En France mais aussi en Europe et dans le monde, l’évolution de la Droite et de la Gauche devient une menace pour la démocratie républicaine libérale et pour ses valeurs de liberté et d’égalité ainsi que de fraternité.
Cette évolution se fait, à droite, en épousant les thèses et les comportements de Donald Trump, l’ancien président des Etats-Unis et, à gauche, en militant pour une société fractionnée de la victimisation basée sur l’idéologie du woke.
Etre trumpiste, c’est inventer une réalité assise sur des «faits alternatifs» où les affirmations et les revendications partisanes ne se font plus sur une base de la réalité mais deviennent la réalité (comme affirmer que les élections ont été truquées simplement parce qu’on les a perdues alors même que toutes les vérifications disent le contraire) dans une démarche le plus souvent élucubrationiste (que l’on appelle trop souvent et improprement «complotiste»), où les pires comportements et instincts racistes, xénophobes et haineux sont valorisés ou ne sont plus condamnés, où la rhétorique est celle de l’extrême-droite (voir le mouvement des gilets jaunes).
Etre woke – dérivé de wake, c’est-à-dire «éveillé» – c’est instrumentaliser toutes les injustices et les inégalités pour remettre en cause les valeurs de la démocratie et de la république comme la liberté d’expression et l’égalité devant la loi où il y aurait ceux qui ont le droit de parler de certaines choses et pas les autres qui n’auraient pas la «légitimité» pour le faire et ou le communautarisme imposerait aux «victimes» du système une sur-égalité par rapport aux autres et le droit de faire, si ce n’est sécession de la communauté nationale, tout au moins de revendiquer une autonomie qui crée, in fine, une situation d’apartheid (comme, par exemple, demander que les Etats-Unis se scindent en Etats ethniques hermétiques, vieille revendication issue des Black Panthers).
Etre trumpiste ou woke, c’est ne plus faire confiance aux valeurs humanistes et défier les principes et les règles d’un régime démocratique au nom de luttes subversives où les restrictions de liberté sont demandées pour ceux qui ne sont pas d’accord avec vous, c’est-à-dire où le respect de la dignité humaine ne concerne plus l’autre mais uniquement soi-même et les membres de son groupe.
Dans les deux cas, il s’agit de mettre en place un régime au relent autoritaire voire même autocratique avec un système répressif qui l’accompagne et sa fameuse police de la pensée.
C’est une volonté de recréer ce tristement célèbre rempart de la division et de la haine, le «eux et nous» qui rappelle de bien mauvais souvenirs historiques.
Ni le trumpisme, ni le woke ne sont évidemment des idéologies universelles, ils sont même ses pires ennemis et se revendiquent d’ailleurs comme tels.
Reste ceux qui s’opposent à cette remise en question, et de la démocratie, et de la république.
Aujourd’hui, ils sont regroupés dans ce que nous avons appelé ici l’axe central et qui regroupe tous les courants politiques qui vont de la gauche sociale-libérale et réformiste à la droite libérale et progressiste en passant évidemment par le Centre libéral, social, réformiste et progressiste.
Par exemple, en 2017, lors des présidentielles françaises, il était incarné par des personnalités comme Manuel Valls, Emmanuel Macron, François Bayrou et Alain Juppé.
Cet axe central qui est installé sur ce socle des valeurs démocratiques et dont il ne transige pas sur ses composantes.
Un axe central attaché à la pérennité des principes et des règles de fonctionnement démocratiques et républicains.
Mais aussi un axe central qui voit dans la démocratie un processus en continuel mouvement et progression pour approfondir et améliorer son fonctionnement par la réforme qui doit déboucher sur le progrès.
Un axe central qui défend une société ouverte et une mondialisation humaniste sans pour autant faire fi de la réalité du monde, bien au contraire.
Un axe central qui, in fine, sait que les valeurs démocratiques et républicaines devront toujours être défendues et que pour que celles-ci soient effectives et non de beaux mots vides de sens, il faut que les citoyens vivent en sécurité.
La lutte entre la Gauche et la Droite radicalisée et qui ne met plus la démocratie républicaine au centre de son projet, et l’axe central, a commencé et sera certainement au cœur de la présidentielle de 2022 en France.
Non pas par les candidats que pourraient se choisir le PS ou LR cette fois-ci mais par ceux des extrêmes de la gauche et de la droite, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui recueillent de plus en plus de soutiens dans les partis de gauche et de droite traditionnels.
Mais si Mélenchon ne semble pas une véritables menace, ce n’est pas le cas avec Marine Le Pen.
Ce qu’il faut craindre, malheureusement, c’est que nombre de militants de gauche et de droite votent «utile» dès le premier tour en mettant ces deux personnages en tête de la Gauche et de la Droite.
Et pour le deuxième tour – où Marine Le Pen devrait être présente selon tous les sondages actuels –, que ceux de gauche – si leur représentant n’est pas qualifié – décident de ne pas faire barrage au fascisme par haine de la démocratie républicaine libérale et de son représentant et que ceux de droite – si de même leur représentant est absent – décident de voter pour la représentante de l’extrême-droite.
Les digues entre les extrêmes et les partis dits démocratiques de gauche et de droite se fragilisent depuis des années et l’on voit des fissures de plus en plus grandes et profondes sur leurs façades, digues que pourtant ces derniers avaient autrefois construites.
L’axe central et son ou ses candidats seront donc le(s) seul(s) à défendre la démocratie républicaine.
Un axe central qui est devenu, de facto, le dernier rempart
face à la tentation autoritaire, voire plus.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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