Par Aris de Hesselin et Alexandre Vatimbella
Dans
cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui
ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but
d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen,
défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Au moment où le centriste Biden quitte l’Afghanistan et se désengage du Moyen-Orient, le centriste Macron tente de récupérer la mise en présentant la France comme le successeur des Etats-Unis dans le soutien aux Etats et aux peuples contre le terrorisme et les régimes islamistes.
Cette volonté part d’un constat que les Américains en ont assez de s’investir massivement depuis vingt ans dans des pays qui ne représentent pas un intérêt primordial pour eux et qui semblent incapables de se prendre en charge.
La priorité étasunienne est désormais la Chine avec le réseau qu’elle met en place, notamment avec la Russie, pour se poser en rivale de la première puissance mondiale qu’elle rêve de dépasser dans les trente ans à venir.
Evidemment, le président de la république française n’aspire pas de devenir le gendarme de la région parce qu’il n’en a ni les moyens, ni, d’ailleurs la volonté.
Il souhaite néanmoins que la France et, au-delà, l’Union européenne affirme une présence qu’il estime d’une haute importance stratégique afin d’éviter une instabilité de la région qui rejaillirait sur l’Europe, tant au niveau de la sécurité que l’immigration massive.
Et c’est aussi la même vision qui l’anime en Afrique et plus particulièrement au Sahel pour les mêmes raisons.
Reste à savoir si la France a réellement les moyens de ses ambitions.
Il est certain que celle-ci est un des seuls pays au monde à pouvoir se projeter en opérations extérieures afin d’assurer sa sécurité.
En outre, face au désinvestissement américain et aux convoitises chinoises, elle a une carte à jouer au Moyen-Orient et en Afrique où son image est globalement positive.
Cependant, seule, elle a un pouvoir limité et, souvent, son action nécessite l’aide de l’allié américain, monétaire et logistique, ainsi que de certains pays de l’UE.
Dès lors, Emmanuel Macron ne peut prétendre, à l’instar des Etats-Unis, être le juge de paix, voire même le sous-juge de paix.
Cela passe par un véritable aggiornamento de l’Union européenne dans sa transformation en puissance, tant en matière diplomatique que militaire.
Alors, oui, si tel est le cas, la France pourra être à l’avant-garde et même le leader de l’Europe.
Sinon, les belles et bonnes paroles du président de la république resteront avant tout des mots – qu’il n’est certes pas inutile de prononcer – qui n’auront que peu de répercussions dans les capacités à agir de la France.
La bonne nouvelle est que, dans les 27 pays de l’UE, la réflexion sur la nécessité de défendre son modèle et de se défendre contre les menaces, fait son chemin.
Néanmoins, le temps presse et pas seulement parce que les Etats-Unis se désengagent partiellement tout en gardant intactes leurs capacités d’intervention s’il y a lieu pour eux se défendre.
Ici, il faut saluer la constance d’Emmanuel Macron qui, depuis qu’il est à l’Elysée, n’a cessé de marteler l’absolu et impérieuse nécessité pour l’Union européenne d’être une vraie puissance, non pas pour des visées impérialistes, mais pour ne pas subir les événements et pouvoir les dominer afin de faire triompher ses intérêts ainsi que la démocratie républicaine.
Et si l’Europe lui donne les moyens de ses ambitions, ce sera une vraie victoire mais nous n’en sommes pas encore là.
Aris de Hesselin & Alexandre Vatimbella