Boulanger, Pétain, Poujade, Le Pen: Eric Zemmour s’inscrit dans une lignée bien française du populisme et de l’extrémisme.
De même, il s’inscrit dans la lignée de «l’homme providentiel» qui a été particulièrement remise à la mode avec les institutions de la 5e république dont l’élection présidentielle est le paradigme majeur.
On ne doit pas oublier, également, de le rattacher aux trublions qui ont investi à un moment ou un autre et avec des fortunes diverses – et avec des convictions multiples – l’espace politique dans le monde comme le furent en France des Tapie ou des Coluche, des Trump et des Grillo ailleurs pour citer les plus récents.
Ce mélange en fait déjà un personnage dangereux.
Il faut y rajouter, évidemment, ses idées et ses thèses qui, à l’instar de Trump, veulent créer une sorte de guerre civile dans la société et une exaltation de nos comportements les plus détestables comme la haine de l’autre, érigé en bouc émissaire de tous nos problèmes.
Mais Eric Zemmour n’est pas un extra-français débarqué soudainement avec béret basque et baguette de pain bioniques d’une 2CV volante venue d’un lointain espace inter-xénophobe et chauvin.
Il est un produit de notre société et un symptôme d’un délitement certain de la démocratie française.
Son ascension fulgurante dans les sondages ne doit, pas faire oublier qu’il avait depuis longtemps table ouverte dans nombre de médias, qu’il vendait des livres à la pelle et que ses diatribes étaient approuvées par beaucoup.
Et, bien sûr, il a bénéficié de tout le défrichement réalisé depuis maintenant près de quarante ans par la famille Le Pen.
Ainsi, la démocratie française traîne depuis des lustres des extrêmes qui ont bénéficié d’une mansuétude de la société comme ce fut le cas du Parti communiste et du Front national.
De même, comme dans beaucoup d’autres démocraties, la française n’a pas (encore?) réussi le pari qui est à la base de ce régime de liberté, produire un citoyen correctement formé et informé, capable de prendre son destin en main avec la responsabilité indispensable et le respect de l’autre dans sa dignité et son individualité.
Zemmour est aussi un mélange indigeste de nos haines et angoisses ancestrales moulinées dans une modernité où se mêle des théories extravagantes et fantasmagoriques, boostées par l’élucubrationisme (complotisme), les «fake news» et la «vérité alternative» qui séduisent un auditoire qui veut y croire.
Pour l’instant, cet auditoire n’est pas majoritaire et nous avons pu échapper au pire d’autant que notre système politique empêche cet «accident» démocratique qui s’est produit aux Etats-Unis où Donald Trump a pu être élu président du pays avec trois millions de voix de moins que sa concurrente, Hillary Clinton.
Il est à espérer que le phénomène Zemmour va vite se dégonfler et que l’on pourra le mettre dans les poubelles de l’Histoire.
Néanmoins, nous ne devons pas, plus profondément, nous focaliser uniquement sur ce polémiste qui a travaillé les haines et les angoisses des Français pendant des années car le mal ne vient pas de lui, il ne fait que capter ce qui existe déjà tout comme l’avait fait Jean-Marie Le Pen en son temps.
Les défenseurs de la démocratie républicaine doivent se rendre compte que Zemmour est un symptôme, non la cause du problème, et qu’il faut agir pour éradiquer tout ce qui lui permet d’exister et dont nous parlons souvent ici, notamment dans les éditoriaux d’Alexandre Vatimbella.
La pérennité de la démocratie en dépend.
Reste que ce qui doit nous mobiliser, ici et maintenant, c’est de barrer la route à tous ennemis de la démocratie et de la république qui vont concourir à la prochaine présidentielle dont Zemmour et Le Pen sans oublier Mélenchon (et tous les «petits» candidats positionnés sur les extrêmes et le populisme).
Mais faisons attention dans notre combat contre Eric Zemmour de ne pas remettre en selle Marine Le Pen…
L’équipe du CREC
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.