Jean-Christophe Lagarde |
Les quotidiens L’Opinion et Le Figaro estiment que le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde est en train de mettre sur pied sa candidature à l’Elysée pour 2022, ce qui serait normal si l’on considère son ambition personnelle mais ne manque pas d’interpeler si l’on considère sa popularité et ce qu’est l’UDI.
Toujours est-il qu’il a expliqué à L’Opinion:
«Je suis le seul à avoir les idées, le parti, l'argent, les élus locaux, les signatures et je ne vois pas l'intérêt d'aller suivre quelqu'un. Je ne vois aucune bonne raison de ne pas être candidat».
Voilà qui est un retournement complet de ce qui s’était passé en 2017 où il aurait pu faire la même constatation et où il ne s’est pas présenté –malgré quelques velléités vite disparues – de peur de se prendre une veste et parce que les membres de l’UDI étaient peu chaud de le voir concourir alors qu’il n’avait aucune chance de réaliser un score décent.
C’est également un retournement face à la dénonciation de l’obsession de la présidentielle qu’il faisait récemment dans Le Figaro où il affirmait qu'il était «très déraisonnable de parler à tour de bras de la présidentielle... à deux ans de l'échéance. Arrêtons avec cette maladie française. C'est absurde et paralysant parce que six mois suffisent pour choisir un président. L'important c'est surtout de travailler à un projet».
Bien sûr, on s’est habitué avec le président de l’UDI à ce qu’il dise tout et son contraire, une posture qu’il utilise de plus en plus en même temps qu’il dérive lentement mais sûrement vers la Droite.
L’important pour lui est d’exister alors même que les médias ne lui donnent que rarement l’occasion de s’exprimer.
Faire de l’esbroufe fait partie de cette stratégie.
Pour appuyer sa candidature, il devrait publier un ouvrage-programme intitulé «Phosphore».
En outre, il ne prévoit pas, en l’état, de participer à une primaire de la Droite alors que l’on se rappelle qu’en 2017 l’UDI s’était engagée officiellement derrière le candidat de LR, François Fillon et que le parti de centre-droit se considère comme l’«allié naturel» de celui-ci et même membre de la «majorité sénatoriale» à ses côtés.
Cette volonté de se présenter de Lagarde rappelle évidemment ses railleries et celle de ses amis lorsqu’Hervé Morin avait annoncé sa candidature à l’Elysée en 2012, ce qui avait abouti à l’implosion du Nouveau centre dont Lagarde était alors membre et numéro deux derrière Morin même si les deux hommes éprouvaient déjà une inimitié forte l’un vis-à-vis de l’autre.
En effet, Morin présidait un parti qui, comme l’UDI, était petit et confidentiel, n’existant que par des accords aux législatives avec la Droite, avec des sondages qui le créditait entre 0% et 2% des voix.
Devant une Berezina qui se profilait, il n’aurait même pas pu avoir les parrainages nécessaires pour se présenter, Morin jeta l’éponge à la grande joie de Lagarde.
Mais si l’on parle de sa candidature, c’est qu’elle avait les mêmes caractéristiques que celle de Lagarde aujourd’hui: exister quoi qu’il en coûte en tant que personnalité politique et donner coûte que coûte de la visibilité à la formation que l’on dirige avec une sorte d’hubris qui confine à l’inconscience de ce que l’on est vraiment et de ce que représente son parti.
L’UDI est une formation qui a ainsi toujours refusé l’obstacle de la présidentielle depuis sa formation (en 2012 avec Borloo et en 2017 avec Lagarde) et qui ne s’est présentée sous ses uniques couleurs qu’en 2019 pour les européennes.
Et là elle a pu voir ce qu’elle représentait vraiment: 2,5% des voix…
Ce qui ne lui a pas permis, en plus, d’avoir des députés.
Et encore les européennes sont certainement l’élection la plus favorable pour les formations qui se situent au centre de l’échiquier politique, c’est dire l’échec de cette première tentative.
Du coup on peut se demander si la seconde a une chance d’être autre chose qu’une candidature de témoignage et si elle procède en même temps d’une volonté d’exister à tout prix mêlée à une ambition mégalomaniaque.
En réalité, tout simplement, elle n’est peut-être qu’un moyen pour négocier du mieux possible son ralliement à LR et à son candidat quel qu’il soit, avec circonscriptions pour les législatives qui suivront et postes gouvernementaux à la clé.
Dans cette dernière option, on en revient en définitive à la seule manière qu’à eu l’UDI –hormis les européennes précités – de fonctionner depuis sa création lors de tous les scrutins.
Car elle n’est en fait qu’une formation d’appoint ainsi qu’un cartel électoral et sans doute le demeurera pendant toute son existence.
Quant à la présidentielle, on peut dire avec une certaine assurance que peu de Français voient en Jean-Christophe Lagarde une personne capable d’être le chef du pays.
Reste que si cette candidature se concrétise, on pourra saluer malgré tout le courage finalement trouvé de l’UDI et de son président de se confronter enfin à l’élection la plus importante du paysage politique français.
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