jeudi 7 janvier 2021

Actualités du Centre. Etats-Unis – les démocrates gagnent le Sénat


Pendant que les partisans de Trump envahissaient le Capitole pour imposer l’annulation des élections et le maintien au pouvoir du populiste démagogue encore la Maison blanche dans ce qui est une insurrection en vue de provoquer un coup d’Etat qui a heureusement échouée, une bonne nouvelle pour le prochain président Joe Biden est presque passée inaperçue mais est pourtant fondamentale pour son mandat, son programme et pour la restauration d’une vraie démocratie aux Etats-Unis.

Ainsi, dans le deuxième tour des deux élections aux postes de sénateurs de Géorgie, ce sont les deux candidats démocrates qui l’ont emporté sur les sortants républicains et qui permettent donc au centriste Biden de disposer maintenant d’une majorité au Sénat des Etats-Unis qui ne pourra plus bloquer son action.

Avec l’arrivée à Washington de Jon Ossof, trente-trois ans et plus jeune membre de la haute assemblée, et celle de Raphael Warnock, un révérend, les démocrates ont désormais 50 sièges tout comme les républicains.

Mais, dans le cas d’une égalité des votes, la Constitution prévoit que la vice-présidente du pays, présidente du Sénat en droit, fait alors la différence par son vote, en l’occurrence Kamala Harris.

Celle-ci n’est évidemment pas obligée de voter pour tous les scrutins mais le fera en cas d’égalité et bien entendu dans le sens du programme et de l’action de Joe Biden.

La dernière fois que les centristes ont bénéficié d’un Président, d’une Chambre des représentants et d’un Sénat pour gouverner a été lors des deux premières années de la présidence de Barack Obama entre 2008 et 2010.

A noter qu’après le mouvement de foule de Washington, le Congrès a confirmé comme prévu les résultats de la présidentielle.

 

Propos centristes. France – Spécial insurrection aux Etats-Unis

Voici une sélection, ce 7 janvier 2021, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France en réaction à l’insurrection des partisans de Trump à Washington qui ont envahi le Capitole, siège du pouvoir législatif, afin d’empêcher la confirmation finale de l’élection de Joe Biden comme président des Etats-Unis.


► Emmanuel Macron (Président de la République)

Quelques individus violents se sont introduits dans le temple séculaire de la démocratie américaine, le Capitole. Quand, dans une des plus vieilles démocraties du monde, des partisans d'un président sortant remettent en cause, par les armes, les résultats légitimes d'une élection, c'est une idée universelle, celle d'un homme, une voix, qui est battue en brèche
Depuis le 18ème siècle, les Etats-Unis et la France sont liés par un pacte de liberté et de démocratie. La France avec Lafayette a soutenu le peuple américain dans sa quête de liberté et d'indépendance. La France, avec Alexis de Tocqueville, a reconnu les Etats-Unis comme un emblème de la démocratie. Les Etats-Unis d'Amérique, lors des deux guerres mondiales, se sont tenus aux côtés de la France à chaque fois que son indépendance et sa liberté fut menacée. Aujourd'hui la France se tient au côté du peuple américain avec force, ferveur et détermination, aux côtés de tous les peuples qui entendent choisir leurs dirigeants, décider de leurs destins et de leurs vies par ce choix libre et démocratique des élections. Nous ne cèderons rien à la violence de quelques uns qui veulent remettre en cause cela.
ce qui est arrivé aujourd'hui à Washington n'est pas américain, assurément. C'est notre choix, depuis plusieurs siècles, de mettre la dignité humaine, la paix, le respect de l'autre, la reconnaissance de la liberté au-dessus de tout, qui est aujourd'hui menacé dans nos démocraties.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

Les violences contre les institutions américaines sont une atteinte grave contre la démocratie. Je les condamne. La volonté et le vote du peuple américain doivent etre respectés.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

Nous menons avec les Etats-Unis une lutte commune pour que nos démocraties sortent plus fortes de ce moment que nous vivons tous aujourd'hui.

 

Marc Fesneau (ministre chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne)

Ne jamais utiliser les mots de la haine. Ne jamais attiser les peurs et les divisions. Ne jamais rien céder à la démagogie. Privilégier le respect, le droit, le débat, l’exigence de vérité. Sinon, le chaos et la loi du plus fort. Et la fin de la démocratie.

 

Jean-Baptiste Djebbari (ministre chargé des Transports)

La démocratie, c’est le respect du vote du peuple. Les déçus ne peuvent reprendre par les armes les résultats acquis par les urnes. Ceux qui l’orchestrent et le cautionnent méprisent le peuple. Ils se prétendent démocrates, ils sont en fait les agents du chaos.

 

Assemblée nationale

Richard Ferrand (président)

Mes pensées démocratiques et amicales vont aux parlementaires des États-Unis d’Amérique empêchés de siéger. J’exprime à la Présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, mon soutien et mon amitié.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

- La démocratie mérite d'être défendue. Point. Contre tous les populismes et toutes les violences.

- Le sang a coulé au Capitole ce soir. Dans le cœur de la plus ancienne des démocraties. Conséquence du populisme et des discours de haine. Soutien aux élus et au peuple américain.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

Aux Etats-Unis, certains attaquent violemment le Capitole, siège du parlement. Profondément attristés par ces images, les députés LaREM apportent tout leur soutien aux parlementaires américains et à tous ceux qui défendent la démocratie, que nous avons en commun.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- Trump a créé les conditions du chaos. Il se déploie sous nos yeux. Des images irréelles. Ces scènes nous rappellent que la démocratie est fragile. Elle doit être défendue.

- Voici ce à quoi les populistes ressemblent. On voit ce soir le chaos qu'ils engendrent pour ceux qui en doutaient encore.

 

Laetitia Avia (porte-parole)

La démocratie est en danger face aux dérives populistes. Soutien au peuple américain qui a su exprimer son choix par le vote et condamnation ferme de ceux répandent violence et haine.

 

François de Rugy (député)

J'exprime, au nom des députés de la commission spéciale d'examen du projet de loi visant à renforcer les principes républicains, un plein soutien aux Parlementaires américains soumis à l'intimidation et à la violence inspirées par le Président sortant au Capitole.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député)

La seule personnalité qui a la tentation « d’importer en France le pire qui a été fait aux Etats-Unis » s’appelle Marine Le Pen. Elle porte le trumpisme en modèle au point de faire venir à Paris pour la soutenir Bannon conseiller de Trump et parrain des populistes européens.

 

● MoDem

Jean-Noël Barrot (secrétaire général)

La démocratie est notre bien commun. Les émeutes en cours à Washington nous appellent à l'engagement pour la défendre inlassablement contre tous les populismes.

 

Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)

La démocratie est fragile. Nos devoirs n’en sont que plus grands. Et notre solidarité avec la démocratie américaine, absolue.

 

Nadia Essayan (députée)

L'invasion du Capitole par les pro-Trump est absolument hallucinante ! Trump est un mauvais perdant qui a encore de la puissance, ce qui fait peur.

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

Maintenant ce fou de Trump est devenu un faux, essayant une sorte de putsch. Quel dommage pour une grande démocratie comme les USA. Il est temps pour ce mec de sortir, ça a fait assez de mal à tout le monde libre! Un gamin gâté, capricieux qui est dangereux! Retirez-lui rapidement l'arme nucléaire!

 

● Mouvement radical

Laurent Hénart (président)

- Affirmons notre solidarité avec les Etats-Unis et leur Président élu et légitime.

- Actualité tragique à Washington avec l’assaut des supporters de Trump sur le Capitole ou comment le populisme que combat le Mouvement radical mène toujours au complotisme et à la violence que je condamne totalement.

 

Bertrand Pancher (député)

Réveil avec les images de tentative d’insurrection au Capitole. Nous sommes tous médusés contre l’attaque de la plus grande et vieille démocratie du monde. Une nouvelle et troublante démonstration de l’extrême fragilité des pays libres avec des populistes au pouvoir.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

- Hier sur France Info, quelques heures avant l’attaque du Capitole: «au-delà du Covid19, il y a un autre virus qui parcourt la planète, c'est celui du populisme. Ce virus est dangereux, il abîme la démocratie, ce n'est pas une étape comme une autre».

- Les soutiens français de Donald Trump, dont les partisans surchauffés ont envahi le Congrès américain, on ne les oublie pas. Election américaine : Marine Le Pen ne reconnaît "absolument pas" la victoire de Joe Biden.

- Message à ceux que les populistes amusent ou indifférent : voilà de quoi ils sont capables. Etats-Unis : des supporters de Donald Trump pénètrent dans l'enceinte du Congrès et interrompent les débats

 

Stéphane Séjourné

Des trumpistes à l’intérieur du Capitole, des policiers qui dégainent leurs armes pour protéger les élus : c’est l’Amérique de Trump en 2021. Voilà ce qui se passe quand on sème la haine. Défendons notre démocratie, protégeons-là car elle n’est jamais acquise. La preuve.

 

Marie-Pierre Vedrenne

Les images qui nous arrivent du Capitole sont surréalistes. Pendant 4 ans Donald Trump a semé le repli & le rejet, exacerbant toute la détresse de ses concitoyens Le combat chaque jour pour la démocratie doit se poursuivre!

 

Chrysoula Zacharopoulou

Le monde entier est sidéré par les images qui viennent des USA. Tristesse pour cette grande démocratie américaine. Soutien aux parlementaires et au peuple américain. La démocratie est fragile et nous avons le devoir de la protéger.

 

Fabienne Keller

Le populisme, alimenté par les discours complotistes et insurrectionnels, franchit aujourd’hui une ligne rouge en portant physiquement atteinte au processus démocratique aux Etats-Unis. Inquiétant.

 

● Personnalités centristes
Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

- La grande démocratie du Monde ne reconnaîtrait elle plus l’essentiel de la démocratie, l’état de droit? Réfléchissons tous à cet autre virus qui ronge nos démocraties, la violence. La violence est une impasse.

- C’est la conséquence de l’affaiblissement de nos processus démocratiques. J’ai le sentiment qu’il y a l’émergence dans le monde d’un parti de la violence qui devient de plus en plus légitime dans l’espace politique.

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’insurrection des partisans de Trump n’était que trop prévisible


Depuis plus de quatre ans, inlassablement, j’écris ici que Trump est un danger pour la démocratie, une infamie pour les Etats-Unis et que ses partisans, loin d’être des braves gens, sont bien ces personnages lamentables qui sont des ennemis de la liberté et des haineux virulents.

Et, depuis quatre ans, je m’inquiète sur la possibilité de violences et d’attaques contre le régime démocratique et républicain des Etats-Unis.

Après les présidentielles de novembre qui ont vu le succès éclatant du centriste Joe Biden et le déni dans lequel s’est enfermé Trump tout en excitant les fanatiques qui le suivent, je craignais que la dernière étape de son combat contre la démocratie ne soit un appel au soulèvement.

Nous y voilà…

Suis-je heureux et satisfait d’avoir eu raison quand on voit ce qui vient de se passer à Washington avec cette insurrection comme la nomme fort justement Biden, soutenue, encouragée et même suscitée par Trump où l’on a vu effaré cette populace envahir le Capitole, siège du pouvoir législatif du pays pour refuser les résultats incontestables de la présidentielle?

Non, bien au contraire.

Mais j’aurais aimé que nous soyons encore plus nombreux à nous rendre compte de la dangerosité de ce malade mental, de ce populiste démagogue, de cet extrémiste raciste et menteur dès qu’il fut nommé candidat du Parti républicain pour la présidentielle de 2016 et dont je ne peux oublier qu’Emmanuel Macron a dit plusieurs fois – certes il y a quelques temps déjà – que c’était son ami!

Quelle honte pour quelqu’un qui prétend défendre des valeurs humanistes et les principes de la démocratie, quelqu’un qui fut élu pour nous éviter un Trump français du style Le Pen ou Mélenchon!

Quel aveuglement coupable!

Et il n’est évidemment pas le seul, loin de là, à avoir minorité le péril du bonhomme, estimant que sa rhétorique n’était qu’un jeu, certes malsain mais pas aussi inquiétant que cela, voire même comique.

Ils ont été très nombreux comme notre président mais cela n’est pas une excuse acceptable.

C’est une faute.

Oui, j’écris sous le coup de la colère alors que des séditieux paradent encore dans les rues de la capitale des Etats-Unis en hurlant des insanités contre les forces de l’ordre, contre les élus de la nation et en déversant leur logorrhée élucubrationiste.

Mais comment ne pas être en colère devant ces images qui défilent d’un mouvement de foule répugnant qui n’est que la résultante d’encouragements scélérats venus d’élus américains et d’une irresponsabilité de tant de gens dans les pays démocratiques.

Oui, je craignais que cela se passe et je crains encore qu’il y ait d’autres projets pour empêcher que Biden devienne le 46° président des Etats-Unis le 20 janvier prochain, même s’il semble difficile qu’il y ait véritablement un coup d’Etat ou une révolution, voire l’instauration par Trump de la loi martiale, l’armée n’étant pas derrière lui.

En revanche, des attentats terroristes et des confrontations armées fomentées et menées par des ultras trumpiens surarmés sont possibles.

Mais je crains également que tout cela ne se passe également dans d’autres démocraties et notamment en France où, comme je l’ai déjà écrit, les gilets jaunes sont les clones des trumpistes et où Marine Le Pen a été la propagatrice de l’élucubration selon laquelle les élections américaines ne s’étaient pas déroulées convenablement puisqu’elle avait refusé de dire que Biden les avait gagnées légitimement.

Ce qui se passe à Washington peut demain se passer à Paris, à Berlin ou à Rome.

Ne nous croyons surtout pas à l’abri et arrêtons de ne pas vouloir regarder la réalité en face parce que ce n’est pas en la niant qu’on la combat et qu’on évite l’irréparable.