Les premiers jours et les premières mesures prises par le nouveau président des Etats-Unis, Joe Biden, le confirme: le centrisme américain est de retour!
La preuve: sa présidence est déjà critiquée, et par la Gauche, et par la Droite!
Plus sérieusement, la volonté de s’appuyer sur la classe moyenne pour réduire les inégalités, la protection des plus faibles sans stigmatisation de ceux qui réussissent, la recherche de consensus et de compromis, la restauration de l’Etat de droit tellement affaibli par son prédécesseur, la mise en avant des valeurs humanistes, une politique étrangère où réapparait le multilatéralisme et, surtout, la défense des droits de l’humain ainsi que de la démocratie sont autant de jalons d’une politique centriste.
Bien sûr, la crise de la covid19 qui a des implications sanitaires, économiques et sociales, impose une forte réaction de la part du gouvernement fédéral et le «American rescue plan» plan de sauvetage de l’Amérique d’un montant 1900 milliards de dollars – qui vient d’être voté par la Chambre des représentants et doit maintenant être discuté au Sénat – ne respecte sans doute pas les canons centristes en matière budgétaire (tout comme le prochain plan de quatre ans sur les infrastructures qui sera de 2000 milliards de dollars).
Mais il est d’inspiration keynésienne comme le furent les plans de sauvetage mis en place en 2009 par l’administration Obama alors que l’économie du pays était, comme aujourd’hui, au bord du gouffre à cause de la crise des subprimes et du crédit à tout va – c’était la Grande récession –, plans qui ont permis de sortir l’Amérique du marasme et d’éviter une crise comme celle de 1929 sa Grande dépression.
Ici, c’est un autre des fondamentaux centristes qui est mis en œuvre, le pragmatisme, c’est-à-dire d’utiliser les outils nécessaires pour réparer les dysfonctionnements sans se demander si l’on respecte ou non une orthodoxie idéologique.
De même, certaines mesures qui visent plus spécifiquement à lutter contre les ravages sanitaires du coronavirus peuvent être plus intrusives que la manière dont un pouvoir centriste agi en temps normal.
Les décisions de Joe Biden ressemblent à celles que tous les gouvernements centristes ont prises à travers le monde que ce soit, par exemple, en France ou au Canada pour protéger les populations et sauver la machine productive.
Toutefois, ce plan quel que soit son ampleur tente de rester dans une sorte de juste équilibre global ce qui, évidemment ne fait pas plaisir à la Droite et à la Gauche.
Comme on pouvait s’en douter, les républicains ont rué dans les brancards pour le critiquer et ne le voteront pas sauf exception tout autant par idéologie (ils sont arcboutés sur les théories de l’offre, c’est-à-dire d’aider les entreprises en baissant les charges et les réglementations) que pour des raisons bassement politiciennes ainsi que par leur dépendance à Donald Trump qui va jouer la politique du pire puisqu’il projette de se représenter en 2024…
De leurs côtés les libéraux de gauche et les quelques socialistes du Parti démocrate ont déjà attaqué la politique globale de Biden en la trouvant trop timorée et demandent des mesures sociales plus fortes et des dépenses publiques plus élevées ainsi qu’une politique fiscale moins favorable aux plus riches même si ceux-ci vont payer plus d’impôts comme l’a promis le président pendant sa campagne.
Si, pour l’instant, le nouveau président bénéficie d’une marge soutien de la population comme le montre les sondages (près de 70% des Américains sont en faveur de son plan de relance), il est évident que cette double opposition bien connue des pouvoirs centristes (ce fut le cas pour Obama en son temps et ça l’est pour Macron en France) deviendra sans doute plus virulente et pourrait bien bloquer l’action de son gouvernement.
Mais il ne semble pas, qu’au-delà d’une certaine limite pour rassembler le plus de monde autour de ses projets, Joe Biden soit enclin à céder aux diktats des uns et des autres en sacrifiant sa gouvernance centriste.
D’autant qu’elle lui semble capitale et essentielle pour ce qui est un de ses principaux objectifs, si ce n’est le principal, réconcilier la société américaine si divisée depuis la président de Ronald Reagan dans les années 1980 et dont les antagonismes ont pris une dimension critique avec la présidence de Trump.
Ici, il ne s’agit pas de sauver l’économie américaine mais les Etats-Unis tout court!
Jusqu’à présent il parvient à maintenir un climat apaisé en ce sens mais cela ne fait qu’un peu plus d’un mois qu’il est à la Maison blanche…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommerry
Directeur des études du CREC
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