On reproche beaucoup au gouvernement et à la majorité de beaucoup parler de Marine Le Pen.
Mais l’on devrait plutôt reprocher à la Droite et à la Gauche de s’attaquer prioritairement à Emmanuel Macron au lieu de s’en prendre à la leader du parti d’extrême-droite.
Pire, certains de leurs membres diffusent l’idée que Macron-Le Pen, c’est bonnet blanc et blanc bonnet…
La palme de la posture la plus irresponsable revenant au pathétique Jean-Christophe Lagarde qui a osé affirmer qu’il fallait écarter Macron du deuxième tour de la présidentielle parce qu’il serait la seule personnalité politique à perdre face à Le Pen (on rappelle qu’il se met dans le lot de ceux qui gagneraient puisqu’il projette de se présenter en 2022…).
Stéphane Séjourné, le député européen Renaissance et proche du président de la république a bien pointé cette manœuvre honteuse qui est de s’en prendre à ce dernier afin de prendre sa place pour le deuxième tour et être élu face au repoussoir de la candidate RN.
La Droite et la Gauche sont en train de tragiquement se tromper de débat parce que si le deuxième tour est un duel Macron-Le Pen, beaucoup de leurs électeurs risquent de ne pas aller voter.
Elles porteront alors la responsabilité de la victoire de Le Pen devant les Français et devant l’Histoire et ce ne sera malheureusement pas la première du genre.
Toujours est-il qu’il faut se demander si exposer celle-ci constamment dans les médias n’est pas contre-productif ou, au contraire, est salutaire.
D’abord, notons que toutes les chaines d’information en continu remplissent leurs cases horaires avec des membres du RN, ce qui en dit long sur leurs priorités.
On se rappelle d’un temps que les plus jeunes n’ont pas connu où nombre de journalistes avec encore une conscience et refusaient d’interviewer les membres du FN.
Ensuite, rappelons que c’est en sous-estimant Donald Trump – dont les chaines d’information en continue couvraient sa campagne sans interruption, 24 heures sur 24 – que les démocrates ont perdu la présidentielle américaine de 2016.
Dès lors, la meilleure démarche n’est-elle de s’en prendre frontalement à Marine Le Pen, à son incompétence, à ses mensonges et à son extrémisme, sachant qu’elle est un énorme danger pour la démocratie républicaine si elle remporte la présidentielle de 2022.
A l’inverse, la banaliser n’a strictement aucun résultat puisque cela ne décourage en rien son électorat traditionnel qui est, à la fois, fidèle et extrémiste, et cela décomplexe toute une frange des électeurs qui justifie alors son vote en sa faveur en prétendant qu’elle est une personnalité politique comme une autre.
En tout cas, c’est celle de LaREM qu’il convient de saluer même si elle n’est pas tout à fait innocente d’une stratégie qui est de démontrer que le meilleur rempart à une possible victoire de Le Pen, c’est bien Macron comme en 2017 avec des signaux envoyés aux électeurs de droite (avec Gérald Darmanin, notamment) et des signaux envoyés aux électeurs de gauche (avec Christophe Castaner, entre autres).
Les électeurs centristes, eux, le savent déjà.
Et elle est sans doute plus honnête que celle du MoDem beaucoup plus en retrait en ce moment à part pour quelques uns de ses membres comme Marc Fesneau ou Sarah El Hairy par exemple même s’il convient immédiatement d’ajouter qu’il n’y a jamais eu de faiblesse de la part de la formation de François Bayrou vis-à-vis du FN/RN.
Mais l’urgence étant là, à nouveau comme le montre des sondages, le temps n’est plus aux tergiversations.
Sans parler de celle de l’UDI évoquée plus haut par le biais des déclarations de son président qui continue envers et contre tout à jouer contre le Centre, c’est-à-dire à ce qu’il affirme être son camp.
Si certains, comme le Mouvement radical, ont décidé de défendre en priorité la laïcité mise en danger par l’islamisme radical, on ne peut en prendre prétexte pour faire l’impasse sur la menace de l’extrême-droite.
Se réveiller dans un an, voire entre les deux tours de la présidentielle, sera peut-être trop tard et alors, la prédiction de François Hollande comme quoi le FN/RN arrivera un jour au pouvoir, se réalisera.
L’exemple Trump devrait faire réfléchir ceux qui ont une réponse molle fasse à cette menace d’autant qu’une présidence Le Pen serait encore plus désastreuse pour la France que ne l’a été celle du populiste démagogue pour les Etats-Unis.
Le Centre qui est le principal défenseur de la démocratie républicaine et qui appuie son action et son projet politique sur des valeurs humanistes doit absolument se mobiliser contre cette éventualité et pas seulement à un an de la présidentielle.
Et c’est certainement en portant constamment le combat pour montrer ce qu’est exactement l’extrême-droite qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle du XX° siècle qui porte la responsabilité de tant d’horreurs.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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