Emmanuel Macron |
Lors d’une intervention dans le cadre du Forum de Davos, Emmanuel Macron a donné sa vision du monde de l’après-covid19.
Selon le Président de la république, il sera humaniste ou ne sera pas.
L’économie mondiale devra ainsi mettre en avant cette dimension de manière prégnante afin de construire un monde compatible avec l’humain et les énormes défis qui se présentent à l’Humanité tant en matière sanitaire qu’environnementale ou sociale.
Emmanuel Macron a conclu son intervention en affirmant qu’il ne fallait jamais oublier «que notre objectif est toujours en société de construire la vie bonne, avec les vertus qui vont avec et la volonté de respecter l’autre».
► Voici l’intervention d’Emmanuel Macron:
- Je voudrais faire le lien entre le monde d’aujourd’hui et
le monde d’après. D’abord parce que dans tous nos pays, les sociétés se
transforment avec l’expérience qu’on est en train de vivre. Et je crois qu’on a
quelques leçons à retenir de ce qu’on vit tous ensemble depuis un peu plus d’un
an, et qui va encore durer, on le sait, pendant des mois, certains nous disent,
des années. Avec en tout cas une présence plus ou moins forte de ce
virus.
Je crois que la première chose que ça nous a enseigné, c’est qu’on ne peut pas
penser l’économie sans l’humain. Alors, ça paraît être une banalité de dire ça,
mais enfin, nous avons fait, dans tous nos pays, quelque chose qui était
considéré comme impensable, c’est-à-dire qu’on a arrêté toutes les activités
économiques pour protéger des vies. Première leçon. Et on s’est rappelé que l’économie,
c’était une science morale et donc que la vie des hommes primait sur les
échanges et les chiffres.
La deuxième chose, c’est que cette période nous rappelle notre vulnérabilité, à
titre personnel, si je puis dire (j’en ai fait les frais en l’attrapant), mais
comme organisation, entreprise, société, pays. Et la vulnérabilité, ça veut
dire qu’on ne peut pas penser nos organisations de notre économie sans
l’intégrer. Et c’était au fond une idée qui nous paraissait - certains avaient
plus conscience que d’autres sur ce sujet - mais qui nous paraissait parfois
lointaine quand on parlait de l’écologie et du climat. Mais c’est la même
notion. C’est de dire : ce qui se passe autour de nous a un impact sur notre
quotidien et peut, en quelque sorte, briser les chaînes, changer nos
vies.
Une fois que j’ai dit ça, ça veut dire qu’on ne peut rien reconstruire, à mes
yeux, dans le monde d’après-Covid19, qui ne tire les leçons de ces deux
éléments fondamentaux. L’économie est redevenue une science morale, et rien
n’est au-dessus de la valeur humaine ; et nos sociétés sont vulnérables parce
que la nature nous le rappelle et elles sont vulnérables face à des événements
pandémiques, climatiques et autres.
Et donc, l’économie de demain, forte de ces enseignements, mais de ce qu’on
savait aussi avant, parce qu’il y a aussi, on parle beaucoup des variants dans
cette période, il y a aussi des invariants, eh bien, l’économie de demain,
c’est à mes yeux, une économie qui va devoir penser à la fois l’innovation, la
vulnérabilité et l’humanité, et donc qui va devoir construire une autre
compétitivité compatible et même aidant à la résolution des problèmes
climatiques : réduction du CO2, adaptation de nos sociétés parce qu’on en a
déjà les conséquences, agenda biodiversité. Ça veut dire une économie qui devra
être plus résiliente aux chocs et donc intégrer dans ses modes de protection
des individus, dans ses organisations des éléments de résistance, soit dans ses
chaînes de production, soit dans ses organisations logistiques très fines des
éléments de résilience -on pourra y revenir si vous le souhaitez- et une
économie qui prenne en compte ce principe d’humanité, qu’il s’agit d’ailleurs
du sanitaire ou des inégalités sociales. Et on avait ce problème, on en avait
parlé ensemble il y a un an. Et je crois qu’on ne sortira pas de la Covid19
avec une économie, je dirais, qu’on sortira plutôt de la Covid19 avec une
économie qui aura encore plus en son cœur la problématique de la lutte contre
les inégalités. Voilà les quelques convictions rapidement brossées.
- Je me retrouve dans la formule du stakeholder capitalism
[capitalisme des parties prenantes développé par Klaus Schwab créateur du forum
de Davos], mais au fond, ce qui est vrai, c'est quand on regarde l'évolution
des dernières décennies, nous avons un capitalisme qui, d'abord, capitalisme et
économie de marché ont des vraies réussites dans cette dernière décennie, parce
qu'il ne faut pas caricaturer les choses. Elle a permis l'ouverture des
économies. Le commerce mondial, le capitalisme ont permis de sortir de la
pauvreté des centaines de millions de personnes. Donc ça, ça a eu un intérêt.
Ça a permis de procéder à beaucoup d'innovations, ça a permis de répondre à des
demandes du citoyen consommateur de nos économies de manière extraordinaire,
avec de l'accès aux biens et à des services comme rarement dans l'humanité,
nous y avons eu accès. Donc ça, c'est le formidable succès des dernières
décennies. Il y a une façon à tout cela. C'est que tout cela est allé avec, un,
évidemment, de la création d'inégalités dans nos sociétés ; c'est-à-dire que
l'ouverture et la théorie des avantages comparatifs a permis de sortir de la
pauvreté à l'autre bout du monde des gens et d'autres concitoyens pour accéder
à la production, mais à la sortie de la production et donc de l'activité, de
l'utilité sociale, d'un rôle réel et d'un accès aux salaires, beaucoup de nos
concitoyens qui ont eu à souffrir des crises de délocalisation que toutes les
économies développées ont eu à vivre. Et c'était un choc à la fois économique
et social pour des centaines de millions dans le monde, dans mon pays des
centaines de milliers, voire des millions de personnes qui ont eu ce sentiment
de perte d'utilité, qui ont perdu leurs emplois avec une vraie crise économique
et morale. Et en quelque sorte ce problème, il a été externalisé par le
capitalisme des dernières décennies.
Le deuxième sujet, c'est la déconnexion entre la création de valeur et les
profits. Il y a une financiarisation de ce capitalisme. La financiarisation,
c’est une très bonne chose quand elle permet d'aller plus vite, quand elle
permet de procéder à la bonne allocation de l'épargne vers les besoins de
financement. C'est une mauvaise chose quand elle sur-alloue en quelque sorte de
la rémunération, alors qu'il y a peu de prise de risque et donc qu'elle permet
des enrichissements qui ne sont pas liés ni à un travail ni à un phénomène
d'innovation. Et c'est ce qui s'est passé. Donc, il y a eu une espèce
d'emballement qui a accru ce premier phénomène d'inégalité. On a revu dans
toutes nos sociétés une inégalité croissante en leur sein.
Troisième phénomène, avec l'accélération des réseaux sociaux, elle a mondialisé
l'imaginaire en créant aussi une insoutenabilité, si je puis dire, des systèmes
de comparaison, je dirais ce terme, de plus en plus difficiles.
Quatrième problème, elle a totalement externalisé le problème climatique
pendant des décennies, c'est-à-dire qu’on a créé une logistique mondiale, des
échanges mondiaux. On a dit au fond, il y a deux rois dans ce système : le
consommateur et l'actionnaire, et le système a très bien produit pour le
consommateur et l'actionnaire, mais il a ajusté sur le travailleur et sur le
reste de la planète. Et en quelque sorte, on a créé des externalités négatives,
comme on dit pudiquement, en termes climatiques.
Ces quatre phénomènes ont alimenté la crise des inégalités sociales, la crise
de la démocratie et la crise climatique. Et donc, le modèle capitaliste marié à
l’économie de marché ouverte, il ne peut plus fonctionner dans cet
environnement. Pourquoi ? Parce qu’il a été le fruit historiquement d’un
compromis qui était des sociétés démocratiques, l'individu libre, des libertés
individuelles, le progrès des classes moyennes qui ont créé la soutenabilité
dans chacune de nos sociétés. Et il est en quelque sorte complètement percuté,
cet équilibre, ce consensus qu'il y avait, par ces 4 accélérations. Et donc,
moi, je crois très profondément dans le Stakeholder Capitalism, entre autres,
c'est-à-dire dans l'idée de dire qu'on doit remettre au cœur du modèle la
réponse à ces problématiques.
On a au fond, durant les dernières années, essayé d'y répondre par une réponse
des États. L'État seul ne peut pas le faire parce que sinon on a un problème,
c'est que l'État est le seul à corriger des externalités négatives. Et donc, il
s'endette de plus en plus pour payer tout seul la réponse aux problèmes
climatiques, pour payer tout seul la réponse aux inégalités. Et vous avez en
quelque sorte un modèle où la dette publique devient trop importante et/ou
c'est le contribuable qui vient payer pour toutes ces crises. Le contribuable
est en quelque sorte le sédentaire de ce modèle et celui qui ne peut pas non
plus en tirer tous les bénéfices. C'est pourquoi ma conviction, c'est que le modèle
capitaliste, parce que je crois malgré tout que nous construirons l'avenir de
l'humanité en gardant quelques fondamentaux : la propriété privée, la
coopération, les libertés individuelles et collectives qui ont fait nos
sociétés. Et donc, que tout ça doit simplement conduire à repenser nos
organisations pour réintégrer au cœur de l'entreprise. Eh bien, la prise en
compte des inégalités sociales dans nos pays, des inégalités entre les
différents espaces géographiques, des conséquences climatiques que nous vivons,
entre autres.
Et au fond, ce qu'on a ces dernières années appelé la responsabilité
économique, environnementale, sociale de nos entreprises, l'approche par
l'impact de nos entreprises, ce sont des innovations qu'il nous faut maintenant
pousser beaucoup plus loin et nous devons réformer nos entreprises en leur sein
pour qu'en leur cœur, pour que, en quelque sorte, l'ensemble des parties
prenantes, donc stakeholders, les employés, les dirigeants, les actionnaires
intègrent dans leurs comportements, mais aussi dans ce qu'on mesure, eh bien,
l'impact de leurs actions en termes économiques, sociales, environnementales et
démocratiques.
- Je pense plusieurs choses sur ce sujet [de l’écologie].
D'abord, on a une question de mise en œuvre, on a discuté et on s'est mis
d'accord sur beaucoup de choses : un agenda climatique, l'agenda de Paris. Et
aujourd'hui, nous ne sommes pas au rendez-vous tous ensemble, exactement de nos
actes. Et donc, je pense que la priorité des priorités, c'est de manière
coordonnée, de tout faire pour tenir nos engagements. Je dis de manière
coordonnée parce qu'en quelque sorte, le passager clandestin peut détruire tout
le système. Tout cela ne marche que si on avance ensemble au même rythme pour
ne pas créer des biais de compétitivité. Et c'est en cela que les dernières
années ont été capitales au moment où les États-Unis d'Amérique avaient décidé
de quitter l'accord de Paris, à l'été 2017, il y avait un grand risque. Et moi,
je regarde quand même les années qui viennent de s'écouler comme des années de
résistance formidable où le château de cartes ne s’est pas effondré parce qu’on
a tous ensemble tenu, on a créé cette initiative du One Planet Summit le 12
décembre 2017 avec ces coalitions. Tous ensemble on a tenu, Européens, avec
beaucoup de pays émergents, développés, avec la Chine il faut bien le dire
aussi qui a coopéré très fortement et avec le secteur privé et les États
fédérés américains. Et là on a une administration américaine dont le premier
geste est de revenir dans les accords de Paris.
Donc, moi, mon premier objectif, c’est qu’on tienne ces accords de Paris ;
rehaussement de nos objectifs 2030, nous l’avons fait en européen en décembre
dernier avec la réduction d’émissions comme on l’a dit, -55%, ce qui est un
objectif très important. Deuxième point, neutralité carbone 2050. Ce sont les
deux points de passage absolument décisifs pour, dans les prochaines années,
structurer nos comportements. Derrière, il faut qu'au niveau régional et
national, on décline ces stratégies et c'est là le plus dur, c'est-à-dire avoir
un prix carbone suffisamment élevé, des mécanismes qui incitent nos entreprises
et nos investisseurs à aller plus vite dans la direction, des mécanismes
d'accompagnement et de sanction pour que les entreprises et les ménages
puissent aller plus vite et plus fort, qu'on renouvelle plus rapidement notre
parc automobile, qu'on change plus vite la rénovation de nos bâtiments, etc.
etc. Donc ça, c'est le premier pilier, il est essentiel.
Le deuxième pilier, il est d'embarquer véritablement tout le secteur financier
et toutes les entreprises et ça rejoint la discussion qu'on avait juste avant.
On a des coalitions très importantes à cet égard, et moi je crois beaucoup à
l'initiative qu'on a mise en place avec le One Planet Summit, des sovereign
wealth funds, asset managers et private equity. Et on l’a réuni le 12 décembre
dernier en mode virtuel. Et maintenant, on a réussi à généraliser, en effet,
une même nomenclature. Tout le monde s'est engagé avec la task force for
Climate-related financial disclosure, TCFD, qui est une vraie avancée à cet
égard. On a une même méthodologie et on avance. Donc les investisseurs se sont
engagés sur une méthodologie de mesure qui correspond exactement à ce que vous
venez de dire et qui, maintenant, est en train de se décliner sur les
entreprises. Et par exemple, on a obtenu en décembre dernier, le 12 décembre
dernier, que les 40 entreprises du CAC 40 français intègrent cette
méthodologie. Ce qui veut dire qu'elles vont devoir reporter à leurs
actionnaires, aux marchés, le fait qu'elles sont justement elles-mêmes
conformes à ses engagements et qu'elles font des efforts.
Troisième pilier de notre action, c'est qu'on fasse la même chose sur la
biodiversité. Moi je crois beaucoup qu'on ne tiendra l'engagement climatique
que si on arrive à engager nos entreprises, nos investisseurs, nos pays sur un
agenda biodiversité. C'est tout le sens d'ailleurs de ce qu'on a fait avec One
Health, qui est de rassembler notre sujet santé humaine, biodiversité, lutte
contre le réchauffement climatique et contre la désertification. Mais je crois
véritablement qu'on n’est encore qu'au début sur le climat, sur la biodiversité.
Et c'est très important parce que c'est des changements de production dans
notre agriculture, c’est des changements de notre mode de consommation, de
notre mode de vie. Et donc là, nous avons à bâtir cette année les règles
communes. Et donc quand vous dites qu'est-ce que l'on doit réussir à négocier
de plus ? Eh bien moi, je pense qu'à la COP de Kunming, on doit réussir à
négocier l'équivalent de l'accord de Paris pour la biodiversité. Nous avons
réuni, il y a quelques jours à Paris et en mode virtuel, un One Planet Summit
biodiversité, c'était le premier du genre. On a pris plusieurs initiatives très
fortes : la Grande Muraille verte, justement, pour dans 11 pays du Sahel et de
la Corne de l'Afrique, réussir à lutter contre la désertification ; beaucoup
d'initiatives en matière de biodiversité. Et on a lancé une initiative, là
aussi, de disclosure en matière financière pour intégrer la biodiversité dans
ces critères, avec un rendez-vous qui se tiendra cet été. Et donc, ça, c'est le
point clé. Voilà les trois piliers.
- Je vais vous dire, tout ce qu'on est en train de se dire converge pour moi vers trois éléments. Le premier, on doit bâtir un nouveau consensus. Le 11 novembre dernier, lors du Forum de Paris pour la paix, on a essayé de réunir des chefs d'Etat et de gouvernement, des ONG, des organisations internationales, des intellectuels pour essayer de réfléchir à ce qu'on a appelé très immodestement le consensus de Paris. C'est le consensus de partout, qu'importe, mais de se dire plusieurs décennies après le consensus de Washington, il nous faut bâtir un nouveau consensus dont les règles ne sont pas la réduction de l'État, la baisse du secteur public et la création de valeur uniquement pour justement l'actionnaire. Et donc on doit bâtir, et c'est exactement la discussion qu'on a depuis tout à l'heure ensemble, un nouveau consensus qui intègre tout cela et qu'il remet au cœur du modèle. Deuxième point, il faut trouver un nouveau mode de coopération entre les États, c'est-à-dire retrouver un multilatéralisme efficace. C'est ce à quoi je crois depuis des années. Il était bloqué, en effet, par une administration américaine qui n'y croyait pas. Je nourris beaucoup d'espoirs en ce début d'année avec un partenaire américain, je l’espère, qui va se réengager, et donc nous devons construire un multilatéralisme efficace qui permettra de répondre et de mettre en œuvre ce nouveau consensus. Et puis, troisième chose, on a besoin de bâtir ces nouvelles coalitions, celles-là même qu'on a essayé de construire dans le cadre des One Planet Summit. C'est-à-dire qu’au fond, pour répondre à ces défis, le « new normal » est une interaction, c'est-à-dire la coopération, mais au concret entre les États, les ONG, les entreprises, les investisseurs. C'est-à-dire que ce « new normal » dont on parle, la mise en scène du consensus, ce n'est pas qu'un multilatéralisme intergouvernemental, ce sont des coalitions d'acteurs hétérogènes qui se donnent les mêmes objectifs pour avoir des résultats.
[Impact de la puissance de l'écosystème numérique] Je pense
qu'il y en a plusieurs. Le premier, c'est que nous sommes en effet en train de
multiplier les révolutions, quand on parle de numérique. Il y a plusieurs
révolutions en une. Nous sommes au début de plusieurs révolutions
technologiques qui nous font complètement changer de dimension. On a la
révolution de l'intelligence artificielle, qui va totalement changer la
productivité et même aller au-delà du pensable dans énormément de verticaux, de
l'industrie à la santé en passant à l'espace. À côté de la révolution de
l'intelligence artificielle, il y en a une deuxième qui, pour moi, est
totalement fondamentale, qui est celle du quantique, qui va là aussi, par la
puissance de calcul et la capacité d'innovation, profondément changer notre
industrie, en changeant l'industrie des capteurs et donc ce qu'on peut faire
dans l'aéronautique, ce qu'on peut faire dans le civil, changer totalement la
réalité du cyber, par exemple ; et notre puissance de calcul, ce qui veut dire
aussi la capacité qu'on a à résoudre des problèmes. Je prends l'épidémie que
nous sommes en train de vivre, l'intelligence artificielle et le quantique sont
des instruments de gestion, de transformation de gestion de l'épidémie.
C'est-à-dire que vous pourrez régler des problèmes qui aujourd'hui prennent des
semaines, en un jour. Vous pourrez régler des problèmes de diagnostic,
peut-être en quelques secondes, grâce au croisement de l'imagerie médicale et
de l'intelligence artificielle. Et donc dans la grande famille de ce qu'on
appelle le numérique, on a en fait une convergence entre des innovations,
celles du numérique, qui est au fond, quand on appelle ça génériquement, des
réseaux sociaux et d'une hyper connectivité avec celle de l'intelligence
artificielle et des technologies quantiques.
Le mariage de tout ça fait que nous allons rentrer dans une ère d’accélération
de l’innovation, de rupture très profonde d’innovation et donc de capacités à
commoditiser certaines industries et créer de la valeur très vite. Par rapport
à ce que j’ai dit, qu’est-ce que cela a comme impact ? Un, on va continuer à
innover et à accélérer. C’est sûr. Deux, il y aura des impacts en termes
d’ajustement sociaux et il nous faut les penser dès maintenant. C’est-à-dire
que le sujet des inégalités sociales va être encore plus prégnant dans un monde
comme celui que je viens d’évoquer parce que nous aurons des impacts, des
ajustements qui seront réels et qui sont à penser dès maintenant. Trois, tout
cela a des impacts en termes démocratiques qui sont massifs. Et donc si vous
voulez, pour moi, ces innovations vont être des accélérateurs de nos problèmes
sur le plan social et démocratique. L’expérience américaine des dernières
semaines l’a montré sur le plan démocratique, si besoin était. Quatre, la bonne
nouvelle c’est que je pense que sur la résilience de nos systèmes et la réponse
à la crise climatique, on a sans doute sous-estimé l’apport de l’innovation et
je pense aussi que toutes ces technologies vont nous permettre, beaucoup plus
vite, de répondre aux défis climatiques.
Et donc si je regarde, que je prends deux pas de recul par rapport à tout ce
qu’on est en train de se dire, je pense que nos économies vont devoir de plus
en plus investir dans ces innovations et il faut y aller à fond. Je pense que
si on s’y prend bien et qu’on coopère entre nous, ces innovations vont nous
permettre de créer de la valeur, de répondre aux défis économiques. Elles vont
nous permettre, je l’espère, je le crois possible, de répondre plus vite aux
défis climatiques. Et c’est aussi pour ça que moi je crois à ce que j’appelle
l’économie du mieux, la réponse climatique par l’innovation plutôt que par
l’arrêt des activités. Mais elles vont nous poser des problèmes sur lesquels
nous n’avons pas assez réfléchi en termes démocratiques, en termes de libertés
publiques et d’augmentation des inégalités sociales dans nos différentes
nations.
- N’oublions jamais que notre objectif est toujours en société de construire la vie bonne, avec les vertus qui vont avec et la volonté de respecter l’autre. Et je pense que c’est au service de cet objectif qu’on doit mettre chacune de nos actions.
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