Emmanuel Macron candidat |
Le 6 avril 2016, soit il y a cinq ans, Emmanuel Macron alors ministre de l’Economie de François Hollande (jusqu’en août de la même année), lançait En marche!
Ce «mouvement citoyen» deviendra, après son élection à la présidence de la république en 2017, La république en marche – LaREM, acronyme officiel que nombre de médias anti-Macron refusent d’orthographier correctement depuis quatre ans, c’est dire où s’élève leur «rébellion» face au pouvoir en place…
De mouvement, il devient alors plus prosaïquement, un parti politique qui réussit l’exploit d’enlever haut la main, la majorité absolue à l’Assemblée nationale, juste un an après sa fondation.
Mais, comme toute structure nouvelle, LaREM va connaître des difficultés d’organisation et de fonctionnement, notamment par le peu d’expérience politique de beaucoup de ses élus.
Surtout, n’ayant pas eu assez de temps pour sélectionner ses candidats de manière à éviter les erreurs de casting, elle se retrouve avec nombre de députés opportunistes et n’ayant en tête que leur ambition personnelle, souvent transfuges de partis déjà existants, qui vont parasiter son existence.
Certains d’entre eux quittent même en cours de législature – sans évidemment démissionner – un navire qui n’auraient jamais du les accueillir pour s’en retourner vers leurs affiliations politiques passées, voire s’imaginant un destin national dans une sorte d’exaltation que donne l’impression d’être soudain au centre du monde alors que l’on était dans l’obscurité auparavant.
Toujours est-il que LaREM, au-delà d’avoir le rôle d’être le pilier de la majorité présidentielle, avait la mission de relayer le message macroniste et d’expliquer le positionnement du nouveau pouvoir composé de termes vagues dont celui d’être «ailleurs», voire oxymoriques avec le «ni de droite, ni de gauche» couplé avec le «et de droite, et de gauche», le tout «en même temps»…
Trois autres notions étaient mises en avant, le progressisme, le réformisme et la méritocratie.
Le but était, entre autres, de provoquer une recomposition politique où les affiliations ne se faisaient plus sur l’échelle gauche-centre-droite mais sur celle progressisme-conservatisme et LaREM se proposait d’accueillir les premiers d’où qu’ils viennent (sauf de l’extrême-droite désignée comme ennemie principale).
En réalité, toute cette phraséologie alambiquée et pas toujours novatrice, faisait de LaREM un parti central, si ce n’est centriste, qui voulait attirer à lui toute la sphère centriste en débordant sur les progressistes de gauche (sociaux-libéraux) et de droite (libéraux réformistes), c’est-à-dire être, à terme, l’unique représentant de l’axe central.
Et il est vrai que l’on retrouve des militants de ces différentes familles, toutes défenseuses de la démocratie républicaine libérale dans la formation présidentielle.
Néanmoins, si la volonté d’Emmanuel Macron était assez claire, fallait-il encore qu’il y ait un personnel politique prêt à embrasser une nouvelle donne même si celle-ci n’était nullement une «révolution» pour reprendre le terme qu’il a employé pour titrer son livre-programme.
Or, on ne crée pas ad hoc une conviction politique nouvelle chez des gens habitués à raisonner sur l’échelle gauche-centre-droite.
Si un certain nombre d’élus de LaREM ont épousé ce positionnement sans trop de difficultés, d’autres ont jonglé entre leurs anciennes affiliations et la nécessité de se dire «en même temps» de celles qu’ils combattaient la veille sans pour autant convaincre de leur aggiornamento partisan.
Dès lors, on peut se demander si LaREM est un parti macroniste par rapport à ce que l’on vient de dire ou s’il n’est qu’un rassemblement éphémère de personnalités qui ont rejoint un homme qui se proposait d’abord, à leurs yeux, de réformer le pays de manière équilibrée alors même que les fiascos de la Gauche et de la Droite lors des derniers quinquennats, voire septennats, pouvait laisser présager le pire, c’est-à-dire l’élection de la candidate d’extrême-droite?
Car, il est aussi certain que nombre de ralliements à Emmanuel Macron se sont fait sur sa propension à être le rempart contre la famille Le Pen.
D’où une certaine confusion dans les rangs de LaREM puisque l’adhésion au projet Macron relève de différentes motivations qui ne se recoupent pas forcément.
Pour autant, dans son absolue diversité, le parti présidentiel – même s’il a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale suite à une série de défections étalées sur quatre ans – a permis à son créateur de faire un certain nombre de réformes importantes et à gouverner sans craindre d’être réellement mis en difficulté.
Mais la question de savoir si LaREM a un avenir sans Emmanuel Macron demeure entière avec une réponse qui serait plutôt négative.
Car si la formation centrale n’est pas à proprement parlé macroniste dans le sens où sa diversité déborde largement du projet politique de l’hôte actuel de l’Elysée, il n’en demeure pas moins que ce dernier en est l’unique ciment, l’unique lien entre ses membres.
D’où l’idée qu’elle ne survivra sans doute pas dans les décennies à venir à son créateur comme c’est le cas, en 2021, d’un parti gaulliste qui n’existe plus même s’il reste encore des partisans du Général de Gaulle qui, d’ailleurs, ne sont plus rassemblés dans une unique formation.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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