vendredi 21 mai 2021

Actualités du Centre. Bayrou justifie la fronde du MoDem et estime que Macron représente «un grand mouvement politique central»

François Bayrou

Lors d’une interview sur franceinfo, François Bayrou a justifié la fronde des députés MoDem lors du vote du pass sanitaire où, dans un premier temps, ils ont empêché son adoption avant de s’abstenir en deuxième lecture pour permettre la mesure de passer.

Selon le président du Mouvement démocrate, il s’agit d’un «moment de mauvaise humeur» car les députés de son parti ont «l'impression d’être maltraité par [ses] interlocuteurs gouvernementaux qui ne font pas attention à ce que vous dites».

Et de préciser que «parfois de petits rappels à l'ordre sont utiles», sans que l’on sache très bien s’il s’agit seulement de légitimer la «mauvaise humeur» d’un «moment» ou d’une menace pour le futur où les députés centristes ne seront plus des faire-valoir mais se détermineront indépendamment de la position du gouvernement et celle de LeREM.

Il estime, par ailleurs que, depuis, «le gouvernement a davantage fait attention à ces interlocuteurs et parlementaires».

Rappelons, tout de même, que dans ce gouvernement se trouvent des ministres MoDem…

Par ailleurs, Bayrou affirme désormais que la réussite d’Emmanuel Macron est celle «d’un grand courant politique central du pays qui pendant des décennies a été ignoré, car les journalistes brillants disaient : ‘il y a la Droite et la Gauche et c'est tout! Tout le reste n'existe pas’».

Un grand courant dont il est évidemment l’emblématique représentant à ses yeux.

Puis d’ajouter:
«Je ne sais pas ce que veut dire ‘ni de Droite ni de Gauche’. Parce que ‘ni de Droite ni de Gauche’, cela signifie qu'il n'y a que deux identités, Droite et Gauche et qu'il faut nécessairement se référer à l'une de ces deux identités et que sinon on est ‘ni ni’ ce n'est pas cela. C'est un courant politique autonome, indépendant, original, avec des valeurs et qui sont extrêmement simples. On fait le pays le plus juste possible en faisant, en reconstruisant - hélas il en a beaucoup besoin - sa force, sa capacité de production, d'économie tout en respectant des valeurs qui sont des valeurs d'éducation, des valeurs qui tirent un peu vers le haut et qui ne sont pas seulement les valeurs du verbe ‘avoir’, mais un peu aussi les valeurs du verbe ‘être’. D’ailleurs, lorsqu’Emmanuel Macron a plaidé la bienveillance dans une société aussi déchirée que la nôtre, il avait absolument raison.»

Et le haut-commissaire du plan affirme que «c'est là qu'est la majorité du pays».

«De Jacques Delors à Raymond Barre, je disais autrefois, de Michel Rocard à Alain Juppé, là est la majorité du pays, indique-t-il. Et elle est encore là aujourd'hui!»

 

Actualités du Centre. Vers un parti unique central?

Il paraitrait qu’Emmanuel Macron réfléchirait à la création d’un parti regroupant toutes les tendances de l’axe central qui est le cœur de sa base électorale et qui regroupe tous les libéraux réformistes et progressistes de la Gauche, du Centre et de la Droite, qui va d’un Manuel Valls à un Alain Juppé en passant par un Jean-Yves le Drian, un Bruno Le Maire, un François Bayrou ou encore un Edouard Philippe.

Un axe central qui est en outre le défenseur de la démocratie républicaine libérale et l’adversaire des radicalités extrémistes et populistes.

C’est d’ailleurs pourquoi l’information sur cette soi-disant initiative possède un semblant de crédibilité.

Et que, pour Emmanuel Macron, elle peut avoir son utilité voire sa nécessité.

Elle aurait donc vocation à regrouper, pour les partis, LaREM, MoDem et Agir, ceux de la majorité présidentielle, mais également l’UDI et le Mouvement radical.

Plus sûrement, elle serait, au-delà des appareils partisans, le lieu d’accueil de tous ceux qui, encore dans les partis de droite et de gauche, soutiendront Emmanuel Macron lors des prochaines présidentielles ou qui le rejoindront ensuite en cas de victoire.

Si telle est la volonté du président de la république dont il voudrait, selon certains, qu’elle se concrétise avant l’élection de 2022 et, pour d’autres, après, il semble que la chance d’aboutir est en l’état actuel du paysage politique quasiment nulle.

Comment penser, en effet, que François Bayrou abandonne le Mouvement démocrate qui est la construction de toute une vie politique et qui peut encore lui permettre d’être l’outil de sa seule et véritable ambition, être président?

Comment imaginer qu’Edouard Philippe se mette sous la direction des macronistes?

Comment faire cohabiter dans un même parti un Christian Estrosi et une Barbara Pompili.

Et ce ne sont que quelques exemples.

Et pourtant, qui aurait parié un cent en 2016 qu’Emmanuel Macron serait capable de bâtir un mouvement, En marche! regroupant des gens venus d’horizons politiques divers, et qu’il sera capable ensuite de gagner l’élection présidentielle un an plus tard avec des mots d’ordre comme «en même temps», «ailleurs» , «et de gauche et de droite» puis de former un gouvernement avec des socialistes et des membres de l’UMP?

Est-ce que ce chamboulement politique est reproductible?

Si c’était possible une fois, cela peut l’être une seconde.

Cependant, il convient ici de convaincre des gens qui sont aux franges de l’axe central, ce qui est plus compliqué.

En outre, si un élargissement de la majorité présidentielle est fortement possible en cas de victoire d’Emmanuel Macron, il y a également un risque d’implosion de celle-ci en cas de défaite et une disparition assez rapide de LaREM.