François Bayrou |
Interrogé sur France Inter sur la pensée du Centre, François
Bayrou à répondu:
«Est-ce que l’on peut définir en un mot ce qu'est
l'idéologie, la doctrine la philosophie la vision du monde de ce courant
politique-là? La réponse pour moi est évidente, oui, la doctrine et la
philosophie de cette famille politique est l'humanisme au sens large du terme.»
Et de préciser quelle est la place du Centre dans le paysage
politique:
«Tout l'effort de ma vie politique a été de rassembler le
Centre pour en faire une force majeure de gouvernement, car je pense que c'est
le seul point d'équilibre qui permettra à la société française de trouver son
élan pour l'avenir.»
Quant à l’idée souvent véhiculée par les médias et les responsables de la Droite mais aussi de la Gauche que le Centre et la Droite, c’est la même chose, il a déclaré que «ce qui m'a mis en colère toute ma vie, c'est la formule : la Droite et le Centre, comme si c'était la même chose !»
Et de poursuivre:
«Eh bien moi, je prétends que ce sont deux courants
différents qui ont leur philosophie, leur vision de la société et de la
démocratie en particulier. Ainsi, les uns sont plus nationalistes et les autres
plus européens, tandis que d'autres sont plus sociaux et d'autres encore plus
économistes libéraux.»
Quant au «grand parti démocrate qu’il appelle de ses vœux, il souhaite que ce soit «une organisation politique pour des générations.»
Pour ce qui est de sa forme, il avait déjà écarté un parti
avec une direction monolithique et il ne veut pas, non plus d’une fédération:
«Je n'emploie pas le mot fédération, car j'ai vécu tous les
charmes qui sont très très peu et tous les inconvénients des fédérations. Quel
est l'enjeu ? L'enjeu organisationnel d'abord, c'est que l'on ne réussisse
à écarter les ferments de divisions perpétuelles des partis politiques. En
effet, la grande question qui se pose est celle de l'énergie dont vous
disposez : est-ce que vous l'utilisez pour conquérir à l'extérieur ou pour
vous battre à l'intérieur ? Est-ce la guerre civile ou est-ce un mouvement
pour conquérir, convaincre et entraîner à l'extérieur. Pour cela, je m'estime
le plus grand expert mondial de la lutte contre la division dans les partis
politiques ! J'ai été secrétaire général de l'UDF et Président de l'UDF,
je vous assure je connais tout très bien. Je pense qu'on peut le faire et je
pense que c'est le moment de le faire : on ne pouvait pas le faire avant et
on ne pourra pas le faire après. Je plaide donc pour cela.»
De même, il ne souhaite pas une simple coalition:
«Je n'ai jamais été pour les coalitions. Je crois n'avoir
jamais employé ce mot, car les coalitions c'est la quatrième République. (…)
Lorsque de Gaulle défini dans le grand
discours institutionnel de sa vie qu'il n'a jamais quitté d’ailleurs, le
discours de Bayeux en 1946, lorsqu'il définit ce que doivent être les
institutions françaises, je vais le citer je crois à peu près exactement. C'est
d’ailleurs formidable car il y a un enregistrement extraordinaire de cet
instant-là, car la grande voix du Général de Gaulle parle et il y a un petit
oiseau qui fait le contrepoint par des trilles à la voix du Général de Gaulle
sur l'enregistrement : c'est formidable !
Voilà donc ce qu'il y dit : ‘nous allons enlever l'Exécutif aux manœuvres
parlementaires. Le gouvernement sera désigné par le Président de la République
en tenant compte - je cite « des nuances de l'Assemblée
Nationale.’
Qu’est-ce que les coalitions ? Cela signifie que ce sont des partis qui
s'entendent et il faut qu'ils s'entendent avant que le Gouvernement n’existe.
Le Gouvernement est donc soutenu comme la corde soutient le pendu - c’est
une vieille formule de la quatrième République - et la défection d'un zozo
ultime permet de faire tomber le Gouvernement.
Pour ce qui est de la cinquième République c’est exactement le contraire et
c'est pourquoi nous avons bien eu raison de mettre le calendrier à l'endroit,
ce que nous avons fait il y a quelques années. C'est le Président de la
République qui est élu, c'est à lui que les Français délèguent la magistrature
de la vision et à qui ils font confiance pour les institutions. C’est un choix
d'homme, de personne, avec tout ce qu'il porte en lui de projet, c'est un choix
dédié à une femme ou à un homme. Ensuite, ce Président de la République désigne
un Gouvernement. Il a face à lui une Assemblée Nationale et il est bon que
cette dernière, dans ma vision, soit la plus représentative possible du pays.
Enfin, eh bien vous constituez un Gouvernement en tenant compte des
orientations que le pays a transmis. Voilà, c'est aussi simple.
Enfin, il a donné son sentiment sur ce que pourrait être la
majorité présidentielle si Emmanuel Macron est réélu:
«Lorsqu'une élection présidentielle est acquise, à ce
moment-là, on constitue la majorité et le Gouvernement le plus large possible,
sans perdre de vue le socle qui a permis la réalisation de cette majorité. Combien de courants politiques existent-ils en
France ? Allez, cinq ou six : l'Extrême-droite, la Droite de
gouvernement, le Centre, les Écologistes, la Gauche de gouvernement et
l'extrême Gauche c'est cela à peu près. Ces six courants politiques ont leur
légitimité. Simplement, il est parfaitement possible de réunir des personnes différentes
pour gouverner, mais l'organisation politique qui permet de s'adresser aux
pays, de mûrir des projets comme vous le dites, de faire sortir des
personnalités nouvelles, de former, de lancer dans la bataille, tout cela ne
peut se faire que sur des pôles assez larges et clairement identifiés.»
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