Au moment où Donald Trump essaye désespérément de s’accrocher au pouvoir malgré sa défaite claire et nette face à Joe Biden, démontrant que tous ceux qui voyaient en lui un voyou et une menace pour la démocratie avaient mille fois raisons, il n’est pas inutile de se rappeler comment il est parvenu à la Maison blanche.
Ainsi, en 2016, il remporta contre toute attente la présidentielle américaine grâce à un concours de circonstances particulières mais aussi face à une irresponsabilité inexcusable d’une grande partie de la classe politique qui continue à être dans le déni de sa faute historique encore aujourd’hui.
Chez les démocrates et notamment leur aile gauche ainsi que toute la frange anti Hillary Clinton, critiquer cette dernière pour des motifs futiles voire fallacieux, mettre en cause son intégrité et faire exprès de ne pas mobiliser ses partisans (voire même, pour certains, de prétendre de manière ignominieuse que Trump et Clinton c’était blanc bonnet et bonnet blanc et que lui ou elle ce serait du pareil au même), participait de la conviction que le populiste démagogue ne pouvait pas l’emporter et que l’on pouvait jouer une jeu malsain et minable contre la candidate de son propre camp afin d’en tirer quelques bénéfices politicien.
Et si jamais l’impensable se réalisait et qu’il gagnait, alors sa présidence serait du pain béni pour démontrer que l’Amérique était aux mains des ploutocrates et qu’il fallait un grand soir pour enfin les chasser du pouvoir.
En quelque sorte, jouer la politique du pire comme s’employèrent à le faire de si nombreux extrémistes au cours de l’Histoire.
Chez les républicains, l’exécrable attitude de Trump lors des primaires avec ses mensonges, ses insultes et ses attaques contre les autres candidats (dont beaucoup, à l’image de Ted Cruz et de Lindsay Graham sont devenus ses soutiens les plus fanatiques!), sa vulgarité, ses menaces couplées avec toutes les casseroles qu’il trimbalait avec lui hérissèrent d’abord une majorité des membres du parti.
Puis, voyant que le promoteur newyorkais parvenait à agréger sur son nom toute une catégorie de la population et à réunir assez de votes lors des primaires pour être leur candidat, nombre de leaders républicains changèrent diamétralement leur opinion en pensant que si jamais il était élu – ce qu’en réalité ils n’imaginaient pas ou peu –, ils pourraient ensuite facilement le contrôler d’autant qu’il semblait ne pas vouloir vraiment gouverner, le tout en récupérant son électorat dont Hillary Clinton avait entièrement raison de le présenter comme une bande de personnes lamentables.
Et c’est le contraire qui s’est produit!
Trump a non seulement enfoncé tous ces personnages à l’hubris démesuré et à l’intelligence limité mais il a fait du Parti républicain, le parti du trumpisme…
Les démocrates anti-Clinton et l’establishment républicain se sont couverts d’une honte indélébile en ayant fait élire Trump et ils ont perdu des paris qu’il est inacceptable de prendre lorsque l’on prétend vouloir être un dirigeant en responsabilité d’un pays.
Car il ne fait aucun doute que si certains républicains n’avaient pas soutenus Trump et si certains démocrates n’avaient pas incité les gens à rester chez eux au lieu de leur demander d’aller voter, alors la principale puissance mondiale n’aurait pas vécu quatre années d’un cauchemar sans précédent dans son histoire.
Oui, il ne faut jamais jouer avec la démocratie.
J’ai pris cet exemple encore tout chaud car il est emblématique et caractéristique d’une faillite des élites politiques mais il n’est pas le seul dans l’Histoire et notamment dans l’époque contemporaine.
Le référendum sur la présence du Royaume Uni dans l’Union européenne en est un autre avec la responsabilité écrasante de David Cameron dans le seul but de se faire réélire et non de penser au bien de son pays car celui-ci paye et paiera le Brexit malgré les affirmations du populiste Boris Johnson.
L’alliance du Mouvement cinq étoiles avec les fascistes de la Ligue du triste sire Salvini en Italie est du même acabit, tout comme l’entrée de Podemos dans le gouvernement du socialiste Sanchez en Espagne, les deux pour se simples raisons de prendre coûte que coûte le pouvoir.
Tout comme l’adoubement en 1999 de Vladimir Poutine par un Boris Eltsine aux abois, cerné par les scandales et les malversations, qui échangea alors une immunité contre l’avenir de la Russie ou l’introduction de la proportionnelle par François Mitterrand pour les législatives de 1985 uniquement pour éviter la bérézina pour les socialistes et introduire le loup du Front national dans la bergerie de la droite avec comme conséquence une reconnaissance de fait d’une formation qui était logiquement et largement ostracisée jusque-là par l’ensemble des partis démocrates et républicains français.
Du coup, en 2002, Jean-Marie Le Pen se retrouva au second tour de la présidentiel, imité par sa fille Marine, en 2017…
Bien sûr, l’exemple les plus extrême est celui de l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne où les conservateurs en s’alliant avec lui affirmaient en 1933 qu’ils le contrôleraient tout en montrant toute son inanité et son incompétence, ce qui l’enverrait immanquablement dans les poubelles de l’Histoire, ce qui se produisit en effet mais avec, entretemps une guerre mondiale qui fit près de 60 millions de morts et une shoah qui hanteront l’Humanité pour l’éternité…
Oui, il ne faut jamais jouer avec la démocratie en pensant que l’on sera le plus malin pour tirer les marrons du feu de sa soi-disant intelligence tactique.
Beaucoup de politiques à travers le monde et en France notamment qui se disent démocrates et républicains, devraient s’en souvenir quand ils tentent constamment, grâce aux chaînes d’information en continue et internet (notamment les réseaux sociaux mais pas seulement), à jouer le pire pour faire le buzz sans même savoir souvent de quoi ils parlent et pour des pseudo-affaires qui se dégonflent le plus souvent pour un peu de présence médiatique et quelques voix car ils scient la branche sur lesquels ils sont assis et, plus grave, où est assise la démocratie républicaine.