Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces
points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée
centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.
Voilà les indignés que notre époque mérite, sans doute.
Il est pathétique de les voir se contredire et trouver un moyen de critiquer le gouvernement parce que, le pire est évidement que, si ce dernier n’avait pas agi, ils lui seraient tombés dessus de la même manière…
Sans parler de ceux qui depuis le début, rebelles de pacotille, s’exhibent en défenseurs de la liberté (sic!) pour refuser toute contrainte pour éviter des morts, non pas comme un défi à la grande faucheuse mais tout simplement parce qu’ils font partie des populations qui ne sont pas à risques.
On a le courage que l’on peut!
Plus profondément, s’il y en a qui sont prêts à sacrifier les vieux et les faibles pour sauver l’économie, qu’ils le disent.
S’il y en a qui préfèrent aller s’enivrer dans les bars plutôt que de penser à la santé de leurs proches et de leurs voisins, qu’ils s’expriment clairement et non pas en cachant leur égoïsme et leur irrespect de l’autre par des envolées lyriques sur le sens de la vie.
Parce qu’il est une chose qu’ils veulent passer absolument sous silence pour apaiser ce qu’ils ont de conscience: les comportements que l’on doit adopter le sont pour sauver les autres et non pas soi-même le plus souvent puisqu’une énorme majorité de la population même si elle a la covid19 n’en souffrira que peu ou pas du tout.
Donc, c’est bien pour prendre soin des autres, ceux qui peuvent en mourir, qu’on leur demande de faire un effort, parfois très important pour certaines professions (dont on rappelle tout de même que le plan de relance prévoit de les indemniser et/ou de les aider).
Nous sommes donc bien dans une question existentielle, une vraie question philosophique.
Doit-on, en tant que communauté, protéger les plus vulnérables ou doit-on les sacrifier au nom d’intérêts qui seraient alors plus importants que des vies humaines.
Cette question ne date pas de l’épidémie mais traverse l’Histoire et le vécu de l’espèce humaine.
Dans certaines communautés, on laissait mourir les «vieux» qui n’avaient plus d’utilité sociale, voire qui étaient un poids pour la collectivité, ou on leur demandait de s’en aller pour mourir ailleurs parce qu’ils étaient un poids trop lourd pour la survie du groupe, notamment en matière alimentaire.
Nous n’en sommes évidemment pas là aujourd’hui pour ce qui est de la crise sanitaire même si elle a généré une crise économique et sociale.
De même, alors que nous acceptions la mort de nombre d’entre nous autrefois, celle-ci nous semble inacceptable depuis que l’on peut sauver ces vies.
Si les valeurs humanistes se fracassaient sur le réel, sur ce qu’étaient les conditions d’existence et nos connaissances scientifiques, ce n’est plus vrai dans bien des cas désormais.
Dans quelques jours, la covid19 aura fait un million de morts officiellement (et beaucoup plus dans la réalité) et a déjà tué plus de 200.000 personnes dans la première puissance de la planète, les Etats-Unis.
Nous pouvons toujours dire que c’est moins – pour l’instant – que la grippe espagnole, que la Première guerre mondiale et que la Deuxième, voire que les accidents de la route chaque année.
Mais ce n’est pas une excuse pour accepter toutes ces morts comme une fatalité parce que ce n’est pas le cas.
Ni de refuser de faire les efforts quand nous pouvons encore les faire.
Et être tout simplement des humains qui ont une dignité.
Nous en avons tellement manqué, tellement de fois que notre honneur serait d’en avoir cette fois ci en espérant que ce sera le début de quelque chose, on n’ose pas dire d’une nouvelle ère mais on ose l’espérer.
Jean-François Borrou & Alexandre Vatimbella