Par Jean-François Borrou
Dans
cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui
ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but
d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes.
La campagne d’Eric Zemmour a au moins une rationalité, celle de multiplier les dires et les gestes chargés de sens pour parler à son électorat potentiel.
Toutes les postures, toutes les outrances, toutes les provocations, toutes les propositions les plus radicales et surtout populistes cherchent à séduire cette frange de la population en rupture avec la réalité, qui vit dans un monde fantasmé où domine les théories élucubrationistes (complotistes) et qui est réceptive à tout ce qui lui permet de confirmer sa déshérence, son ressentiment, voire sa haine ainsi que ses certitudes d’une domination de forces maléfiques qui la persécutent tout en se remplissant les poches.
Tout est donc bon pour désigner ces dernières à sa vindicte.
L’exemple où le populiste extrémiste a pointé un fusil d’assaut en direction des journalistes – ces malfaisants dont il a pourtant si besoin pour exister – tout en faisant une «plaisanterie» y participe bien évidemment d’autant qu’il avait affirmé peu de temps auparavant qu’il fallait enlever le «pouvoir aux contre-pouvoirs» dont faisaient partie selon lui les médias.
Et le fait de traiter d’«imbécile» Marlène Schiappa, la ministre de la citoyenneté tout en expliquant que c’était une blague fait partie du message reçu cinq sur cinq par ses partisans qui ont compris que les journalistes étaient des adversaires, que la liberté de la presse – donc d’opinion et d’expression – était trop grande, que ceux qui s’opposaient à Zemmour n’étaient pas légitimes de s’exprimer, n’avaient aucun droit à être traités dignement et que cette supposée farce avait, bien entendu, comme objectif de révéler ce «marais» -- pour reprendre un terme utilisé par Trump en 2016 – politico-médiatique malfaisant qui est l’ennemi à abattre prioritairement.
Ces mécanismes ne sont évidemment pas nouveau et on ne les découvre pas tout d’un coup, ils sont à la base des succès du fascisme, du nazisme, du communisme, entre autres et de personnages comme Mussolini, Hitler, Staline sans oublier les actuels Erdogan, Bolsonaro, Poutine, Orban et Trump.
C’est pourquoi on peut, non seulement, les pointer quand ils surviennent mais les décrypter et les analyser.
Celui du bouc-émissaire est un de ceux qui fonctionnent le mieux pour rejeter toute la responsabilité de ses frustrations sur d’autres que l’on s’empresse de bien identifier.
C’est pourquoi Zemmour comme tous les extrémistes et populistes, y recourt si souvent et continuera à le faire tout au long de sa campagne électorale même si celle-ci n’a pas encore «officiellement» démarré.
On peut qualifier cette stratégie et cette mécanique de primaires et elles le sont mais elles marchent.
Jean-François Borrou
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.