François Bayrou & Emmanuel Macron |
François Bayrou s’est montré particulièrement critique lors du deuxième tour des régionales à propos du président de la république, du gouvernement et de la majorité qui les soutiennent.
Des propos qui ont étonné d’autant que le président du MoDem ne cesse d’encenser Emmanuel Macron à l’occasion de toutes ses sorties médiatiques.
Comment comprendre qu’il le complimente sans mesure, ce qui est souvent perçue comme de la flagornerie politicienne, et qu’il vienne dire, au soir des résultats de ce qui n’étaient que des élections locales que «Le coup de semonce que les Français ont adressé s’adresse aussi à ceux qui sont aux responsabilités, parce que les Français n’ont probablement pas perçu le cap qu’ils avaient reconnus au moment de l’élection du président de la République».
Et de demander à l’Exécutif de ne pas «passer par-dessus l’élection et recommencer comme c’était avant».
Si cela n’est pas une attaque frontale contre Emmanuel Macron et sa politique, cela y ressemble fort.
Il semble que le leader centriste, au-delà de sa posture qu’il cultive jusqu’à plus soif de sage au-dessus de la mêlée et du baroudeur de la politique qui a tout compris, soit énervé de ne pas être plus écouté que cela, voire même entendu par son «ami» de l’Elysée.
Cette agressivité vient de ce qu’il constate qu’il ne sert pas à grand-chose et que sa nomination comme Haut-commissaire au Plan est bien une voie de garage, un os qu’on lui a donné à ronger mais qui est creux, comme pouvait le supposer nombre d’observateurs de la vie politique.
Ainsi, ses notes et ses réflexions sont ignorées par le président et son gouvernement.
De plus, Emmanuel Macron ne lui fait aucune concession jusqu’à présent sur ses combats personnels dont la mise en place de la proportionnelle pour les législatives ou pour celle du vote par correspondance, deux chevaux de bataille essentiels pour le président du Mouvement démocrate.
Sans oublier l’affaire des attachés parlementaires européens où, mis en examen, il n’a reçu aucun soutien de ses «partenaires» de la majorité dont le président de la république.
De même, il n’a absolument pas été suivi sur sa demande de report des régionales et des départementales à la rentrée.
Alors, il sort l’artillerie lourde en profitant d’un échec électoral de la majorité présidentielle un an avant les élections générales de 2022 où le MoDem a joué la carte de l’unité en excluant même ses membres qui apparaissaient sur des listes concurrentes – ce qui n’avait pas été le cas lors des municipales – mais n’en a retiré aucun bénéfice dans et hors les urnes.
Il affirme ainsi que «Les Français ne se reconnaissent plus dans la manière dont le pays est organisé»
Et d’ajouter:
«La vie démocratique ne parle plus aux citoyens. C’est trop compliqué, parce que c’est trop loin d’eux, parce que les modes de vote sont archaïques, parce qu’on sort à peine de l’épidémie et les Français n’étaient pas dans cette campagne»
Puis de poursuivre en estimant qu’«Il y a un gouffre entre les citoyens dans leur vie, ce qu’ils ressentent, ce pour quoi ils se passionnent, et la vie administrative et politique du pays comme elle est organisée.»
Reste à savoir comment ce dépit va se concrétiser dans les semaines et les mois à venir.
Bayrou sait qu’il ne peut faire l’impasse sur son alliance avec Macron et qu’il doit lui apporter tout son soutien s’il se représente.
Mais Macron sait aussi que les électeurs que lui apporte Bayrou feront peut-être la différence au premier tour même s’il est difficile de quantifier leur nombre et de savoir combien d’entre eux se détourneraient de lui si le «tandem» Macron-Bayrou se séparait en deux vélos concurrents.
En tout cas, le centriste ne laissera passer aucune occasion de se faire entendre et, quand c’est possible, de rappeler qu’il serait dangereux de trop le marginaliser.
Alexandre Vatimbella
Directeur du Crec
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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