Voici une sélection, ce 10 août 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
► Emmanuel Macron
(Président de la République)
- Le rapport du GIEC est sans appel. À nouveau. Le
temps de l’indignation est derrière nous. Accord de Paris, neutralité carbone
au niveau européen, loi climat… La France restera du côté de ceux qui agissent.
En novembre, à Glasgow, scellons un accord à la hauteur de l’urgence!
- [Assassinat du prêtre Olivier Marie] Il portait jusque dans les traits de son visage la générosité et l’amour de l’autre. Au nom de la Nation, je rends hommage au Père Olivier Maire. Pensées chaleureuses pour les Montfortains et tous les catholiques de France. Protéger ceux qui croient est une priorité.
► Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous
retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce
qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique
globalement centriste]
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
- Il y a un an, de jeunes humanitaires de l’ONG ACTED, dont 6 Français, étaient
lâchement assassinés au Niger. Nous ne les oublions pas. La France défend le
droit humanitaire international et combat l’impunité des crimes commis contre
les humanitaires.
- Un an après le scrutin du 9 août 2020, la France est pleinement mobilisée aux côtés du peuple biélorusse, pour la fin de la répression et un dialogue politique inclusif. L’Union européenne est unie autour de cette exigence.
Barbara Pompili
(ministre de la Transition écologique)
- Sept ans après sa dernière évaluation, le GIEC
anticipe une accélération du réchauffement climatique et une intensification
des évènements dramatiques que nous subissons déjà. Face à cette menace, la
ligne est claire : appliquer pleinement et partout l’Accord de Paris.
- Alors que les canicules, inondations, incendies extrêmes se succèdent partout dans le monde, le GIEC alerte sur une accélération du dérèglement climatique. Le monde n’a qu’un choix possible : accélérer la sortie de la civilisation fossile. La COP26 nous offre cette opportunité.
Jean-Michel Blanquer
(ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)
- L’antisémitisme est une plaie pour la société.
C’est aussi un délit qui doit être combattu. La personne qui a circulé avec sa
pancarte antisémite étant enseignante, elle sera suspendue en attendant les
suites disciplinaires. Sur le plan pénal, le recteur saisit le procureur.
- Le sport, c'est décisif pour
notre santé et ça prend encore plus d'acuité dans le contexte sanitaire actuel.
Il faut remettre tout le monde au sport. C'est d'ailleurs pour cela qu'on va
enclencher une campagne pour le sport à partir de la mi-août pour inciter tout
le monde à refaire du sport. Et bien sûr, ça commence par l'école, avec les
enfants, les adolescents. Dans le monde entier, à partir de l'âge de 11 ans,
les enfants font moins de sport et moins de lecture parce qu'ils sont trop sur
les écrans. C'est mon combat principal, celui de la lecture des savoirs
fondamentaux, mais aussi celui de l'activité physique. C'est pourquoi on a enclenché
l'opération «30 minutes d'activité physique et sportive par jour à l'école
primaire», qui va prendre de l'ampleur. Alors, ça ne prépare pas les médaillés
de 2024, mais ça prépare une société en mouvement, une société où chacun est
attentif à sa santé et donc à son corps. (…)
On a pris des premières mesures, par exemple l'Education physique et sportive
comme enseignement de spécialité dans le cadre du lycée. On commence à
enclencher le bac pro sport très bientôt. Et puis, nous labellisations les établissements
Génération 2024 pour qu'il y ait plus de sport dans chaque établissement, donc
un cahier des charges pour les établissements qui ont ce label. Dans les années
à venir, c'est plus d'heures de sport par jour pour les élèves qui doivent être
la traduction concrète de cela. Et puis, le développement de ce qu'on appelle
parfois «cours le matin, sport l'après midi», qui permet d'avoir des activités
sportives systématiques l'après-midi. Ça fait partie des transmutations de
notre système éducatif qui ont commencé.
- Une nation sportive! C’est ce que nous devons être de plus en plus. La préparation de Paris 2024 va nous le permettre. Pour que le sport pour tous soit une réalité en commençant par l’école, l’EPS, le périscolaire.
- Pendant toute la crise sanitaire, nous avons été très attentifs aux différentes fédérations (…) Les fédérations vont être soutenues pour être au rendez-vous de Paris 2024.
- Les Jeux [olympiques] sont une réussite si la population en a envie (...) Quand je vois la cérémonie d'hier au Trocadéro, je suis optimiste. Je ne doute pas que nous aurons cette ferveur
- [Pass sanitaire pour les clubs de sport à la rentrée] C'est un sujet sur lequel nous travaillons (...) C'est quelque chose qui n'est pas encore arbitré.
Gérald Darmanin
(ministre de l'Intérieur)
Tout mon soutien aux catholiques de notre pays après
le dramatique assassinat d’un prêtre en Vendée. (…) S’en prendre à un homme
d’église, c’est s’en prendre à l’âme de la France. (…) Certains ont cédé à la
tentation de la démagogie, de la polémique politicienne le jour même de la mort
de ce prêtre courageux et charitable. Le meurtrier présumé ne pouvait pas être
expulsé en raison du contrôle judiciaire auquel il était soumis.
Sébastien Lecornu
(ministre des Outre-mer)
[Covid19] L’Etat est présent aux côtés des Antillais
pour faire face à la forte reprise de l’épidémie Covid19 en Guadeloupe et en Martinique. Je m’y rendrai dès mardi pour
faire un point d’étape sur les mesures de freinage mises en place et
accompagner les renforts venus de l’Hexagone.
Olivier Véran
(ministre des Solidarités et de la Santé)
À chaque vaccination c’est la vie qui reprend. Faisons
nous tous vacciner maintenant.
Annick Girardin
(ministre de la Mer)
La première partie du rapport 2021 du GIEC sur l’état des connaissances
du changement climatique est sans appel : c'est maintenant ou jamais. Le
changement climatique est un aller sans retour, la planète se réchauffera de
1,5°C sans changement drastique dans nos modes de vie.
L’élévation du niveau de la mer, l’acidification des couches profondes de
l’océan, les pluies diluviennes ou encore les incendies de grande ampleur ne
relèvent pas du hasard : nous devons agir à tous les niveaux de notre société
pour ralentir le rythme. La COP26 sera capitale.
Frédérique Vidal
(ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)
Le constat du GIEC est sans appel : le changement climatique n’épargne aucune
région du monde et nous en subissons les conséquences directes. Je salue le
travail des scientifiques : la recherche doit impérativement approfondir notre
connaissance des enjeux climatiques.
Elisabeth Moreno
(ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité
et de l'égalité des chances)
Cent ans après les JO de Paris de 1924, la Francea pris officiellement hier le témoin de Tokyo Merci à nos athlètes de
nous avoir fait rêver lors de cette 32e Olympiade. C'est grâce à la
force du collectif, de notre diversité et c'est «ensemble» que nous allons plus
haut.
Jean-Baptiste
Djebbari (ministre chargé des Transports)
Nous sommes le gouvernement qui a le
plus investi dans le ferroviaire. Ça, c’est de l’écologie concrète.
Agnès
Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)
Le nouveau rapport du GIEC rappelle à tous que la prise en compte des enjeux climatiques
et environnementaux dans les politiques publiques n’est plus une option. Pour
gagner cette bataille, l'industrie est une partie essentielle de la solution.
Alain Griset (ministre
chargé des Petites et moyennes entreprises)
- [Covid19] Sans la vaccination et sans ce pass,
c'est simple : nos restaurants, cafés, lieux culturels, stades et commerces
seraient fermés. Nous sommes tous dans le même bateau, cette semaine
d'appropriation doit être une réussite collective.
- Nous regardons de près la situation. C'est l'engagement pris avec Bruno Le Maire, nous recevrons les représentants des secteurs le 30 août pour faire le point sur le soutien dont ils ont besoin. D'ici là, ils bénéficient encore en août du fonds de solidarité.
Roxana Maracineanu
(ministre chargée des Sports)
N’opposons pas EPS et club. L’objectif du
rapprochement de ministère des Sports et du ministère de l’Education est justement de faire en sorte que le mouvement sportif et
l’école œuvrent pour que nos enfants fassent la découverte du sport dès le plus
jeune âge. Et qu’ils adoptent le sport en club.
Geneviève
Darrieussecq (ministre chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
[Pancarte antisémite brandie par une manifestante
anti-pass sanitaire] Alors certains
n’auraient rien appris ni retenu des drames proches du 20ème siècle ?? C’est
consternant et révoltant. Luttons pied à pied contre l’antisémitisme, le
racisme, les discriminations. Tous les jours, toujours. Et que la justice ne
laisse rien passer.
Clément Beaune
(secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)
- Le rapport du GIEC est une alerte de plus: l’Europe doit être à la pointe de
la lutte contre le dérèglement climatique. L’Union européenne se dotera dans quelques mois des lois les plus ambitieuses du
monde.
- [Biélorussie] Il y a un an, la tragique mascarade électorale de cette dictature. Avec nos partenaires européene, nous restons engagés pour sanctionner le régime, pour soutenir et protéger l’opposition et le peuple biélorusses. Pour faire vivre la démocratie en Europe.
Bérangère Abba
(secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité)
[Covid19] Lutter ensemble contre le Covid19, faire front commun pour
nous protéger les uns les autres en gardant nos libertés individuelles et
collectives dans une politique de responsabilisation de tous, seule garante
d’une victoire sur l’épidémie: le pass sanitaire.
Nathalie Elimas
(secrétaire d’Etat chargée de l’Education prioritaire)
- [Covid19] Le pass sanitaire est un outil
supplémentaire, il n'a qu'une seule vocation, c'est de protéger la santé des
Français. (…) On entend l'inquiétude des commerçants, des restaurateurs qui
vont devoir le mettre en place, mais globalement, nous sommes confiants. C'est
un outil simple, rapide et facile d'utilisation.
- [Covid19 & obligation vaccinale pour les enseignants] C'est non, ce ne sera pas le cas et sincèrement, cela ne sera absolument pas nécessaire.
- [Covid19] Ces manifestations [contre le pass sanitaire] sont préoccupantes, je veux être dans l'apaisement (...) Il faut les écouter et les amener avec beaucoup de pédagogie à entendre l'intérêt de la vaccination.
- [Pancarte antisémite brandie par une manifestante anti-pass sanitaire] Tout cela est condamnable (...) Nous devons aussi pointer du doigt ces hommes politiques qui instrumentalisent, jettent de l'huile sur le feu et ne font qu'aggraver la situation.
Olivia Grégoire
(secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)
La publication du rapport alarmant du GIEC nous rappelle une fois de
plus l’absolue nécessité d’une économie responsable et décarbonée, dans le
cadre de l’Accord de Paris. Gouvernements, entreprises, société civile :
ensemble mobilisés pour agir concrètement face à l'urgence.
► Partis politiques
● MoDem
Frédéric Petit (député)
[Tribune coécrite avec Nils Schmid, député allemand (SPD) «Le soutien aux
démocrates biélorusses peut et doit passer par une diplomatie ferme»]
Il y a un an jour pour jour, le 9 août 2020, se tenait l’élection
présidentielle en Biélorussie. A l’issue d’une campagne où le président
Alexandre Loukachenko s’est trouvé débordé par l’initiative de trois femmes [la
candidate Svetlana Tsikhanovskaïa; Maria Kolesnikova, directrice de campagne du
candidat Viktor Babariko, évincé du scrutin et emprisonné; Veronika Tsepkalo,
épouse d’un autre candidat évincé], déterminées à s’allier contre le mensonge,
les résultats en ont été immédiatement, brutalement et ouvertement falsifiés.
Depuis, chaque jour, des Biélorusses sont arrêtés, torturés et sont jugés de
façon inique, décomplexée, souvent aberrante. Les journalistes sont muselés,
chassés, des médias ferment et disparaissent, sans doute de manière
irréversible. Depuis un an, il ne se passe pas un jour sans qu’un, voire deux
Biélorusses, soient la cible du pouvoir et rejoignent la longue liste des prisonniers
politiques. Phénomène nouveau depuis quelques mois : les cas de suicides
se multiplient, non seulement en prison, mais également au-dehors. Des citoyens
biélorusses de tout âge, de toute situation. Un décret a quasiment justifié le
tir à vue dans la rue sur les opposants.
Alexandre Loukachenko est ouvertement entré en guerre contre l’Union
européenne. En guise de « riposte » aux sanctions européennes, le
tyran biélorusse a menacé les dirigeants lituaniens en ces termes, a rapporté
Gabrielius Landsbergis, ministre des affaires étrangères : « Jusqu’à
présent, nous stoppions les migrants et les drogues, à vous maintenant de les
arrêter et de vous droguer vous-mêmes ! »
Le régime organise, de manière quasi officielle, le transport de candidats à
l’asile depuis le Proche-Orient jusqu’à la frontière lituanienne (le
« service » est naturellement payant, comme tout passeur qui se
respecte). En l’espace de quelques semaines, le nombre de demandeurs d’asile a
ainsi grimpé d’une centaine à plus de 1 700 chez nos amis lituaniens, peu
préparés à un tel afflux, brutal, malgré leur grande solidarité européenne dans
ce domaine. Le régime d’Alexandre Loukachenko s’enferme chaque jour davantage
dans la recherche désespérée, voire suicidaire, de moyens de rétorsion de plus en
plus incendiaires et destructeurs.
Face à cette menace pour la stabilité de notre continent, les Européens ne
peuvent se contenter de sanctions, même attendues et adaptées à la
situation ; même si ces mesures pourraient, à terme, porter leurs fruits,
en transformant le soutien de la Russie en bouée de sauvetage pour Loukachenko.
Aujourd’hui, nous devons aider les forces démocratiques en exil, regroupées au
sein du Conseil de coordination dans lequel siègent Svetlana Tsikhanovskaya,
Pavel Latouchka, Maria Koleskinova, ou encore Svetlana Alexievitch, Prix Nobel
de littérature. Ce soutien aux démocrates biélorusses peut et doit passer par
une diplomatie que certains désignent comme « soft », mais qui
pourrait tout à fait être ferme.
Une telle diplomatie peut s’exercer dans le cadre universitaire : la
France forme déjà de futurs cadres biélorusses à Varsovie ; l’université
biélorusse de Vilnius (Lituanie) est présente sur le sol européen depuis quinze
ans, nous pouvons la mettre en réseau avec nos instituts et centres de
recherche, le projet de créer une nouvelle université d‘Europe orientale
accueillant professeurs et étudiants exilés est en cours d‘élaboration.
Un autre élément possible de cette diplomatie ferme est le soutien aux médias
et journalistes indépendants, dont beaucoup résident sur le sol européen (le
régime en place vient de qualifier judiciairement la chaîne Bielsat
d’« extrémiste »).
Enfin, la diplomatie parlementaire peut aussi avoir son rôle dans cette crise,
à l’image des parlementaires polonais et lituaniens qui ont officialisé depuis
longtemps leurs contacts avec l’opposition et gelé les contacts avec le
parlement officiel.
Afin de réunir les forces pour la démocratie en Biélorussie, nous proposons
d‘organiser, dès cet automne, une conférence interparlementaire à Vilnius,
démontrant le soutien très large au peuple biélorusse au sein du Parlement
européen et parmi les députés nationaux.
Mais surtout, le sujet doit être pris en main par la société civile européenne,
à l’image de ce que nombre d’entre nous, notamment membres d’organisations
associatives ou syndicales, avions mis en œuvre au temps de Solidarnosc en
Pologne.
Dans cette crise biélorusse, c’est l’avenir des « confins » de
l’Union européenne qui se joue, dans cette région, entre mer Baltique et mer
Noire. A travers elle, c’est la politique de voisinage de l’Union européenne
que nous définirons. Nous devons le faire ensemble, en citoyens éclairés et ne
pas regarder ailleurs. Plus de six cents prisonniers politiques croupissent
aujourd’hui dans les geôles biélorusses. Ils sont à notre porte, ne les
oublions pas !
● Mouvement radical
Le nouveau rapport du GIEC est alarmant. La question
écologique doit être placée au cœur de toute politique si l'on souhaite
réserver un futur viable à l'humanité.
Bertrand Pancher
(député)
- La crise climatique s’aggrave partout, à des
niveaux sans précédent, alerte le GIEC : J’espère que question environnementale
sera au cœur de la campagne Présidentielle en France et portée par les
principaux candidats. Nous ne pouvons plus prendre de retard.
- JO de Tokyo 33 médailles, 10 en or, la France termine 8e.Bravo à nos médaillés mais il faudra tirer un bilan afin d’encourager davantage la pratique du sport de haut niveau dans notre pays afin de permettre à chaque sportif d’exceller dans sa discipline…
► Autres
● Organisations
centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)
Nathalie Loiseau
[Pancarte antisémite brandie par une manifestante
anti-pass sanitaire] Il y a chez ces manifestants un antisémitisme assumé.
Odieux. Insupportable. Toute la classe politique doit le dénoncer sans attendre
et sans calcul. Ce qui se tairont, s’il y en a, signeront leur indignité. Il
n’y a rien à comprendre, seulement à combattre cette haine immonde.
Pascal Canfin
- Il est déjà trop tard pour échapper aux premières conséquences du
dérèglement climatique. Incendies, canicules, crues, les dernières semaines
nous l'ont montré. La limitation du réchauffement à + 1,5 degré doit
rester notre objectif, mais il sera très difficile à atteindre. Il faut
désormais tout faire pour ne pas dépasser les + 2 degrés. Ce n'est pas trop
tard. (…) Ils peuvent paraître théoriques, mais le Giec nous dit qu'au-delà de
ces seuils les conséquences du réchauffement ne seront plus maîtrisables. Si
l'on franchit cette zone entre + 1,5 et + 2 degrés, il y a un emballement
et un point de non-retour. Ça pose la question de l'adaptation de manière plus
forte encore. (…)
Dans les négociations climat, l'adaptation a longtemps été le parent pauvre. On
parle davantage des mesures liées à la réduction des émissions. Pourtant, à
chaque fin d'été, après les feux, les tempêtes, les inondations, on se dit
qu'il faut agir. Mais nous ne le faisons pas, car nous n'avons pas pris
conscience qu'en réalité on vivait déjà dans un monde à + 1,5 degré. Il
faut donc mettre en place des politiques d'adaptation plus systémiques et arrêter
d'être aveugle sur l'impact climatique. (…)
C'est par exemple ce qu'on a fait avec la loi climat européenne : à chaque fois
que l'Europe finance un grand projet d'infrastructures (hôtel, centre
commercial, route, voie ferrée, etc.), il devra faire l'objet d'un test climat
qui va évaluer sa capacité de résilience au choc climatique. Car, pour
l'instant, on continue de construire comme si le dérèglement climatique
n'existait pas. Or on sait que certains équipements seront inutilisables si
nous ne déployons pas maintenant des stratégies d'adaptation. Par exemple, en
France, les ports du Havre et de Dunkerque, essentiels à notre économie, seront
partiellement sous l'eau dans la deuxième moitié du siècle! L'agriculture doit
aussi s'adapter. Il faut faire évoluer les pratiques. Il y a aujourd'hui un
consensus sur l'utilité des solutions fondées sur la nature. Quand vous
remettez de la diversité agricole dans les champs, vous êtes plus résilient ;
quand vous investissez pour restaurer les coraux en outre-mer, vous protégez le
littoral de la montée des eaux, etc. Ces solutions sont gagnant-gagnant. Mais
aujourd'hui il y a tout un champ d'investissement très largement ignoré car il
n'y a pas de modèle économique. Personne ne gagne de l'argent en investissant dans
du corail et donc personne ne le fait. Il faut donc être créatif et inventer de
nouveaux modèles économiques, car tout ne peut pas reposer sur l'argent public.
Ceux-ci doivent rémunérer le fait d'investir dans l'adaptation au changement
climatique.
- Sans les rapports du Giec, il n'y a pas d'action politique. Ils forgent le consensus scientifique et légitiment l'action politique. Ils sont le socle qui permet d'agir. Aujourd'hui, le problème n'est pas la prise de conscience. Même dans les pays émergents, même dans l'opinion publique chinoise, même dans l'Amérique de Trump, la très grande majorité est convaincue de l'existence et de l'importance du changement climatique. L'enjeu n'est plus l'alerte. Aujourd'hui, la question est : comment crée-t-on le chemin de transformation de nos économies et de nos sociétés qui permet de se saisir des rapports du Giec pour les transformer en changements sociaux, économiques et technologiques ? L'enjeu politique est de transformer nos modèles sans fracturer les sociétés, sinon on n'avance pas.
- Quand on parle de transition, on a tout de suite des résistances, soit des lobbies, soit de certains groupes sociaux pour lesquels le changement peut créer des injustices. Il faut consolider aujourd'hui une écologie de gouvernement, qui considère que l'urgence climatique n'est pas une formule et qui élabore des consensus sociaux. Sinon, dans dix ans, les rapports du Giec nous diront qu'on n'arrivera pas à limiter le réchauffement à + 2 degrés. Il faut négocier les transformations des territoires avec les territoires, les groupes sociaux, etc. (…) C'est simple : si on ne négocie pas, ils ne seront pas atteints car on ne fera rien! L'idée selon laquelle la transformation pourrait s'imposer d'elle-même n'existe pas. C'est la recette de l'échec.
- Il y a trois éléments essentiels. D'abord, la technologie. C'est une bonne nouvelle, car aujourd'hui nous avons plus de 80% des technologies nécessaires pour réaliser la transition à grande échelle qui sont disponibles : les voitures électriques, les maisons zéro émission, les énergies renouvelables pas chères. Contrairement à il y a dix ans, nous maîtrisons aujourd'hui presque toutes les technologies nécessaires à un monde zéro carbone. Ensuite, les attentes sociétales. C'est la capacité des citoyens à soutenir cette transition sur le terrain. C'est par exemple ne pas se mobiliser contre des mesures qui consisteraient demain à faire en sorte que le propriétaire d'une maison ne puisse pas la vendre si l'isolation n'a pas été faite. Car, quand on passe du rapport du Giec à la réalité des politiques publiques concrètes à mettre en place pour changer le modèle, il y a des choses qui ne font pas plaisir. A ce titre, la mobilisation de la jeunesse est fondamentale car elle injecte de l'énergie. Enfin, le dernier élément, ce sont les règles du jeu, et donc les politiques publiques. Si les technologies sont prêtes, si les consommateurs sont prêts à y aller, et qu'il n'y a pas les bonnes règles du jeu, ça ne fonctionne pas. Ces trois éléments seront au cœur de la réussite ou de l'échec. C'est ce qu'on fait avec le Green Deal en Europe. (…) On aligne pour la première fois les technologies des entreprises – et l'Europe est le leader mondial pour les technologies vertes – et les attentes sociétales. On change les règles du jeu politique, avec un prix du carbone, les limitations sur les voitures, etc. Dans les deux ans qui viennent, on va changer 54 lois en Europe.
- Selon un classement de l'ONU, le plan de relance le plus vert au monde est celui de la Corée du Sud. Vient ensuite celui de l'Union européenne puis de quelques pays européens, dont la France et l'Espagne. En France, on a réussi à utiliser ce plan pour créer les conditions de l'accélération de la transition. Ce n'est pas vrai partout. Par exemple, le plan chinois n'est pas aligné sur les 2 degrés. Or on sait que c'est le premier émetteur au monde et qu'une grande partie de la lutte contre le changement climatique se joue en Chine.
- Pour la première fois cette année en France, on va avoir
une structure d'investissement dans l'économie qui est alignée avec ce qu'il
faut faire pour réduire nos émissions de CO2 au rythme de l'accord de Paris.
C'est une très belle victoire. Mais est-ce que ça va être maintenu lors du
prochain quinquennat? Car il faut prendre la mesure de l'enjeu qui est devant
nous. On a trente ans, donc une génération, pour inventer un modèle d'économie
zéro carbone. On a trente ans pour transformer ce qu'on a mis deux siècles à
construire! Toutes les décisions que l'on prend maintenant permettront ou non
d'atteindre cet objectif. C'est de cette façon qu'il faut traduire l'urgence
climatique et le rapport du Giec. (…)
On a réussi au niveau européen et c'est aujourd'hui le seul espace où on arrive
à le faire. C'est lié au système politique de coalition, qui fait que la
majorité est obligée de négocier. Les partis de gouvernement ne peuvent pas
faire du sujet climat un sujet qui les clive. Ils le font donc avancer
ensemble, d'autant que c'est une priorité européenne. Nous avons un
vice-président du Green Deal dont l'autorité s'impose aux commissaires à
l'Energie, à l'Agriculture, etc. C'est un exemple intéressant pour le prochain
quinquennat en France car, aujourd'hui trop souvent encore, on peut avoir des
tensions entre les différents périmètres ministériels. Car la transformation
systémique dont nous avons besoin implique une réorganisation de la façon dont
l'Etat fonctionne et dont le gouvernement est structuré. Il ne s'agit pas de
dépolitiser l'écologie, mais de s'organiser différemment pour gagner la
bataille.
Pour créer ce consensus et sortir des débats stériles, il faut réussir à
considérer que la bataille climatique n'appartient à personne. C'est une
question fondamentale posée aux Verts. J'ai fait partie d'EELV car, il y a dix
ans, c'était le seul parti politique qui prenait ce sujet au sérieux. Mais
aujourd'hui la condition du succès de la bataille climatique, c'est précisément
qu'elle n'appartienne plus à personne. L'écologie n'appartient à personne. La
responsabilité appartient à tous les partis de gouvernement. Pour se donner la
chance de réussir, chacun doit faire son aggiornamento : les Verts doivent
arrêter de considérer qu'ils sont les seuls à pouvoir le faire car c'est la
condition de l'échec, et une partie de la droite doit sortir de l'opposition stérile
entre économie et écologie. Toutes les études montrent que la transition
écologique crée des emplois. Le coût de l'inaction est infiniment plus élevé
que le coût de l'action. On le voit aujourd'hui au Canada, en Californie, en
Allemagne : la gestion des phénomènes climatiques extrêmes est très
difficilement supportable pour les finances publiques.
- Tous les programmes de 2022 doivent être alignés avec l'exigence climatique de l'accord de Paris. Et j'invite la société civile à juger les programmes politiques à l'aune de leur compatibilité avec nos objectifs climatiques. Je me battrai pour que ce soit le cas dans le projet d'Emmanuel Macron.