Pour certains, Ciudadanos, parti fondé en 2006 et qui a permis la résurrection du Centre comme force politique qui compte en Espagne, serait au bord de l’éclatement final, un an après le départ de son fondateur, Albert Rivera, suite à la déroute aux législatives de 2019 où la formation était passée de 57 députés à 10.
C’est en tout cas l’espoir du Parti populaire (PP, droite) et du Parti socialiste (PSOE, gauche) dont leurs alliances sont désormais tournées vers l’extrême-gauche (Podémos) pour le PSOE et Vox (extrême-droite) pour le PP et qui ont tout fait pour se débarrasser d’un concurrent qui fut, pendant un temps, un réel danger pour eux.
Reste que si sa disparition n’est pas encore à l’ordre du jour, c’est vrai que le parti centriste connait une zone de turbulence quinze ans après sa création par un groupe de personnalités catalanes qui ne savaient plus pour qui voter après toutes les affaires de corruption qui touchaient alors, et la Droite, et la Gauche ainsi que devant les périls nationalistes tant au Pays basque qu’en Catalogne.
Car, l’ADN de départ de Ciudadanos est, en dehors de proposer un mix de politique libérale sociale et sociale-libérale, de lutter contre la corruption et pour l’unité de l’Espagne, sans oublier celle contre les extrêmes, tant Podémos à l’extrême-gauche, fondé à la même époque, que Vox à l’extrême-droite.
Ce positionnement allié au charisme de Rivera va permettre à Ciudadanos de connaître une progression constante qui fera qu’en février 2018, alors même que l’Espagne connait des blocages institutionnels importants et une absence de majorité stable au Parlement, d’être en tête des sondages avec 28,3% des intentions de vote, loin devant le PP (22%) et le PSOE (20,1%).
Mais une sorte d’accord tacite entre ces deux derniers partis fera en sorte que les législatives qui devaient être organisées et sacrer Ciudadanos, ne le seront pas puisque le premier ministre du PP, Rajoy, obligé de démission sur fond de scandales, préfèrera utiliser pour éviter une raclée électorale, une procédure qui permettait de remettre le pouvoir aux socialistes sans passer par les urnes.
Le moment centriste était passé même si aux législatives suivantes, en avril 2019, Ciudadanos obtenait 57 députés mais seulement la troisième place derrière le PSOE et le PP.
Il y aurait pu y avoir une majorité entre les socialistes et les centristes, mais ces derniers refusèrent, Rivera estimant que les prises de position des premiers envers les mouvements indépendantistes et surtout vis-à-vis de l’extrême-gauche étaient trop floues (d’ailleurs, depuis, le PSOE s’est allié avec les partis nationalistes et Podémos…).
Ce refus ne fut pas compris par les électeurs, influencés par une campagne de propagande très dure contre Ciudadanos qui fut accusé de tout et son contraire.
Toujours est-il qu’aux dernières législatives en date, celles de novembre 2019, les centristes ont perdu 47 députés et n’en finissent plus de perdre les élections qui se présentent, réalisant de scores très bas.
La démission d’Albert Rivera a laissé un vide et sa remplaçante, Inès Arrimadas, n’a pas réussi à le combler.
Si, aujourd’hui, le parti perd ses élus et des militants, il faut toutefois signaler que beaucoup d’entre eux étaient des transfuges du PP et du PSOE qui l’avaient rallié en espérant que celui-ci parvienne au pouvoir.
Néanmoins, les prochains mois seront sans doute, si ce n’est cruciaux, en tout cas sensibles pour savoir si Ciudadanos a encore un avenir à court-moyen terme.
Ce qui impactera forcément le Centre dans un sens ou l’autre.
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