Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella
Dans
cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui
ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but
d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Panneaux électoraux présidentielle 2017 |
Dimanche, il y aura le premier tour des élections régionales et départementales… et une abstention record!
Comme pour toutes les élections locales, comme ce fut le cas pour les municipales de l’année dernières, les Français s’en désintéressent car, pour eux, il n’y a qu’une «vraie» élection politique, la présidentielle.
Même les législatives ne sont que la confirmation de la présidentielle jusqu’à présent pour eux, d’autant qu’elles se déroulent dorénavant quelques semaines après.
Evidemment, ce n’est pas une situation acceptable pour les centristes, adeptes des pouvoirs locaux et de la décentralisation avec leur culture girondine.
Mais l’évidence est là.
Dès lors, tous ceux qui voudront tirer des conclusions des régionales et des départementales au niveau national en seront pour leurs frais.
Que la majorité présidentielle se ramasse un bouillon comme toute l’opposition l’espère, que l’extrême-droite gagne enfin des régions comme le craignent tous les vrais démocrates, que LR résiste ou que le PS plonge, comme c’est prévu, cela ne voudra rien dire de ce qui va se passer dans un an, voire même d’une recomposition du paysage partisan qui ne peut se dérouler que lors de la présidentielle comme l’a démontré Emmanuel Macron en 2017.
Cette présidentialisation de la V° République que certains ont appelé de leurs vœux alors que d’autres ont tenté de lutter contre cette évolution qu’ils considèrent comme funeste et hasardeuse, est une donnée objective avec laquelle il faut faire avec.
On le voit bien avec ce dilemme des partis politiques qui, s’ils veulent exister médiatiquement et aux yeux des électeurs, se doivent d’avoir un candidat pour la présidentielle.
C’est pourquoi le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, veut y aller pour éviter l’anonymat de son parti absent en 2012.
C’est pourquoi la solution de soutenir Emmanuel Macron dès le premier tour est problématique pour le MoDem.
C’est pourquoi LR et le PS savent que ne pas y être marquerait un déclin sans doute encore plus irréversible.
C’est pourquoi les candidats autocrates se bousculent au portillon, de Le Pen à Mélenchon en passant par Poutou et Dupont-Aignan.
Mais la présidentielle telle qu’elle est perçue aujourd’hui ainsi que la fonction de président de la république telle qu’elle est pratiquée, sont évidemment des dangers pour la vitalité de la démocratie républicaine, voire pour son existence tout court comme l’a montré la présidence de Trump aux Etats-Unis.
Il serait bon de réfléchir à un système où la personnalisation du pouvoir serait moins grande comme c’est le cas en Suisse, comme ce fut le cas en France à la sortie de la Terreur avec la mise en place d’un Directoire, sachant qu’à notre époque, la rapidité de la décision en cas de crise grave est un frein à un pouvoir exécutif collectif.
Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella