Inès Arrimadas |
L’ancienne bras droit de Rivera a ainsi renoué avec les racines
centristes libérales de Ciudadanos qui avait été, non pas abandonnées comme
l’ont prétendu ses adversaires, mais mises en sourdine devant les défis que
l’Espagne devaient affronter selon le fondateur du parti: la montée en puissance
des indépendantistes notamment catalans, la progression de l’extrême-droite et
la coalition qui se préparait alors et qui s’est réalisée entre les socialistes
du PSOE et l’extrême-gauche populiste de Podémos avec le soutien à géométrie variable
de certains partis nationalistes et indépendantistes.
Cette stratégie a été un fiasco, les électeurs n’y voyant là
qu’une dérive droitière et une intransigeance de plus en plus forte de Rivera, brouillant
l’image centriste de Ciudadanos.
L’Histoire dira si ce dernier avait raison de sonner le
tocsin et de se mettre dans une sorte de résistance au démantèlement du pays et
à la montée des populismes radicaux et démagogiques sans oublier une nouvelle
jeunesse du franquisme.
Toujours est-il qu’après que Rivera ait décidé d’abandonner
la vie politique, Ciudadanos s’est retrouvé avec à peine dix députés (contre 57
précédemment) alors même que le parti centriste avait été donné gagnant des
prochaines législatives un an auparavant dans quelques sondages des législatives!
Dès lors, il fallait pour les centristes trouver à nouveau
leur place dans un paysage politique qui était devenu au fil du temps bipolaire
avec la Droite conduite par le Parti populaire (PP) et la Gauche par le Parti
socialiste ouvrier espagnol (PSOE), une place qui était la grande réussite de
Rivera, il ne faut pas l’oublier.
C’est à cette tâche que s’est attelée Inès Arrimadas avec
une nouvelle option, celle d’être une sorte d’entre-deux entre le PP et le PSOE
tout en redonnant une visibilité aux thèmes économiques et sociaux de Ciudadanos.
Cette stratégie en est à ces débuts et reste donc à voir si
elle va donner des résultats probants ou si le parti n’a pas été définitivement
coulé par son obsession anti-indépendantiste qui a notamment empêché Rivera de
faire une coalition avec le PSOE avant les dernières législatives.
Ainsi Ciudadanos, tout en gardant ses alliances locales avec
le PP (et ses listes communes pour les prochaines élections régionales), s’est
rapproché de la majorité gouvernementale en votant plusieurs textes présentés par
le Premier ministre Pedro Sanchez, notamment dans le cadre de la crise sanitaire
et de tous ses développements économiques, sociaux et sociétaux.
Un Sanchez pas mécontent de trouver des appuis au centre
pour ne pas se retrouver en tête-à-tête constant avec Podémos de Pablo Iglésias.
L’idée d’Arrimadas, sur le court terme, est de ne pas laisser
l’Espagne s’enfoncer dans une récession qui pourrait être d’une très grande ampleur
et d’apporter les voix de son parti à des mesures gouvernementales qui iront dans
le bon sens et ceci malgré la présence de l’extrême-gauche au pouvoir et du
soutien de certains indépendantistes à Sanchez.
A plus long terme, il s’agit de redonner la crédibilité nécessaire
à Ciudadanos afin de permettre au parti centriste de redevenir un acteur majeur
de la politique espagnole.