vendredi 21 août 2020

Présidentielle USA 2020. Biden propose un nouveau contrat aux Américains

Joe Biden
Clôturant la Convention démocrate qui venait de l’investir en tant que candidat du parti pour la présidentielle du 3 novembre prochain qui l’opposera à Donald Trump, Joe Biden a prononcé un discours profond dans lequel il propose aux Américains un nouveau contrat à l’instar de celui proposé par Franklin Roosevelt en 1932 face à la Grande dépression ou celui proposé par Barak Obama en 2008 face à la Grande récession.

Estimant que quatre années de plus de Trump serait un véritable désastre pour les EtatsUnis mais également pour le monde entier, le centriste souhaite que le pays redevienne celui des opportunités et le leader d’un monde libre qui prend à bras le corps l’ensemble des défis immenses qui se présentent à lui en ce début de troisième millénaire.

Face à une crise aux dimensions multiples (sanitaire, économique, climatique, sociétale), il veut rassembler tous ses compatriotes et être le président de tous les Américains.

Parmi les maître-mots de son programme et de son projet de société: espoir, lumière, amour, compassion, décence, science et démocratie,

 

► Voici le discours de Joe Biden

Ella Baker, une géante du mouvement des droits civiques, nous a laissé cette sagesse: donnez la lumière aux gens et ils trouveront un chemin.
Donnez de la lumière aux gens. Ce sont des mots pour notre époque.
Le président actuel a plongé l'Amérique dans l'obscurité pendant trop longtemps. Trop de colère. Trop de peur. Trop de division. Ici et maintenant, je vous donne ma parole: si vous me confiez la présidence, je m'appuierai sur le meilleur d'entre nous et non sur le pire. Je serai un allié de la lumière et non des ténèbres. Il est temps pour nous, pour nous le peuple, de nous rassembler. Car ne vous y trompez pas. Unis, nous pouvons, et allons, surmonter cette saison de ténèbres en Amérique. Nous choisirons l'espoir plutôt que la peur, les faits plutôt que la fiction, l'équité plutôt que le privilège.
Je suis un fier démocrate et je serai fier de porter la bannière de notre parti aux élections générales. C’est donc avec un grand honneur et une grande humilité que j’accepte cette nomination à la présidence des États-Unis d’Amérique. Mais autant je suis le candidat démocrate, je serai le président américain. Je travaillerai aussi dur pour ceux qui ne m'ont pas soutenu que pour ceux qui l'ont fait. C'est le travail d'un président. Pour nous représenter tous, pas seulement notre base ou notre parti. Ce n'est pas un moment partisan. Ce doit être un moment américain.
C'est un moment qui appelle espoir, lumière et amour. Espoir pour notre avenir, lumière pour voir notre chemin à suivre et amour les uns pour les autres. L'Amérique n'est pas seulement un ensemble d'intérêts conflictuels d'États rouges ou d'États bleus.
Nous sommes tellement plus grands que ça. Nous sommes tellement mieux que ça.
Il y a près d'un siècle, Franklin Roosevelt a promis un New Deal à une époque de chômage massif, d'incertitude et de peur. Frappé par la maladie, frappé par un virus, FDR s’est battu pour se rétablir et vaincre la maladie et il pensait que l'Amérique pouvait faire aussi bien. Et il l'a fait.
Et nous aussi allons le faire.
Cette campagne ne consiste pas seulement à gagner des votes.
Il s'agit de gagner le cœur, et oui, l'âme de l'Amérique. Gagner pour les généreux parmi nous, pas pour les égoïstes. Gagner pour les travailleurs qui font vivre ce pays, pas seulement pour quelques privilégiés au sommet. Gagner pour ces communautés qui ont connu l'injustice du «genou sur le cou». Pour tous les jeunes qui n'ont connu qu'une Amérique aux inégalités croissantes et aux opportunités en baisse. Ils méritent de vivre pleinement la promesse de l'Amérique.

Aucune génération ne sait jamais ce que l'Histoire lui demandera. Tout ce que nous pouvons savoir, c'est si nous serons prêts lorsque ce moment arrivera.
Et à présent, l'Histoire nous plonge dans un des moments les plus difficiles que l'Amérique ait jamais connu.

Quatre crises historiques. Toutes en même temps. Une tempête parfaite.
La pire pandémie depuis plus de 100 ans. La pire crise économique depuis la Grande Dépression. L'appel le plus convaincant pour la justice raciale depuis les années 60. Et les réalités indéniables et les menaces croissantes du changement climatique. La question pour nous est donc simple: sommes-nous prêts?

Je crois que oui.
Nous devons l’être. Toutes les élections sont importantes. Mais nous savons dans notre chair que celle-ci est encore plus importante.

L'Amérique est à un point d'inflexion. Une époque de réel péril, mais de possibilités extraordinaires.
Nous pouvons choisir la voie pour devenir plus dans la colère, moins dans l’optimisme et être plus divisés. Un chemin d'ombre et de suspicion. Ou nous pouvons choisir un chemin différent, et ensemble, saisir cette chance de guérir, de renaître, de nous unir. Un chemin d'espoir et de lumière. C'est une élection qui changera la vie qui déterminera l'avenir de l'Amérique pendant très longtemps.

Cette identité est sur le bulletin de vote. Cette compassion est sur le bulletin de vote. Décence, science, démocratie, elles sont tous également sur le bulletin de vote. Qui nous sommes en tant que nation, ce que nous défendons et, surtout, qui nous voulons être, tout est sur le bulletin de vote.

Et le choix est on ne peut plus clair.
Aucune rhétorique n'est nécessaire. Jugez simplement ce président sur les faits.

5 millions d'Américains infectés par le COVID19.
Plus de 170 000 Américains sont morts. De loin la pire performance de tous les pays du monde. Plus de 50 millions de personnes se sont inscrites au chômage cette année. Plus de 10 millions de personnes vont perdre leur assurance maladie cette année. Près d'une petite entreprise sur six va fermer cette année.

Si ce président est réélu, nous savons ce qui va se passer.
Les cas et les décès resteront bien trop élevés. Plus d'entreprises locales fermeront leurs portes pour de bon. Les familles de travailleurs auront du mal à s'en sortir, et pourtant, le 1% le plus riche recevra des dizaines de milliards de dollars de nouveaux allégements fiscaux. Et l'attaque contre la loi sur les soins de santé abordables se poursuivra jusqu'à sa destruction, en supprimant l'assurance de plus de 20 millions de personnes - dont plus de 15 millions de personnes sous Medicaid - et en supprimant les protections que le président Obama et moi avons adoptées pour les personnes qui souffrent de conditions préexistantes.

Et en parlant du président Obama, un homme avec qui j'ai eu l'honneur de servir pendant 8 ans en tant que vice-président, permettez-moi de saisir cette opportunité pour lui dire quelque chose que nous ne disons pas assez:
merci, Monsieur le Président, vous étiez un grand président, un président que nos enfants pourront admirer.

Personne ne dira cela de l'occupant actuel du bureau ovale.
Ce que nous savons de ce président, c'est que si on lui donne quatre ans de plus, il sera ce qu'il a été ces quatre dernières années. Un président qui n'assume aucune responsabilité, refuse de diriger, blâme les autres, se rapproche des dictateurs et attise les flammes de la haine et de la division. Il se réveillera tous les jours en croyant que tout dépend de lui. Jamais de vous.

Est-ce l'Amérique que vous voulez pour vous, votre famille, vos enfants?
Je vois une Amérique différente. Celle qui est généreuse et forte, altruiste et humble. C'est une Amérique que nous pouvons reconstruire ensemble.

En tant que président, ma première mission sera de contrôler le virus qui a ruiné tant de vies.
Parce que je comprends quelque chose que ce président ne comprend pas.
Nous ne remettrons jamais notre économie sur les rails, nous ne ramènerons jamais nos enfants à l'école en toute sécurité, nous ne retrouverons jamais nos vies tant que nous n'aurons pas combattu ce virus.
Cette tragédie, là où nous en sommes aujourd'hui, n'aurait pas dû être si grave. Regardez autour de nous. Ce n'est pas aussi catastrophique au Canada ou en Europe ou au Japon ou presque partout ailleurs dans le monde. Le président ne cesse de nous dire que le virus va disparaître. Il attend un miracle. Eh bien, j'ai une info pour lui, aucun miracle ne se prépare.
Nous avons le plus de cas confirmés du monde. Nous avons le plus de morts du monde. Notre économie est en lambeaux, les communautés noires, latino-américaines, asiatiques américaines et amérindiennes en supportant la plus grosse partie. Et après tout ce temps, le président n'a toujours pas de plan.
Eh bien, j’en ai un. Si je suis président dès le premier jour, nous mettrons en œuvre la stratégie nationale que j'ai définie depuis mars. Nous développerons et déploierons des tests rapides avec des résultats disponibles immédiatement. Nous fabriquerons les fournitures médicales et les équipements de protection dont notre pays a besoin. Et nous les fabriquerons ici en Amérique. Nous ne serons donc plus jamais à la merci de la Chine et d’autres pays étrangers pour protéger notre propre peuple. Nous veillerons à ce que nos écoles disposent des ressources dont elles ont besoin pour être ouvertes, sûres et efficaces. Nous mettrons la politique de côté et enlèverons la muselière à nos experts afin que le public obtienne l'information dont il a besoin et qu'il mérite. La vérité honnête et sans fard. Ils peuvent la gérer. Nous aurons l’obligation nationale de porter un masque, non pas comme un fardeau, mais pour nous protéger les uns les autres.
C'est un devoir patriotique.
Bref, je ferai ce que nous aurions dû faire depuis le tout début.
 
Notre président actuel a failli à son devoir le plus fondamental envers cette nation, il n'a pas réussi à nous protéger, il n'a pas réussi à protéger l'Amérique.
Et, mes chers compatriotes américains, c'est impardonnable.
En tant que président, je vous ferai cette promesse: je protégerai l'Amérique. Je vais nous défendre de chaque attaque. Visible et invisible. Toujours. Sans exception. À chaque fois.
Je comprends qu'il est difficile d'avoir de l'espoir en ce moment.
En cette nuit d'été, permettez-moi de prendre un moment pour parler à ceux d'entre vous qui ont le plus perdu. Je sais ce que ça fait de perdre quelqu'un que vous aimez. Je connais ce trou noir profond qui s'ouvre dans votre poitrine. Que vous sentez que tout votre être y est aspiré. Je sais à quel point la vie peut être méchante, cruelle et injuste parfois.
Mais j'ai appris deux choses. Premièrement, vos proches ont peut-être quitté cette Terre, mais ils ne quittent jamais votre cœur. Ils seront toujours avec vous. Et deuxièmement, j'ai trouvé que le meilleur moyen de surmonter la douleur, la perte et le chagrin est de trouver un but.
En tant qu'enfants de Dieu, chacun de nous a un but dans sa vie. Et nous avons un grand objectif en tant que nation: ouvrir les portes des opportunités à tous les Américains. Pour sauver notre démocratie. Être à nouveau une lumière pour le monde. Pour enfin vivre et rendre réel les mots écrits dans les documents sacrés qui ont fondé cette nation que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux. Dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables. Parmi eux, la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
Vous savez, mon père était un homme honorable et décent. Il a fortement été heurté plusieurs fois part la vie mais il s'est toujours relevé. Il a travaillé dur et a bâti une belle vie de classe moyenne pour notre famille. Il avait l'habitude de dire: «Joey, je ne m'attends pas à ce que le gouvernement résolve mes problèmes, mais je m'attends à ce qu'il les comprenne». Et puis il disait: "Joey, un travail c'est bien plus qu'un chèque de paie. C'est une question de dignité. C'est une question de respect. Il s'agit de votre place dans votre communauté. Il s'agit de regarder vos enfants dans les yeux et de dire, chérie, Ça va aller bien."
Je n'ai jamais oublié ces leçons.
C'est pourquoi mon plan économique est axé sur les emplois, la dignité, le respect et la communauté. Ensemble, nous pouvons reconstruire notre économie et nous le ferons. Et quand nous le ferons, nous ne la reconstruirons pas seulement, nous la reconstruirons en mieux.
Avec des routes, des ponts, des autoroutes, du haut débit, des ports et aéroports modernes comme nouvelle base de la croissance économique. Avec des tuyaux qui transportent de l'eau propre dans chaque communauté. Avec 5 millions de nouveaux emplois dans l’industrie et la technologie, l'avenir est en Amérique.
Avec un système de soins de santé qui réduit les primes, les franchises et les prix des médicaments en s'appuyant sur la Loi sur les soins abordables qu’ils essaient de déchirer.
Avec un système d'éducation qui forme nos gens aux meilleurs emplois du 21e siècle, où le coût des études n'empêche pas les jeunes d'aller à l'université, et la dette étudiante ne les écrase pas à la sortie.
Avec des services de garde d'enfants et de soins aux personnes âgées qui permettent aux parents d'aller travailler et aux personnes âgées de rester chez elles avec dignité. Avec un système d'immigration qui dynamise notre économie et reflète nos valeurs. Avec des syndicats nouvellement habilités. Avec un salaire égal pour les femmes. Avec une augmentation des salaires qui vous permet d’élever votre famille. Oui, nous allons faire plus que féliciter nos travailleurs essentiels. Nous allons enfin les payer.
Nous pouvons, et nous le ferons, lutter contre le changement climatique. Ce n'est pas seulement une crise, c'est une énorme opportunité. Une opportunité pour l'Amérique de diriger le monde dans le domaine des énergies propres et de créer des millions de nouveaux emplois bien rémunérés.
Et nous pouvons payer ces investissements en supprimant les échappatoires et les cadeaux fiscaux de 1300 milliards de dollars du président aux 1% les plus riches et aux sociétés les plus grandes et les plus rentables, dont certaines ne paient aucun impôt.
Parce que nous n'avons pas besoin d'un code fiscal qui récompense davantage la richesse que le travail. Je ne cherche à punir personne. Loin de là. Mais il est grand temps que les personnes les plus riches et les plus grandes entreprises de ce pays paient leur juste part.

Pour nos aînés, garantir leur retraite est une obligation sacrée, une promesse sacrée faite. Le président actuel menace de rompre cette promesse. Il propose d'éliminer la taxe qui paie près de la moitié du système des retraites sans aucun moyen de compenser cette perte de revenus.
Je ne laisserai pas cela arriver. Si je suis votre président, nous allons protéger les retraites et l'assurance-maladie. Vous avez ma parole.

L'une des voix les plus puissantes que nous entendons dans le pays aujourd'hui est celle de nos jeunes. Ils parlent de l'iniquité et de l'injustice qui se sont développées en Amérique. Injustice économique. Injustice raciale. Injustice environnementale.
J'entends leurs voix et si vous les écoutez, vous pouvez les entendre aussi. Et que ce soit la menace existentielle posée par le changement climatique, la peur quotidienne d'être abattu à l'école ou l'incapacité de se lancer dans leur premier emploi, ce sera le travail du prochain président de restaurer la promesse de l'Amérique à tout le monde.

Je n'aurai pas à le faire seul. Parce que j'aurai une grande vice-présidente à mes côtés, la sénatrice Kamala Harris. Elle est une voix puissante pour cette nation. Son histoire est l'histoire américaine. Elle connaît tous les obstacles lancés sur le chemin de tant de gens dans notre pays. Les femmes, les femmes noires, les noirs américains, les sud-asiatiques américains, les immigrants, les laissés pour compte.

Mais elle a surmonté tous les obstacles auxquels elle a été confrontée. Personne n'a été plus dur envers les grandes banques ou le lobby des armes à feu. Personne n'a été plus dur à appeler cette administration actuelle pour son extrémisme, son non-respect de la loi et son incapacité à dire simplement la vérité.

Kamala et moi tirons notre force de nos familles. Pour Kamala, c'est Doug et leurs enfants.
Pour moi, c'est Jill et les nôtres. Aucun homme ne mérite un seul grand amour dans sa vie. Mais j'en ai connu deux. Après avoir perdu ma première femme dans un accident de voiture, Jill est entrée dans ma vie et a reconstitué notre famille. C'est une éducatrice. Une maman. Une maman militaire. Et une force imparable. Si elle décide de quelque chose ne vous mettez pas sur son chemin parce qu'elle va le faire. Elle était une grande deuxième dame et elle fera une grande première dame pour cette nation, elle aime tellement ce pays.

Et j'aurai la force qui ne peut venir que de la famille. Hunter, Ashley et tous nos petits-enfants, mes frères, ma sœur. Ils me donnent du courage et me soulèvent.
Et depuis qu'il n'est plus avec nous, Beau m'inspire chaque jour. Beau a servi notre nation en uniforme. Un vétéran décoré de la guerre en Irak. Je prends donc personnellement la responsabilité profonde d’être le commandant en chef.

Je serai un président qui me tiendra aux côtés de nos alliés et amis. Je ferai comprendre à nos adversaires que l’époque des dictateurs est révolue.
Sous le président Biden, l'Amérique ne fermera pas les yeux sur les primes russes mises sur la tête des soldats américains. Je ne tolérerai pas non plus l'ingérence étrangère dans notre exercice démocratique le plus sacré, le vote. Je défendrai toujours nos valeurs de droits humains et de dignité. Et je travaillerai dans un but commun pour un monde plus sûr, plus pacifique et plus prospère.

L'Histoire nous a imposé une tâche encore plus urgente. Serons-nous la génération qui efface enfin la tache de racisme de notre identité nationale?
Je crois que nous pouvons être à la hauteur. Je crois que nous sommes prêts.

Il y a à peine une semaine, c'était le troisième anniversaire des événements de Charlottesville.
Vous vous souvenez avoir vu ces néo-nazis, ces hommes du Klan et ces suprémacistes blancs sortir des champs avec des torches allumées? Veines bombées? Cracher la même bile antisémite entendue à travers l'Europe dans les années 30? Vous vous souvenez du violent affrontement qui s'est ensuivi entre ceux qui répandent la haine et ceux qui ont le courage de s'y opposer? Vous vous souvenez de ce que le président a dit? Il y avait ses citations, «des gens très bien des deux côtés».

C'était un appel au réveil pour nous en tant que pays.
Et pour moi, un appel à l'action. À ce moment-là, je savais que je devrais m’engager pour cette élection. Mon père nous a appris que le silence était une complicité. Et je ne pouvais pas rester silencieux ou complice. À l'époque, j'ai dit que nous étions dans une bataille pour l'âme de cette nation. Et nous le sommes.

L'une des conversations les plus importantes que j'ai eues pendant toute cette campagne a été avec quelqu'un qui est trop jeune pour voter.
J'ai rencontré Gianna Floyd, six ans, un jour avant que son papa George Floyd ne repose en terre. Elle est incroyablement courageuse. Je n'oublierai jamais. Quand je me suis penché pour lui parler, elle m'a regardé dans les yeux et a dit: «Papa, a changé le monde». Ses mots sont enfouis profondément dans mon cœur.

Le meurtre de George Floyd était peut-être le point de rupture.
Peut-être que John Lewis passe l'inspiration. Quoi qu'il en soit, l'Amérique est prête, selon les mots de John, à déposer «enfin le lourd fardeau de la haine» et à faire le dur travail d'éradication de notre racisme systémique.

L'histoire de l'Amérique nous dit que c'est dans nos moments les plus sombres que nous avons fait nos plus grands progrès. Que nous avons trouvé la lumière. Et dans ce moment sombre, je crois que nous sommes sur le point de faire à nouveau de grands progrès. Que nous pouvons retrouver la lumière.

J'ai toujours cru que l'on pouvait définir l'Amérique en un mot: les opportunités.
Qu'en Amérique, tout le monde, et je dis bien tout le monde, devrait avoir la possibilité d'aller aussi loin que leurs rêves et les capacités données par Dieu les mèneront.

Nous ne pouvons jamais perdre cela. Dans une période aussi difficile que celle-ci, je pense qu'il n'y a qu'une seule voie à suivre. En tant qu'Amérique unie. Unis dans notre quête d'une Union plus parfaite. Unis dans nos rêves d'un avenir meilleur pour nous et pour nos enfants. Unis dans notre détermination à faire rayonner les années à venir.

Sommes-nous prêts?
Je crois que oui. Nous sommes une grande nation. Et nous sommes un peuple bon et décent. Ce sont les États-Unis d'Amérique. Et il n'y a jamais rien eu que nous ayons été incapable d'accomplir lorsque nous l'avons fait ensemble.

Le poète irlandais Seamus Heaney a écrit:

"L'histoire nous dit,

N'espérez rien de ce côté de la tombe,

Mais parfois, une fois dans une vie,

Ce raz-de-marée tant attendu

De la justice s'élève,

Et alors l'espoir et l'histoire riment."

C'est notre moment de faire rimer espoir et histoire.
Avec passion et détermination, commençons, vous et moi, ensemble, une seule nation, sous Dieu unis dans notre amour pour l'Amérique et unis dans notre amour l'un pour l'autre. Car l'amour est plus puissant que la haine. L'espoir est plus puissant que la peur. La lumière est plus puissante que l'obscurité. C'est notre moment. Telle est notre mission.

Que l'histoire puisse dire que la fin de ce chapitre des ténèbres américaines a commencé ici ce soir alors que l'amour, l'espoir et la lumière se sont joints à la bataille pour l'âme de la nation.
Et c'est une bataille que nous gagnerons ensemble. Je vous promets.

Je vous remercie.
Et que Dieu vous bénisse. Et que Dieu protège nos troupes.

 

Propos centristes. France – Covid19: rentrée scolaire, port du masque, reconfinement général exclu; Europe puissance; plan de relance européen; Mali; Biélorussie; Libye; Iran…

Voici une sélection, ce 21 août 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

● Emmanuel Macron (Président de la République)

- On aura une rentrée scolaire qui se fera, on ne va pas mettre nos pays à l'arrêt, mais on va devoir vivre avec le virus, en veillant à ce qu'il ne se propage pas plus vite et à ce qu'il ne touche pas les personnes âgées qui sont les plus fragiles.

- Nous vivons des temps qui sont faits de défis, la crise du Covid19 étant le premier au moment où nous parlons.

- [Reconfinement général] On ne peut pas mettre le pays à l’arrêt, parce que les dommages collatéraux d’un confinement sont considérables. Le risque zéro n’existe jamais dans une société. Il faut répondre à cette anxiété sans tomber dans la doctrine du risque zéro.

- [Reconfinement] On ne s'interdit rien. Ce qu'on veut c'est éviter d'être débordé. Nous avons des stratégies très localisées, comme ce qui s'est passé en Mayenne, et allant jusqu'à un reconfinement ciblé qu'on pourrait instaurer si la situation l'imposait

- Les Français ont une anxiété légitime, liée au virus, que l'on doit accepter. (...) Il est difficile d'accepter qu'on ne sache pas tout, et que nous détenons des informations partielles et incertaines.

- Il faut donner un cadre [pour permettre aux scientifiques] d’accélérer sur les vaccins, garantir leur accès et apporter la meilleure réponse sanitaire compte tenu de ce que l'on sait, tester, tracer, isoler, organiser nos urgences, prévenir, généraliser le port du masque lorsque c'est nécessaire. (...).

- L'Europe doit prendre toute sa place dans les défis que nous vivons, défendre sa souveraineté stratégique, son indépendance. Tout en respectant les équilibres internationaux et le multilatéralisme, l'Europe doit porter son agenda. C'est notre conviction profonde avec l'Allemagne. Je me réjouis du niveau d’engagement commun exceptionnel entre nos pays, tant sur le plan bilatéral, que sur le plan européen et international. Ensemble, nous sommes plus forts.

- Il nous faut mettre en œuvre le plan de relance décidé en juillet au Conseil européen. Notre discussion avec la Chancelière Merkel a permis de continuer à élaborer notre stratégie, avec une volonté d'avoir des grands projets franco-allemands et des initiatives communes.

- Je pense à nos compatriotes qui ont donné leur vie, au Niger, en Afghanistan, au Guatemala et ailleurs pour aider les autres. En cette journée internationale de l’aide humanitaire, rendons hommage à ces héros du quotidien. Nous prendrons l’initiative à l’ONU dès septembre pour renforcer la protection des travailleurs humanitaires, le respect du droit international et la lutte contre l’impunité.

- Pour le Mali, il y a deux choses auxquelles nous veillons : la stabilité et la poursuite de la lutte contre le terrorisme qui est avant tout le fléau des Maliennes, des Maliens, mais aussi de l'ensemble des Sahéliens.

- La France et ses partenaires sont engagés au Mali et dans la région pour la sécurité des populations sahéliennes et à la demande des États sahéliens. C’est le sens de la Coalition pour le Sahel qui a été mise en place au sommet de Pau. La France et l’Union européenne sont aux côtés de la CEDEAO et de l’Union africaine pour trouver une issue à la crise malienne. La paix, la stabilité et la démocratie sont notre priorité. Nous sommes extrêmement attentifs à la sécurité de nos ressortissants au Mali. J’ai demandé en Conseil de défense ce matin de tout mettre en œuvre dans ce sens.

- En Biélorussie, le peuple aspire à faire entendre sa voix par la démocratie et sans violences. En Conseil européen ce matin, j’ai réaffirmé notre soutien aux Biélorusses.

- En Libye, nous ne pouvons laisser des puissances étrangères s'ingérer dans le conflit et violer l'embargo sur les armes. Notre priorité : obtenir un cessez le feu, puis enclencher une dynamique vers une résolution politique du conflit.

- La situation d’Alexeï Navalny est préoccupante. Nous en avons discuté avec la Chancelière. Nous sommes prêts à lui apporter toute l’assistance nécessaire, ainsi qu’à ses proches, sur le plan sanitaire, sur le plan de l’asile et de la protection. Toute la clarté devra être faite.

- [Le président turc, Recep Tayyip Erdogan] mène une politique expansionniste qui mêle nationalisme et islamisme, qui n’est pas compatible avec les intérêts européens et est facteur de déstabilisation.

 

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

[Communiqué des ministres des affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni du 20.08.20]

Le 20 août 2020, les États-Unis d’Amérique ont adressé une lettre au Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) demandant à lancer le mécanisme de « snapback », qui permet à un participant au Plan d’action global commun (JCPoA) de rechercher le rétablissement des sanctions multilatérales contre l’Iran qui avaient été levées en 2015 conformément à la résolution 2231 adoptée par le CSNU.

La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni (« les E3 ») notent que les États-Unis d’Amérique ont cessé d’être un participant au JCPoA à la suite de leur retrait de l’accord le 8 mai 2018.

Notre position concernant la validité de la notification américaine au titre de la résolution 2231 a de ce fait été communiquée très clairement à la présidence et à tous les membres du CSNU.

Nous ne pouvons donc pas soutenir cette initiative, qui est incompatible avec nos efforts actuels de soutien au JCPoA.

L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni (« les E3 ») sont déterminés à préserver les processus et les institutions qui constituent les fondements du multilatéralisme. Notre objectif demeure de préserver l’autorité et l’intégrité du CSNU. Nous appelons tous les membres du CSNU à s’abstenir de toute action qui accentuerait les divisions en son sein ou qui aurait des conséquences graves sur ses travaux.

Nous demeurons engagés en faveur du JCPoA en dépit des défis majeurs engendrés par le retrait des États-Unis. Nous sommes convaincus que nous devons traiter la question du non-respect systématique par les Iraniens de leurs engagements en vertu du JCPoA dans le cadre d’un dialogue entre les participants à l’accord, notamment au sein de la Commission conjointe, et dans le cadre du mécanisme de règlement des différends. Afin de préserver l’accord, nous appelons instamment l’Iran à revenir sur toutes ses actions incompatibles avec ses engagements nucléaires et à revenir sans délai à leur plein respect.

Comme nous l’avons déjà souligné, notamment dans notre déclaration du 19 juin, nous sommes vivement préoccupés par les conséquences pour la sécurité régionale de l’expiration programmée de l’embargo des Nations Unies sur les armes classiques, compte tenu en particulier des activités déstabilisatrices de l’Iran, qui se poursuivent sans relâche. Nous sommes déterminés à apporter des réponses adéquates à ces défis et continuerons de travailler avec tous les membres du CSNU et toutes les parties prenantes afin de trouver des solutions qui préservent les possibilités d’action diplomatique. Nos efforts resteront guidés par la volonté de préserver l’autorité et l’intégrité du CSNU et d’œuvrer en faveur de la sécurité et de la stabilité régionales.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- C'est ma responsabilité que d'assurer que l'éducation se réalise au maximum et qu'elle se réalise évidemment dans des conditions de protection. Et, comme je vous le disais, ces conditions de protection sont rassemblées.

- Protéger les élèves et les adultes & assurer l’éducation pour tous avec la rentrée au 1er septembre. Tels sont les deux objectifs de la rentrée en s’appuyant sur notre protocole sanitaire. L’éducation n’est pas une variable d’ajustement. Elle est essentielle pour tous nos enfants.

- Le principe, c'est le port par tous les élèves dès lors qu'on est dans un espace clos. S'agissant du port du masque pour les enfants de moins de 11 ans, il nous a souvent été dit, par les scientifiques, que c'était plutôt contre-productif parce que les enfants auraient tendance à les enlever aussi vite.

- Le masque pour les élèves est une fourniture comme une autre, comme on vient avec sa trousse ou ses cahiers à l'école, avec désormais les masques lavables. Evidemment, dans les cas les plus extrêmes, on sera capable de fournir des masques aux enfants si nécessaire.

- Je rappelle que nous avons augmenté l'allocation de rentrée scolaire de 100 euros à l'occasion de cette rentrée. Cette augmentation est considérable et exceptionnelle pour chaque enfant. C'est déjà un très fort coup de pouce, 100 euros par enfant et par famille, donc c'est quand même à noter. C'est aussi fait pour accompagner les familles dans une situation difficile sur le plan sanitaire, mais aussi sur le plan social.

- Je rappelle que les décisions qu'on a prises dépendent de différentes modalités. Autrement dit, les modalités à circulation faible du virus et les modalités en cas de forte circulation du virus. Les hypothèses ne valent pas que pour la rentrée scolaire, elles peuvent valoir pour après. S'il y avait une plus grande circulation du virus dans les temps à venir dans un territoire donné, alors nous pourrions prendre d'autres mesures, comme l'enseignement à distance, ou avec peu de présence avec des plus petits groupes d'élèves. Nous y sommes prêts sur le plan pédagogique.

- Les cantines ont vocation à être ouvertes, notre protocole sanitaire prévoit aussi cela. (…) Nous travaillons avec les collectivités locales, qui sont responsables de ce sujet, pour arriver à ce qu'il y ait des cohortes bien espacées qui viennent à la cantine. Mais là aussi, c'est pareil, la cantine a un enjeu d'alimentation de nos enfants, il n'y a pas que le sujet Covid. La cantine, c'est très important, d'un point de vue de la santé et d'un point de vue social pour nos enfants.

- Si nous fermons des écoles, ou si nous sommes en situation d'avoir une partie d'enseignement à distance et une partie d'enseignement physique dans certaines écoles, alors on serait capable de donner l'équipement informatique.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

L’opération Barkhane, demandée par les Maliens et autorisée par le Conseil de Sécurité de l'ONU, se poursuit. Les militaires français en lien avec les partenaires européens et sahéliens, continuent d'assurer leur mission avec professionnalisme, au bénéfice de la sécurité de tous.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- À partir du 1er septembre, tout consommateur de stupéfiants sera sanctionné par une amende importante, que ce soit pour une barrette de shit ou un gramme de cocaïne. Et ce sera vrai partout en France, dans les quartiers de Créteil comme dans le 16ème arrondissement de Paris.

- Je suis venu hier soir dans le Val-de-Marne soutenir les policiers. Je renouvellerai ces opérations pour montrer que ce sont les trafiquants de drogue qui vont arrêter de dormir, et qui vont laisser vivre tranquillement les honnêtes gens.

- Fier d’être aux côtés des militaires du peloton de gendarmerie de haute montagne. Toute l’année, dans des conditions parfois extrêmes, ils font preuve d’un engagement sans faille pour porter assistance aux personnes en détresse. Respect. Les conditions d’interventions sont parfois très difficiles et parfois dramatiques.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Outre-mer)

Diversification, adaptation à des nouveaux comportements, transition écologique... Derrière les enjeux de l’agriculture, c’est notre alimentation qui est en jeu. Nous devons viser l’autosuffisance alimentaire d’ici à 2030, notamment en milieu insulaire.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

- Face à la situation dans l'élevage de canards de Lichos dans les Pyrénées-Atlantiques, l’interdiction immédiate d’exploiter ce bâtiment jusqu’à sa remise aux normes est prononcée aujourd'hui par les services de la Préfecture. La situation continue à être suivie de près.

- Dès que j’ai eu connaissance de la situation dans l'élevage en Pyrénées-Atlantiques, j’ai immédiatement diligenté une enquête, complétée par une visite vétérinaire. Une mise en demeure de l’exploitation va être prononcée pouvant conduire à la suspension. Nous menons les contrôles et prenons des mesures strictes pour que ces dérives inacceptables, mais isolées et individuelles, ne jettent pas le discrédit sur toute une profession à laquelle j’assure mon soutien et ma confiance. Il est également nécessaire de rappeler que seules les autorités compétentes sont habilitées par le droit à effectuer des contrôles au sein de propriétés et exploitation privées.

- [Nord: des centaines d'invendus de Carrefour et Leclerc découverts dans une forêt] C’est inacceptable! Toute la lumière doit être faite sur cet acte inadmissible, et les sanctions prises.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- Aujourd'hui c'est l'ensemble de l'industrie qu'il faut accompagner pour être décarbonée et moins polluante.

- On n'augmente pas les impôts, ce serait écorner la confiance. En 2008, la croissance française a été cassée par l'augmentation des impôts : on ne fera pas cette faute-là.

- Cette crise a montré des fragilités, des vulnérabilités de l'économie européenne, ça a été une prise de conscience collective.

- Avec les nouvelles technologies, la modernisation de l'appareil de production, vous avez des gains de coût de revient de l'ordre de 30 % : c'est l'écart entre le coût moyen d'une pièce en France et dans des économies low cost.

- C'est une crise qui n'est pas économique à la base, les fondamentaux de notre économie étaient excellents au moment de l'entrée dans la crise [sanitaire].

 

Brigitte Bourguignon (ministre chargée de l'Autonomie)

- Il faut porter un masque, respecter les gestes barrières et ne pas hésiter à se faire tester lorsqu'on rend visite à la personne que l'on aime en EHPAD. Faisons de la protection des plus fragiles, notamment des personnes âgées, un réflexe collectif.

- Bien plus qu’une grande avancée sociale, le chantier de l'Autonomie tout au long de la vie est un véritable projet de société, pour la préservation de la dignité et de la liberté de choix des Français. C’est le sens de la République qui protège à tous les âges de la vie.

- Une réforme 'grand âge' ne peut pas être envisagée que sous l'angle financier : elle vise aussi à revoir le phénomène démographique, qui va s'inverser.

 

Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie)

Le Liban est le cœur battant de la francophonie au Moyen-Orient. La France soutient l’enseignement français et francophone au Liban.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- En matière d'écologie, 30% de chaque plan de relance qui va être soutenu par l'Europe dans chaque État membre doit être consacré à des dépenses climatiques et écologiques.

- Une priorité : mettre en œuvre au plus vite le plan de relance européen, pour financer des projets concrets dans la vie des Français.

- Il est nécessaire d'avoir une position de soutien au peuple biélorusse et de sanctionner.

- L'Europe c'est un sport collectif. C'est dans cet esprit que la France avance. Notre coordination franco-allemande est essentielle dans des périodes de crise et sur tous les sujets d'actualité

- Il y a un message évidemment symbolique sur la relation franco-allemande et sur la nécessité d'un véritable alignement entre les deux pays. C'est le résultat d'un travail de fond, dans lequel Emmanuel Macron s'est investi avant même d'être président, en rencontrant, quand il était à Bercy ou candidat, des syndicalistes, des ministres, des présidents de Länder, des responsables de partis. (…) Des avancées importantes ont déjà eu lieu avant le plan de relance, y compris sur des sujets sensibles, notamment sur la coopération européenne de défense ou les travailleurs détachés. Il y a eu des hauts et des bas. Le président a parfois dit son impatience, y compris devant la Chancelière. A Aix-la-Chapelle en mai 2018, par exemple, en incitant l'Allemagne à changer de regard sur la France, à prendre ses responsabilités et à accélérer. Il a toujours combiné interpellation et coopération.

- [Le duo franco-allemand] est un socle. Sans les fondations, vous ne bâtissez pas la maison. Vous ne construisez jamais sans l'Allemagne, c'est la base. Il n'y a jamais de grande avancée, sans elle. Mais cela ne suffit pas, a fortiori dans une Europe à 27. Il ne faut pas avoir qu'un seul interlocuteur. Il faut être influent au Parlement européen, à la Commission, en contact avec les pays de l'Est, les méditerranéens, avec les «frugaux»…

- La relation franco-allemande, c'est un miracle historique qui n'avait aucune raison d'exister. On s'est fait la guerre trois fois en 100 ans. Avec Angela Merkel et Emmanuel Macron, il y a un peu de cela. L'un arrive au pouvoir pour la première fois avec un nouveau mouvement, l'autre en est à son quatrième mandat, mais cela fonctionne. Aujourd'hui, le lien Macron-Merkel est devenu très fort. Quand le président et la chancelière se voient, ils ont des entretiens de trois, quatre, cinq heures, en tête à tête, et ils balaient tous les sujets.

- [Plan de relance européen] L'Allemagne a bougé vers nos positions. Mais on n'est pas passé de l'ombre à lumière. Depuis deux ans, ils en parlent à chacun de leurs rendez-vous. La France, au début de la crise du Covid-19, a assumé un désaccord avec l'Allemagne sur la solidarité budgétaire. Il fallait passer par ce moment de vérité et de tension. (…) La Chancelière a profité de son capital politique pour faire un geste européen. Je pense qu'elle a aussi apprécié qu'Emmanuel Macron ait été là, dans des moments où elle avait moins de marges de manœuvre. Comme à l'été 2018, par exemple, quand il y avait de fortes tensions sur les migrations au sein de sa coalition. On s'est réuni un dimanche à Bruxelles, lors d'un sommet extraordinaire sur l'immigration, afin de trouver une solution pour appuyer la Chancelière. Dans la relation personnelle entre deux leaders européens, ça compte.

- Concrètement des réalisations du plan de relance national vont être cofinancées par l'Europe. C'est parfois votre ligne de chemin de fer ou votre train de nuit, la rénovation énergétique de votre logement ou la batterie électrique de votre voiture. Il faudra l'expliquer, le montrer. Y compris très concrètement, avec un drapeau européen, par exemple.

- Un texte est en discussion au Conseil et au Parlement européen, qui permet en cas de violation de l'Etat de droit grave, de suspendre ou de couper les fonds [à un Etat membre]. J'espère que cela aboutira l'année prochaine. Ce sera un combat politique dur mais indispensable.

- [Taxes GAFA et carbone] Il faut que la Commission propose un texte d'ici la fin de l'année et que l'on ait un accord législatif d'ici à la présidence française de l'UE en janvier 2022. C'est la logique même : on s'est endettés ensemble, on finance notre relance ensemble. Il faut qu'on ait des ressources communes. Et que nous puissions faire payer des impôts aux passagers clandestins de la mondialisation que sont les géants du numérique ou ceux qui ne sont pas à la hauteur de nos exigences environnementales.

- [Biélorussie] Les mesures de sanctions individuelles, pour frapper personnellement des responsables, peuvent avoir une efficacité. C'est ce que vient de décider le Conseil européen. Ce qui est très important, c'est de cibler et de ne pas mettre à mal le peuple biélorusse lui-même.

- Il faut faire attention, il y a beaucoup d'intox dans ces périodes. Il est donc très important que les grands leaders européens, comme l'a fait le président de la République, interviennent directement auprès du président Poutine pour dire : On veut travailler avec la Russie, ne faites pas le mauvais choix. L'Europe ne doit pas être lente, ni faible. C'est parfois un mal européen… Or, il faut défendre la souveraineté européenne et répondre à ceux, parfois la Turquie ou la Russie, qui testent l'unité, la fermeté, la capacité de réaction de l'Union européenne.

- [Engagement des européens au Sahel] L'Europe doit faire plus. C'est encore insuffisant, mais regardez l'aggiornamento de l'Allemagne sur ses interventions extérieures. Ou le renfort de pays plus petits qui ont envoyé des forces combattantes ou des équipements. C'est parfois trop lent, on en a conscience. Mais beaucoup de pays européens ont désormais compris que notre sécurité, au sens large, se joue aussi là-bas et que cela ne relève pas uniquement d'une responsabilité française.

 

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)

- Le numérique contribue déjà à la protection de notre environnement. Par exemple, il permet de limiter certains déplacements (télétravail) ou encore d’optimiser certaines consommations énergétiques. La manière d’utiliser ces nouveaux outils et services numériques doit également être repensée. Tous les contenus de Netflix n’ont probablement pas besoin d’être regardés en 4K. Je ne plaide pour autant pas pour la limitation des forfaits télécoms. Je ne suis pas pour une approche coercitive. Je préfère miser sur la prise de conscience pour favoriser les comportements vertueux. Aujourd’hui, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre est encore limitée, même si nous devons prendre garde à sa dynamique de croissance importante. La transition écologique a besoin du numérique. Ce que je souhaite, c’est réconcilier les deux.

- Le numérique est indispensable si nous voulons aller vers plus de sobriété. Pour diminuer la consommation de nos ressources, créer des réseaux d’énergies distribuées et économes, optimiser nos déplacements ou réduire les embouteillages, nous avons besoin de connecter les machines entre elles. Cela concerne tous les secteurs d’activité. Dans l’agriculture, par exemple, le numérique est nécessaire pour mieux gérer les déplacements des tracteurs, gagner en efficacité pour l’arrosage ou réduire l’utilisation de produits phytosanitaires au juste besoin. La logistique et les transports sont d’autres secteurs où les gains potentiels sont considérables. Plus largement, le numérique permet d’éviter le gaspillage des ressources énergétiques. Dans d’autres domaines, des applications populaires comme Yuka ou les sites qui revendent des smartphones reconditionnés et favorisent leur recyclage n’existeraient pas sans le numérique.

- Certaines interrogations soulevées par nos concitoyens sont légitimes et nous devons y répondre. Pour autant, je souhaite que nous puissions avoir une approche raisonnée et dépassionnée du sujet, car la politisation du déploiement de la 5G par certains à des visées purement électoralistes va contre l’intérêt général et probablement même contre la transition écologique. Il ne faut pas oublier qu’une antenne 5G consomme jusqu’à dix fois moins d’électricité qu’une antenne 4G, pour un même volume de données échangées. Et, sans 5G, impossible d’optimiser notre consommation énergétique comme je l’évoquais. Enfin, cette technologie est indispensable à la compétitivité économique de notre pays. Elle est un élément important de la relance et du renouveau industriel français, de la modernisation de l’agriculture ou encore du développement de la télémédecine. Nos principaux partenaires européens ont déjà commencé à déployer la 5G et la France ne peut pas plus longtemps rester à l’écart des innovations et opportunités qu’elle permet au service des usagers.

- J’alerte sur le danger représenté par la décorrélation de l’écologie et de la science. L’écologie a besoin de rationalité et de faits scientifiques. Couper le lien avec la science, c’est ouvrir la porte à toutes les dérives, y compris à ceux qui ne croient pas au changement climatique.

- Le numérique est une force de l’économie française qui doit nous aider à rebondir. Il nous faut construire les champions du numérique de demain, capables de se mesurer aux Gafa dans cinq ou dix ans. Après avoir soutenu les entreprises du numérique dans la crise, nous allons apporter, avec Bruno Le Maire, une dimension plus offensive dans le plan de relance. La France compte désormais neuf licornes, nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. C’est une question d’emplois - je rappelle que le numérique a été le premier secteur créateur net d’emplois en 2019 - et d’indépendance de la France dans un secteur dominé par la Chine et les États-Unis. Le plan de relance permettra d’accélérer fortement dans la lutte contre la fracture numérique, que ce soit en matière d’accompagnement des 20 % de Français qui maîtrisent mal les outils informatiques ou de déploiement de la fibre. C’est d’autant plus utile que, sur 100 euros dépensés pour déployer la fibre, 90 euros vont à des entreprises françaises et à leurs salariés locaux.

 

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député)

Au moment le plus aigu de la crise, quand la tentation du repli national était forte, que les doutes étaient nombreux, la France et l’Allemagne ont agi ensemble pour y répondre et préparer l’avenir avec nos partenaires européens.

 

● Autres
(Personnalités ou organisations centristes)

Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

- La conscience de la gravité de la situation que les Français vont devoir affronter, doit guider le gouvernement dans cette rentrée. Tout ce qui nuit à la cohésion sociale nous fragilise. Non à l’extrémisme, à la radicalisation, au manichéisme. La violence, c’est l’échec.

- "La Voie" c’est l’équilibre entre la précaution et l’initiative. C’est "la complexité".