiers. A plusieurs
reprises, je me suis rendu dans des tribunaux. Que voit-on ? Des piles de
papiers. Le combat est le même. Le formalisme, la lourdeur des procédures est
l’ennemi commun de nos forces de sécurité et de nos magistrats. Il prend du
temps, du temps d’action, du temps de présence, du temps d’intelligence à
déployer ailleurs. Et on croirait peut-être que c'est un détail, c'est tout
l'inverse. Derrière ces piles de papiers, il y a du temps excessif qui est
passé, des procès qui prennent trop de temps, des victimes qui sont menacées,
parfois des délinquants en liberté. Derrière ces piles de papier, il y a trop
souvent, pour vous les premiers, mais pour nous tous, les symptômes d'une
impuissance que nos concitoyens voient. Alors là aussi, nous avons commencé
d'agir avec des choses très concrètes qui sont en train de se déployer, ont
commencé à être déployées. Les fameux rappels à la loi qui prenaient tant de
temps pour une utilité que j'aurais la pudeur de ne pas rappeler ici. Nous
bougeons. 180 000 rappels la loi que nos policiers chaque année avaient à faire
sont ainsi supprimés. Simplification pour plus d'efficacité, en faisant un
choix simple qui a été construit : pour certains faits, il faut lancer une
procédure qui est plus qu’un rappel à la loi. Pour d'autres, il faut acter que
c'est le de mininum, mais au moins aller au bout de la logique et ne pas rester
dans cette hypocrisie qui vous prend du temps sans avoir quelque
efficacité.
La deuxième chose qui a commencé il y a maintenant un peu plus d'un an, et
c'est un travail qui a commencé il y a trois ans, ce sont les amendes pénales
forfaitaires. Ces fameuses amendes qui ont permis d'évoluer là aussi, de mettre
fin à des procédures qui étaient trop longues et donc inefficaces. Et en
matière de lutte contre les stups que j'évoquais, depuis septembre 2020,
l'amende forfaitaire a permis d'avancer, je reviendrai sur les chiffres tout à
l'heure, de simplifier les choses, mais de mener une vraie politique de
pilonnage sur les points de stups établis, avec là aussi des résultats, en
Seine-Saint-Denis, à Marseille et ailleurs. Quand cet instrument a été utilisé,
et votre département en est également l'illustration, il produit des résultats.
Dès ce mois d'octobre, nous procéderons à la même transformation pour répondre
à deux phénomènes très concrets que nos élus connaissent bien : d'abord,
l'occupation illicite par les gens du voyage de certains terrains. Il suffit de
lire la presse quotidienne régionale pour savoir que nos procédures sont trop
longues, que quand on arrive avec la procédure, requérir le concours de la
force publique c'est parfois déjà trop tard. Mais qu’on ne fait pas mal là où
ça fait vraiment mal, c'est le porte-monnaie, pardon d'être trivial et direct.
Et donc on va faire gagner du temps à beaucoup de monde, on va alléger la
procédure, mais on va permettre aussi de répondre à des situations
inacceptables sur le terrain en ayant la même approche par les amendes pénales
forfaitaires pour l'occupation illicite par les gens du voyage des terrains. Et
nous allons faire la même chose pour un autre sujet qui hante la vie de nos
concitoyens, de beaucoup d'associations et de beaucoup d'élus, les occupations
illicites de halls d'immeuble. Sur ces sujets, nous allons là aussi procéder à
la mise en place de cette même amende. Ça ne veut pas dire que nous changeons
les garanties apportées par notre droit, cette amende est pénale, mais nous
simplifions la procédure et nous permettons d'avancer et de répondre aux
besoins de sécurité, et au besoin qui est le vôtre aussi, c'est-à-dire d'avoir
un résultat tangible aux décisions que vous prenez sur le terrain et à la
situation que vous pouvez constater.
Nous avons engagé également la mise en place de la procédure pénale numérique,
qui est une véritable révolution en termes d'organisation et de simplification
et que nous continuerons de parachever. Ce travail a donc bien commencé avec
des premiers résultats. Mais il est insuffisant. Nous devons aller beaucoup
plus loin. Policiers, gendarmes, magistrats, vous continuez à vous épuiser à
respecter des procédures, il faut bien le dire, qui sont quand même souvent
hors d'âge où on multiplie les PV, où il y a un formalisme des auditions qui ne
tient compte d'aucun moyen technologique actuel, d'aucune des formes de
garanties qu'on utilise par ailleurs pour tout le reste de la vie publique et
des sécurités qu'on sait maintenant apporter pour tant et tant d'actes, avec
des textes qui sont aussi parfois contradictoires, et pendant ce temps, des
délinquants qui, eux, jouent de nos lourdeurs et avancent. Nous ne pouvons plus
laisser prospérer une telle situation. Le droit doit protéger les
citoyens.
Évidemment, tous les citoyens doivent être protégés. Il ne s'agit pas de
sacrifier ce que sont les fondements de nos procédures parce qu'elles
permettent de garantir aussi le droit des victimes comme ceux des inculpés.
Mais pour autant, nul ne saurait accepter de rendre l'État impuissant. Le droit
doit être au service de nos principes, jamais de l'inefficacité. C'est
pourquoi, à court terme, fort de vos travaux et de ce qui a été mis en place,
je demande au garde des Sceaux d'élaborer sous un mois un bilan des mesures de
simplification engagées depuis le début du quinquennat et de faire des
propositions pour améliorer rapidement le travail des enquêteurs, magistrats,
et de l'ensemble des forces ; d'ici 3 mois, de proposer un complément de
mesures très concrètes de simplification de nos procédures pénales. Mais le
chantier est plus vaste, nous le savons bien, et il ne peut pas se faire en 3
ou 4 mois. Il faut être lucide et là, je vous dois l'honnêteté, on vous l'a
tant promis. Et il faut bien aussi constater que les évolutions de la société
conduisent parfois à alourdir ce qu'on voudrait même alléger. Et il se peut
même que les dernières lois aient parfois contribué à alourdir certaines de ces
procédures. Je l'ai bien en tête et je le vois comme vous. Donc c'est une
remise à plat plus large qu'il nous faut faire au-delà de ces premiers travaux.
C'est pourquoi, dans le cadre des États généraux de la justice qui vont
s'ouvrir dans quelques semaines et qui sont intimement liés à ce Beauvau de la
sécurité, car la mission régalienne a quelque chose d'inséparable, même si nos
principes peuvent respecter chacun leur logique. Dans le cadre de ces États
généraux de la justice, je souhaite que le garde puisse réunir parlementaires,
magistrats, professeurs de droit, avocats, forces de l'ordre, pour repenser les
grands équilibres de la procédure pénale et proposer une nouvelle écriture du
Code. Je ne vais pas ici préempter les débats, mais il y a quelques éléments
simples sur lesquels je demande que nous puissions avancer dans ce cadre. Une
simplification drastique des cadres d'enquête. Qui peut encore comprendre la
multiplication de ces cadres, entre la flagrance, l'enquête préliminaire et la
multiplication des formalismes et parfois des répétitions. La généralisation
des PV de synthèse pour les petits délits et le débat nécessaire sur
l'utilisation aussi des nouveaux moyens qui sont offerts aux enquêteurs dans le
cadre des procédures pour permettre d'éviter les saisines parfois longues, de
longs entretiens qui ont pu être filmés ou suivis. Ces sujets sont tous
extrêmement lourds, je ne le sous-estime pas, mais ils méritent mieux que des
débats d'estrades parce que la cause est commune, parce que c'est du temps de
policiers et de gendarmes, c'est du temps de magistrat, c'est du temps de
personnels administratifs qui pourraient être beaucoup mieux utilisés si nous
savions prendre chacun de ces sujets comme on doit les prendre. C'est ce que je
demande donc dans le cadre de ces États généraux de faire pour compléter les
mesures de court terme sur lesquelles je viens d'ores et déjà de m'engager. En
quelque sorte, poursuivre sur la voie du pragmatisme parce que c'est ce qu'on
doit, mieux que de la démagogie, des propos d'estrades ou des mesures magiques.
Parce que j'ai la faiblesse de penser que s'il y avait une mesure magique,
depuis tant d'années, elle aurait déjà été décidée.
Le second changement radical que je veux ici engager concerne le temps dans
lequel s'inscrit votre action. On dit souvent du ministère de l'Intérieur qu'il
est le ministère de l’urgence. Monsieur le ministre, messieurs les directeurs
et préfets, vous ne me démentirez pas. Vous répondez toujours présents quand
l'imprévu est là avec force, quand tout semble s'effondrer, vous êtes les
vigiles de la République. Mais le ministère de l'Intérieur a aussi besoin de
temps long, de durée, d’inscription justement dans le temps et d'anticipation.
Et je vous le dis avec beaucoup d'humilité, parce que j'ai vu aussi le temps
que prennent les décisions. Quand je me suis engagé, au printemps 2017, à
déployer 10 000 forces de police supplémentaires, beaucoup de gens, il y a
encore 18 ou 24 mois, me disaient : « Ils sont où vos 10 000 policiers et
gendarmes ? » Il faut les former, il faut les recruter, il faut faire passer
les concours, les former. Cela prend du temps donc. Et donc on ne peut pas
piloter une politique de sécurité à l'embardée, au volant, à l'émotion. Vous
valez mieux que ça ; notre Nation vaut mieux que ça. Et il faut donc que nous
ancrions nos stratégies dans le temps long en matière de moyens, de formations
et d'engagement.
Voilà pourquoi j'ai décidé que nous porterons une loi de programmation pour la
sécurité intérieure et même pour les sécurités intérieures, car il s'agit de
tout le champ d'action de la place Beauvau. Le but est de penser la police et
la gendarmerie de 2030. Une police qui doit faire face aux nouvelles formes de
délinquance qui pullulent dans l'espace numérique : le deal par messageries
cryptées et les escroqueries digitales, la cybercriminalité. Une police qui
doit se saisir des technologies numériques pour aller plus vite, enquêter plus
efficacement. Une police qui doit être formée, équipée en fonction des
nouvelles menaces qui pèsent sur la société : le terrorisme, mais aussi la
violence débridée et les manifestations sporadiques, l'internationalisation du
crime. Le champ n'a jamais été si vaste. Nous devons y répondre en regardant le
temps long et en prenant des choix qui dureront et l'assumons. C'est pourquoi
je demande au ministre de l'Intérieur de préparer l'élaboration de cette loi de
programmation qui sera assortie des moyens nécessaires, que je souhaite voir
présentée en Conseil des ministres au début de l'année 2022. Cette loi devra
être la loi de modernisation numérique du ministère de l’Intérieur. Là aussi,
nous avons besoin d'une véritable révolution des pratiques du quotidien, du
suivi de l'action. Le ministre a montré ses compétences en la matière, lui qui
a réussi la réforme de l'impôt à la source. Je compte donc sur vous, Monsieur
le ministre, pour réussir le même virage au ministère de l'Intérieur,
c’est-à-dire restructurer en profondeur cette action numérique ; elle est
nécessaire. Par cette réécriture de la procédure pénale, par cette loi de
programmation qui sera assortie de moyens, la Nation est donc aux côtés de sa
police et de sa gendarmerie. Pas en mots, pas en bricolage, en profondeur, avec
des choix clairs, des engagements concrets de court terme, de moyen terme, de
long terme. Parce que la Nation est à vos côtés, et je vous le dis avec à la
fois solennité, respect et affection. Écoutez toujours les critiques. Chacune
et chacun d'entre nous doit le faire pour nous améliorer constamment. N'écoutez
jamais les cris de haine, ils sont indignes. Les Français vous aiment. La
Nation vous aime. En retour de l'effort historique que nous avons consenti et
que nous engageons ce jour, je veux aussi, c'est pour moi le deuxième pilier de
cette stratégie d'ensemble : fixer deux ambitions claires qui ne sont pas
celles du ministère, mais qui sont les ambitions des Français. Les exigences,
au fond, qui ont pu être exprimées dans le cadre des consultations largement
menées.
La première exigence est ambition, je l'ai parfois d'ailleurs dit en ces
termes, je vous le répète, plus de bleus sur le terrain. Ce qu'attendent nos
compatriotes, c'est en effet une présence accrue de policiers et de gendarmes
sur la voie publique parce que c'est rassurant pour eux et dissuasif pour les
délinquants. Alors nous avons déjà beaucoup fait en la matière. Nous avons créé
des postes de policiers et de gendarmes. Nous avons embauché des personnels
administratifs. Nous avons mis en place des terminaux numériques qui diminuent
le temps au bureau, l'allégement aussi de certaines tâches. La fameuse création
d'amendes forfaitaires qui, sur la seule consommation de stupéfiants où elle
est en place depuis maintenant un an, a permis 100 000 amendes dressées 100 000
depuis le 1er septembre 2020. Tout cela a permis de déployer plus de temps
utile. Et la logique engagée dès le début de mon mandat : police de sécurité du
quotidien, dégager des fonctions inutiles, embaucher. Nous en avons les
résultats d'ores et déjà aujourd'hui. Mais nous devons aller plus loin en
sachant là aussi bousculer quelques tabous, quelques habitudes prises. Et je
veux nous fixer un horizon : augmenter significativement, c'est-à-dire doubler
sous 10 ans la présence des policiers et gendarmes sur la voie publique.
Cet objectif, nous pouvons le tenir. Il faudra peut-être créer des postes ici
ou là en fonction de ce que les travaux qui présideront à la LOPPSI permettront
d'identifier. Mais nous avons la possibilité de dégager des marges de manœuvre
par des réformes en profondeur et des exigences. Il faut dégager pour cela les
policiers des tâches administratives en développant les missions des personnels
administratifs. Il faut aussi réexaminer le temps de travail pour renforcer la
capacité des unités de terrain. Les cycles horaires sont devenus illisibles. Je
demande en la matière qu'un travail de fond soit engagé en lien avec les
représentants des personnels pour que l'équilibre de vie des agents et la
présence sur le terrain se conjuguent. Mais les cycles horaires ne
correspondent plus aux besoins du terrain, à ce que vivent nos concitoyens et
même à ce pourquoi vous vous êtes engagés, soyons clairs. C'est le fruit de
discussions où il n'y avait pas assez de moyens, pas assez d'ambition, et où il
fallait passer des mauvais compromis. Fini le temps des mauvais compromis. Il y
a une ambition, on a commencé à mettre les moyens, on va aller au bout de cette
logique. Avec les moyens, il doit aussi y avoir de l'exigence. Je demande que
le ministre puisse conduire ces discussions sur les nouveaux cycles horaires
pour que, d'ici au 1er janvier prochain, elles soient finalisées. Nous allons
aussi revoir le système de mouvements de nomination. Là aussi, ça ne correspond
plus aux besoins du terrain. Je vous parle en toute franchise. Je crois que
nous le savons tous au fond. On ne peut plus, en effet, faire venir 100
personnels en renfort pendant une année, et l'année suivante, les laisser
partir. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec les mouvements tels qu’ils sont
organisés. Les nominations doivent s'inscrire d'abord dans la durée, les
mutations doivent se faire en fonction des besoins du terrain, tels qu’ils sont
évalués par la hiérarchie, par l'analyse, en lien avec les élus, de ces
besoins. Là aussi, je demande que le ministre puisse mener les discussions et
qu'elles soient finalisées au 1er janvier prochain. J'ai conscience de
l'exigence qu’il y a derrière ces réformes, mais elles sont nécessaires.
La deuxième ambition et exigence, c'est de mieux prendre en charge les
victimes. Nous avons là encore fait beaucoup, notamment pour mieux prendre en
charge les femmes victimes de violences : la création du 3919, aujourd'hui
accessible 24 heures sur 24 - et j'en remercie les équipes -, la formation de
près de 90 000 policiers et gendarmes, la mise en place de guichets dédiés, le
déploiement de 2 300 téléphones grave danger pour les victimes, la création de
123 postes d'intervenants sociaux supplémentaires. Nous devons nous inspirer de
cette méthode pour mieux accompagner l’ensemble des victimes. Mais aujourd'hui,
nous devons encore faire mieux pour, en quelque sorte, nous mettre au plus près
des victimes et leur permettre d'avoir accès aux services du quotidien que
d'autres services publics savent leur rendre. La police et la gendarmerie
françaises doivent prendre le virage du service rendu aux citoyens. Pour ce
faire, je souhaite que la plainte en ligne soit mise en œuvre dès 2023, et pas
seulement la pré-plainte comme c'est le cas aujourd'hui. Je souhaite que dans
ce cadre, un suivi soit possible pour les victimes, avec des référents à qui
s'adresser au sein des forces de l'ordre et des applications numériques
dédiées. C'est important pour les victimes, mais c'est important aussi pour les
forces sur le terrain, pour vous tous et toutes, de pouvoir suivre les affaires
et leur progression. Je souhaite qu'au-delà des femmes victimes de violences,
toutes celles et tous ceux qui veulent porter plainte soient mieux accueillis,
ce qui suppose tout à la fois de mieux former et continuer à mieux aménager nos
commissariats et nos brigades. Voilà les deux exigences indispensables que nous
devons aussi ensemble travailler et pour lesquelles nous devons avoir des
résultats dans les prochains mois.
Alors, s'il faut penser loin et si nous souhaitons ensemble avancer avec ces
deux ambitions, je n'oublie pas pour autant les urgences que vous avez exprimées
durant ce Beauvau. Je n'oublie pas votre quotidien fait de manque de moyens,
d'agressions répétées, de défiance parfois insupportable. J'ai rappelé il y a
quelques instants ce qui a déjà été fait pour répondre à ces violences, pour
répondre aussi aux besoins sur le terrain. Mais au-delà, nous devons aller plus
loin, prendre à bras le corps cette situation et continuer de nous engager. En
2022, le ministère de l'Intérieur verra ainsi son budget augmenter de près de
1,5 milliard d'euros, dont 500 millions d'euros pour la mise en œuvre des
premières mesures du Beauvau de la sécurité. C'est sans précédent. 95% de ces
mesures qui ressortent du Beauvau sont pour du matériel, de l'investissement,
les conditions de travail. Je le dis, ça n'est que, extrêmement, marginalement,
du catégoriel, une fois encore, parce que bien souvent ce qui avait été le
parent pauvre pour vous, c'était cela : les conditions de travail, les
voitures, la situation des bâtiments, tout ce qui faisait le quotidien. La
performance, la dignité, le sens du métier. Et ça permettra d'abord d'investir
dans l'humain à court terme qui, en matière de sécurité, est la base de tout.
Nous le savons, nous sommes ici dans une école, merci de nous accueillir,
Madame la directrice, mais ça commence à l'école et c'est tout au long de la
carrière. La sécurité, c'est d'abord le travail de femmes et d'hommes. On donne
plus de moyens, il y a plus de technique, il y a des technologies qui
s'installent de plus en plus et ça continuera. Mais ce sont des femmes et des
hommes qui s’engagent et qui croient dans cela, qui croient dans cette
fonction. C'est ce que vous faites. Et donc, je dirais que trop longtemps, nous
n'avons pas investi dans l'humain.
J'ai d'abord entendu votre souhait légitime de bénéficier d'un temps plus long
de formation et d'avoir une réponse plus adaptée en termes de formation.
D'abord, et je dois dire que j'ai découvert cela à la lecture des travaux du
Beauvau - je confesse, on apprend toujours - quand on passe un concours on
attend 2 ans en moyenne pour rentrer dans l'école. Bon courage ! Les jeunes les
plus motivés sont évidemment du coup ceux qui hésitent, parfois quand ils ont
plusieurs concours, ils rejoignent d'autres administrations ou d'autres
services. Tout le monde est perdant à ce jeu. Il nous faut nous fixer un
objectif : six mois maximum entre l'obtention du concours et l’entrée dans
l'école. C'est le maximum. C'est ce qui peut être accepté par un jeune et sa
famille. Plus, on perd le sens, et surtout on tue toute attractivité. C'est
aussi pour cela que nous avons décidé de mettre des moyens : l'Académie de
police, je l'ai annoncée à Montpellier, dans laquelle passeront l'ensemble de
nos forces de police en France, mais également des centres régionaux et centres
spécialisés pour nos policiers et nos gendarmes pour compléter l'offre d'ores
et déjà existante et répondre à la formation initiale dans les temps
nécessaires et à la formation continue.
Je pense aussi qu'il est nécessaire d'entendre ce qui ressort de vos travaux.
La formation n'est pas assez longue et qualifiante. J'ai donc décidé, dès
l'année prochaine, d'augmenter de 4 mois le temps de formation initiale des
gardiens de la paix et de hausser de 50% la durée de la formation continue pour
les gendarmes et les policiers. C'est indispensable. Ces temps de formation
seront considérés comme du temps de travail à part entière, sanctuarisés par
votre hiérarchie et valorisés financièrement comme tels. À chaque fois que nous
avons eu des difficultés sur le terrain, nous le savons bien, c'est qu'il
manquait du monde et c'est qu'il y avait des manques de formation face à telle
ou telle situation. Est-ce qu'on peut reprocher à nos forces de l'ordre de ne
pas avoir été formées sur telle ou telle situation ou d'avoir déployé des
jeunes ou moins jeunes sur des situations auxquelles ils n'avaient pas été
dûment préparés ? Nous y répondrons par cet engagement et ces moyens mis sur la
formation.
Cela permettra ensuite d'accéder aux demandes légitimes formulées durant ce
Beauvau par les différents corps de métiers de la police et de la gendarmerie
nationale. Ceux d’entre vous qui appartiennent aux forces de sécurité publique
ont souligné durant les tables-rondes l'utilité des caméras piétons qui
permettent en opération d'éviter tout dérapage des interpellés et qui,
lorsqu'une interpellation se passe mal, sont des outils de levée de doutes.
J'en suis profondément convaincu. C'est un outil qui dissuade et c'est un outil
qui protège tout le monde. Nous n'avons rien à perdre avec la transparence en
permanence, et c'est un outil qui permet aussi de recontextualiser les choses.
Combien de fois, avons-nous vu des vidéos volées, sorties de tout contexte qui
étaient mises par tel ou tel en ligne et qui devenaient soudainement un
matériau journalistique, le fruit de tous les commentaires, sans qu'il y ait la
possibilité de remettre dans ce contexte, dans son contexte, ce qui s'était
passé ? Les caméras sont bonnes pour l'action, pour prévenir des violences,
mais aussi dans la suite judiciaire qui sera donnée. Alors il faut déployer et
là aussi, il faut former, parce qu'il faut bien encadrer l'utilisation de ces
caméras pour qu'elles puissent ensuite être utilisées dans les procédures et
nous connaissons toutes les contraintes. C'est pourquoi je vous confirme
d'abord la finalisation du déploiement d'une caméra piéton par patrouille. Vous
le savez, j'y crois. 15 000 ont déjà été déployées, 15 000 restent à déployer,
elles le seront d'ailleurs dans les prochaines semaines, d'ici à octobre,
l'ensemble des engagements pris en la matière de ces 30 000 caméras seront
toutes déployées. C'est une véritable révolution. Je rassure aussi pour les
plus experts que nous avons changé les contrats jadis passés et que pour ceux
qui n'en ont pas encore bénéficié, il ne s'agit plus des formidables caméras
qui marchaient 4 heures par jour. J'ai pu voir dans d'autres pays qu'il y avait
des caméras qui marchaient tout le temps du service. C'est bien celles-ci qui
sont déployées. Le contrat passé a été cassé. Nous avons passé de nouveaux
marchés, et c’est bien une caméra qui correspond à vos besoins, qui est ainsi
déployée. Mais ce vers quoi nous devons aller, d'ici à la fin 2022, c'est de
permettre à ce que chaque fonctionnaire sur le terrain soit doté d'une caméra
individuelle. Cet objectif, nous pouvons l’atteindre, nous allons l'atteindre,
c'est l'engagement que nous devons nous donner à nous-mêmes. Je vous confirme
également que nous allons engager le déploiement des caméras embarquées pour
les véhicules, ce qui supposait un changement législatif. Celui-ci est en train
de se parachever et la mesure pourrait être effective dès 2023. Le déploiement
de ces caméras, d'ores et déjà pour les patrouilles, ensuite pour chacune et
chacun d'entre vous, puis pour les véhicules, c'est une stratégie de
dissuasion. C'est une stratégie de transparence. C'est une stratégie
d'efficacité et de protection pour vous toutes et tous. Celle-ci est complétée
par l'engagement aussi de nos élus. Je veux ici les remercier. Les
collectivités territoriales se mobilisent aussi et continueront de le faire, en
particulier pour les réseaux de vidéoprotection. Je tiens à saluer les
contributions de l’AMF, des associations d’élus au Beauvau de la sécurité. Nos
élus sont en première ligne et avec le déploiement des vidéoprotections, qui a
continué de se renforcer, avec aussi le travail qui a été fait pour renforcer
la coopération entre nos polices municipales et la police nationale, la
Gendarmerie nationale et le travail de notre justice est indispensable et c'est
là aussi un continuum auquel nous tenons.
Vous avez aussi souvent fait part du manque d'attractivité des métiers pour la
police judiciaire. Si je continue à parcourir et à cheminer à travers les
différents métiers de la police et de la gendarmerie. Ce manque d'attractivité,
nous le ressentons avec cruauté sur le terrain. Plusieurs départements, où la
criminalité ne manque pas, où la délinquance est forte, ont un problème, c’est
souvent le manque d’OPJ et donc la difficulté pour que les procédures avancent
comme il se devrait. Je souhaite, comme l’a proposé le ministre, qu'un plan
pour l'investigation soit lancé dès la fin de cette année. La formation d’OPJ
sera intégrée à la formation initiale de tout policier et tout gendarme, ce qui
permettra de participer aux premiers actes d'enquête et de fiabiliser ainsi les
procédures. C'est un changement profond qui suppose un changement de notre code
de procédure pénale qui, je le rappelle, faisait - et je parle sous le contrôle
de nos directeurs - attendre au moins 3 ans tout jeune fonctionnaire pour
pouvoir prétendre devenir OPJ. Chacun sera formé, ça ne veut pas dire que tout
le monde réussira l'examen. Ça après, ça dépend de chacune et chacun. Mais ce
sera dans la base de formation de tous, tous sans condition. Ce qui permettra
une bien plus grande efficacité, une acculturation de tous, mais surtout,
évidemment, une démultiplication de nos OPJ sur le terrain. C'est
indispensable. Là aussi, ce travail sera poursuivi dans le cadre des Etats
généraux de la justice, par aussi, tout le rapprochement entre la formation de
nos forces de sécurité intérieure et des magistrats qui, je crois, est un axe
important dont le Garde des Sceaux se saisira en lien avec le ministre de
l'Intérieur. Une partie du personnel administratif agira par ailleurs comme des
greffiers de police et de gendarmerie, ce qui permettra de dégager du temps aux
enquêteurs spécialisés. C'est pour nos personnels administratifs et techniques
la possibilité d'une évolution importante qui vient s'ajouter au plan de
revalorisation d'ores et déjà annoncé. Je pense que c'est important et cela a
du sens. Je le dis pour l'ensemble de nos personnels administratifs et
techniques qui font partie de la famille police et de la famille gendarmerie à
part entière, eux qui d’ailleurs, à Magnanville, à la préfecture de police ou à
Rambouillet, ont payé ces dernières années un si lourd tribut.
Dans le domaine de l'ordre public, que les phénomènes nouveaux de ces dernières
années que j'évoquais tout à l'heure, rapidement - Black-blocs, gilets jaunes,
manifestations sporadiques -ont profondément bousculé et n'ont pas ménagé, les
défis que le Beauvau a mis en avant sont nombreux. Là aussi, nous y répondrons.
Après avoir repensé le schéma national de maintien de l'ordre, après avoir renforcé
de 600 effectifs nos unités de forces mobiles - travail qui a permis de
reconstituer 4 unités - nous allons créer en région parisienne un centre de
formation dédié aux policiers comme aux gendarmes. Ce nouveau centre permettra
de constituer un vivier pour créer de nouvelles compagnies de CRS et escadrons
de gendarmerie mobile pour répondre aux besoins.
Sur le sujet des relations entre forces de l'ordre et presse qui, là aussi, a
été en particulier l'hiver dernier, fortement commenté, qui a été aussi discuté
durant les tables rondes, et qui est un point important de la confiance entre
la Nation et ses forces de sécurité : je souhaite que les propositions du
rapport Delarue retenues par le Premier ministre soient mises en œuvre dans les
plus brefs délais. Ce rapport a fait un travail exhaustif, impartial. La
nouvelle version du schéma national du maintien de l'ordre, qui sera présentée
avant novembre, permettra ainsi de décliner les conclusions de ce rapport. Elle
permettra de consacrer la place et le rôle des journalistes, mais d'imposer
aussi à toutes les parties prenantes présentes dans une manifestation, ou à
l'issue d'une manifestation, des règles qui vont avec ces situations
exceptionnelles comme il se doit. Pas d'hypocrisie, pour personne.
Dans le secteur de la police technique et scientifique, nos experts, qui
indispensables à la résolution des enquêtes, sont reconnus comme les tous
meilleurs du monde, verront leurs équipements être mis à niveau pour améliorer
leur visibilité sur les lieux d'enquête et leur protection. L'ensemble des
agents de la PTS, comme on l'appelle, bénéficiera par ailleurs d'un nouveau
statut. C'est là aussi le fruit du travail et des concertations menés ces
derniers mois. Enfin, par-delà les spécialités, durant ce Beauvau, beaucoup de
choses très concrètes remontant du terrain ont été dites sur lesquelles nous
allons agir. D'abord, la présence aussi sur le terrain de la hiérarchie.
Beaucoup ont dit et partagé le fait qu’il fallait encourager davantage les
promotions internes, mais il fallait qu'il y ait beaucoup plus de hiérarchie
sur le terrain ; ce qui va avec le « plus de bleu » aussi dans nos rues.
L'organisation des forces sera donc revue pour rehausser le taux d'encadrement
et permettre un commandement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. C’est
indispensable. Je sais d'ailleurs l'engagement de tout le commandement, de la
hiérarchie qui prônent pour aller en ce sens. C'est un travail de
réorganisation collectif du travail. C'est aussi un engagement pour plus de
promotion interne. Sur le modèle de ce qui a été expérimenté Outre-mer et dans
3 départements, des directions départementales de la police nationale seront
créées dans chaque département. Ceci permettra de lutter contre la logique des
silos et d'organiser pour que, là aussi, entre toutes les composantes, le
travail se fasse de manière beaucoup plus simple.
J'ai entendu aussi les préoccupations qui remontaient sur l'image, sur
l'uniforme désuet, inapproprié. Ceci, je ne le sous-estime pas, parce que c’est
une question de fierté, de respect, ça va avec les locaux, la situation des
conditions de travail au quotidien, avec le véhicule. J'ai vu la fierté dans
les regards quand on a déployé les premiers véhicules et que vos directeurs
départementaux, le directeur général ou le ministre étaient là. Ils changent,
ils vont plus vite, ils sont plus confortables, mais surtout ils sont reconnus
en ville, respectés. Il en est de même pour l'uniforme. Toutes les écoles de
design et bac professionnel métiers de la mode de France ont été invitées au
printemps 2021, à l'initiative de votre ministre, à proposer une modernisation
de la tenue des policiers. Deux propositions ont été retenues et ont débouché
après échange avec vos représentants, à un prototype de polo modernisé, d'un
calot qui remplacera la casquette. Ces nouvelles pièces fabriquées en France
seront mises en production et distribuées au premier trimestre 2022. Le
ministre aura l'occasion, avec l’IGPN, de vous le présenter en détails et de
déployer cela, mais cela participe de ce renouveau de la police française et de
la considération qui vous est due.
J'ai entendu aussi, lorsqu’il était dit chez nos policiers, nos gendarmes, que
pour beaucoup de choses, bien souvent, il manquait de bras dans des situations
d'urgence où l'engagement pourrait être peut-être mieux sollicité. C'est
pourquoi, pour vous épauler dans vos missions, une réserve opérationnelle de la
police sera créée, dotée de 30 000 réservistes. Quant à la réserve de la
Gendarmerie nationale, qui, elle, existe déjà, elle accueillera 20 000
personnes supplémentaires. Création d'une réserve, donc, pour notre police,
doublement dans le cadre de la LOPPSI de la réserve pour la gendarmerie.
Je vous ai aussi entendu souligner que vous préfériez un contrôle plus strict
et plus transparent de votre activité plutôt qu'une défiance généralisée et
qu'un soupçon permanent. Soyons clairs, et là-dessus je tiens à le redire :
quand on aime les forces de l'ordre, on ne leur passe pas tout. Ce n'est pas
vrai. Ce n'est pas vrai. Il n’y aurait pas d'un côté ceux qui défendent les
forces de l'ordre en disant « dès qu'il y a un problème, on est du côté des
forces de l'ordre », et de l'autre côté, dès qu’il y a un problème, ceux qui
disent « moi, je suis du côté des citoyens, ce sont forcément les policiers et
les gendarmes qui ont tort, il faut les massacrer médiatiquement ». C'est le
débat auquel on assiste depuis tant d'années. Non. Dans la République, il y a
des forces de l'ordre qui sont là pour servir la loi républicaine et elles
méritent le soutien et la confiance, plus que ça, l'engagement de la Nation, ce
que je vous dis depuis tout à l'heure. Avec la confiance, il y a l'exigence et
je sais que c'est ce que vous portez. Quand il y a des fautes, elles doivent
être sanctionnées. Quand il y a des problèmes, ils ont une réponse. Comme nous
n'avons pas de sujet avec la transparence et le sens des responsabilités, on
doit aller au bout. Mais sortons de cette espèce de fracas dans lesquels le
débat médiatique nous enferme et qui en vient à affaiblir tout le monde et
surtout la confiance légitime. Alors, je le dis d'abord pour celles et ceux qui
l'ignorent : quand je regarde l’ensemble des agents publics, il n'y en a pas
autant que vous qui font l'objet de sanctions, c'est que ça fonctionne. Quand
je regarde la concentration des sanctions qu'il y a, dans la sphère des agents
publics, on parle plutôt de votre ministère. Que la responsabilité s'exerce,
avec la même efficacité partout, c'est ce à quoi je veillerai et je continuerai
de veiller. Mais surtout, nous n'avons rien à craindre d'une transparence
accrue et d'une plus grande vigilance dans le suivi de ce qui émerge. C'est
pourquoi j'avais demandé, certains l'avaient mal pris, feignant de ne pas le
comprendre. Vous nous dites qu'il y a des problèmes, mettons en place une
plateforme qui permette de voir s'il y a des problèmes et où il se passe. Et
s'il y en a, nous procéderons à des sanctions. C'est pourquoi la Défenseure des
droits, que je remercie pour son engagement et son travail, a mis en place une
plateforme de signalement des discriminations. Le 12 février dernier, elle a
été créée, permettant de signaler toutes les discriminations et de répondre à
des polémiques qui montaient sur le terrain. Cela a permis de faire remonter
d’ailleurs toutes les discriminations. Ce dont on s’aperçoit, c’est qu’il y en
a beaucoup trop : 7 564 appels recensés entre le 12 février et le 31 août. Il y
en a beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Mais il y en a beaucoup en matière
d’emploi, en matière de logement. Mais il y a 4% des appels qui concernent les
forces de l’ordre et leur déontologie. 4%. Alors sur chacun de ces appels, j’ai
demandé au ministre de veiller à ce qu’il y ait un travail qui soit fait pour
comprendre ce qu’il y a derrière, mener les enquêtes internes et, si besoin
était, les procédures. Mais ce chiffre permet d’objectiver une chose : il n’y a
pas non plus des dizaines de milliers de problèmes sur ce sujet, ou alors il
faut qu’on continue à appeler la plateforme. Mais au moins, nous avons un
chiffre objectif qui est explicité par une autorité administrative
indépendante. Cela démontre que les forces de l'ordre, dans leur immense
majorité, font preuve de déontologie et de discernement.
Comme je le disais, nous devons tendre à l'irréprochabilité et il y a parfois
des problèmes. C'est vrai. Voilà pourquoi, pour répondre à cela, à l'exigence
de nos concitoyens, je souhaite que nous avancions sur plusieurs sujets qui
correspondent d'ailleurs à la maturité sur ces questions de déontologie et de
contrôle interne, et qui est le pendant d'un plus grand investissement dans la
formation que j'évoquais. C'est pourquoi les rapports de l’IGPN et de l’IGGN
seront désormais rendus publics — transparence, toujours — et que les
directeurs généraux chargés de prendre systématiquement une décision suite aux
propositions de sanctions seront mobilisés. Sanctions qui peuvent aussi donner
lieu à des réorganisations de service, et de le faire dans le mois qui suit
leur publication. Sur ce sujet, je veux être clair : une inspection générale
n'est pas une autorité administrative indépendante. J'y ai beaucoup réfléchi.
Je pense que les inspections doivent avoir un statut à part au sein des
directions, c'est légitime et cela va avec les personnes qui les dirigent. Mais
elles doivent être un instrument pour les directeurs et directrices et pour les
ministres pour œuvrer. Sinon, il n'y a plus de commandement. Je crois au
commandement et à la responsabilité. Il doit y avoir du commandement donc il y
a quelqu'un qui décide et qui nomme. Simplement, transparence des rapports et
transparence sur le suivi de ces rapports qui devront donner lieu à des
décisions claires, personnelles ou organisationnelles. Voilà pourquoi aussi je
proposerai aux présidents des chambres parlementaires que, sur le modèle de la
délégation parlementaire au renseignement, soit créée une instance de contrôle
parlementaire des forces de l'ordre qui pourra procéder à l'évaluation de leurs
actions.
Soutien, investissements, exigence et transparence : je crois que c'est ce vers
quoi nous devons continuer d'avancer sans crainte, mais pour réconforter, bâtir
plus avant ce socle de confiance avec la Nation qui est indispensable. Mesdames
et Messieurs, cette transformation d'ampleur que nous menons est bien sûr une
transformation qui vise avant tout à améliorer la vie de nos compatriotes.
C'est un mouvement profond qui doit permettre de reconquérir partout ces
espaces de vie tranquille, ce droit à la vie tranquille. C'est ce que chaque
Française et chaque Français souhaite. Je ne mésestime aucune difficulté, aucun
problème, aucun coup du quotidien. Vous les connaissez comme moi, nous y
faisons face. Mais nous devons continuer d'avancer vers cet horizon, à leur
service. Mais c'est aussi une transformation et une ambition, je dirais, au
service de votre engagement. Quand on décide d'être policier ou gendarme, on
n’embrasse pas simplement une fonction ou un métier, on embrasse un engagement
de vie. Je le dis encore une fois dans une école et en regardant nos plus
jeunes. On le fait en sachant les risques qu’on prend sur le terrain. On le
fait en engageant une famille qui va vivre avec ce risque toute la vie. On le
fait avec des contraintes et des servitudes de chaque jour. Mais parce qu'on y
croit. Pour moi, cette ambition, ce travail qui sort du Beauvau de la sécurité,
c'est pour que nous soyons aussi collectivement à la hauteur des rêves et de
l'engagement qui ont été et doivent rester les vôtres. Parce qu'une Nation a
besoin de femmes et d'hommes qui croient dans cet engagement pour la vie calme
et tranquille. Ne cédez rien à ce besoin de sens que vous avez de considération
parce que c'est ce qui tient la République et ce qui est plus grand que nous.
Chacune et chacun, vous servez quelque chose de plus grand que nous, qui est
justement la force de la loi, sa force sans brutalité, au service de nos
principes, de notre histoire, de ce que nous sommes, cet engagement et ce sens
auquel vous tenez tant. C'est ce pourquoi nous nous battons parce que votre
dévouement à la patrie nous oblige. C'est pourquoi, vous l'avez compris,
aujourd'hui, en sortant de ce Beauvau de la sécurité, je voulais avec vous
embrasser une ambition nouvelle, des chantiers nouveaux, mais aussi des
exigences légitimes et le faire avec vous au service de nos concitoyens.
« Pro Patria Vigilant ». « Pour la patrie, ils veillent ». C'est la force des
policiers. Pour la patrie, l'honneur et le droit. C'est l'engagement des
gendarmes. Au nom du peuple français. C'est la légitimité des magistrats. Parce
que tous ensemble, nous sommes au service du peuple français. Parce que chacune
et chacun d'entre vous porte une part de cette responsabilité. Je crois comme
vous, dans un État qui protège et qui libère. Je crois comme vous, à une
autorité qui n'a pas de qualificatif, parce qu'au fond, elle doit toujours être
républicaine.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Jean Castex (Premier
ministre)
[Discours à l'issue du séminaire gouvernemental]
Comme vous le savez, avec le Président de
la République, nous avons réuni ce matin l'ensemble du Gouvernement pour un séminaire
de rentrée sur les priorités de l'action gouvernementale. Ce fut un séminaire
dense qui a permis de fixer la feuille de route pour les mois à venir.
Je veux d'emblée vous dire, sans surprise
évidemment, que mon Gouvernement travaillera jusqu'à la dernière minute avec
sérieux, humilité, dans l'écoute de nos concitoyens et de nos territoires, avec
détermination et une mobilisation permanente. Transparence et efficacité, c'est
ce que nous devons aux Français avec, je crois, toujours la même ligne que je
m'efforce de suivre depuis mon entrée en fonction : protéger les Français,
renforcer la France.
Cette rentrée reste évidemment marquée
par les effets de la crise sanitaire. Chacun l’a compris : l’épidémie n’est pas
encore derrière nous, et les variants en particulier, doivent nous inviter à
conserver la plus grande des prudences. Mais si nous ne sommes pas encore
revenus à une vie tout à fait normale, cette rentrée se présente, malgré tout,
sous un jour nouveau. Les progrès spectaculaires de la vaccination au cours de
l’été nous ont permis d’affronter cette quatrième vague sans mesures de
fermeture, de couvre-feu ou de confinement, en tout cas sur le territoire
métropolitain. Deuxième élément nouveau et très positif, notre pays, connaît un
rebond de l’activité économique et de l’emploi beaucoup plus rapide que ce qui
était attendu. Ces deux bonnes nouvelles ne doivent certainement pas nous
amener à je ne sais quelle auto-satisfaction, et encore moins à relâcher notre
vigilance. Les deux priorités du Gouvernement au cours des prochains mois
seront donc très simples : prendre les mesures nécessaires encore et toujours
pour nous protéger contre toute résurgence possible du risque épidémique,
consolider et amplifier la reprise économique au service de l'emploi et du
développement de notre potentiel productif.
Sur le plan sanitaire, je veux évoquer
devant vous la situation particulièrement critique qu’ont traversée depuis
plusieurs semaines, nos territoires d'Outre-mer : en Guadeloupe, Martinique et
en Polynésie française, le Covid a fait des ravages, au cours de l'été. Si la
situation épidémique est en voie d'amélioration depuis quelques jours, nos
compatriotes ont été et demeurent durement frappés. Et je veux leur redire que
la République reste plus que jamais à leurs côtés. La solidarité nationale a
joué au maximum. Plus de 1 500 volontaires se sont déjà rendus sur place avec
le matériel nécessaire pour prêter main forte à leurs collègues soignants.
D'autres prendront leur relève dans les prochaines semaines, et je voudrais une
nouvelle fois ici remercier très sincèrement tous ces professionnels qui ont
répondu présents, parfois au milieu de leurs propres congés.
Cette épidémie, on le sait, n'a pu
prospérer qu'en raison de la faiblesse de la couverture vaccinale dans la
plupart de ces territoires. J'en appelle donc une fois encore à nos
concitoyens, à l’Outre-mer mais en métropole aussi : faites-vous vacciner. Mais
nous savons que ce vaccin protège face à un virus qui lui tue toujours ou
provoque des effets très graves de long terme, des effets de long terme sur
lesquels on nous dit que nous avons bien moins de recul que sur le vaccin
lui-même, qui a déjà été, je vous le rappelle, utilisé par des milliards
d'individus dans le monde et qui fait l'objet, j'y insiste une nouvelle fois
devant vous, d'une surveillance sans précédent dans l'histoire de la médecine
moderne.
Aujourd'hui en France, 88 % de la
population (majeure) en âge d'être vaccinée a reçu sa première injection. Et ce
résultat nous place parmi les pays affichant la plus forte couverture vaccinale
du monde. Mais je l'ai dit, nous ne sommes pas au bout du chemin. Il faut
continuer et ne pas relâcher notre vigilance. Avec deux priorités dans les
toutes prochaines semaines, dans les tout prochains jours, au-delà bien entendu
du suivi très attentif des conditions et des effets de la rentrée scolaire et
de la rentrée universitaire. La rentrée scolaire se déroule bien jusqu’à
présent. Je le dis devant vous : j’y veille personnellement. Mais nous restons
extrêmement attentifs. Au-delà donc, nous devons continuer à convaincre celles
et ceux de nos concitoyens qui doutent encore et aller vers celles et ceux,
souvent âgés, précaires, isolés, qui sont à l’écart du système de soin. Ce sont
des personnes plus fragiles parfois avec des profils à risque de formes graves
et nous devons tout faire pour les amener à la vaccination ou plus exactement,
que la vaccination aille vers elles.
Deuxièmement, nous nous préparons comme
vous le savez à une grande campagne de rappel vaccinal qui a déjà commencé pour
les personnes de plus de 65 ans. Déjà 300 000 ont pris rendez-vous pour
recevoir une nouvelle injection alors que nous allons démarrer dès la semaine
prochaine les opérations de vaccination systématique des résidents dans les EHPAD.
L’enjeu est majeur : maintenir à haut niveau leur protection contre le virus.
Cette campagne, je le dis, cette campagne complémentaire sera fondamentale si
nous voulons que le bouclier vaccinal que nous avons déjà très largement
déployé soit durablement efficace.
Je veux enfin rappeler à nos concitoyens
3 échéances importantes :
- Le 15 septembre, l'obligation vaccinale
prévue par la loi pour les soignants sera effective. Et je me réjouis que
d’ores et déjà à peu près 90 %, un petit peu plus même, des soignants soient
vaccinés. Deuxième échéance ;
- Le 30 septembre, le « pass sanitaire »
sera étendu aux 1217 ans dont là aussi, je me plais à rappeler que le taux de
vaccination a beaucoup progressé au cours de l’été au-delà même de ce que nous
avions prévu et progressera encore, je l’espère, dans les prochaines semaines
grâce aux opérations qui ont déjà débutés dans tous les établissements
scolaires de France.
- Enfin, troisième échéance, très
importante, parce que je pense qu’il faut que nos concitoyens l’aient bien en
tête, y compris pour en tirer toutes les conséquences. Je vous rappelle que le
15 octobre prochain, les tests PCR et antigéniques ne seront plus
systématiquement remboursés par la Sécurité sociale, mais simplement ou
seulement sur des critères médicaux.
Mes chers concitoyens, grâce à vos
efforts, nous sommes donc sur la bonne voie, celle, je l'espère, d'un retour
progressif à la normale, mais rien ne serait plus dangereux que de nous croire
définitivement tirés d'affaires. Restons mobilisés et en particulier
respectueux des gestes barrières.
Je pourrais faire la même observation en
ce qui concerne le rebond spectaculaire dont notre économie bénéficie. La
reprise est là et elle est incontestablement forte, avec désormais un peu plus
de 6 % de croissance attendue cette année au terme des prévisions officielles,
nous retrouverons, je l'espère, d'ici la fin de cette année notre niveau de
richesse d'avant crise et l'objectif est de viser au moins 4 % de croissance
supplémentaire l'année prochaine. Notre taux de chômage dont nous avions tous
craint qu'il explose, n'a jamais été aussi bas depuis 2008. Le pouvoir d'achat
que nous avons réussi à protéger l'année dernière devrait également progresser
de manière significative cette année. Au total, je rappelle que les mesures
prises depuis 2017 : la prime d'activité, la suppression de la taxe
d'habitation, la prime exceptionnelle défiscalisée, l'exonération des heures
supplémentaires auront permis d'accroître le pouvoir d'achat d'un salarié au
SMIC de plus de 170 euros par mois. Pour le dire autrement, ça veut dire que
plus de 2 000 euros sur 12 mois, soit l’équivalent de 1,7 mois de salaire en
plus.
Tout ça est vérifiable, contrôlable par
chacun d’entre vous. Si nous produisons plus et si le travail paie davantage,
ce n’est pas le fruit du hasard. Cela tient d’abord aux efforts de redressement
engagé au cours de ces 4 années sous les différents Gouvernements pour libérer
et renforcer nos capacités d’initiative et de production et baisser les impôts
de manière inédite. Cela tient évidemment aussi aux mesures massives décidées
dès le début de la crise pour sauvegarder nos entreprises et nos emplois. Je le
rappelle, 78 milliards d'aides directes et 160 milliards de prêts garantis. Ces
résultats sont enfin le résultat du plan de relance. Je l'avais lancé, vous
vous en souvenez, il y a quasiment un an, à hauteur de 100 milliards, dont la
moitié sont déjà engagés, et notre objectif, rappelé ce matin à la faveur du
Séminaire, est d'avoir engagé 70 % de ce plan d'ici la fin de l'année. Ce plan
est un véritable succès. Il est puissant. Il se déploie rapidement et j'y suis
particulièrement attaché. Il concerne tous les territoires de la République.
Ces indicateurs, vous les connaissez. Les
Français les voient, les ressentent. Mais là aussi, l'erreur serait de se
satisfaire de ces résultats et de ce constat. Ces réussites nous obligent en
effet à aller plus loin, car nous devons amplifier cette dynamique. D'abord,
pour répondre au problème numéro 1 que rencontrent aujourd'hui quasiment tous
les secteurs économiques, et j'étais encore lundi en déplacement sur le sujet
de l'industrie, ce problème numéro un, vous le savez, ce sont les difficultés
de recrutement. Nos entreprises veulent embaucher. Il n’y a un niveau inédit de
création d'emplois et elles ne trouvent pas toujours les salariés pour les
occuper. En tout cas, pas assez de salariés disponibles et qualifiés pour
prendre ces emplois.
Selon la Banque de France, on parle
d'environ 300 000 emplois à pourvoir. Ce n'est pas un sujet tout à fait nouveau
en France, mais il n'a jamais pris une telle acuité. C'est un gâchis. Il
renvoie à plusieurs causes. Et l'une des priorités de la rentrée, c'est bien
collectivement d'y faire face. Alors, quelles dispositions avons-nous prises ou
envisagées ?
D'abord, je commence par ça et c'est
toujours en cohérence avec ce que nous avons fait investir davantage et plus et
mieux dans la formation des salariés et des demandeurs d'emploi. Car nous
voyons bien que parmi les causes de cette situation, il y a la transformation
de l'économie et des métiers que la crise sanitaire et économique a accéléré.
Elle était déjà à l'œuvre cette transformation. On voit qu'elle s'accélère.
Alors, on doit nous y adapter. Nous avons, je le disais, commencé de le faire
avec deux grands succès: l'apprentissage et le compte personnel de formation.
Mais face aux tensions que nous constatons aujourd'hui, nous devons
impérativement renforcer la formation des demandeurs d'emploi. Je pense en
particulier aux demandeurs d'emploi de longue durée qui risquent d'être à
nouveau les grands oubliés de la sortie de crise, mais aussi la formation des
salariés en entreprise. J’ai, vous le savez, abordé ce sujet très longuement
avec les partenaires sociaux que j'ai reçus la semaine dernière. Et dans ce que
nous préparons en lien avec eux, nous voulons privilégier les formations
qualifiantes le plus possible en entreprise. Je parlais des partenaires
sociaux.
S'agissant des demandeurs d'emploi,
j'évoquerai également ce sujet avec les présidents de région, compte tenu des
compétences de ces collectivités, présidents de région, que vous le savez, sans
doute, je recevrai lundi. Et nous présenterons, forts de ces concertations et
de ces travaux techniques avec Élisabeth Borne, au plus tard à la fin de ce mois, un plan ambitieux d’investissement dans
les compétences appelé à s’échelonner sur plusieurs mois. En particulier,
j’insiste auprès de vous, nous devons faire plus encore pour les jeunes qui ont
particulièrement souffert de la crise. Et je le dis alors même que le plan Un
jeune, une solution a été un succès qui a permis de donner un emploi ou une
formation à plus de 2 millions de jeunes. Les chiffres, vous les connaissez :
pendant la précédente crise 2008-2010, le chômage des jeunes avait explosé,
plus 31% ; il a légèrement régressé par rapport à ce qu’il était au début de
2020. Mais il y a encore trop de jeunes dans ce pays qui ne sont ni en emploi
ni en formation et, vous le savez, plus en termes relatifs que dans la plupart
des pays qui nous entourent. Nous devons donc pour eux, déployer un
accompagnement renforcé pour aller les chercher et leur permettre d'accéder à
une formation, à un parcours d'insertion ou à une activité professionnelle. Il
doit s'agir d'un accompagnement exigeant sur la base d'un contrat
donnant-donnant et pour une durée limitée dans le temps, un vrai contrat
d'engagement. Je le dis de la façon la plus claire : il ne s'agira pas d'un RSA
jeunes. Il ne s'agira pas d'un RSA jeunes. L'objectif, l’objectif, c'est de
valoriser, d'encourager l'insertion professionnelle et l'activité. C'est comme
cela que se prépare le mieux l'entrée dans la vie active. Sur ce sujet aussi,
la ministre Élisabeth BORNE va poursuivre ses concertations de façon à ce que,
en lien avec nos partenaires, nous puissions dans les prochaines semaines vous
présenter ce dispositif.
Deuxième réponse aux problèmes de
recrutement, nous devons impérativement travailler de manière renforcée sur
l'attractivité des métiers, ou en tout cas de certains d'entre eux. Et ça c'est
précisément, je vous le rappelle, le rôle des branches et des partenaires
sociaux. Il s'agit de travailler sur les conditions de travail, sur la
valorisation des métiers, sur le temps partiel, sur la promotion
professionnelle, mais aussi sur les salaires, notamment sur ce qu'on appelle
les minima de branche, a fortiori lorsque ceux-ci sont inférieurs au SMIC. Avec
les conférences sur le dialogue social que j'avais initiées en juillet dernier
dès ma prise de fonction, de telles discussions ou négociations ont déjà été
engagées, je vous le rappelle, dans 7 branches : Prévention et sécurité,
Transports routiers, Fédération du commerce, Déchets, Propreté, Commerces de
détail fruits et légumes et enfin emplois aides à domicile. Des accords ont
déjà été conclus, ça veut dire que les négociations progressent, portent leurs
fruits. Je pense en particulier, mais pas seulement, à la Fédération du
commerce. A l'occasion de mes échanges avec les syndicats et les organisations
patronales la semaine dernière, j'ai demandé l'ouverture de négociations dans
d'autres branches, en particulier l'hôtellerie-cafés-restauration qui, vous le
savez, est confrontée à des problèmes de recrutement, ou encore les industries
agro-alimentaires.
Troisième réponse aux difficultés de
recrutement, la réforme de l'assurance chômage. Elle vise à remettre de l'ordre
dans un régime fondamentalement utile, bien sûr, mais dont les règles avaient
progressivement dérivé dans un sens qui conduisait à installer de nombreux
salariés dans une forme de précarité de l'emploi et où les périodes chômées
finissaient parfois par être autant rémunérées que les périodes travaillées.
Nous devons, nous devions sortir de ce système, mieux valoriser le travail et
les entreprises doivent être incitées à privilégier les CDI plutôt que les
contrats courts ou itératifs. Plus globalement, tout doit être mise en œuvre
pour encourager le travail et inciter à la reprise d’activité. Nous avions
suspendu cette réforme et nous avons bien fait de la faire en lien avec les
partenaires sociaux parce que nous sommes des gens pragmatiques. Elle n’était
pas adaptée à l’explosion du chômage qui menaçait à la faveur de la survenue de
la crise. Comme je l’ai indiqué, tout à l’heure, les conditions sont
aujourd’hui différentes. Et nous avons présenté aux partenaires sociaux un
dispositif de mise en œuvre, d’entrée en application progressive entre le 1er
octobre et le 1er décembre de cette réforme que nous tenons pour absolument
indispensable. J'ai également, face aux craintes exprimées par les syndicats et
que vous connaissez, indiqué que nous mettrions en place un dispositif de suivi
et d'évaluation de la mise en œuvre de cette réforme pour en mesurer les
effets. Après l'emploi, notre deuxième priorité, mesdames et messieurs, sera de
prolonger la transformation de notre modèle de croissance, de corriger les
faiblesses qui ont été révélées par la crise et de refaire de la France une
économie innovante, industrielle et conquérante.
Transformer notre économie, c'est d'abord
simplifier la vie de celles et ceux qui entreprennent. Dans quelques semaines,
au-delà de ce que nous avons fait, le Président de la République présentera un
plan pour les travailleurs indépendants dont l'objectif sera de faciliter la
conduite de leurs activités et d'améliorer leur protection sociale. Nous avons,
je vous le rappelle, aujourd'hui 3,6 millions de travailleurs indépendants en
France. Ils ont beaucoup souffert de la crise, eux aussi. Et ce plan leur
permettra de dynamiser leur activité. Nous avons besoin d’eux. Il se
concrétisera dans un projet de loi qui sera présenté en Conseil des ministres
dès la fin de ce mois.
Transformer notre économie, c'est aussi
faire en sorte qu'elle soit plus résiliente. Les événements climatiques
extrêmes se multiplient et, vous le voyez bien, engendrent un nombre croissant
de catastrophes en intensité de plus en plus forte que nos agriculteurs
subissent au premier chef, et je ne vais pas là non plus faire l'injure de vous
rappeler les événements récents auxquels notre pays et cette profession ont été
confrontés. Ainsi que je m'y suis engagé devant vous, nous présenterons, dans
les prochains jours, un nouveau dispositif d'assurance récolte soutenu par les
pouvoirs publics qui garantira aux agriculteurs une meilleure couverture des
pertes occasionnées par les calamités naturelles. Nous avons, vous le savez,
également l'intention de mieux les protéger dans le partage de la valeur de
leur travail. On va le dire plus simplement, qu'ils puissent vivre des revenus
tirés de leurs activités. C'est l'objet, nous avions pris une première loi dite
EGalim 1 dont nous avons constaté, soyons clairs, qu'elle n'avait pas, qu'elle
n'a pas complètement atteint son objectif. D'où la proposition de loi EGalim 2,
qui a déjà été votée à l'unanimité à l'Assemblée nationale, qui sera bientôt
examiné au Sénat et dont l'objectif est de mieux équilibrer les relations
commerciales entre agriculteurs et industriels, puis entre industriels et
distributeurs, notamment sur la juste prise en compte du coût des matières
premières. Nous sommes opiniâtres. Il faut y arriver. Nous avons besoin d'une
agriculture forte, d'une agriculture qui puisse s'adapter aux changements
climatiques et qui puisse pleinement respecter les exigences environnementales.
Cette exigence d'équilibre, elle doit être portée plus largement et nous
l’apporterons, vous le savez, nous l’apportons sur les enjeux climatiques. Je
vous rappelle que la loi climat et résilience a été promulguée au cours de
l'été, qu'elle nous fixe une feuille de route et nous donne les moyens pour
agir de manière extrêmement concrète sur les énergies propres, sur les
économies d'énergie, sur la réduction de la pollution. La priorité des mois à
venir que j'ai rappelé ce matin au Gouvernement c’est de faire entrer cette loi
dans le quotidien des Français en les accompagnant dans sa mise en œuvre, et
vous le savez, je pense à MaPrimeRénov’ ou à d’autres dispositifs, combien le
plan de relance prévoit de son côté, avec plus d’un tiers des crédits consacrés
à la transition écologique, des moyens à cet effet. Nous ne céderons jamais à
la tentation d’opposer progrès économique et progrès écologique.
Transformer notre économie, enfin, c’est
nous doter de nouvelles capacités industrielles, c’est réarmer notre
indépendance économique et faire de la France un pays mieux préparé au défi
technologique de demain. Je vous l'ai dit, j'étais, lundi, à Lyon puis à
Grenoble sur cette thématique industrielle. Le plan de relance y consacre des
moyens inédits, avec des résultats que j'ai pu constater sur place. Quel
symbole, notamment dans l'Isère, que celui de la relocalisation de la
production du Paracétamol. Mais il nous faut multiplier ces exemples. Nous
lancerons donc, à la demande du Président de la République dans les prochaines
semaines, un nouveau plan d'investissement pour bâtir la France de 2030, et
faire émerger dans notre pays et en Europe les grands champions de demain dans
les domaines du numérique, de l'énergie verte, de l'industrie décarbonée, des
biotechnologies ou encore de l'agriculture et de la forêt. Ce ne sont là que
des premiers exemples. Il ne s'agira pas, j'ai déjà eu l'occasion de le dire,
d'un plan de relance bis, mais bien d'un travail sur un temps plus long visant
à porter des investissements de rupture concernant les secteurs industriels et
économiques d'avenir. Nous présenterons ce plan France 2030 au cours de la
première quinzaine d'octobre, avec une traduction dès 2022. C'est un enjeu
majeur d'emplois, d'aménagement du territoire, mais surtout et peut-être
surtout, d'indépendance nationale. C'est ce que nos concitoyens, je le crois
profondément, attendent de nous : gérer au mieux cette crise de la façon la
plus sérieuse, la crise sanitaire, la crise économique, mais aussi savoir très
vite tirer les conséquences plus structurelles de cette crise. Quelle faiblesse
a-t-elle révélé ? Quelles difficultés structurelles a-t-elle mis en relief ?
C'est la responsabilité des pouvoirs publics d'analyser ça et de façon
évidemment partagée, concertée, de savoir le plus vite possible en tirer toutes
les conséquences. Tout faire pour éviter une reprise de l'épidémie, amplifier
la reprise économique, voilà les deux grands impératifs de cette rentrée.
Mais évidemment, l'action du Gouvernement
ne s'arrêtera pas et ne s'arrête pas là. Ce matin, nous avons passé en revue
l'ensemble des chantiers engagés, il y en a beaucoup. Mais je souhaite, devant
vous, insister sur 3 d'entre eux qui vont nous mobiliser plus particulièrement.
Le premier, c'est encore et toujours la
protection de nos concitoyens contre les violences et l'action contre
l'insécurité et la délinquance sous toutes leurs formes. Le procès des
terroristes du 13 novembre s'est ouvert, nous rappelant évidemment les attaques
lâches et monstrueuses que notre pays a subies au cours des dernières années,
et y compris depuis que je suis chef du Gouvernement. Je veux d'abord avoir une
pensée pour toutes les familles des très nombreuses victimes qui attendent à
l'occasion de ce procès que justice soit rendue. Mais je veux surtout réaffirmer
notre détermination à tout faire pour juguler la menace terroriste. Les moyens
humains et techniques de nos services ont été considérablement renforcés. Notre
arsenal n'a d'ailleurs jamais cessé de s’enrichir depuis la sortie de l’état
d’urgence en 2017. Il fallait sortir de l’état d’urgence et pour autant bien
entendu, continuer à accroître nos moyens de surveillance et d’intervention.
Vous le savez, le Parlement a encore adopté cet été une nouvelle loi dit SILT
qui pérennise et renforce nos outils contre le terrorisme. Nous nous
attacherons dans les prochains mois à décliner toutes les dispositions de ce
texte pour accroître encore notre capacité à agir. Il en sera de même de la loi
sur la protection et le renforcement des principes de la République, validés,
vous le savez, par le Conseil constitutionnel il y a quelques semaines et qui,
elle aussi, nous dote de leviers juridiques nouveaux pour agir contre toutes
les formes de radicalisation. Et je voulais vous dire qu'avec l'ensemble des
ministres concernés, je préside très régulièrement des réunions visant à nous
assurer du déploiement effectif de l'ensemble de ces nouvelles dispositions.
Protéger nos concitoyens, c'est aussi déployer des moyens inédits pour faire
reculer l'insécurité et la délinquance. Alors que les effectifs de policiers et
de gendarmes avaient baissé depuis plusieurs années, nous aurons créé, je peux
le dire aujourd'hui, alors que le projet de loi de finances pour 2022 est
bouclé, nous aurons créé sur ce quinquennat 10 000 nouveaux postes. J'entends
beaucoup de gens parler de ces sujets. Nous avons agi et notre bilan soutient
toute comparaison. Concrètement, cela signifie que chaque circonscription de
police ou de gendarmerie comptera plus d'effectifs en 2022 qu'en 2017. Au-delà
des moyens, ce sont aussi des méthodes, de l'organisation, des outils pour la
police et la gendarmerie que nous devons amplifier et moderniser. C'est l'objet
du Beauvau de la sécurité que j'ai ouvert au début de l'année et que le
Président de la République va conclure la semaine prochaine et dont les suites
très concrètes, très opérationnelles, auront vocation à se traduire dès le
budget 2022, mais aussi à donner de la visibilité sur les années suivantes.
Agir contre la criminalité et la délinquance, c'est aussi peut-être, me
permettrez-vous de vous dire, surtout renforcer la capacité de la justice pour
apporter des réponses judiciaires proportionnées à la hauteur de ce qu'elles
doivent être. Cela a été l'un des axes forts de mon engagement pris à la faveur
de ma déclaration de politique générale prononcée devant le Parlement il y a un
peu plus d'un an. Tous nos concitoyens, je dis bien, tous, voient bien qu'il
est nécessaire sans doute de renforcer, comme nous le faisons, les forces de
sécurité, qu'il est indispensable d'agir sur la prévention et l'éducation. Et
je veux vous répéter ici qu'en dédoublant des classes dès le plus jeune âge,
nous concourons à l'amélioration de l'éducation et nous agissons in fine contre
l'insécurité. Mais tout cela, mesdames et messieurs, ne serait pas suffisant
s'il n'y a pas de suites judiciaires aux faits de violence et de délinquance.
Et pendant trop d'années, là encore, notre pays, les comparaisons
internationales nous sont très défavorables a délaissé le service public de la
justice. Il n'a pas assez de moyens. Il n'y a pas de secret. Il est
insuffisamment numérisé et informatisé. Nous devons aider, nous devons
conforter ce qu'est le cœur de l'État régalien. J'en ai fait une marque de mon
action à la tête de ce Gouvernement. Cette marque s'est traduite, vous le
savez, par une augmentation inédite depuis des décennies de 8 % du budget de la
justice en 2021. Je vous annonce ou vous confirme que le projet de loi de
finances pour 2022, qui sera présenté dans quelques jours en conseil des ministres,
renouvellera cet effort de +8 % en 2022. C’est absolument inédit et cela va
commencer à produire ses résultats. Grâce à ces moyens, nous pourrons, avec le
Garde des Sceaux, aller plus loin pour rénover et renforcer le lien entre les
citoyens et la justice au service d’une plus grande confiance. A cet effet, le
Président de la République va lancer au début du mois prochain, un autre
rendez-vous, les états-généraux de la justice annoncé au mois de juin dernier.
Et voyez, nous avons doublement changé nos habitudes. La première, c’est que
nous avons d’abord dégagé des moyens. Et dans la durée, pour éviter de
penser que ces états généraux pourraient se limiter à une simple discussion.
Non. Ils pourront s'appuyer sur des moyens budgétaires nouveaux et considérablement
renforcés. Et la deuxième innovation, c'est que nous allons, cela vous sera
présenté le moment venu faire participer très largement nos concitoyens, la
population à ces états généraux de la justice. La justice, c'est l'affaire de
tous. C'est une des grandes causes de l'action gouvernementale.
Autre enjeu de protection sur lequel nos
concitoyens attendent que nous agissions jusqu'au dernier jour leur protection
sociale. Tout en le mettant à rude épreuve, la crise a démontré combien notre
système était précieux. Elle a aussi, là encore, révélé ses limites ou ses
faiblesses. Il nous faut donc le consolider, le renforcer et l'améliorer, à
commencer, bien évidemment, par notre système de santé qui a besoin d'un
investissement massif. Nous avons commencé l'an dernier avec les accords de
Ségur, signés dès mon arrivée à Matignon, par les partenaires sociaux
majoritaires et qui ont permis d'augmenter à hauteur d'environ un peu plus
qu'un treizième mois, les salaires de plus de 1 million et demi de soignants
dans les hôpitaux et les EHPAD. Après les revalorisations salariales, nous
sommes maintenant engagés dans la phase 2 du Ségur, celle de l'investissement
pour la modernisation de nos établissements de santé et de notre offre de
soins. Nous allons y consacrer 19 milliards d'euros; c'est une somme colossale
et inédite ; et nous allons dévoiler dans les prochaines semaines, avec
évidemment le ministre des Solidarités et de la Santé, la carte des sites
retenus pour ces investissements. Autre enseignement de la crise sanitaire et
en particulier des périodes de confinement, les Assises nationales de la santé
mentale qui se tiendront très prochainement, permettront d'annoncer de
nouvelles initiatives en matière d'organisation et de prise en charge des soins
psychiatriques et psychologiques. Au rang des avancées sociales, la loi
bioéthique promulguée cet été, élargie comme le Président de la République, s'y
était engagée, la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et
aux femmes célibataires. Ce droit entrera en vigueur à compter d'octobre
prochain. Toutes ces priorités d'action se traduiront dans le dernier PLFSS,
pardon, projet de loi de financement pour la Sécurité sociale que nous
présenterons en Conseil des ministres le 6 octobre. Ce texte portera également
des mesures nouvelles en vue de renforcer la cinquième branche de la Sécurité
sociale que, je vous le rappelle, nous avons créée l'année dernière dans le
champ de l'autonomie des personnes âgées et de la prise en charge de la
dépendance. Ce défi du vieillissement, cette meilleure prise en compte du
handicap, nous devons continuer de nous y préparer, même s'il ne prendra toute
son ampleur que de manière progressive.
S'agissant des retraites, le séminaire a
permis de réaffirmer la position du Gouvernement fixée par le président de la
République pendant son allocution du 12 juillet dernier. La réforme des
retraites est une nécessité absolue, d’abord pour en assurer la sauvegarde à
long terme. Tous régimes confondus, le déficit attendu devrait atteindre cette
année selon le COR 8 milliards d’euros et très vraisemblablement 11 milliards à
l’horizon 2030. Mais aussi pour restaurer l’équité entre les cotisants dans un
régime universel. La crise sanitaire a interrompu le processus de réforme et,
comme je l’ai redit aux partenaires sociaux lorsque je les ai reçus la semaine
dernière, ce processus, du reste modifié compte-tenu des conditions nouvelles,
ne pourra reprendre que lorsque la pandémie sera sous contrôle et que la
reprise économique sera suffisamment solide. C’est une question de bon sens,
j’allais dire, c’est un préalable à la réussite de cette réforme très
importante. A ce jour, ces conditions ne sont toujours pas réunies. Nous avons
plus que jamais l’impérieux devoir de favoriser au maximum l’unité du pays.
Enfin, dernière grande priorité débattue ce matin, le Gouvernement entend
poursuivre dans les prochains mois le chantier de la réforme de l’État et des
pouvoirs publics. Un projet de loi déjà examiné par le Sénat avant l’été sera
soumis à l’Assemblée nationale au mois, au début du mois de décembre. Il
comprendra des dispositions sur le fonctionnement de l’État et des
collectivités locales dans les territoires et permettra aussi d’accompagner la
mise en œuvre des chantiers ouverts, par exemple la semaine dernière à
Marseille par le Président de la République pour porter une nouvelle ambition
dans cette métropole. Nous voulons sans cesse et toujours davantage faire
confiance aux territoires, c’est aussi là encore l’une de mes marques de fabrique.
Nous allons continuer à réformer l’État pour qu’il soit plus proche de nos
concitoyens et davantage présent dans les territoires. L’État dont l’utilité a
été clairement rappelée pendant cette crise sanitaire et je veux encore saluer
tous ses serviteurs qui, à côté de ceux des collectivités territoriales, des
organismes de protection sociale et des associations n’ont cessé d’être sur le
pont depuis de longs mois. Pour cela, les pouvoirs et les moyens des services
de l’État dans les départements centraux, ça aussi c'est un enseignement de la
crise, le nécessaire renforcement de la proximité, ses pouvoirs et ses moyens
seront renforcés autour du fameux couple maire-préfet dont j'ai depuis
longtemps fait l'apologie. Conformément à ce que j'avais annoncé au moment de
ma prise de fonction, toutes les créations d'emplois qui seront autorisées dans
le budget 2022 seront affectées, sauf exceptions justifiées, dans les services
départementaux de l'Etat et pas dans les administrations centrales.
S'agissant de la haute fonction publique,
nous mènerons, comme nous l'avons annoncé en avril dernier une refonte profonde
et indispensable des modalités de recrutement, de formation, de gestion, des
carrières des cadres supérieurs et d’accès aux grands corps de l’État. Le nouvel
institut national du service public remplacera l’ENA le 1er janvier prochain.
Nous devons conduire davantage de hauts fonctionnaires sur le terrain, nous
devons là encore rapprocher la décision des territoires de la République.
Enfin, ai-je besoin de vous rappeler que
le 12 décembre prochain se tiendra la troisième consultation référendaire en
Nouvelle-Calédonie. Nous sommes à cet effet pleinement mobilisés avec le
ministre des Outre-mer qui se rendra sur place en octobre pour que la
consultation se conduise dans de très bonnes conditions et pour que
l'information des électeurs soit la plus complète et la plus objective
possible.
Vous le voyez, l'agenda des premières
semaines et des prochains mois sera finalement aussi intense que si nous étions
au début d'un quinquennat et s'y ajoutera à compter du 1er janvier prochain,
un rendez-vous majeur.
La France prendra la présidence de
l'Union européenne, et ce, pour les six premiers mois de 2022. Nous avons
consacré un long temps séminaire de ce matin à cette échéance. Car cela se
prépare sur le plan matériel et sur le plan politique. Et j'ai moi-même, depuis
plusieurs mois, animé plusieurs réunions de ministres pour préparer
cette présidence.
La France présentera à ses partenaires
avant la fin de la présente année les priorités d'action que nous entendons
porter pendant ces six mois. Elles viseront notamment à renforcer l'Europe
sociale via, nous l'espérons, la mise en place d'un salaire minimum européen, à
faire avancer la nouvelle ambition européenne en matière de réchauffement
climatique, avec notamment la mise en place d'une taxe carbone aux frontières
de l'Union et à engager enfin une indispensable réforme de la politique
migratoire européenne.
Mesdames et messieurs, vous l'avez
compris, le Gouvernement est à la tâche, pleinement et totalement à la tâche,
avec une seule boussole : le service du pays, la protection de nos concitoyens,
la préparation de notre avenir. 200 jours nous séparent des prochaines
échéances démocratiques, rendez-vous évidemment essentiel pour notre pays. 200
jours pour agir jusqu'au bout, car c'est non seulement l'intérêt du pays, mais
c'est évidemment la conception que nous nous faisons de notre responsabilité.
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
Face à l’urgence humanitaire en Afghanistan, la France
a décidé de débloquer 100millions€ qui financeront des
programmes humanitaires mis en place par les agences ONU ou par des acteurs
humanitaires. En Afghanistan, près de la moitié de la population est en danger,
dont plus de 4 millions de femmes et près de 10 millions d’enfants. Notre
responsabilité est d’être à leurs côtés dans cette épreuve.
Barbara Pompili
(ministre de la Transition écologique)
- Chaque année nous produisons 350M de tonnes de
déchets, dont 120 ne sont pas recyclées. Pour faire de l’économie circulaire la
norme, j’annonce aujourd’hui 370 M€ pour innover et changer d’échelle, de la
conception des produits, jusqu’à l’intégration de matériaux recyclés.
- Le plan vélo du Gouvernement a été lancé il y a 3 ans. Depuis les déplacements à vélo et les kilomètres de pistes cyclables ont augmenté de 30%. 850 millions d'euros auront été investis à l'échelle du quinquennat pour donner naissance à une Nation du vélo.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)
- [Covid19 & vaccinaton] 67 % des 12-17 ans ont eu une dose,
et 54 % sont complètement vaccinés. D’ici la fin du mois, tous les élèves
auront eu une proposition via leur établissement, et l’on espère dépasser les
trois quarts de vaccinés très vite ;
- [Uniforme à l’école] Moi, je n’ai jamais eu de problème
avec le principe de l’uniforme pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’on
a un problème (...), celui des marques ou de l’allocation de rentrée, c’est-à-dire
le fait qu’il y a une concurrence à l’achat de biens de consommation très chers
entre les enfants, et puis on leur met dans la tête des objectifs de se
procurer tel vêtement de marque ou tel objet de marque, et ça c’est une très
mauvaise chose. Donc une vertu d’un habit commun, c’est celle-là.
Je suis pour que les établissements soient libres de pouvoir le faire. On ne
peut pas faire ça s’il n’y a pas une adhésion de la communauté, c’est-à-dire
des parents d’élèves, des élèves, des adultes. J’ai moi-même contribué à ce
qu’un établissement, dont j’ai contribué à la fondation, qui est l’internat
d’excellence de Sourdun ait l’uniforme. Aujourd’hui, ils l’ont et c’est très
bien. Et si demain on décidait l’uniforme pour tous, tout de suite, je pense
qu’il y aurait beaucoup d’effets contreproductifs. Ça aurait un coût, mais
qu’on pourrait assumer (....). Je suis pour que ça soit basé sur le volontariat
et que ça se développe parce que ça permet de lutter contre un certain nombre
de phénomènes.
Bruno Le Maire (ministre
de l'Economie, des Finances et de la Relance)
- Les oppositions sont à contretemps en proposant
des dépenses de fonctionnement à tous les étages qui ne préparent pas l'avenir
de notre pays. Nous, nous avons dépensé de l'argent pour protéger notre
économie et nous investissons dans les technologies et les emplois de demain.
- Le pouvoir d’achat des Français a été maintenu. En 2021, il a augmenté de plus de 2% alors même que nous sommes confrontés à une crise économique historique. C’est la preuve que l’État a protégé le pouvoir d’achat des Français.
- Depuis 2020, la France ne soutient plus financièrement les projets d'exportation pour le secteur du charbon. Soyons à la hauteur du défi climatique ! Nous voulons que tous les pays de l'OCDE s'y engagent aussi.
- Avec la Dgccrf [Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes], nous protégeons les consommateurs des pratiques douteuses de certains influenceurs sur la publicité déguisée.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
- Jamais un Président de la République n’aura donné
autant de moyens et autant investi dans la sécurité de nos concitoyens : d'ici
la fin du quinquennat, il y aura 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires
par rapport à 2017.
- Plus 1,5 milliard € pour le budget du ministère de l'Intérieur : c'est historique et c'est du concret ! Ce budget fera une place centrale au matériel du quotidien. Sur le quinquennat, deux-tiers des véhicules de la police et de la gendarmerie auront ainsi été renouvelés.
- La menace terroriste reste élevée en France. Face au danger permanent, nos forces de sécurité sont pleinement mobilisées : 36 attentats ont été déjoués depuis 2017.
- J’ai engagé la procédure de dissolution à l’encontre de la ligue de défense noire africaine. Le Gouvernement n'a jamais eu la main qui tremble pour dissoudre les associations ou groupements de fait qui appellent à la haine et à la discrimination.
Elisabeth Borne
(ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)
- À l'heure de la reprise, nous devons redoubler
d'efforts pour répondre aux besoins de recrutement des entreprises et lutter
contre le chômage de longue durée.
- Grâce à 1jeune1solution, à la mobilisation des entreprises et des acteurs de l'emploi et de l'insertion, nous avons préservé l'emploi des jeunes.
- Nous avons réuni les plateformes de livraison qui nous ont présenté leur plan d'actions pour lutter contre la sous-traitance irrégulière observée dans leur secteur et améliorer les conditions de travail des livreurs. Nous veillerons à sa bonne application.
Eric Dupond-Moretti
(Garde des Sceaux, ministre de la Justice)
Le régime d'irresponsabilité pénale appelle des
ajustements. L'arrêt rendu par la Cour de cassation dans l’affaire Sarah Halimi a nourri un sentiment
d'injustice.
Olivier Véran (ministre
des Solidarités et de la Santé)
- Aux établissements habilités à pratiquer la PMA,
j’ai annoncé ce jour que 8 millions d’euros supplémentaires leur seront
alloués. Une condition : réduire les délais d’attente à moins de 6 mois.
- Avec la PMA pour toutes, de nouvelles familles vont voir le jour.
Annick Girardin
(ministre de la Mer)
- Lors des Assises de l'économie de la mer, le
président Emmanuel Macron a annoncé l'augmentation du plan France relance en faveur de la
pêche et de l'aquaculture de 50 millions d'euros. Avec le Brexit et la crise sanitaire, les
professionnels de la pêche n'ont pas été épargnés. Une nouvelle preuve que le gouvernement est à leurs côtés !
- La mer retrouvée au Gouvernement, tant d’années après sa
disparition, traduit la volonté présidentielle de donner une pleine dimension
politique à des enjeux stratégiques. Les prémices de ma feuille de route ont
été très clairement énoncées par le Président de la République à Montpellier,
lors des Assises de l’économie de la mer le 3 décembre 2019. Bientôt deux ans
après, un premier bilan permet de montrer le chemin parcouru dans six domaines
: l’environnement marin et sa biodiversité, la transition éco-énergétique du
monde maritime, la recherche et l’acquisition de connaissances, le renforcement
des ports français, le soutien aux composantes de l’économie maritime et le
renforcement de la sécurité dans les espaces maritimes.
Le ministère de la Mer est celui du 14e objectif de développement durable des
Nations-Unies : Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers
et les ressources marines aux fins du développement durable. L’action de mon
ministère s’ancre autour de trois axes résolument interdépendants :
l’environnement, l’économie bleue et le rayonnement maritime de la France. Nos
politiques maritimes sont résolument orientées vers la recherche constante de
l’équilibre des usages et des usagers de la mer. Nous voulons agir à travers la
planification, sur le long terme, des activités en mer et sur le littoral. Avec
un point d’orgue : la concertation avec l’ensemble des usagers de la mer. C’est
ainsi que nous parviendrons
à trouver un terrain d’entente pour satisfaire l’intérêt général tout en redonnant
à la France sa dimension de puissance maritime dans le monde. Pour ce faire, il
est notamment nécessaire d’en faire un pays avec plus de marins expérimentés et
avec une flotte de commerce encore mieux tournée vers le monde. C’est pourquoi
le Gouvernement a lancé le Fontenoy du maritime. Ce large exercice
participatif, associant l’ensemble des acteurs de l’écosystème maritime, a une
vocation : redynamiser et améliorer la compétitivité du pavillon français.
Frédérique Vidal
(ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)
- L'Etat a débloqué des financements considérables
pour maintenir la R&D en cette période de crise. Dans le cadre de France relance, plus de 2 000
emplois seront ainsi préservés.
- La France était 6e au classement de Shanghai en 2017. Aujourd'hui, elle se positionne au 3ème rang mondial, elle est 1ère en mathématiques. C’est un élément majeur de reconnaissance internationale pour nos universités.
Amélie de Montchalin
(ministre de la Transformation et de la fonction publique)
- Numériser pour simplifier le service rendu au
citoyen, c’est notre engagement : la plainte en ligne sera mise en œuvre dès
2023.
- Les salaires des professeurs ont plus augmenté sous notre quinquennat que sous le précédent. Emmanuel Macron a fait plus pour le salaire des enseignants que son prédécesseur !
- Zemmour pense que la politique est un jeu de dupe. La politique c’est de s’occuper de la vie quotidienne, d’avoir des résultats, pas de lancer des anathèmes, des polémiques, des sujets clivants et se dire qu’on existe.
- Les discriminations anti-LGBT+ n’ont pas leur place dans la fonction publique. Nous lançons un plan national de 3 ans qui met le paquet sur la formation des agents et les outils de signalement dans chaque administration.
- Démagogie. C’est le gouvernement qui a augmenté les fonctionnaires de catégorie C, décidé la prise en charge de la mutuelle par l’employeur, relevé les agents au-dessus du SMIC. Anne Hidalgo ne l’a pas fait à Paris. Avant de donner des leçons, mieux vaut balayer devant sa porte.
Elisabeth Moreno
(ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité
et de l'égalité des chances)
- Bâtir une société égalitaire passe par insuffler
la culture de l'égalité dès le plus jeune âge en déconstruisant les stéréotypes
qui assignent et qui enferment. L'éducation est le premier pilier de l'égalité.
- L’accès à la contraception, à l’IVG et l’éducation à la sexualité dès le plus jeune âge sont fondamentaux. Merci au planning familial de garantir le droit des femmes à disposer librement et sans contrainte de leur corps. La contraception sera désormais gratuite jusqu’à 25 ans. C’est une avancée pour les droits des femmes et un acte de solidarité pour notre jeunesse.
- La PMA pour toutes les femmes est un acte d'égalité.
- S’il porte en lui des valeurs universelles d’égalité, le sport demeure malheureusement un univers où les LGBTphobies sont légion sur les terrains comme en dehors, dans le sport amateur comme professionnel. Trop souvent, les discriminations liées à l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie ou encore la transphobie y sont banalisées. L’insulte «PD» reste par exemple très répandue dans les enceintes sportives. Il reste difficile encore aujourd’hui de vivre sa pratique sereinement, que l’on soit athlète, simple pratiquant ou supporter. Moqueries, insultes, menaces ou rejets demeurent, trop souvent, le quotidien des personnes LGBT+ dans le sport. Je me réjouis que de plus en plus de sportifs se saisissent de cette question en témoignant de leur parcours, qu’ils soient encore en activité ou pas.
- Avec Roxana Maracineanu, ministre des Sports, nous œuvrons pour que le sport soit vecteur de mixité, de citoyenneté et de respect. Sensibiliser et former constituent ainsi les deux piliers que nous avons édictés dans le Plan national d’actions pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023 que j’ai lancé le 14 octobre 2020. Ce combat pour un «sport inclusif» nécessite aussi l’engagement des associations, chevilles ouvrières indispensables, qui font un travail remarquable sur le terrain et dans les écoles. Nous avons entre autres lancé le label FIER qui vise à évaluer les fédérations sportives sur leurs politiques et actions pour lutter contre les LGBTphobies. La Ligue nationale de rugby est par exemple force motrice en la matière. Par ailleurs, la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT finance des associations sportives pour favoriser l’inclusion. Dimanche, je me suis rendue pour la deuxième année consécutive au Forum de rentrée de la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne, où j’ai notamment rencontré les réalisateurs et les sportifs du magnifique documentaire «Faut qu’on parle». Astrid Guyart, Céline Dumerc, Amandine Buchard, Kevin Aymoz, Jeremy Stravius et Jeremy Clamy sont des sources d’inspiration pour de nombreux jeunes LGBT+.
- Il est plus difficile de s’épanouir dans le sport et d’y réussir lorsque l’on est lesbienne, gay, bisexuel ou transgenre. L’ancien footballeur Ouissem Belgacem décrit cette réalité dans son livre dont le titre, «Adieu ma honte», sonne à la fois comme une libération pour lui et un signal d’alarme pour nous tous. Son histoire n’est pas isolée. Elle est révélatrice de notre société, d’une homosexualité difficile à assumer, d’une homophobie difficile à dénoncer et d’une omerta depuis trop longtemps éludée, mise sous le tapis. La semaine dernière, je me rendue avec lui dans un lycée à Paris où nous avons échangé avec les jeunes de l’association AGIS. Ouissem a témoigné auprès d’eux de son histoire de manière très pédagogique. C’est aussi de cette façon que l’on fait évoluer notre société, par la transmission.
- Les Jeux de Tokyo ont été les Jeux Olympiques et Paralympiques les plus inclusifs par le nombre d’athlètes gays, lesbiennes, transgenres et même non-binaires qui y ont participé. Ceux de Paris 2024 seront l’occasion de décupler les valeurs d’inclusion véhiculées par le sport. Le 26 juillet 2018, Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, a signé une charte d’engagement LGBT+ avec l’association l’Autre Cercle. J’ai aussi rencontré récemment Michel Cadot, délégué aux Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 qui, aux côtés de Tony Estanguet, prépare les JO les plus inclusifs de l’histoire. Cet immense évènement nous permettra de continuer à faire évoluer les mentalités et accepter chacun pour ce qu’il est tout simplement.
Franck Riester
(ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)
Nos producteurs de champagne doivent pouvoir retrouver des débouchés pérennes. Nous
restons extrêmement vigilants et totalement déterminés à défendre les intérêts
à l’export de cette
filière, porte étendard de l’excellence française.
Jean-Baptiste
Djebbari (ministre chargé des Transports)
- Dans les mois à venir, chacun ira de son couplet
sur le besoin de «ré-enchanter la France». Rares sont ceux qui vous diront
comment ils comptent s’y prendre. Plus rares encore sont ceux qui évoqueront
les transports, la logistique. Pourtant on ne peut transformer le pays sans
eux.
- Le fret, c’est moins de bouchons, moins d’accidents, moins de pollution. Je veux que nous lui redonnions la place qu’il mérite.
- C’est historique : l’Etat investira 170 millions d’euros par an, jusqu’en 2024, pour soutenir les trains de marchandises.
- Quand il y a concurrence entre le TGV et l’avion, c’est en général le TGV qui gagne. Et c’est très bien. Paris-Strasbourg ? Depuis le TGV, presque plus de ligne aérienne. Paris-Bordeaux ? Le TGV a capté 60% de la clientèle avion en moins de 6 mois
- Je n’ai pas proposé de nationaliser nos autoroutes ; elles reviendront à l’Etat en 2031, quoi qu’il en soit. Ce que propose Arnaud Montebourg [et Marine Le Pen], à l’inverse, c’est de rompre les contrats avant leur date de fin. Et donc de devoir verser 45 à 50 milliards d’euros aux sociétés d’autoroutes. On finance comment ?
Agnès
Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)
- Lorsque l'on parle de l'industrie, il faut avoir
en tête que l'industrie, ce sont plus de 70.000 postes ouverts, que les industriels
recrutent, et que ce sont des métiers indispensables à la transition
écologique.
- Une économie plus circulaire, c'est une économie plus compétitive, plus protectrice du climat et plus résiliente : c'est pour cela que nous annonçons l'accélération de la stratégie dédiée au recyclage. Elle permettra d'accompagner fortement nos industriels.
- Fournitures dans les industries de réseaux : nous devons faire de la commande publique un outil stratégique de politique économique.
- On entend tout et n’importe quoi sur le nucléaire, énergie qui permet à la France d’être un des pays les moins carbonés d’Europe. Enfin surtout n’importe quoi… Opposer énergies renouvelables et nucléaire est un non-sens. C’est grâce au nucléaire et à l’électricité toujours disponible que nous pourrons augmenter les énergies renouvelables sans renoncer à notre sécurité d’approvisionnement. Sans fourniture stable, on fait cmt avec la voiture électrique Anne Hidalgo? La filière nucléaire compte 220 000 professionnels dans 2 600 entreprises, qui œuvrent chaque jour pour notre sécurité d’approvisionnement en électricité. Que peuvent-ils ressentir, face à tant d’approximations ? Et quelles perspectives leur proposez-vous, Anne Hidalgo?
Marlène Schiappa
(ministre chargée de la Citoyenneté)
- Très heureuse que la proposition de loi contre les
thérapies de conversions soit enfin inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée!
Combat que nous menons avec des collectifs et associations de longue date.
Cette dérive sectaire doit enfin être interdite !
- Marine Le Pen, je me réjouis de
voir que vous vous intéressez à la lutte contre le harcèlement de rue, que nous
avons fait voter en 2018. Vous êtes parlementaire. Pourquoi n’avez vous proposé
aucun amendement à ce moment-là ? Pourquoi ne même pas avoir voté cette loi ?
L’«outrage sexiste» est la définition juridique du harcèlement de rue.
Conformément à l’article 621-1 du code pénal, c’est une infraction qui peut
être punie d'une amende pouvant aller jusqu'à 750 €, voire 1500
€ en cas de récidive. Vous proposez de faire du harcèlement de rue un délit passible
de prison, or ce que vous décrivez comme harcèlement de rue est en réalité déjà
considéré comme agression sexuelle et donc passible de prison. Vous confondez
les deux.
Si une personne va au-delà de l’outrage sexiste et agresse sexuellement une
autre personne (« frotteurs » dans les métros par exemple) ou bien si
elle se rend coupable d’exhibition sexuelle, elle est passible de peines plus
graves. On sort alors du champ de la contravention – et du tribunal de police -
pour entrer dans celui du délit – et donc tribunal correctionnel. L’auteur
peut encourir la prison et se trouve ipso facto sur les fichiers recensant les
actes délictueux.
Vous parlez d’outils « efficaces et applicables ». Pourquoi
avons-nous fait une verbalisation ? Car cela est immédiat et opérationnel !
Imaginez si demain les infractions étaient portées devant les tribunaux
correctionnels. Ça alourdirait et
allongerait la procédure, sans avoir la certitude que derrière il y aurait une
peine privative de liberté : auquel cas il pourrait y avoir une amende. Or
c’est déjà le cas !
Vous n’êtes même pas venue voter la loi de 2018 qui fait
de la France le premier pays à verbaliser le harcèlement de rue !
Enfin, une fois la loi votée, le ministère de l’Interieur a lancé un grand plan
de cartographie et formation des forces de l’ordre sur le harcèlement de rue.
Nous poursuivrons ces efforts.
Je m’étonne que depuis 2017 (et avant !) on ne vous a jamais entendue rien
proposer pour défendre les femmes face au harcèlement de rue et que cela vous
vienne subitement en entrée de campagne…
Sarah El Hairy
(secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)
- Notre jeunesse est diverse, elle est engagée, elle
est volontaire. Elle est notre avenir. Du concret : 9 Milliards d’€ pour la
jeunesse afin d’aider chaque jeune à trouver sa solution. Le combat continue,
pour chacun d’entre eux.
- Face au paradoxe d’une jeunesse très engagée mais qui ne vote plus, l’enjeu est clair : stop à l’abstention. L’apprentissage de la démocratie s’accompagne dès le plus jeune âge à l’école, et sur le terrain, dans nos villes. Les engagements se complètent et ne se substituent pas.
- J'ai toujours considéré que l'engagement politique et l'engagement citoyen doivent se compléter. Il ne faut pas voir d'un meilleur œil l'un ou l'autre, ils se renforcent. C'est pour cela que l'on accompagne la citoyenneté dès le plus jeune âge.
- Nos associations vivent pour et par leurs adhérents. Si nous avons réussi à tenir pendant la crise, c’est sa sortie qui est maintenant en jeu. Leur relance est l’affaire de tous.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)
Le principe du pays d’origine est le fondement du
marché unique. Cela nécessite que chacun assume ses responsabilités
collectives. Sinon, c’est le collectif qui est en risque.
Adrien Taquet
(secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)
Je signe aujourd’hui un partenariat avec le
département de la Côte d’Or. L’État se mobilise a hauteur de 3M€ sur deux ans pour la mise
en place de projets concrets en faveur de la prévention et de protection de
l’enfance.
Une contractualisation fondée sur 3 engagements forts: agir le plus précocement pour répondre aux besoins des enfants et de leurs familles, sécuriser les parcours
des enfants protégés et prévenir les ruptures. Renforcer la gouvernance et la formation des professionnels.
Cette démarche concernera tous les départements de France d’ici 2022 à travers
la généralisation de ces partenariats L’État, comme les départements, sont au
rendez-vous: aucun enfant ne doit être laissé de côté
Gabriel Attal
(porte-parole du gouvernement)
- La Droite c’est un peu comme le serpent dans Le
Livre de la jungle, quand ils s’adressent à la police c’est “ayez confiance,
ayez confiance” puis quand ils sont élus, ils suppriment des effectifs.
- Le fait d’avoir des jeunes policiers qui arrivent sur le terrain, qu’on envoie tout de suite dans des quartiers difficiles, qui n’ont pas été suffisamment formés pour faire face à certaines situations, c’est un problème.
- La liberté chérie de Marine Le Pen est une liberté égoïste, revancharde, qui bafoue l'égalité et méprise la fraternité.
- Si Marine Le Pen pouvait ne pas être au 2nd tour de l'élection présidentielle, ce serait une excellente nouvelle pour le pays.
- Je viens de la gauche, mais je me retrouve totalement dans la politique qui est menée par ce gouvernement.
- Il n'y aura pas de réforme [des retraites] tant que la situation épidémique n'est pas maîtrisée.
► Assemblée nationale
Richard Ferrand (président)
40 ans d’abolition de la peine de mort célébrés
aujourd’hui. C’est avec émotion et respect que j’accueille Robert Badinter, qui
nous honore de sa présence. Il s’exprimera pour commémorer cette loi historique
et porter son combat en faveur de l’abolition universelle.
► Partis politiques
● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes
et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Stanislas Guerini (délégué général)
Réserve opérationnelle, centre de formation,
transparence de l’IGPN, augmentation de moyens, plainte en ligne pour tous etc.
Depuis 2017 nous agissons parce que « la sécurité est l’affaire de tous,
c’est un bien commun».
Christophe
Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- La maison commune, nous la construisons et nous la pratiquons tous
les jours depuis quatre ans avec le Modem, puis avec Agir à l'Assemblée. Bien
sûr, elle peut être un outil important, mais elle reste un outil et pas une fin
en soi. Ceux qui l'appellent de leurs voeux, à commencer par François Bayrou,
se fixent un double objectif que je partage. A court terme, il s'agit de
fluidifier notre schéma d'organisation, de le rendre plus visible, plus
cohérent.
Mais dans l'immédiat, ce sera d'abord et avant tout la campagne présidentielle
qui constituera le coeur de la Maison commune. Nous verrons si le président de
la République est candidat et s’il est, nous serons collectivement derrière
lui.
Il y a ensuite un objectif de moyen terme : la constitution du pôle démocrate
dont notre pays a besoin. Même si nous sommes la première force politique du
pays, nous sommes toujours enfermés par la lecture persistante du seul clivage
gauche/droite. Nous n'avons pas réussi à installer dans le champ politique
l'évidence d'une force démocrate. Cet objectif justifie la création d'une
maison commune, pour construire à 10 ans.
Si la maison commune vise à un enfermement et à un rétrécissement sur ses bases
actuelles, elle n'a pas d'intérêt. En revanche, elle a un intérêt si son but
est d'élargir encore la majorité présidentielle.
Je prône un mouvement fait de souplesse, de cohérence et de liberté. Maison
commune ne signifie pas parti unique et je ne suis d'ailleurs pas favorable à
l'existence d'un seul groupe parlementaire. Mais il faut qu'il y ait des règles
communes. Ni les uns ni les autres n'ont vocation à disparaître. Nous avons des
histoires, des cultures, des approches à préserver. L'uniformité est parfois la
conséquence de l'unicité. Je n'aime pas l'uniformité, l'altérité tient éveillé.
- L'élargissement (de la majorité actuelle] doit se faire à la fois avec les sociaux-démocrates - de gauche - mais aussi avec les démocrates de centre-droit et les Républicains qui ne peuvent aujourd'hui se retrouver au sein des LR qui ont perdu leur boussole. Mais le vrai enjeu de cet élargissement politique réside aussi dans le fait de dépasser les partis politiques traditionnels. Il faut trouver des formes démocratiques inédites.
- Je ne veux nier ni la droite ni la gauche, je veux qu'existe une force : celle de l'approche progressiste et démocrate. Raison pour laquelle je ne suis pas favorable à la bunkerisation. Edouard Philippe et le parti qu'il souhaite créer auront un rôle à jouer dans ce dispositif. Comme délégué général de LaREM, quand nous avons préparé la campagne européenne, nous avons réussi un premier élargissement : nous sommes allés chercher Agir, mais aussi une partie de la droite organisée autour d'Alain Juppé. A l'époque, dans le même esprit, j'ai également échangé avec François Rebsamen ou Johanna Rolland par exemple, mais aucun n'a franchi le Rubicon - contrairement aux personnalités de droite.
- Edouard Philippe est un homme à la fois fidèle et libre. Nous aurons besoin de lui. Il est dans notre majorité, il est dans cette maison commune, de fait. Je sais que nous pourrons compter sur lui.
- Anne Hidlago est prête à passer le périphérique pour découvrir
la «province» et ça l'inspire. J'en suis ravi. Mais avant d'aller en province,
il faudrait déjà qu'elle s'arrête de l'autre côté du périphérique et qu'elle
parle avec les habitants d'Ile-de-France. Finalement, quelle est la différence
entre Benoît Hamon et elle ? Et puis quelle est sa ligne politique ? Je
l'ignore. C'est le problème du Parti socialiste depuis quatre ans : il n'a pas
pris le temps de réfléchir ni à ce qui s'était passé ni au projet politique
qu'il souhaite désormais porter. Ils n'ont pas eu d'idées nouvelles.
C'est la même chose à droite. En ce début de campagne, on voit une foule de
candidats qui se lancent pour des raisons personnelles, collectives, d'égo ou
de marketing. Pour certains, ce sera même un exercice de thérapie, certes plus
onéreux qu'un rendez-vous avec un professionnel. Tous nous ressortent les mêmes
thèmes et les mêmes solutions de campagne d'il y a cinq ou dix ans. Aucun des
partis d'opposition n'a pris le temps de réfléchir. Sur le régalien, la droite
nous ressort du Nicolas Sarkozy d'il y a quinze ans mais je suis convaincu que
même lui a évolué en la matière - puisque la société aussi. Nous vivons une
répétition de campagnes déjà vues et déjà perdues.
Ceux qui se revendiquent de la famille politique de Nicolas Sarkozy ont une
vision très classique de la sécurité par exemple. Personne ne parle des
nouveaux risques, à commencer par la cybercriminalité, les ingérences
étrangères, le cyberharcèlement ou la criminalité environnementale.
Plus globalement, nous devons porter dans la campagne ces sujets perçus par les
citoyens mais pas encore formalisés par les politiques, alors nous aurons un
temps d'avance. La campagne telle qu'elle démarre en ce moment nous rabaisse
politiquement parce qu'elle est soit revancharde, soit nostalgique. La pauvreté
des sujets de fond abordés dans cette précampagne me désespère.
- Je considère encore que Marine Le Pen est notre première adversaire. Je ne fais pas partie de ceux qui l'ont enterrée. Notre capacité de zapping permanent est étonnante. Avant les régionales, tous disaient qu'elle pouvait gagner le second tour. Elle a perdu les régionales et on dit alors «ne parlons plus d'elle». Nous aussi, nous avons perdu les régionales mais nous pouvons gagner l'élection présidentielle. Tout ce discours n'est pas très cohérent. J'observe qu'elle vient de publier une affiche de campagne au nom des «Libertés» mais je n'oublie pas qu'elle s'aligne sur Vladimir Poutine, Viktor Orban ou les pangermanistes avec qui elle dansait il y a quelques années. Nous n'avons définitivement pas la même définition de la liberté.
- Politiquement, Eric Zemmour n'est rien. Il se cache derrière une non-campagne et des idées nauséabondes. S'il est candidat, il devra se présenter avec un projet autre que celui de la peur. Avez-vous déjà entendu une proposition, en dehors de son constat hystérisé ? Il n'en a aucune. C'est un objet médiatique avant d'être un objet de campagne, qui porte une vision rance de la France.
- Notre pays sort d'une crise profonde. Il est encore convalescent et on ne connaît pas l'évolution future du virus. Cette réforme (des retraites] sera nécessaire pour sauver notre régime de retraite mais les conditions posées en juillet par le président ne sont pas réunies. S'il a besoin d'être soigné, notre pays a aussi besoin d'être apaisé. Cela ne veut pas dire que nous arrêtons de réformer. Nous devons consacrer les derniers mois de ce quinquennat à des réformes à hauteur d'hommes et de femmes. La proposition de loi sur la sécurité civile et les pompiers par exemple - qui est issue de mon groupe - me paraît en ce sens très importante. On a vu leur engagement lors des incendies cet été, peut-être faut-il en tirer des enseignements et réarmer notre sécurité civile. En un mot : on continue.
- Si l'augmentation du Smic est un des éléments qui permet de partager les fruits de la croissance, évidemment j'y suis favorable. Mais il faut aussi regarder ce que nous avons fait : les bas salaires ont augmenté de plus de cent euros nets par mois depuis le début du quinquennat grâce à l'effet de la prime d'activité et de la suppression des cotisations salariales chômage et maladie. Le niveau de vie de ceux qui sont au Smic a aussi augmenté grâce à la fin de la taxe d'habitation ou la prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale des lunettes, prothèses dentaires et appareils auditifs. C'est essentiel de le rappeler parce que ce qui compte à la fin du mois n'est pas tant de savoir si le Smic augmente mais si l'on a plus de pouvoir d'achat ou non.
- Notre message est clair : les thérapies de conversion sont inacceptables, et doivent être condamnées systématiquement. (…) Mettre définitivement fin aux thérapies de conversion, mieux identifier et condamner les auteurs, c'est le but du texte qui sera examiné à l'Assemblée en octobre.
- Face à ceux qui comme Zemmour agitent les haines et les rancoeurs pour tenter d'exister, il y a les mots de Robert Badinter : «l'abolition de la peine de mort est l'un des rares progrès que l'humanité puisse accomplir sur elle-même».
- Est-ce que Zemmour porte un programme ? Non, à part l'hystérisation du pays. Est-il utile au débat public ? Non plus. Zéro proposition sérieuse, que de la provocation. Il ne mérite pas toute cette attention autour d'une pseudo-campagne.
- Parlons vrai aux enseignants ! Revaloriser la rémunération des enseignants, nous le faisons. Bien plus que sous le quinquennat socialiste. Proposer un doublement des salaires, c'est de la démagogie de la part d'une gauche clientéliste qui a perdu tout sens des réalités.
- Nous sommes déjà la majorité du pouvoir d'achat : nous avons revalorisé la prime d'activité, supprimé la taxe d'habitation, augmenté le chèque énergie et baissé les impôts. Avec l'économie qui repart, il faudra aussi s'interroger sur la revalorisation des salaires.
- A défaut d'avoir des idées, Xavier Bertrand tente de donner des leçons. Mais qui a supprimé 12 500 postes de policiers ? Qui a été Ministre du Travail quand le chômage augmentait de 30% ? Face à un tel bilan il vaut mieux espérer l'amnésie collective !
Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)
- Le mariage n'est pas une mise sous tutelle. Et le
droit à l'IVG est un droit fondamental qui appartient à celle qui le vit dans
son corps et dans sa chair. Après le débat sur les prénoms, celui sur la peine
de mort, c'est donc celui sur l'IVG qui nous attend ?!
- Tenir ensemble pour revivre ensemble. La vaccination, c'est la liberté retrouvée.
● MoDem
Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)
On reconnaît les hommes d’État au courage dont ils
font preuve pour montrer la voie. Honneur à Robert Badinter, qui malgré l’opinion
publique a permis que notre justice ne décide plus jamais de mettre un homme à
mort.
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
- Devant le Parlement européen Ursula von der Leyen plaide avec
insistance pour bâtir une Union européenne de la défense et appelle à un
sursaut de volonté politique. Renaissanc
européenne et Renew Europe ne disent pas autre chose. La présidence française de l’Union
européen sera l’occasion d’avancer.
- Le seul chef d’Etat cité par Ursula von der Leyen ce matin devant le Parlement européen? Emmanuel Macron. Le sujet sur lequel elle souhaite avancer grâce à la France? La défense européenne. Il reste énormément de travail mais nos idées avancent et nous sommes attendus.
- L’OTAN a échoué en Afghanistan dans sa mission la plus ambitieuse ; les États-Unis sont fatigués d’être les gendarmes du monde : il nous faut bâtir sans délai une véritable défense européenne.
- Notre naïveté laisse sans voix : nous n’avons pas prêté assez d’attention aux secteurs stratégiques, souvent dans la zone grise entre le civil et le militaire, dans lesquels la coopération scientifique avec la Chine foisonne. (…) Et si on ouvrait les yeux ? Captation des savoirs, contrôle de la recherche, la coopération scientifique avec la Chine n’est pas anodine mais elle reste opaque et incontrôlée, au Royaume-Uni mais aussi dans le reste de l’Europe. Jusqu’à quand ?
Valérie Hayer
Ce fonds Brexit aura pour objectif de venir en aide
aux plus touchés. À ceux pour qui les échanges avec le Royaume-Uni sont si
essentiels. À nos pêcheurs en première ligne face au Brexit. À nos PME qui
abondaient le marché britannique.