Dans cette rubrique, nous
publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas
nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat
et de faire progresser la pensée
centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen,
défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Les Etats-Unis, le monde libre et même toute la planète ont-ils besoin, après l’effroyable passage au pouvoir de Trump, d’un président américain «normal» ou d’un leader charismatique et disruptif pour une époque d’exception?
Faut-il que les Etats-Unis retrouvent une stabilité ordinaire et triviale, pansent leurs plaies, s’attaquent aux défis issus de l’incompétence et la corruption de l’hôte de la Maison blanche pendant ces quatre dernières années mais aussi de la pandémie de la covid19 ou bien doivent-ils porter un projet audacieux et novateur, voire révolutionnaire?
Dans l’absolu, ils auraient besoin des deux!
Mais si cela n’est pas impossible dans la durée et même recommandable, il faut malgré tout hiérarchiser les priorités.
Avant d’emballer la machine et la booster pour des objectifs ambitieux, encore faut-il la remettre en marche.
Avant de s’attaquer aux lézardes gigantesques de l’édifice étasunien atteint dans ses fondations profondes, il faut d’abord le sécuriser en posant les échafaudages et en renforçant la structure.
Et si la normalité semble une meilleure solution pour démarrer, il faut que celle-ci s’accompagne d’un courage et d’une volonté sans failles.
Il faut que celui qui l’incarne soit solide, sérieux, déterminé, honnête et rationnel, entre autres qualités.
Il faut qu’il inspire confiance.
Il faut une présidence consensuelle et, en même temps, intransigeante sur les valeurs humanistes.
La normalité et la simplicité que semble porter Joe Biden pour ces temps extraordinaires ne sont pas faiblesse mais bien le socle sur lequel la réconciliation du pays pourra débuter et elle sera longue à réaliser.
Elle est même la meilleure solution.
Les grands présidents américains en temps de crise aigüe, Abraham Lincoln et Franklin Roosevelt, ont, c’est vrai, été des personnalités clivantes pendant leurs mandats respectifs, ce qui leur a sans doute permis de dégager par leur volontarisme, une énergie alors nécessaire.
Mais l’on se rappelle aussi d’eux pour leur inlassable volonté de réunir et d’entrainer le peuple américain derrière leur action, tout autant que pour leurs victoires sur une guerre civile et une guerre mondiale.
Biden n’est pas face à ces deux tragédies et si la désunion est bien réelle et angoissante, elle peut encore être guérie par une présidence ordinaire qui redonne confiance à une majorité d’Américains dans leurs institutions et leur gouvernement, qui permette de retrouver les valeurs basiques du vivre bien ensemble.
De même pour les crises sanitaires, économiques et sociales qui demandent d’abord des décisions d’urgence et de bon sens refusées par Trump mais pas une révolution.
Bien entendu, le nouveau président qui prend ses fonctions demain 20 janvier peut aussi se révéler comme un leader éminent ainsi que remarquable qui marquera le monde et l’on ne peut que le souhaiter pour celui-ci et celui-là tellement la tâche est immense, prométhéenne.
Cependant, le crucial, le vital même, c’est, là, tout de suite, d’empêcher qu’un trou géant engloutisse la maison Amérique avant même de réaménager son intérieur puis de construire de nouveaux étages.
Et pour cela, il faut d’abord de la normalité.
Et que l’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas le plus facile.
Alexandre Vatimbella & Aris de Hesselin
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