|
Palais de l'Elysée
|
La douzième élection présidentielle de la V° République (et
la onzième à se dérouler au suffrage universel direct) aura lieu en avril 2022.
Sur les huit présidents élus, quatre étaient de droite (De
Gaulle, Pompidou, Chirac, Sarkozy), deux du Centre – plus exactement de l’axe
central – (Giscard d’Estaing, Macron, même si ce dernier à un tropisme plus
centriste que le premier) et deux de gauche (Mitterrand, Hollande).
Trois furent réélus pour un second mandat (De Gaulle,
Mitterrand, Chirac), un fut battu (Giscard d’Estaing), un renonça à se
présenter (Hollande) et un décéda en fonction (Pompidou).
Le dernier est encore en train d’accomplir son mandat.
Deux fois (lors de la démission de De Gaulle et la mort de
Pompidou) un intérim fut nécessaire entre la vacance du pouvoir et l’élection
et il fut exercé par le centriste et président du Sénat, Alain Poher.
Deux présidents n’allèrent pas au bout de leur mandat, De
Gaulle qui démissionna en 1969 après avoir été élu en 1965 et Pompidou qui
décéda en 1974 après avoir été élu en 1969.
Le plus long mandat fut celui de François Mitterrand, élu
deux fois pour sept ans soit un total de quatorze ans.
Aucun candidat n’a jamais été élu lors du premier tour.
En ce qui concerne le Centre stricto sensu, celui-ci eut un
candidat en 1965 (Lecanuet), en 1969 (Poher), en 1988 (Barre), en 2002, 2007 et
2012 (Bayrou) mais pas en 1958, 1974, 1995 et 20127 où il soutint des candidats
qui n’étaient pas issus de ses rangs (De Gaulle, Giscard d’Estaing, Balladur,
Macron).
Evidemment, le soutient d’une partie des centristes aux
centraux Giscard d’Estaing et Macron se comprend plus aisément que l’absence de
candidature en 1995 et le choix de soutenir Balladur.
Pour l’élection de 1958 – qui ne fut pas au suffrage universel
– les centriste, dans des circonstances particulières soutinrent le général De
Gaulle.
Quelle est la situation pour ce qui est de 2022 alors
qu’aucun candidat centriste ne s’est encore déclaré officiellement (à l’inverse
des deux candidats extrémistes, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon).
Il semble évident qu’Emmanuel Macron souhaite se présenter,
même s’il n’a pas exprimé son envie publiquement et ses soutiens sont déjà en
train de parler de ce qu’il fera lors d’un second mandat.
De même, un site internet a été lancé par la ministre de la
Fonction publique, Amélie de Montchalin, pour soi-disant montrer l’action du
gouvernement, plus sûrement pour dresser un bilan positif du quinquennat.
Ce qui pourrait éventuellement le décider à ne pas se
présenter serait de mauvais sondages comme pour François Hollande en 2017.
Mais il est plus probable que même en cas de difficultés et
de popularité en berne, il veuille se présenter et défendre son bilan.
Ce qui est loin d’être le cas pour le moment puisque tous
les sondages réalisés jusqu’à présent entre 2019 et 2021 le donnent au second
tour face à Marine Le Pen puis vainqueur de cette dernière.
Bien sûr, à plus d’un an de l’élection, ceux-ci ne sont que
de simples indications mais c’est sur la base d’enquêtes d’opinion
catastrophiques qui commencèrent bien avant le début officieux puis officiel de
la campagne électorale de 2017 que François Hollande décida de ne pas se
représenter.
Si Macron est candidat, il n’aura évidemment aucun
concurrent centriste dans la majorité présidentielle que ce soit à LaREM ou au
MoDem.
Surtout si les sondages continuent à lui promettre la
victoire.
Seul le cas de l’ancien premier ministre, Edouard Philippe,
n’est pas tout à fait clair même si celui-ci a bien déclaré qu’il ne serait
jamais candidat contre Emmanuel Macron.
Néanmoins, lors de son départ de Matignon, il devait prendre
une place de choix dans la gouvernance de la majorité présidentielle, ce qui
n’a jamais été le cas d’où des supputations qu’il pourrait avoir l’envie de
représenter la Droite surtout que ses candidats, Xavier Bertrand ou Valérie
Pécresse en tête, ne semblent pas, à l’heure actuelle, capable de gagner.
On peut évoquer le cas de François Bayrou qui serait sans
doute un concurrent de choix pour Emmanuel Macron.
Non pas qu’il puisse l’emporter si ce dernier étant candidat
mais sa candidature interdirait au président sortant d’être présent au second
tour.
Reste, qu’au-delà de la cohésion de la majorité, la
candidature de Bayrou serait aussi dangereuse pour son avenir politique qu’elle
le serait pour Macron.
De plus, on prête au président du MoDem le souhait de se
présenter en 2027…
Dans la galaxie centriste, on note une envie de se
présenter, celle de Jean-Christophe Lagarde, candidature qui sera évidemment de
témoignage tant le président de l’UDI n’a aucune chance de l’emporter.
Tout au plus peut-il faire baisser le score de Macron au
premier tour mais son positionnement de plus en plus à droite ne fait plus de
lui un concurrent sur les mêmes terres électorales que le président.
Rappelons que les deux seules indications que l’on est
jusqu’à présent sur une candidature UDI est d’abord le score du parti lors des
dernières européennes (2,5%), seule élection où il s’est présenté seul depuis
sa création.
Par ailleurs, on peut prendre pour comparaison la tentative
de candidature en 2012 d’Hervé Morin alors président du Nouveau Centre – un des
ancêtres de l’UDI – et qui ne dépassa pas les 1% d’intentions de vote dans les
sondages, ce qui le fit renoncer de se présenter alors qu’il n’était même pas
sûr, en plus, d’avoir les parrainages nécessaires pour être présent dans la
course à l’Elysée.
Certains pensent à Jean-Louis Borloo mais il s’agit plus
d’un fantasme qui vient d’abord des adversaires du Centre qui espèrent bien
morceler son électorat pour l’empêcher d’être au second tour.
D’abord parce que l’homme est retiré pour l’instant de la
vie politique et que rien ne dit qu’il veuille réellement revenir dans ce qu’il
considère comme un marigot.
Sans oublier le peu d’engouement pour ses partenaires centristes
qui sont une des raisons principales de son départ de la vie politique et avec
qui avait créé l’UDI en 2012.
Ensuite parce que devant une élection aussi difficile que la
présidentielle, notamment par l’exposition des candidats, il a toujours reculé
alors même qu’il avait de bons sondages en terme de popularité.
Reste qu’il serait certainement le concurrent le plus solide
au centre pour Emmanuel Macron.
Si Macron décide de ne pas se représenter, les cartes seront
complètement rabattues et l’on peut penser qu’Edouard Philippe, déjà cité, mais
aussi et bien sûr, François Bayrou voudront y aller tout comme Bruno Le Maire.
Toutes ces personnalités seront alors déliées de tout pacte
et fidélité qu’ils ne doivent qu’à leur ralliement à un homme et non à une
coalition partisane.
Mais le renoncement d’Emmanuel Macron sera le fait d’un
constat sur son impossibilité de se faire réélire et l’on voit mal comment un
de ses fidèles pourrait reprendre le flambeau avec une chance de gagner.
Le précédent Hollande montre bien l’impossibilité de ce cas
de figure.
Chez les historiques de LaREM, on cherche en vain une
personnalité qui pourrait concourir sans être ridicule quant à son score, la
méritocratie au sein du parti présidentiel n’ayant pas encore fonctionné
semble-t-il, même s’il y a de la qualité chez certains mais qui n’ont pu
s’imposer jusqu’à présent comme de putatifs héritiers ayant une surface
suffisante pour espérer un destin national.
Enfin, bien sûr, rien n’empêche un second couteau ou un
«inconnu» de tenter sa chance, Macron a bien été élu contre toute attente en
2017…
Sauf qu’en ce mois de mars 2021, soit à un an et un mois de
la présidentielle, aucun nom ne vient à l’esprit dans le camp centriste.
A noter, enfin, que toutes les personnalités citées ici sont
des hommes et même si la parité existe au gouvernement, même s’il y a eu de
très nombreuses députées LaREM (47% du total) et MoDem (46% du total) élues en
2017, la promotion féminine dans la sphère centriste en France a encore quelque
retard regrettable lorsqu’il s’agit de postes de premier plan.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC