vendredi 23 avril 2021

Vues du Centre. Quand le foot confond mondialisation et globalisation

Par Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.

Le sport a toujours eu une dimension politique et donc des ramifications avec l’économique, le social et le sociétal.

Dire le contraire, c’est oublié que dès la Grèce antique, aux Jeux olympiques, la victoire d’athlètes n’étaient pas seulement une question d’effort physique et de dépassement de soi mais une fierté pour les cités qui s’affrontaient par sportifs interposés et récompensaient richement les gagnants quand les perdants étaient souvent punis, parfois de mort!

Des athlètes qui avaient un statut social bien différent du simple citoyen.

Alors, quand on explique que le sport doit demeurer en dehors des débats politiques et qu’il n’a rien à voir avec l’économique, le social et le sociétal, on se fout du monde!

«L’important, c’est participer», phrase attribué au baron de Coubertin – dont on rappelle en passant qu’il était un admirateur du régime nazi d’Hitler – est une vaste fumisterie.

Oui, l’effort physique agrémenté d’un aspect ludique peut être considéré comme étant ailleurs.

Pas le sport qui est compétition par définition.

Ainsi, du football, premier sport mondial et de ses compétitions, d’autant plus celles qui sont organisées par des instances organisées gérant des professionnels qui sont payés pour le pratiquer.

Néanmoins, lorsqu’il s’agit de tourner le dos à la compétition qui doit être le juge de paix en matière de sport, on passe alors dans le domaine du spectacle où règnent uniquement la rentabilité et l’objectif de faire un maximum de profit tout en contentant des (télé)spectateurs dans un contexte où le résultat n’a qu’une importance relative puisqu’il ne comporte que peu de sanctions et surtout de la récompense.

Les ligues de football américain, de baseball, de basket, de hockey-sur-glace et de «soccer» (football traditionnel) aux Etats-Unis sont avant tout des spectacles sur le modèle des gladiateurs romains mais pas des Jeux olympiques grecs.

On peut le préférer mais l’on est plus dans le sport stricto sensu ni dans le sport-spectacle mais dans le spectacle sportif.

Et c’est là que prime la globalisation (mondialisation économique) et non plus la mondialisation (rapprochement des humains et des cultures).

Quand des clubs européens décident de créer une ligue de football fermée où le risque sportif et, surtout, financier, n’existent plus alors on est dans une autre logique que la compétition.

Surtout, on exclut de cette «super ligue» tout l’aspect récompense puisque l’on attribue des places réservées sans aucune raison sportive à des clubs uniquement parce qu’ils ont des moyens financiers.

D’ailleurs, les promoteurs de cette soi-disant compétition ont axé leur discours sur cette volonté de créer un spectacle permanent qui permettrait à ceux qui le donne de pouvoir faire des investissements pour contenter le public et qui serait rentables.

Lorsque le maître d’œuvre de ce projet, Florentino Perez, président du Real de Madrid explique, aussi cyniquement que sottement, aux supporteurs de son équipe qu’il ne pourra pas se payer le français Mbappé et le norvégien Haaland parce que cette super ligue n’est pas organisée, tout est dit.

Bien sûr, le football est gangréné depuis longtemps par l’argent et beaucoup d’investisseurs dans des clubs espèrent en retirer des bénéfices.

Mais, jusqu’ici, il est demeuré une vraie compétition sportive professionnelle.

Bien sûr, pour qu’il soit une compétition où seule compterait la performance physique, il faudrait qu’il soit pratiqué que par des amateurs.

Cependant, comme on l’a vu pour les Jeux olympiques, cela n’a jamais vraiment existé et l’on ne voit pas pourquoi des individus ayant un talent recherché devraient le faire gratuitement alors même que d’autres, dans d’autres domaines, retirent de leur art des bénéfices substantiels comme les comédiens, les musiciens et d’autres.

Reste qu’il ne faut pas se tromper.

Tout imparfait et bancal que soit le système qui organise globalement les différentes disciplines sportives dans tous les sports, il demeure fidèle à la compétition.

Et il est important que le football, ce sport mondialisé ne devienne pas un sport globalisé.

Alexandre Vatimbella & Jean-François Borrou

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Des sommets pour l’Humanité, on en a besoin tous les jours!

Organisé à l’initiative du président américain Joe Biden, le «Leaders summit on climate» qui réunit virtuellement quarante chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion de la «Journée de la Terre» fêtée hier, est en réalité, malgré son intitulé, un sommet pour sauver l’Humanité.

Et cette journée devrait être rebaptisée «Journée de l’Humanité» et l’on devrait la célébrer plusieurs fois par an.

Et ce serait bien de le dire de cette manière.

Parce que, demain, si notre planète devient invivable, elle s’en fichera royalement ainsi que du climat dont elle héritera, elle en a connu de bien pires depuis qu’elle existe.

Mais pas l’Humanité!

Car, prétendre que l’on organise de sommets, des forums et autres événements plus ou moins spectaculaires pour sauver la Terre est un mensonge ou une prétention emphatique, plus sûrement un moyen de ne pas dire les choses comme elles sont ou tout simplement les regarder vraiment en face.

Oui, c’est bien la survie de l’Humanité qui est en jeu ainsi que celle de tous les autres êtres vivants.

Mais notre Humanité et le monde des vivants dont nous sommes, par notre position, le protecteur, a besoin de multiples sommets pour prendre des décisions qui ont une importance égale aux questions de réchauffement climatique.

Par exemple pour éliminer la faim dans le monde qui est possible.

Ou prendre les mesures pour s’attaquer à la grande pauvreté.

Ou faire en sorte d’empêcher le déclenchement de guerres.

Ou d’organiser nos relations avec les autres espèces.

Voire de coopérer lors d’une pandémie pour la contenir et l’éradiquer dans l’œuf!

Sans oublier de construire une vraie mondialisation dont on rappelle, au passage, à ses ennemis, que le volet économique n’est qu’une des facettes et qu’il n’y a aucune fatalité qu’elle soit dominée par les dogmes néolibéraux.

Quoi qu’il en soit, félicitons-nous de ce sommet «pour le climat» comme nous devons nous féliciter de tous les sommets qui ont pour objet de s’attaquer à des problèmes qui concernent toute l’Humanité et sa préservation afin d’empêcher que nous devenions, à notre tour, «une espèce en voie de disparition»…

Sans doute que les promesses qui sont faites depuis hier par les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine et d’autres participants au «Leaders summit on climate» sont des affichages pour certaines mais elles sont autant de moyens de faire pression pour que ceux qui les ont énoncées les réalisent concrètement.

Et puis, dire les choses, c’est non seulement reconnaitre qu’elles existent mais les porter sur le devant de la scène et indiquer qu’on doit les prendre à bras le corps.

Enfin, se parler est essentiel devant la possible catastrophe climatique qui se profile à l’horizon tout comme c’est essentiel pour tout ce qui menace la vie sur la planète.

Alors, organisons tous les sommets possibles et imaginables avec les principaux dirigeants du monde parce que c’est en multipliant les moyens qui permettent une prise de conscience individuelle et collective que nous pourrons résoudre bien des équations qui semblent insolubles aujourd’hui.

S’il y a bien un domaine où le volontarisme est la clé, c’est bien celui d’une Humanité qui avance ensemble, non pas pour certains de ses membres, mais pour que demain soit meilleur ou, tout simplement, qu’il soit.