En affirmant «pas de liberté pour les ennemis de la liberté», Saint-Just initiait un débat qui va bien au-delà de cette formule, que certains jugent par ailleurs apocryphe, et du contexte historique – la Révolution et la guerre entreprise par les régimes réactionnaires contre la France – dans lequel elle a été énoncée.
Car, oui, la liberté est fragile et son régime politique, la démocratie, l’est tout autant.
Dès lors, il faut bien la protéger de ses prédateurs et de ses ennemis qui veulent l’abattre.
Bien évidemment restreindre la liberté de certains au nom de la liberté générale est problématique sur le principe.
Mais permettre à ces fossoyeurs de la liberté d’accéder au pouvoir pour établir un régime dictatorial et totalitaire l’est tout autant.
Aurait-il fallu interdire à Hitler et au parti nazi de se présenter?
Sachant ce qui s’est passé ensuite, on est tenté de répondre oui sans hésiter.
Même chose pour Mussolini et les fascistes italiens.
Aujourd’hui, la plupart des dictateurs et des autocrates ne sont pas passés par des élections ou s’ils l’ont été, c’était par des scrutins frauduleux et sans possibilité pour la plupart de leurs opposants de se présenter, comme c’est le cas pour Vladimir Poutine en Russie et Alexandre Loukashenko en Béilorussie.
En revanche, dans les démocraties, plusieurs graines d’autocrates voire de dictateurs ont réussi à se faire élire par une partie du peuple.
Récemment, cela a été le cas aux Etats-Unis (Trump), au Brésil (Bolsonaro), en Inde (Modi), aux Philippines (Duterte), en Hongrie, (Orban), en Turquie (Erdogan), liste non-limitative malheureusement.
Et l’on a bien vu avec Trump que ces populistes ne voulaient pas rendre le pouvoir et l’on peut s’attendre de même avec Bolsonaro l’année prochaine.
En France, la question se pose de savoir s’il faut donner les signatures d’élus nécessaires pour que des personnages inquiétants et dangereux pour la démocratie puissent se présenter à la prochaine présidentielle et qui ont noms Poutou, Artaud, Roussel, Dupont-Aignan, Philippot, Asselineau, Lassalle et surtout les trois principaux, Mélenchon, Zemmour et Le Pen.
Les précédents montrent que tous les antidémocrates ont eu leurs signatures et au premier chef Jean-Marie Le Pen mais aussi Georges Marchais dont le Parti communiste prônait à l’époque, la dictature du prolétariat…
Aujourd’hui, ceux qui veulent parrainer doivent le faire à découvert car l’anonymat en la matière a disparu.
Ce qui est une bonne chose car cette décision doit se faire au grand jour et tous les citoyens doivent savoir quels élus de la république donnent leur signature à ceux qui la honnissent.
Et s’ils hésitent désormais à le faire, pourquoi un démocrate s’en plaindrait?
D’autant que la démocratie pour lui n’est pas une option qui peut être remise en cause par un vote même majoritaire de la population.
C’est un régime de droit pour tous parce qu’il est impossible qu’une majorité fut-elle écrasante ait la possibilité d’abolir la liberté des autres et qu’une démocratie protège absolument les droits de la minorité, celle qui n’a pas voté pour la majorité en place.
Il serait bon que ce débet existe vraiment et ne soit pas constamment biaisé avec cette quasi-obligation pour les défenseurs de la démocratie de devoir autoriser les ennemis de la liberté de se présenter à un scrutin au risque d’être les complices de leur élection et donc de la disparition de la démocratie.
Pour notre part, nous ne pleurerions pas s’il n’y avait que des démocrates convaincus comme candidats à la présidentielle, aux législatives, enfin à toutes les élections de la république.
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