«Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre deux ans, cinq ans, dix ans. Nous nous rapprochons dangereusement du moment où ce sera trop tard.»
Que cette mise en garde du président de la Cop 26, Alok Sharma, alors qu’est publié le nouveau rapport sur le réchauffement climatique du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) soit plus alarmiste ou non que la réalité qui menace l’Humanité et les autres êtres vivants sur la planète, la problématique qu’elle pose est, elle, redoutable et anxiogène.
On peut l’énoncer par cette simple question: est-ce que l’Humanité a jamais été capable de se mobiliser afin d’empêcher la survenance d’une catastrophe programmée qui émane de sa propre responsabilité?
Que l’on recense toutes celles qui se sont déroulées, notamment les guerres mondiales, la réponse est crûment négative.
Le réchauffement climatique en est même une autre preuve parce que depuis que les scientifiques se sont accordés sur ses conséquences dramatiques, tous les efforts entrepris – et il y en a eu – n’ont pas changé grande chose puisque, dans le même temps, nos comportements n’ont cessé de dégrader la situation.
On peut trouver des raisons tout à fait légitimes pour expliquer pourquoi, devant cette apocalypse annoncée, nous continuons à marcher à sa rencontre.
Comment, en effet, demander à un habitant du Bengladesh ou d’Haïti vivant dans la plus grande pauvreté de ne pas polluer alors même que pour uniquement survivre il ne peut faire autrement ou, en tout cas, ne pas en faire sa préoccupation?
Comment demander à des pays comme la Chine ou l’Inde de renoncer à se développer économiquement afin de rattraper leur retard vis-à-vis des pays les plus développés?
Quant à ces derniers, comment convaincre ses habitants, en particulier les plus précaires, qu’il faut renoncer à espérer, non seulement une évolution dans leurs conditions d’existence, mais même à garder celles qu’ils ont actuellement et que des générations avant eux ont travaillé dur pour que nous arrivions à une certaine qualité de vie?
Et puis, il y a d’autres raisons, moins compréhensibles, comme cette montée, inexorable pour l’instant, d’un individu, instrumentalisant, à la fois, la liberté et l’individualisme, pour réclamer une autonomie et une sur-égalité pour sa personne, lui permettant d’agir de manière irresponsable, égoïste, égocentrique et consumériste – ce qui est le cas en matière environnementale le plus souvent – dans un comportement d’un assisté constamment insatisfait, créant ainsi un cadre libertario-hédoniste alors qu’émerge une inquiétante médiacratie médiocratique démagogique populiste consumériste dans les démocratie républicaines et que parviennent au pouvoir ou à ses portes des personnages comme Donald Trump, Boris Johnson ou Marine Le Pen, ce qui empêche toute action forte et efficace face à des enjeux comme le réchauffement climatique, la jacquerie des Gilets jaune en France l’a amplement démontré.
Précisions que les autocraties et dictatures avec des dirigeants comme Vladimir Poutine ou Xi Jinping ne font évidemment pas mieux et souvent pire.
D’autant que pendant longtemps les conséquences du réchauffement climatique sur leur quotidien n’ont pas été visibles, que des controverses sur sa véracité ont opposé les scientifiques entre eux et que nous voulons croire mordicus que notre technologie nous sortira du précipice sans grand dommage comme si nous étions Dieu.
Sans oublier qu’il y aura ceux qui seront capables de s’en sortir et que, bien entendu, la plupart des humains pensent qu’ils feront partie des rescapés…
Cependant, même si toute l’Humanité avait été consciente de ce qui est en train de se passer, aurait-elle agi autrement que ce qu’elle a fait, c’est-à-dire en prenant des demi-mesures à la marge même si celles-ci ont le mérite d’exister?
On peut malheureusement en douter.
Pour autant, un événement tragique qui se déroule en ce moment sous nos yeux peut apporter une certaine espérance dans notre capacité à prendre la dimension du défi que pose le réchauffement climatique.
Je parle évidemment de la pandémie de la covid19 qui a obligé l’Humanité – qui est peut-être responsable de sa survenance – à agir dans l’urgence.
Bien entendu tout n’a pas été parfait, loin de là, dans les réponses apportées, dans les coordinations entre les Etats, dans les réactions d’une partie de la population.
Néanmoins, nonobstant les «anti-tout», les «je sais mieux que tout le monde» et les «suivez moi je vais vous montrer la lumière», ces intrigants qui espèrent tirer profit du désarroi de la population, la mobilisation a permis de prendre des mesures de prévention et de trouver des réponses dans un laps de temps très court avec les vaccins (et une recherche médicale toujours en cours pour trouver des médicaments efficaces et des vaccins encore plus efficients).
Evidemment, les ravages de la covid19 sont bien visibles et peuvent être comptabilisés sans aucune controverse, ce qui n’est pas le cas de ces statistiques sur les millions de morts de la pollution qui demeurent virtuels d’autant plus que l’augmentation continue de la population et de son espérance de vie semblent les contredire.
D’où cette prise de conscience qu’il fallait agir au plus vite pour éviter un cataclysme (rappelons que les mutations possibles du virus ne nous mettent pas encore à l’abri de celui-ci, n’en déplaise à tous les manifestants contre la «dictature sanitaire»…).
Nous ne sommes pas dans la même configuration pour le réchauffement climatique et l’on peut le regretter parce que, lorsque l’urgence absolue sera là, c’est-à-dire lorsque des quantités de gens mourront devant nos yeux de ses effets, comme pour cette pandémie, il sera trop tard.
Dès lors, pour qu’une fois l’Humanité ne passe à côté de ses responsabilités pour sa propre survie – rappelons que ce n’est pas l’existence de la Terre qui est en jeu mais celle des êtres vivants – l’exemple de la réponse à la covid19 peut et doit nous fournir deux enseignements forts.
Le premier est qu’une mobilisation mondiale contre une catastrophe est donc possible malgré tout même si elle est imparfaite.
Le deuxième est qu’agir en commun donne des résultats et permet de s’attaquer à conjoncture particulièrement critique.
Reste que pour ce qui est du réchauffement climatique nous ne pouvons attendre la phase paroxystique pour agir.
Parce qu’en ce qui concerne la covid19, personne ne pouvait prévoir l’apparition du virus et aucune mise en garde particulière face à une réalité existante – à part le fait que de funestes apprentis-sorciers travaillant pour des laboratoires étatiques manipulent des substances hautement létales –, ne pouvait être lancée avant son apparition en Chine.
Tout autre est le réchauffement climatique dont on parle depuis bien longtemps et dont le premier rapport du GIEC à son sujet date de 1990, ce qui ne nous pas empêché depuis de rejeter encore plus de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Nous n’avons donc plus aucune excuse pour refuser de prendre les décisions – parfois très difficiles et très douloureuses – parce que nous sommes capables de nous mobiliser et qu’en plus, comme le montre la crise de la covid19, nous savons.
Ceux qui vouent un culte à des personnages comme Donald Trump qui niait ce réchauffement ou qui se sont faits un plaisir de relayer et soutenir les Gilets jaunes qui ne sont descendus dans la rue, au départ, que pour être contre des mesures environnementales contre ce même réchauffement, fassent leur examen de conscience et, à défaut de rejoindre ceux qui veulent agir pour sauver l’Humanité, aient au moins la décence se taisent une bonne fois pour toute.
Il en va de la survie de l’Humanité, celle d’aujourd’hui, de demain et des après-demain.
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