Quand les partisans de la Procréation médicalement assistée
(PMA) autorisée à toutes les femmes se réjouissent en affirmant que c’est une
avancée du droit des femmes, ils ont raison.
Quand les défenseurs du droit des enfants estiment qu’il s’agit
d’un recul en la matière,, ils pointent du doigt que rien ne permet en l’état
de dire que la possibilité pour un couple de lesbiennes ou pour une femme seule
d’utiliser cette technique ne comporte pas de risques pour les enfants, ils ont
raison d’exprimer leur inquiétude.
Laissons en revanche de côté tous les défenseurs des
soi-disant «valeurs traditionnelles» qui s’offusquent d’un effondrement de la
civilisation judéo-chrétienne et dont le combat n’a rien d’humaniste.
Tout comme nous laisserons de côté ceux qui en ont fait un
combat uniquement emblématique des droits des homosexuels parce qu’il convient
que partout, sans se soucier des conséquences éventuellement négatives, ceux-ci
soient les mêmes que les hétérosexuels.
Parce ce que ce qui nous occupe ici c’est bien que l’avancée
d’un droit auquel on pourrait applaudir sans réserve fait face au possible
recul d’un autre.
Qu’une mesure qui va aider psychologiquement un groupe de la
population risque de causer des dommages du même acabit à un autre.
Et non d’une opposition entre «progressistes» (ceux pour la
PMA) et «rétrogrades» (ceux qui demandent qu’on privilégie le droit des
enfants) parce que pour ces derniers les termes sont bien évidemment inversés.
Car, malgré tout ce que prétendent les défenseurs de la PMA
pour toutes, aucune étude sérieuse n’a jusqu’à présent démontré que des enfants
élevés par des parents du même sexe ne connaissaient pas des problèmes au cours
de leur existence.
Et ce n’est pas les quelques témoignages d’enfants issus de
cette technique de procréation assurant qu’ils n’ont aucun handicap par rapport
à leur état – ce qui est tant mieux pour eux – qui font une généralité.
Rappelons simplement que nombre d’enfants qui ont été
adoptés ou qui ont été élevés par une mère célibataire sans connaitre qui est
leur géniteur, souhaitent savoir l’identité de leur père et, pour beaucoup d’entre
eux, entame des recherches et des démarches à cet effet à un moment ou l’autre
de leur existence (sans que cela ne remette en cause le principe de l’adoption
qui permet à ces enfants de trouver une famille qui va leur donner l’amour dont
ils ont besoin).
Si cela ne leur posait pas un problème de ne pas savoir,
pourquoi alors se lancer dans cette quête?
Peut-être que cette dernière ne démontre pas qu’ils
souffrent de troubles psychologiques ou affectifs issu directement de l’état
que connaissent les enfants issus de la PMA, c’est-à-dire de celui de ne pas
avoir eu de figure masculine (et féminine lorsqu’il s’agit d’une adoption par
un couple gay).
C’est vrai, nous ne le savons pas.
Comme pour la PMA.
Reste qu’en la matière, cette absence de savoir aurait du
déclencher, partout dans le monde, le principe de précaution en faveur de ceux
qui peuvent être impactés par cette situation, en faveur de l’intérêt de l’enfant.
Or, c’est tout le contraire que l’on a fait.
Au lieu d’attendre des données suffisamment importantes et
documentées démontrant une absence de risque, on a privilégié le désir des femmes
au nom du droit à l’enfant et non le bien-être des enfants au nom de leurs
droits.
C’est cela qui est en cause pour les nombreux humanistes qui
estiment qu’une société ne peut légaliser des pratiques qui ne sécurisent pas
le droit de celui qui est le plus fragile, le plus faible et le plus vulnérable
tant que l’on ne saura pas avec exactitude.
Parce que, bien sûr, un enfant né «naturellement» d’un père
et d’une mère, vivant avec eux, n’est pas à l’abri de problèmes de violences physiques
ou psychologiques qui peuvent aboutir à des drames comme le font remarquer
justement les défenseurs de la PMA et de l’adoption par des couples
homosexuels.
Ce qu’ils oublient de dire et qui est le cœur du débat, c’est
que la société réprime ces agissements de la part de parents «traditionnels»
alors qu’en ce qui concerne la PMA, elle autorise une pratique qui peut causer
des problèmes, heureusement de moindre importance.
Evidemment, les défenseurs du droit des enfants ne sont pas
nés de la dernière pluie et savent, tout en le regrettant, que la PMA ainsi que
la GPA (Gestation pour autrui) n’ont pas attendu d’être légalisées ici ou là
pour être pratiquées.
Ce qu’ils refusent, c’est, en l’espèce, leur légalisation c’est-à-dire
leur reconnaissance par la société qui a décidé d’autoriser sans être sûr de
leur innocuité.
In fine, la décision définitive aurait du être prise lorsqu’il
aurait été possible d’affirmer le plus scientifiquement possible qu’aucun
enfant ne saurait souffrir de vivre sans père, en l’occurrence.
Mais, comme pour l’adoption de couples homosexuels, c’est le
contraire qui s’est passé.
Enfin, n’ouvre-t-on pas la boite de Pandore dont la
prochaine étape sera la légalisation de la GPA malgré les affirmations de
certains – pas tous malheureusement – défenseurs de la PMA puis d’une
autorisation d’autres pratiques qui seront possibles dans les années qui
viennent comme celle d’une gestation hors du ventre d’une mère voire la
fabrication de sperme et d’ovocyte de synthèse avec le choix de toutes les
caractéristiques d’un enfant à naître comme on choisit les options d’une
voiture?
Il ne s’agit pas d’agiter des épouvantails mais bien de ne
pas occulter un possible engrenage qui
irait jusqu’à changer notre condition.
Il ne s’agirait plus alors de défendre les droits des
femmes, des enfants ou des minorités mais bien les droits humains.
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