On peut s’en offusquer, on peut s’en amuser, on peut le
regretter et être mécontent mais la réalité est là, la qualité de centriste est
devenue plus que floue dans le paysage politique français.
Que ce soient les opposants du Centre, les usurpateurs – ceux
qui s’en prétendent et n’en ont jamais été ou l’ont été et ne le sont plus –,
les médias, les instituts de sondage, les politologues voire les politistes et
même les centristes eux-mêmes, le centriste est à géométrie variable.
Avouons que de déterminer qui est du Centre et qui ne l’est
pas a toujours existé (mais c’est la même chose pour la Gauche et la Droite) et
que les étiquettes revendiquées ou collées d’autorité ont souvent été sujettes
à caution.
On n’a pas oublié cette intoxication lamentable de LR lors
de la dernière présidentielle de baptiser sa primaire «de la Droite et du
Centre» alors que ce parti est de droite et que tous les candidats à la
candidature l’étaient.
Il s’agissait bien sûr de ratisser large mais ce que l’on a
encore du mal à comprendre c’est comment les médias qui sont là pour dire les
faits et les clarifier ont cautionné cette opération politicienne la plus
grossière (et que certains continuent à le faire pour les prochaines élections
régionales!).
Reste que la situation a largement empiré pour deux raisons.
La première est l’irruption de La république en marche en
2017 qui n’a pas facilité la tâche de déterminer qui est centriste ou ne l’est
pas puisque celle-ci, dès l’origine, a attiré dans ses rangs des gens de gauche,
du centre et de droite.
La deuxième est que cette même LaREM a conquis le pouvoir et
qu’une lutte idéologique s’est dès lors constituée quant à sa couleur politique
et à celle de la majorité présidentielle.
S’y est ajouté que le Centre ne s’est pas entièrement uni
dernière Emmanuel Macron, ce qui a créé un centre de la majorité présidentielle
et un centre de l’opposition.
Dans le premier nommé, on peut y mettre LaREM, même si cette
formation n’est pas uniquement centriste mais centrale, regroupant tous les
courants de l’axe central ainsi que le MoDem et l’Alliance centriste.
Dans le second, on y trouve l’UDI, même si ce parti dérive
lentement vers la Droite, et le Mouvement radical.
Notons tout de même que tout n’est pas aussi clair puisque,
parfois, l’UDI et le Mouvement radical sont alliés de la majorité
présidentielle.
Reste que ce sont aujourd’hui les formations centristes
Et puis il y a ceux qui n’ont rien à faire dans la galaxie
centriste.
C’est le cas de Les centristes, parti créé par Hervé Morin,
ancien de l’UDF, du Nouveau centre et de l’UDI qui regroupe tous les centristes
qui ont opéré une droitisation et sont devenus un appendice de LR avec qui ils
partagent exactement le même positionnement idéologique.
L’étiquette Les centristes est ce que l’on peut appeler une
tromperie manifeste et serait sans doute passible de sanctions si cela se
passait dans la sphère commerciale…
Et puis il y a LR qui tente lors de chaque période
électorale d’accoler le mot «centre» à sa propagande même si sa radicalisation
droitière ne trompe plus grand monde sur ce qu’elle est devenue.
Tout cela ne serait guère difficile à comprendre si les
médias ne venaient constamment obscurcir ce tableau avec l’aide souvent de «spécialistes»
comme les politologues voire certains politistes.
Ainsi, LaREM peut être considérée par les médias de droite
comme à gauche et par les médias de gauche comme de droite, selon que cela
étaye leur thèse du jour.
Ce que ces médias oublient ou feignent d’oublier c’est qu’être
centriste c’est prendre des positions qui sont parfois communes avec celles de
la Gauche et parfois communes avec de la Droite…
Pour nombre de journalistes, LaREM ne devient du Centre pour
ceux-ci que lorsqu’il s’agit de critiquer ce dernier…
De même, aucun média ne remet en cause le fait que Les
centristes soient au centre et ses membres sont constamment étiquetés comme
centristes.
Pour l’UDI c’est un peu plus compliqué puisque ce parti demeure
encore largerment centriste mais que pour des raisons inconnues certains instituts
de sondage le rangent à droite dans leurs études.
Mais on ne peut passer sous silence la responsabilité des
centristes eux-mêmes dans cette cacophonie.
Ainsi, Emmanuel Macron ne s’est jamais déclaré comme
centriste alors que son «en même temps» et son «et de droite, et de gauche»
sont évidemment centraux et même centristes.
François Bayrou qui prétend aujourd’hui être le gardien
légitime de la maison du Centre, refusait lors de la présidentielle de 2007 de
se dire centriste afin de ratisser le plus large possible et avait même dit à
certains de ses militants qu’il cherchait une nouvelle appellation à son
positionnement politique.
Jean-Christophe Lagarde dans une même volonté de séduire le
plus possible d’électeurs, se pose soit en centriste, soit en droitiste modéré.
Heureusement que pour le citoyen qui se dit centriste, il y
a des repères, comme les valeurs humanistes défendues par le Centre et le
principe de Juste équilibre du Centrisme, pour s’y retrouver et savoir, non
seulement, que le Centre et le Centrisme existent vraiment mais que l’on peut
les utiliser pour se déterminer lors d’une élection afin de détecter le vrai du
faux centriste et faire le bon choix.
Centristement votre.
Le Centriste