Vu de l’extérieur, les Etatsuniens ressemblent à un peuple
de crétins qui a élu un immonde bonhomme égotiste aux capacités intellectuelles
limitées, qui est en train de conduire son pays à la catastrophe sanitaire avec
sa gestion déplorable de l’épidémie de covid19 et dont les propos populistes et
haineux détruisent petit à petit tout l’édifice démocratique du pays bâti
depuis les Pères fondateurs lors de son indépendance.
Mais si la question est malheureusement légitime au vu de la
situation qui prévaut depuis quatre ans et qui risque de perdurer encore quatre
ans de plus (même si les sondages en cette dernière semaine de campagne
présidentielle disent le contraire), la réponse nous implique nous tous les
peuples du monde entier.
Oui, le système électoral des Etats-Unis (et non le peuple
puisque Donald Trump a perdu en voix l’élection de 2016) a permis qu’un imbécile
démagogue admirateur des autocrates et dictateurs parvienne au pouvoir.
Mais s’il a pu s’y maintenir c’est grâce à des politiciens
dont certains sont plus que véreux ainsi qu’avec le soutien d’une partie de la
population.
Justement, cette dernière semble prête à avaler les
mensonges (qui se comptent en dizaines de milliers) et les bêtises proférées par
Trump, à accepter sa vulgarité et ses insultes constantes contre tout et tout
le monde et à ne pas s’inquiéter de son absolue incompétence à diriger la
première puissance mondiale.
Sans oublier sa corruption, le pardon qu’il accorde à tous
ses amis condamnés par la justice et l’inconstitutionnalité de nombre de ses
décisions et actions.
Dans les sondages précités, un peu plus de 40% des électeurs
se déclarent en sa faveur alors qu’ils ont devant les yeux le résultat de sa
présidence.
Dès lors, au-delà de ce système électoral vicié, Trump est ainsi
à la fois un phénomène ad hoc, la résultante d’une politique radicale menée par
les républicains pendant trente ans (depuis l’élection de Ronald Reagan en 1980
même si on peut remonter plus haut avec celle de Richard Nixon en 1968) et par
une société américaine gangrénée par des visions complotistes et nourries aux fake
news.
Ce qui fait qu’il n’est sans doute pas un phénomène
strictement américains et qu’il pourrait se répliquer dans n’importe quel pays
et, surtout, dans n’importe quelle démocratie.
En Hongrie, le premier ministre Viktor Orban ressemble beaucoup
à Trump, tout comme Jaïr Bolsonaro au Brésil.
En Grande Bretagne, Boris Johnson, lui, a emprunté nombre de
agissements pour parvenir au pouvoir après avoir fait voter le Bexit lors d’un
référendum qui a rappelé par bien des aspects la marée boueuse de la campagne
de l’Américain en 2016.
Et, ici, pas de collège électoral pour transformer une défaite
populaire en victoire.
Quant à Marine Le Pen (qui, après son père, fut au second
tour de la présidentielle) en France et Matteo Salvini (qui fut membre du
gouvernement) en Italie, ils sont des admirateurs du bonhomme et rêvent de le
copier s’ils parviennent au pouvoir.
Et n’oublions pas qu’à travers l’Histoire, nombre d’autocrates
et de dictateurs sont parvenus au pouvoir par le suffrage populaire: Napoléon
III, Mussolini, Hitler, Péron, Poutine, Chavez, Duterte, Erdogan, liste loin
d’être limitative…
Et si l’on veut se rendre compte ce qui pourrait résulter de
ses quatre années de plus à la Maison blanche, il suffit de tourner son regard
vers la Turquie d’Erdogan.
Du coup, si les Américains sont des crétins, ils ne sont manifestement
pas les seuls, loin de là…
Si l’on ôte les particularités de la société étasunienne, alors
nous sommes, nous les citoyens des démocraties républicaines, sous la menace
d’un tel personnage.
Une éventualité qui doit nous interroger et nous obliger,
tout en défendant les valeurs démocratiques et humanistes, à nous mobiliser
pour continuer à construire l’édifice de liberté, d’égalité et de fraternité
tout en réparant toutes ses fissures qui le menace et dont savent si bien jouer
les populistes démagogues pour séduire une partie de la population.
Le 3 novembre prochain, ces crétins d’Américains nous
montreront à nous, crétins de Français et d’Européens, s’il y a possibilité de
ne pas tomber dans un état de bêtise encore plus grand ou si la faille créée par
Trump dans le régime démocratique n’est pas en train de devenir un précipice où
tout le monde libre pourrait être englouti.
Quoi qu’il en soit, s’il n’est pas réélu, son élection et sa
présidence ne pourront pas être considérées comme des accidents politiques mais
bien comme la preuve que la démocratie républicaine, ce si beau pari sur l'humain et processus en continuelle
évolution, est encore loin de sa maturité et que ses défenseurs ont encore beaucoup
de pain sur la planche.
Centristement votre.
Le Centriste