Le président du MoDem remet ça:
«Il me semble, a-t-il déclaré sur BFMTV, qu'il y a besoin, et c'est pourquoi je parle de ce grand courant démocrate à la française, d’un grand parti démocrate à la française qu'il faut construire en respectant ce que chacun est et en respectant ce que chacun a: comme le verbe être et le verbe avoir. Je pense que si ces deux précautions sont remplies, alors on peut avancer. Il faudra le faire à la rentrée».
Cette envie récurrente de François Bayrou de construire un grand parti progressiste central refait surface à moins d’un an des élections générales.
Le problème c’est que ce qui se rapproche le plus d’un «Parti démocrate à la française», c’est LaREM et non le MoDem!
Ce dernier est essentiellement centriste alors que son partenaire dans la majorité présidentielle est essentiellement central.
D’où la question que l’on peut se poser: Bayrou a-t-il comme idée de faire du MoDem le prochain LaREM en pariant sur une désaffection des électeurs pour le parti présidentiel?
En cela, il ne ferait que concrétiser son rêve d’avoir un grand parti qui ratisserait assez large ce qui n’est pas le cas du Mouvement démocrate actuel.
Mais si c’était le cas, alors, cela voudrait dire que, soit LaREM dans son esprit est condamnée à disparaitre, soit le MoDem sera un concurrent frontal à celle-ci.
L’un dans l’autre, ce n’est pas avoir une vision apaisée d’une majorité présidentielle unie à quelques mois des législatives et de la présidentielle.
Quand bien même un de ses fidèles lieutenant et président du groupe MoDem à l’Assemblée, Patrick Mignola, parle de «refonder» la majorité présidentielle dans «une véritable alliance des forces qui la composent: les sociaux-démocrates, les centristes et les libéraux».
Sans doute n’a-t-il pas échappé à Mignola que cette alliance a existé et s’appelait l’UDF, l’ancêtre du MoDem!
Et, bien entendu, qui aurait le plus de légitimité à diriger une telle confédération, François Bayrou, bien sûr, ancien président de l’UDF!
Pour autant, au-delà d’un calcul politicien, on comprend bien que Bayrou ne peut se contenter que le MoDem soit un simple appendice de LaREM, ce qu’il est depuis 2017 malgré la perte de la majorité absolue des marcheurs et le renforcement de la formation centriste.
Il en va à terme de l’existence même du Mouvement démocrate qui, s’il demeure accolé à La république en marche a toutes les chances de disparaître lorsque le mouvement créé par Emmanuel Macron disparaitra, ce qui est une probabilité forte lorsque l’actuel hôte de l’Elysée aura quitté le pouvoir.
Reste que la recette pour mettre sur pied ce grand Parti démocrate «à la française» sans créer un affrontement avec LaREM et Emmanuel Macron n’a pas encore été trouvée si elle existe!
On peut donc penser que, pour l’instant, les velléités de Bayrou sont un mélange de fantasme, d’espoir et de pression sur son partenaire principale de la majorité qui lui propose en retour une «Maison commune» qui ne semble pas avoir les faveurs du président du MoDem puisqu’il a refusé dernièrement de signer une déclaration avec des partenaires de la majorité en ce sens estimant que ce n’était qu’un diktat venant de LaREM...
En revanche, dans le moyen-long terme, l’ère Macron a bien montré qu’il existait un espace pour une telle formation qui soit plus structurée que LaREM et qui bénéficie de cette recomposition politique où les acteurs de l’axe central (allant des libéraux progressistes de droite aux réformistes de gauche en passant par les centristes) ont pris conscience qu’ils étaient sur le même bateau pour défendre la démocratie républicaine libérale face à la montée des populismes et des extrémismes.
Enfin, il n’est pas sûr du tout, dans l’esprit des Français, ni même de ceux qui se situent dans cet axe central, que François Bayrou soit l’homme de la situation pour être le fédérateur de ces courants politiques.
Dernière remarque, François Bayrou et ses amis semblent avoir une vue assez partielle du Parti démocrate américain qui, s’il réunit bien des gens de gauche et du Centre, n’a en revanche, que peu de membres de droite à part le sénateur Joe Manchin et que ses deux ailes sont plutôt dans une opposition frontale que dans un consensus sur la vision de la société américaine et de la politique à mener, la victoire de Joe Biden ayant évidemment renforcé le courant centriste, pour l’instant – même s’il a donné quelques gages au courant «liberal de gauche» –, mais sans recréer une quelconque unité d’autant que la frange socialiste continue à prendre des positions radicales en espérant que son heure sera bientôt venue.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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