Qui peut prédire ce qui se passera en 2021 avec les crises
sanitaire, économique, sociale, politique et sociétale?
Et qui peut projeter où nous en serons le 31 décembre 2021
alors que le lendemain commencera une année d’élections générales avec la
présidentielle et les législatives?
Qui peut donc analyser ce que sera l’année qui vient pour
les centristes, pour le gouvernement et pour le président de la république?
Ayant dit cela, voyons ce que nous pouvons en dire!
L’année qui se termine aura été mitigée pour le Centre en France.
Les élections municipales n’ont pas été un grand succès,
voire un échec comme pour LaREM (même si n’ayant jamais participé à ces
élections, il n’y a pas de comparaison possible avec une norme quelconque).
Mais les conditions de vote, la participation et une
quasi-absence de débat démocratique dus à la covid19 ne peuvent être une
référence pour les prochaines régionales et départementales qui se tiendront en
juin.
Cependant, il semble bien que les partis de la majorité
présidentielle ne devraient pas être à la fête comme c’est d’ailleurs le plus
souvent le cas quelle que soit la couleur politique de celle-ci.
L’important sera de ne pas grever en 2021 les chances d’un succès
en 2022.
La gestion des crises évoquées plus haut sera évidemment
essentielle pour éviter une descente aux enfers comme l’ont connu François
Hollande et le PS en 2017 et, à un degré moindre, Nicolas Sarkozy et l’UMP
(aujourd’hui LR) en 2012.
Si la crise sanitaire est contrôlée, si une reprise
économique se fait jour, si la crise sociale est gérée efficacement et si la
vie quotidienne retrouve un semblant de normalité, alors la majorité pourra
espérer en 2022.
Si tel n’est pas le cas, seule le mérite d’éviter le pire
sera alors pris en compte avec des chances assez minimes qu’un pouvoir en place
puisse se maintenir.
Néanmoins, le caractère exceptionnel de la crise ne permet
pas de dire, en ce début 2021, avec certitude quelle sera le jugement de la population
face aux efforts du gouvernement et donc la manière dont elle votera en 2022.
► LaREM: oublier 2020
L’année 2021 n’a pas été bonne pour le parti présidentiel
qui a fait pâle figure aux municipales, qui a perdu la majorité absolue à l’Assemblée
suite à plusieurs défections de députés, qui connait des contestations internes
et qui n’a pas semblé être en capacité d’être une force de proposition (même si
cela se constate généralement pour toute formation au pouvoir qui suit plutôt l’action
du gouvernement qu’elle ne suscite la dynamique dans le régime de la V° République).
Mais il sera difficile à La république en marche de
redresser la barre car son délitement progressif est inscrit dans ses gènes,
dans ce qu’elle est réellement, un rassemblement hétéroclite qui s’est fait
dans la rapidité derrière la candidature d’un homme venu de nulle part et
uniquement sur son nom et non sur une réelle adhésion à son corpus idéologique.
Cependant, le pire n’est pas inéluctable, d’autant qu’il
demeure un noyau important de fidèles qui ne devraient pas rétrécir et l’implosion
n’est pas l’éventualité la plus probable.
Tout le défi des dirigeants de la formation centrale et
centriste majoritairement sera de colmater les fuites, de transformer un
rassemblement en une vraie formation, de tenter d’insuffler un essentiel liant
derrière un projet pour qu’elle soit le pilier du programme présidentiel de 2022
avec (le plus probable) ou sans une candidature d’Emmanuel Macron et qu’elle puisse
éventuellement survivre à son créateur.
Les départs et les controverses internes de 2021 seront peut-être
un bienfait pour créer une cohésion globale même s’il faut craindre pour LaREM
de nombreuses défections supplémentaires, plus les élections générales se rapprocheront
en cas de mauvais sondages et /ou d’approfondissement des crises actuelles.
Mais, in fine, si le parti présidentiel maigrit pour trouver
une vraie identité, cela pourrait l’aider ainsi que le président de la république
en 2022 pour recréer une dynamique sur des bases qui seraient alors plus
solides tout en agrégeant autour de la candidature Macron sur une adhésion
partisane et idéologique réelle donc forte et non sur un corpus très large et
sans contours qui a permis à tous ceux qui l’ont rejoint en 2017 d’y mettre de
qu’ils avaient envi et, pour le plus négatif, de rameuter nombre d’opportunistes
qui d’ailleurs font la majorité des défections jusqu’à présent.
2022 pourrait donc être une année de vérité pour LaREM et éventuellement
salvatrice.
► MoDem: continuer la dynamique de 2020
Qui aurait pu prédire fin 2016 que le Mouvement démocrate
serait à pareille fête en 2020?
Personne, pas même son président-fondateur, François Bayrou.
A l’époque, le MoDem ne représentait pratiquement plus rien
en termes d’élus et électoralement parlant et la quatrième candidature de
Bayrou à la présidentielle de l’année d’après ressemblait à la chute finale d’un
projet personnel auquel les Français n’accordaient plus d’intérêt et pour
lequel l’adhésion était au plus bas.
Et puis, il y a eu le sauveur Macron qui a redonné vie au
parti centriste en acceptant le soutien contraint et forcé de Bayrou qui, après
avoir été son principal pourfendeur, n’ayant pas de mots assez durs pour le
jeunot qui voulait lui piquer sa place, allait devenir un de ses principaux
partisans.
Résultat, le MoDem se retrouve aujourd’hui avec un groupe à
l’Assemblée nationale de plus de 50 députés, cinq ministres et un Haut-commissaire
au plan, une forme qui contraste avec les problèmes de sa grande sœur LaREM.
Cette résurrection qui atteint son summum en 2021 peut-elle
se poursuivre et s’amplifier en 2022?
La réponse est oui parce que le parti bayrouiste possède une
cohérence solide, notamment due aux années de vache maigre, derrière un leader
jamais contesté (même par ceux qui l’ont quitté au fil des ans jusqu’en 2017)
et sur un positionnement centriste jamais remis en question fondamentalement
(même si les entorses aux canons centristes ont été nombreuses).
Il est sans doute également probable que sa place au sein de
la majorité présidentielle se renforce puisque le gouvernement a désormais
besoin des alliés de LaREM pour avoir la majorité absolue à l’Assemblée
nationale.
Voilà qui devait donc le consolider.
Peut-être même lui donner une légitimité accrue en cas de
bons résultats aux élections régionales et départementales de juin.
Cependant, le MoDem doit prendre garde de ne pas froisser
Emmanuel Macron et ses troupes en fanfaronnant de trop, en tentant de prendre
un leadership dont il n’est pas le légitime prétendant, voire en manifestant
une trop grande indépendance.
Car sa marge de progression reste encore largement liée à
son alliance avec LaREM et personne ne peut dire où il en serait s’il décidait
de faire cavalier seul.
C’est d’ailleurs le défi principal des dirigeants du Mouvement
démocrate en 2022, assoir sa particularité et donc sa capacité à être de plus
en plus autonome, un peu comme feue l’UDF, dont elle est une des descendantes, face
au RPR dans les années 1980-2000.
D’autant que les points de friction électoraux sont bien
réels.
En ne voulant pas mettre tous ses œufs dans le même panier,
soi-disant afin d’élargir la majorité présidentielle et préserver son identité propre,
le MoDem a conclu des alliances électorales avec des adversaires du pouvoir en
place dont il fait partie!
Une incohérence totale qui peut lui donner quelques succès
électoraux mais qui est un danger pour son futur, que la majorité actuelle l’emporte
en 2022 ou qu’elle soit battue.
Une des plus grandes inconséquences produites par cette
volonté attrape-tout est l’alliance dans un même groupe au Sénat avec l’UDI qui
est devenue une des principales contemptrices d’une majorité à laquelle le MoDem
appartient!
Sans doute que le MoDem gagnerait en crédibilité à clarifier
les alliances de ce genre parce qu’il pourrait payer le prix de ce flou qui
ressemble plus à de l’opportunisme politicien qu’à un réel positionnement
politique et à une capacité de rassemblement du Centre qui demeure encore largement
illusoire malgré les tentatives timides de ces derniers mois qui n’ont eu que
comme résultat principal de tendre les rapports avec LaREM (l’accusant de
vouloir débaucher ses élus) tout en laissant de marbre les autres composantes
de l’axe central avec seulement quelques prises mineures.
► UDI: de plus en plus vers la droite?
Eh oui, l’UDI existe toujours!
Mais, désormais, la question est de savoir si elle fait
vraiment encore partie de la galaxie du Centre ou si elle ne devient qu’une
formation de droite à l’instar de ce qui s’est passé pour le Nouveau centre
(devenu entre-temps Les centriste) d’Hervé Morin.
Mais cette dérive droitière réelle ressemble plus à l’incapacité
d’avoir une réelle identité politique qu’à une réflexion idéologique
quelconque.
Car, si en 2020, l’UDI s’est gargarisée de faire partie de
la majorité sénatoriale avec LR, on se rappelle de la tentative de
rapprochement de son président, Jean-Christophe Lagarde, vers le gouvernement
et la majorité présidentielle en deuxième partie d’année 2019 après la bérézina
des élections européennes où le parti n’avait pas dépassé les 2,5% de voix et avait
perdu toute représentation au Parlement européen.
On ne sait plus trop ce que défend vraiment l’UDI désormais
mais on sait surtout ce qu’elle critique à tout va et de manière souvent
outrancière: le pouvoir en place, c’est-à-dire un pouvoir central et…
centriste!
On pourrait en conclure que cette incohérence sera la perte
du parti à court terme, oui mais voilà, tous les indicateurs depuis 2012, date
de sa création, ont dit inlassablement la même chose, qu’il allait disparaître
et il est toujours là.
Et ce devrait encore être le cas en 2021 avec une position
de plus en plus à droite à moins que la majorité présidentielle lui tende la
main avec postes à la clé.
Mais cette dernière éventualité a très peu de chance de
survenir.
D’une part parce que la majorité actuelle n’a pas besoin de
l’UDI et que les sorties souvent incompréhensibles avec souvent une vulgarité
choquante de son président, n’incitent pas ses dirigeants à lui faire les yeux
doux.
D’autre part, parce que ce même président est en train de s’enfermer
dans une opposition dure qu’il pense pouvoir être payante en 2022 (mais toutes
ses stratégies depuis qu’il est à la tête du parti ont échoué les unes après les
autres).
Oui, l’UDI existera toujours mais quel est l’intérêt pour le
Centre?
► Mouvement radical: vivoter
Le radicalisme n’a pas réussi à retrouver la gloire de son
passé et sa réunification autour du Mouvement radical a été un flop qui n’a,
par ailleurs, suscité aucune dynamique dans les adhésions.
2021 a été une année grise et morose pour ce mouvement qui
a, en plus, perdu sa place forte lors des municipales, Nancy, là où son
président, Laurent Hénart, était maire après avoir succéder à d’autres
radicaux.
Ni dans la majorité présidentielle, ni en dehors, le
Mouvement radical vivote et devrait encore vivoter en 2021, n’étant
principalement qu’un héritier d’un brillant passé et d’illustres personnalités.
On n’est guère inquiet sur son existence car ce passé et ces
personnalités ainsi que quelques points forts comme la laïcité permettent encore
d’agréger assez de monde pour faire parti.
► Personnalités centristes: qui va tirer son épingle du
jeu en 2021?
On parlera évidemment beaucoup d’Emmanuel Macron mais
celui-ci doit se mettre en position d’être vu positivement, c’est-à-dire de
faire ce qu’il faut face aux crises actuelles à défaut de pouvoir les résoudre
s’il veut avoir une chance de pouvoir se présenter avec de vraies possibilités
de succès en 2022.
François Bayrou va jouer gros lors de cette année car il va
devoir prouver deux choses: qu’il a réellement les capacités de réflexion que
son nouveau poste de Haut-commissaire au plan lui impose d’avoir et que ce
commissariat n’est pas simplement un gadget, voire un os à ronger que lui a
jeté Macron pour le faire tenir tranquille, l’amadouer et l’avoir comme soutien
obligé en 2022.
S’il s’en sort avec brio alors son avenir politique s’éclaircira
et il pourra avoir – si ces démêlés avec la justice n’ont pas de conséquences
importantes – des ambitions pour les années à venir.
Dans le cas contraire, 2021 pourrait être une année où tous ses
espoirs s’envolent même s’il connait ce que sont les traversées du désert et qu’il
a su rebondir à chaque fois jusqu’à maintenant.
Quelques personnalités pourraient avoir un rôle plus significatif
au cours de l’année et pour 2022.
On pense plus particulièrement à Jean-Yves Le Drian, voire à
Richard Ferrand ou même à Christophe Castaner, figures fortes de la macronie.
Chez ceux qui aspirent à avoir un rôle plus important et
donc une visibilité politco-médiatique plus forte afin de se poser en nouveaux
leaders d’importance, voire en espoirs du Centre, on peut citer Marc Fesneau, Jean-Noël
Barrot, Sarah el-Haïry, Emmanuelle Wargon, Agnès Pannier-Runacher, Aurore Bergé
et surtout, Marlène Schiappa et Clément Beaune.
Ces listes sont loin d’être limitatives et sont souvent contredites
par les événements…
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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