Le débat sur l’actuelle idéologie dominante du Parti démocrate agite le monde politique aux Etats-Unis.
La question est de savoir si la formation est aux mains des centristes ou des gauchistes ou, ad minima, otage de l’une ou de l’autre de ces ailes.
Les récentes joutes entre ses élus au Congrès ainsi que la discussion sur l’orientation partisane des plans présentés par Joe Biden – dont celui sur les infrastructures a été définitivement voté – ont réactivé débats et polémiques.
Avec les dernières élections de ce début novembre où plusieurs élus, dont des gouverneurs d’Etat, remettaient leur mandat en jeu, qui ont montré un recul ou un tassement des scores démocrates, notamment par rapport à la présidentielle de l’année derrière, en particulier en Virginie où le sortant démocrate a été battu par son challenger républicain, les médias ont voulu voir dans les résultats un désaveu d’une politique trop à gauche menée par la Maison blanche, une interprétation néanmoins largement exagérée où des circonstances locales ont joué tout autant et même plus que les affrontements nationaux.
De même que ce serpent de mer sur la création d’un troisième parti qui serait situé au centre de l’échiquier politique, sous-entendu, le Parti démocrate ne l’est pas, et qui a la faveur des sondés comme le démontre la dernière enquête d’opinion sur le sujet où 62% d’entre eux déclaraient qu’une telle formation était souhaitable.
Contrairement à ce que pense beaucoup, la bataille entre Gauche et Centre a toujours eu lieu chez les démocrates ainsi que celle entre Centre et Droite chez les républicains.
Si la droite radicale l’a finalement emporté par KO au Parti républicain, ce n’est pas (encore?) le cas au Parti démocrate malgré la montée en puissance des radicaux de gauche qui ne représentent pour l’instant qu’une petite minorité.
Mais celle-ci a-t-elle tout de même réussie à le gauchiser?
Si l’on se rappelle de l’époque de Franklin Roosevelt (1933-1945) où, dans l’équipe qui gérait le New Deal, on trouvait nombre de gauchistes et de communistes, encartés ou sympathisants, ou celle de l’après-Johnson avec la candidature désastreuse du démocrate de gauche George McGovern face à Richard Nixon en 1972, celle d’aujourd’hui montre indubitablement quelques similitudes avec les scores du socialiste Bernie Sanders – qui n’est pas et n’a jamais été membre du parti – lors des deux dernières primaires en 2016 face à Hillary Clinton et en 2020 face à Joe Biden ainsi que l’activisme de personnalités comme Elisabeth Warren ou Alexandria Ocasio-Cortez.
De plus, cette gauchisation du parti viendrait en réaction à la droitisation du Parti républicain selon les analystes même s’il convient de ne pas oublier qu’une stratégie mise en place dans les années 1980 par l’aile droite des républicains a été de prétendre qu’elle représentait le Centre et que c’était les démocrates qui basculaient à gauche, une fake news qui fut bientôt relayée par certains grands médias et qui l’est toujours, sans la moindre preuve à l’appui comme l’on démontré d’éminents politistes.
Or donc, de tout cela, on doit évidemment constater que l’aile gauche du Parti démocrate s’est renforcée depuis la présidence de George W Bush (2001-2008) et que l’épisode Donald Trump (2017-2020) a été indubitablement une aubaine pour celle-ci.
En revanche, le choix de Joe Biden pour être le candidat à la présidentielle de 2020 a montré, comme celui de 2016 d’Hillary Clinton, que le Parti démocrate demeurait essentielle centriste avec un tropisme centre-gauche.
Quant aux politiques menées par Joe Biden, elles ne peuvent être interprétées uniquement sous le seul prisme d’une échelle gauche-centre.
Non seulement une épidémie mortelle a imposé de prendre des mesures fortes mais les dégâts de la présidence Trump (mais aussi du blocage des républicains depuis des années sur des sujets-clés) demandaient également des décisions vigoureuses concernant, par exemple, les infrastructures qui sont souvent dans un état lamentable que ce soit des ponts en ruine ou le retard pris par le pays en matière d’internet à très haut débit, voire simplement à haut débit.
L’urgence demandait les plans qui ont été mis sur la table par l’actuel président qui n’est pas et n’a jamais été autre chose qu’un centriste avec une fibre sociale évidente, lui qui vient de la classe ouvrière.
Pour autant, il n’est pas inutile de rappeler aux démocrates qu’une gauchisation de leur parti se paierait cash comme l’ont montré toutes les élections nationales ou locales où cela a été le cas sauf dans des fiefs spécifiques comme San Francisco ou New York.
Mais même dans cette dernière où la gauche radicale est puissante au sein du Parti démocrate, c’est bien un centriste, Eric Adams, qui vient d’être élu en remplacement d’un Bill de Blasio qui a toujours revendiqué son positionnement de gauche…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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