Jean-Christophe Lagarde & Hervé Morin |
Il le déteste et pourtant il le singe!
Jean-Christophe Lagarde déteste Hervé Morin – qui le lui rend bien, soyez rassurés – mais le suit en tout.
Hier centriste avec Bayrou, les deux hommes ont rompu avec leur mentor en politique puis ont été ensemble au Nouveau centre puis à l’UDI jusqu’à ce que Lagarde devienne président après le départ de Jean-Louis Borloo et sa victoire sur Morin qui, ne supportant pas d’être sous les ordres du député de Seine-Saint-Denis claqua alors la porte avant de créer un parti Les centristes, juste au moment où il cessait de l’être…
Un des épisodes fameux de leur guéguerre de seconds couteaux de la politique intervint en 2012 lorsqu’Hervé Morin, en tant que président du Nouveau centre décida de se présenter à la présidentielle contre l’avis du second du parti – vous avez deviné qui?! – Jean-Christophe Lagarde, bien entendu!
Il faut dire que ce dernier en avait lourd sur le cœur puisqu’il affirmait que lors de l’élection à la tête du Nouveau centre, Morin et lui avait conclu un accord pour une présidence tournante qui ne vint jamais.
Précisons qu’Hervé Morin a toujours nié qu’il y ait eu un quelconque accord.
Toujours est-il que ce dernier commença sa campagne qui passa totalement inaperçue et qui ne recueillit jamais plus de 1 à 1,5% dans les sondages.
Obligé de se retirer parce qu’il n’était même pas sûr d’obtenir le nombre de parrainages nécessaires pour se présenter (beaucoup d’élus du Nouveau centre ne comptaient pas le soutenir), il en voua une haine encore plus grande et tenace vis-à-vis de son rival qu’il accusa d’avoir fait capoter sa candidature, ce qui est en partie vrai.
Mais, pour être honnête, il faut ajouter que sa prestation était proche du degré zéro.
Toujours est-il qu’en reprenant sa liberté, Hervé Morin a commencé à tendre dangereusement vers la Droite et à être un des opposant les plus agressifs à François Bayrou et, surtout, à Emmanuel Macron.
Aujourd’hui, Les centristes sont un simple appendice de LR et n’existent que grâce à eux et aux accords électoraux qu’ils concluent ensemble, ce qui a d’ailleurs permis à Morin de devenir président de la région Normandie et de faire la course en tête pour les régionales de juin prochain.
Jean-Christophe Lagarde, lui, a navigué a vu après le départ de son rival, cherchant par tous les moyens d’exister et de tenter de donner du poids à l’UDI.
Mais comme pour Morin avec Les centristes, il n’y ait pas parvenu.
En 2017, il s’opposa à Emmanuel Macron pour la présidentielle en soutenant François Fillon jusqu’au bout et, surtout, en refusant de se présenter alors même qu’il avait affirmé – comme aujourd’hui – qu’il allait le faire.
Et depuis, entre tentatives de rapprochement et mauvaise humeur parce que l’on ne répond pas à ses avances et ses offres de service, il est marginalisé dans la sphère centriste et ne parvient plus à avoir une couverture médiatique notable comme… Hervé Morin!
Ambitieux, peu diplomate et agressif, il est devenu depuis deux ans un des critiques les plus virulents d’Emmanuel Macron et de sa majorité centriste, s’éloignant de facto du Centre tout en revendiquant d’en être le seul représentant réel…
Un peu comme Mitterrand qui se disait socialiste!
Notons que c’est grâce à cette virulence contre le chef de l’Etat qu’il a encore la possibilité d’être invité par les médias d’où sa surenchère permanente dans les attaques, la dernière étant que Macron n’est pas centriste mais «bonapartiste» – ce qui fera rire tous ceux qui connaissent Lagarde et ses méthodes musclées de gouvernance – et qu’il perdra contre Marine Le Pen parce qu’il a soi-disant «rallumé la haine sociale dans notre pays», c’est-à-dire qu’il a fait courageusement les réformes que tous les centristes attendaient depuis longtemps et que donc il s’est heurté aux extrémistes, aux populistes, aux corporatismes et aux démagogues, c’est-à-dire à tous les ennemis des centristes!
Ajoutons que Lagarde appelle ça, sans rire, de l’«opposition constructive»!
Et voilà désormais dans son mimétisme de Morin qu’il veut se présenter à la présidentielle.
Et devinez quoi?
Il fait les mêmes scores que celui-ci, ceux qu’il rallait à plaisir.
Quant à sa fibre centriste, elle se résume dans cette explication tordue à propos des régionales quand on lui demande pourquoi son parti fait alliance avec le parti d’extrême-droit Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan en Bourgogne-Franche-Comté.
Selon lui – et il nous prend sans doute pour des imbéciles – l’incohérence ne vient pas de lui mais de Dupont-Aignan qui décide de faire alliance avec deux partis pro-européens – LR et l’UDI.
A ce compte là toutes les alliances avec le RN peuvent se justifier!
Oui, Jean-Christophe Lagarde est presque un soldat perdu du Centre.
Encore un petit effort pour rejoindre son si grand ennemi Hervé Morin dans le marais des porteurs d’eau de la Droite où vivent malheureusement beaucoup trop d’anciens centristes.
Centristement votre.
Le Centriste