Dans cette rubrique, nous publions les points de vue
de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC.
Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la
pensée centriste.François
Bayrou et Emmanuel Macron
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées
centristes.
On ne comprend pas quel est l’intérêt politique de voir François Bayrou nommé à la tête du Commissariat au plan, décision qui serait dorénavant définitivement actée comme l’indique l’ensemble des médias.
J’ai dit intérêt politique.
Parce qu’à l’inverse, l’intérêt politicien, lui, est bien là d’un côté comme de l’autre.
Pour Emmanuel Macron, il s’agit de neutraliser un allié parfois encombrant et souvent critique en vue de 2022 en l’empêchant d’être un électron libre aux propos débridés.
Même s’il n’est pas directement rattaché au Premier ministre mais rendra compte uniquement au Président de la république sa parole devra désormais être contenue et plus dans le contrepoint voire dans la controverse comme cela a été trop souvent le cas jusqu’à présent.
Le chef du MoDem dans un cadre limité mais dans une fonction prestigieuse, voilà donc la solution trouvée pour qu’il demeure dans les clous si ce n’est dans la ligne.
Pour François Bayrou, on comprend bien que sa fonction de maire de Pau est beaucoup trop étriquée pour ses ambitions qui, rappelons-le, sont de diriger le pays.
On le savait depuis le jour où il est devenu le premier édile de la cité béarnaise.
Supplanté par Macron, dans l’impossibilité d’être premier ministre ou d’occuper un poste important dans le gouvernement (qui n’aurait jamais été assez important pour lui, selon lui) du fait de ses démêlées avec la justice, cette direction de la prospective du pays lui convient parce qu’il peut tenter de poser son image de sage qu’il tente par tous les moyens d’imposer dans les médias et l’opinion publique depuis trois ans.
Reste que si ce deal entre Emmanuel Macron et François Bayrou est un pari qui peut être payant pour les deux, il peut être également un pacte perdant-perdant qui pourrait rejaillir sur les chances du Centre en 2022 tant pour la présidentielle que pour les législatives.
Car si Bayrou veut outrepasser sa mission, il empiètera inévitablement sur les plates-bandes de Jean Castex voire sur celles d’Emmanuel Macron.
Et cette éventualité est loin d’être un cas de figure improbabble…
A l’inverse, si ce commissariat n’est qu’un gadget où il sera placardisé, nul doute qu’il ne le supportera pas et le fera savoir.
Caser Bayrou n’est pas une mince affaire.
Et pour le centriste trouver chaussure à son pied ne l’est guère plus.
D’où un danger latent pour la majorité présidentielle.
Jean-François Borrou