LaREM ne sera jamais un parti comme
un autre mais fonctionnera toujours comme n’importe quel autre parti.
Macron et En marche! en 2017
C’est ce paradoxe qui fait qu’elle ne devrait pas survivre à son créateur, Emmanuel Macron.
L’on rappelle que lors de la création d’En marche! puis de LaREM (La république en marche), le seul critère d’y appartenir (l’adhésion a toujours été gratuite et ouverte à tous) était de soutenir Emmanuel Macron et son programme.
L’idée d’une diversité de sa composition, le fameux «en même temps» couplé avec le non moins fameux «et de droite, et de gauche» n’étaient pas son fondement mais c’est bien la fidélité à son leader qui l’était exclusivement même si beaucoup des «marcheurs» ne l’on pas compris comme cela.
Dès lors, c’est bien un mouvement politique qui a vu le jour autour d’un homme mais qui a rapidement fonctionné comme un parti tout en n’ayant pas le liant nécessaire à l’être puisqu’il était la réunion de personnes d’horizons diverses qui partageaient dans les grandes lignes mais pas dans le détail le programme électoral de celui-ci.
On pourrait arguer que c’est le cas de tous les partis sauf que leur existence s’est faite sur un corpus d’idées et non sur la fidélité à son créateur.
De même, on pourrait trouver des exemples où des mouvements de la sorte sont devenus des partis comme les autres (mais ont néanmoins toujours fonctionné comme des partis) comme ce fut le cas pour ceux qui ont soutenu le Général de Gaulle en France ou le général Péron en Argentine et qu’ils existent encore, cependant on parle ici plus d’exceptions à la règle et ces cas montrent aussi que pour survivre ils ont du se positionner idéologiquement de manière plus traditionnelle (à droite pour le gaullisme et dans la mouvance populiste pour le péronisme).
Il se pourrait que LaREM suive cette voie mais la probabilité en est très faible parce qu’il ne repose pas sur une figure charismatique, simplement sur une volonté de faire de la politique différemment et de sauver la démocratie républicaine à un instant T, le tout incarné par un homme sans passé glorieux, sans légende et sans être vénéré par ses troupes (ce qui n’est pas un handicap pour bien gouverner en démocratie, loin de là…), volonté qui s’est rapidement diluée dans le cadre d’une organisation politique tout à fait traditionnelle.
Ainsi, une fois Emmanuel Macron battu ou retiré des affaires de la politique quotidienne, il ne devrait pas subsister de parti macroniste même si nombre de personnes pourront encore se revendiquer macronistes, un peu comme c’est le cas du giscardisme ou du mitterrandisme.
Les actuels péripéties que connait LaREM tant au niveau interne que dans ses résultats électoraux illustrent bien qu’elle ne sera qu’un objet politique temporaire et, surtout, daté.
Ce n’est pas tant les idées et les valeurs qu’elle défend qui sont en cause, celles-ci étant toujours d’une actualité brûlante et le resteront pour longtemps encore, mais bien sa structure, sa composition et son fonctionnement.
De même que la déception et le dépit de nombre de ses membres qui ont cru vraiment qu’ils participaient à la création de quelque chose de nouveau, un «ailleurs», mais que, comme nous l’avons toujours dit ici, n’en avait que l’apparence trompeuse (même si LaREM défend réellement le corpus centriste alors même qu’elle a longtemps prétendu le contraire) et n’était que la représentation fantasmagorique qu’ils s’en faisaient.
Chacun de ses adhérents ayant mis ce qu’il voulait, à la fois, dans ses convictions et son ambition personnelle, en croyant souvent qu’il ne faisait que participer à une aventure commune alors même qu’il préparait les fractures actuelles de cette dernière, a œuvré souvent sans le vouloir à faire de LaREM une réunion éphémère.
Sans oublier qu’un parti politique fonctionne toujours du haut vers le bas et qu’il en sera toujours de même parce que c’est le seul moyen qu’il a pour être cohérent avec lui-même.
Ajoutons à cela que le militant, s’il veut accéder aux échelons supérieurs doit faire preuve d’une loyauté et d’une allégeance qui confinent souvent à une sorte de soumission face aux dirigeants qui, eux-mêmes, ont du faire de même pour être là où ils sont d’où leur envie de protéger leurs acquis et de faire vivre le même rapport de force dans lequel ils ont vécu à ces nouveaux arrivants pour justifier leur propre soumission volontaire à leurs prédécesseurs, justification sans laquelle ils auraient du même à se considérer et à se regarder dans une glace (ici, les dirigeants avaient vécu ce processus bien connu dans d’autres formations auparavant pour la plupart d’entre eux).
D’où d’évidentes déceptions à ceux qui refusent la soumission et plus encore à ceux qui l’acceptent et n’en reçoivent pas de gratifications qui se transforment souvent en oppositions frontales et en rejet de ce que l’on a défendu la veille parfois sans aucune réserve ni nuance.
En revanche, la coalition qui a permis à Emmanuel Macron de parvenir au pouvoir devrait perdurer sous une forme ou une autre parce que les menaces extrémistes et populistes devraient continuer à peser sur la démocratie républicaine.
On pense ici, bien sûr, à l’axe central qui regroupe dans la majorité présidentielle actuelle les libéraux de droite, les libéraux sociaux du centre et les sociaux libéraux de gauche, qui préexistait à Macron sans être organisée (et dont il s’est servi pour se faire élire président) et qui, d’une manière ou d’une autre, devrait poursuivre son chemin soit dans une grande fédération, soit dans une coalition de partis.
Bien entendu, cette analyse se base sur le passé et le présent et ne peut inclure des événements futurs extraordinaires qui pourraient rabattre les cartes en donnant une dimension exceptionnelle à Emmanuel Macron et poserait son mouvement en héritier de celle-ci ce qui lui permettrait, à l’instar du parti gaulliste, d’être le réceptacle naturel de la légende du chef.
Mais rien à l’horizon ne permet de dire que tel sera le cas d’où l’évidente nature de LaREM comme produit politique à date de péremption déjà établie.
Reste que son combat, lui, devra continuer comme il lui préexistait, avec tous les acteurs de l’axe central au premier rang desquels les centristes.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis
Pommery
Directeur des études du CREC