Il se confirme que François Bayrou est en passe de perdre son pari d’introduire la proportionnelle aux législatives de 2022 alors même que le leader centriste en a fait une question de principe et qu’il a encore mis la pression sur Emmanuel Macron lors de ses dernières interventions.
Ainsi, la voie parlementaire a été définitivement écartée lors d’une réunion ce mercredi des présidents de groupe de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale alors même que juste avant sa tenue, Patrick Mignola, chef des députés MoDem avait tenté de mettre la pression sur ses collègues dans une interview au JDD dans lequel il affirmait qu’il y avait 50% de chances que cette réforme soit présentée au Parlement et il poursuivait:
«Il n'y a pas un formidable engouement [pour la proportionnelle de la part des dirigeants de LaREM]. Mais il ne s'agit pas d'un calcul électoral ou d'une marotte politique. Il s'agit de constater qu'on a un problème institutionnel : sur le pouvoir du Parlement, sur la représentativité des députés, sur la difficulté d'articuler la démocratie représentative avec les conventions citoyennes... Le mode de scrutin fait partie des éléments qui sont de nature à revitaliser notre démocratie. Le vrai enjeu n'est donc pas de seulement discuter du mode de scrutin d'un point de vue technique mais de définir l'ambition politique qui la sous-tend.»
Peine perdue puisqu’à l’issue de leur rencontre, Christophe Castaner (LaREM), Patrick Mignola (MoDem) et Olivier Becht (Agir-Ensemble) ont déclaré dans un communiqué: «Les conditions ne sont pas réunies pour mener à bien cette réforme par la voie parlementaire dans un calendrier à la fois particulièrement serré à l'approche des élections de 2022 et contraint par la crise sanitaire, qui, comme chacun le sait, a un fort impact sur les priorités politiques que nous nous sommes fixées.»
Selon eux, néanmoins, pas question d’enterrer la promesse du candidat Macron en 2017 d’instaurer une dose de proportionnelle dans les élections des députés:
«Soyons clairs: le besoin d'une réforme institutionnelle pouvant contenir l'introduction d'une part de proportionnelle – engagement présidentiel bloqué par le Sénat qui n'a pas souhaité avancer sur la réforme institutionnelle – fait consensus au sein des trois groupes de la majorité.»
La raison: «favoriser une meilleure représentation des différentes opinions et composantes de la société».
Car, il faut «redonner à nos institutions la force nécessaire pour que nos concitoyens retrouvent une confiance trop souvent perdue dans leurs représentants et l'action politique, est plus forte que jamais».
Reste que François Bayrou avait prévu ce cas de figure et qu’il propose désormais que cette réforme du mode de scrutin soit soumise à un référendum qui serait organisé en même temps que les élections régionales.
Patrick Mignola avait d’ailleurs assuré ses arrières en expliquant au JDD que le référendum avait la «préférence» du MoDem.
Toutefois, cette proposition – à laquelle Emmanuel Macron n’a pas répondu jusqu’à présent – a peu de chances d’être retenue à un an de la présidentielle.
Pour autant, Bayrou devrait encore mettre la pression dans les jours qui viennent car, au-delà que son enterrement serait un réel échec personnel tant il s’est investi dans l’histoire, la proportionnelle est essentielle pour faire du Mouvement démocrate un parti indépendant avec des élus, ce qu’il n’a pas été, étant l’un ou l’autre mais pas l’un et l’autre.
Rappelons que sur France Inter, dimanche dernier, à propos de sa campagne en faveur de la proportionnelle, il a déclaré, «je ne me lance jamais dans une bataille avec l'idée de la perdre».