Voici une sélection, ce 13 juin 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.
● Gouvernement
[Nota: dans ce
gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons
cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie
selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]
Jean-Yves Le Drian
(ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
- Première réunion ministérielle de
la Coalition Sahel avec
plus de 45 ministres et représentants des principales organisations
internationales au Sahel: ensemble nous exprimons notre détermination à agir pour la
sécurité et le développement du Sahel en appui des efforts du G5.
- [Bilan de l’opération au Mali depuis 2012] Les avancées
sur les autres volets de l’accord de paix se poursuivent : décentralisation,
développement du Nord, participation des femmes au processus de paix.
- La France a pris connaissance avec consternation de
l’ordre exécutif du gouvernement des Etats-Unis du 11 juin 2020 autorisant la
mise en place de sanctions à l’encontre de personnels de la Cour pénale
internationale (CPI) ou de personnes coopérant avec elle, ce qui pourrait
concerner des agents d’Etats. Cette décision représente une attaque grave
contre la Cour et les Etats parties au Statut de Rome et, au-delà, une remise
en cause du multilatéralisme et de l’indépendance de la justice. La France
réitère son plein soutien à la Cour pénale internationale. La Cour est la seule
juridiction pénale internationale permanente et à vocation universelle. Elle
joue à ce titre un rôle primordial dans la lutte contre l’impunité des auteurs
de crimes les plus graves. Elle apporte ainsi une réponse au besoin de justice
des victimes de ces crimes et contribue à la paix et à la stabilité
internationales. La France continuera à agir pour que la Cour soit en mesure de
remplir sa mission de manière indépendante et impartiale, conformément au
Statut de Rome. Elle appelle les Etats-Unis à ne pas mettre en œuvre les mesures
annoncées à l’encontre de la Cour, et à les retirer.
Florence Parly
(ministre des Armées)
- La mission européenne au Mali
a vu son mandat élargi. Les participations renforcées
annoncées par les Allemands et les Espagnols sont d'excellentes nouvelles. Nos
partenaires sahéliens nous appellent à une remontée en puissance de la mission,
réduite temporairement en raison de la crise sanitaire. Un message réaffirmé
sans la moindre ambiguïté : tolérance zéro pour toute forme d'exactions. Nos
partenaires maliens sont déterminés à faire toute la lumière sur les
allégations portées récemment. Ils sont déterminés à appliquer des sanctions
exemplaires à l'encontre de ceux dont la culpabilité serait avérée. C'est un
effort indispensable pour préserver la confiance avec les populations d'une
part, et les partenaires internationaux d'autre part.
- Le Parlement suédois vient de valider l'envoi de
militaires au Mali dans le cadre de la Task Force Takuba, qui rassemble des
unités de forces spéciales européennes. L'Europe se mobilise dans la lutte
contre le terrorisme auprès des pays partenaires et amis du G5 Sahel. Je
remercie vivement les Suédois pour leur implication, leur courage et leur
engagement.
- Le ministère des Armées continue à
soutenir les projets innovants de lutte contre la Covid19. L’Agence innovation défense financera
à hauteur de 115 992 € le développement d’un tissu innovant aux propriétés
anti-virales porté par le groupe Serge Ferrari et le laboratoire Virhealth. Ce
revêtement à base de particules d’argent résistantes au virus pourra être
utilisé pour protéger les toiles de tente, les matelas, les combinaisons ou les
poignées de porte. Un premier échantillon sera disponible fin juin.
- Le sous-marin nucléaire lanceur
d’engins (SNLE) Le Téméraire a tiré avec succès un missile balistique
stratégique M51 au large du Finistère. Cet essai démontre notre excellence
technologique et notre attachement à la souveraineté française. Je félicite toutes
celles et tous ceux dont l’engagement a permis le succès de cet essai. Leur
implication est essentielle à la dissuasion nucléaire française et à notre
souveraineté.
Bruno Le Maire
(ministre de l’Economie et des Finances)
Notre plan de relance sera vert.
Echanges intéressants avec les économistes Cameron Hepburn, Nicholas Stern,
Joseph Stiglitz, Dimitri Zenghelis et Brian O’Callaghan sur la nécessité
d’accélérer la transition écologique de nos économies.
Franck Riester
(ministre de Culture)
La déprogrammation du film «Autant en
emporte le vent» au Grand Rex est incompréhensible et inadmissible. La France
défendra toujours la liberté de création et de diffusion des œuvres. Comme
l’égalité, c’est le cœur de nos valeurs.
Muriel Pénicaud
(ministre du Travail)
Je salue l’annonce de PSA de revenir sur sa décision et
de réembaucher en priorité les intérimaires locaux. Dans la situation actuelle,
nous devons tout faire pour protéger l’emploi en France.
Marc Fesneau
(ministre des Relations avec le Parlement)
- Christophe Castaner a un dialogue exigeant avec la police. Notre responsabilité
est l'apaisement et le respect des institutions. La police protège les plus
faibles, la police nous défend. Elle est essentielle. Rappelons les faits,
remettons de l'ordre dans les esprits.
- Je comprends l'émotion des
policiers. Certains remettent en cause leur institution, se servant d'actes
individuels répréhensibles qui ne résument pas l'institution policière. Nous
devons condamner les cas individuels, mais ces cas ne font pas l'institution.
Cédric O (secrétaire
d’Etat chargé du numérique)
Ce qui a fait la force de la campagne
présidentielle est plus valide que jamais. Mais les bons résultats économiques
ne suffisent pas. C'est la réalité du quotidien que nous devons réussir à
transformer.
Jean-Baptiste Lemoyne
(secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
Bienvenue en France ! Dès lundi, nos amis européens peuvent
venir en France sans restriction. À tous les amoureux de la France, nous sommes
prêts à vous accueillir.
Agnès
Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre
de l'Economie et des Finances)
- Au conseil Compétitivité, je
soutiens le plan de relance européen. Des objectifs clairs : transition
écologique, transition numérique en investissant notamment dans le cloud souverain,
l’IA et la 5G,
souveraineté de notre industrie, en relocalisant des sites notamment pour la santé.
- Contre le COVID19, l’accès à un vaccin sera
une étape essentielle pour garantir la protection de tous contre un retour de
la pandémie. Avec Olivier Véran, nous annonçons la signature d’un accord avec
le laboratoire AstraZeneca pour l’achat de vaccins contre le SARS-CoV-2. AstraZeneca
s’est engagé à mettre en place une chaîne d’approvisionnement du vaccin en Europe.
Si ce vaccin est validé scientifiquement, cela permettra d’en garantir l’accès
à nos concitoyens, avec plusieurs dizaines de millions de doses devant être
livrées avant fin 2020.
- Renault est au bord du gouffre. On
peut être dans le déni en leur interdisant de tout faire, ou alors on regarde
avec les organisations syndicales et les salariés la meilleure façon de
franchir cette crise.
- Le président de la République veut
un plan pour les indépendants, parce quand un indépendant dépose le bilan on ne
l'entend pas (...) 30% des commerçants et artisans se demandent s'ils vont
passer l'année.
- Je crois qu'il faut accélérer le
déconfinement (...) Si les indicateurs sont bons il faudra passer
l’Île-de-France eu vert (...) Il faut regarder factuellement comment le virus
circule.
Olivier Dussopt
(secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics)
- Je réfute l'idée que les ministres
seraient le jouet de leur administration. L'administration ne prend la place
que si on la lui laisse. Je persiste dans cette idée qu'il nous faut aller plus
loin dans le mouvement de déconcentration!
- L'Etat est présent partout, mais
parfois en plusieurs fois et avec des périmètres d'intervention qui se
superposent. Des services publics installés à Paris ou dans des métropoles
pourront exercer leurs missions dans des zones rurales.
- Il faut que l'on aille plus loin
dans la déconcentration de la Fonction publique, faire plus confiance aux directeurs départementaux et aux
chefs de service. Il faut aller plus loin dans la déconcentration de la
décision.
Marlène Schiappa
(secrétaire d’Etat à l’Egalité hommes-femmes et à la Lutte contre les
discriminations)
- La République est indivisible.
Cultivons notre unité plutôt que de pointer nos différences, comme le dit la
chanson La Preuve par 3, Saïan Supa Crew. Chacun doit avoir les mêmes chances
dans la vie indifféremment de sa couleur, son origine ou son code postal!
- Nous avons invité des entreprises
soupçonnées de discriminations à une formation sur l’inclusivité : discriminer,
c’est se priver de talents. C’est un non-sens économique et un délit. Ça doit
cesser!
Sibeth Ndiaye
(porte-parole)
[Tribune: «Nous payons aujourd’hui l’effacement de
l’universalisme républicain»]
Quand je suis arrivée en France, en 1996, j’avais
16 ans. Sénégalaise issue d’une famille très engagée dans la lutte pour
les indépendances, j’avais été élevée dans un rapport intransigeant avec la
France, mais aussi dans la passion de sa langue.
C’est en arrivant en France que j’ai pris conscience de ce
que cela représentait d’être Noire. Je fis l’expérience du racisme ordinaire.
Ou, plus exactement, des racistes ordinaires : ceux qui ouvertement se
défient de vous parce que vous êtes Noire et ceux qui croient avoir dépassé
tous les préjugés, mais les nourrissent encore sans le savoir, presque sans y
penser. Mais ce racisme-là, qu’il soit explicite ou impensé, n’était jamais
validé par la société ni par les institutions françaises.
J’arrivais dans un pays où la gauche avait depuis longtemps
enfourché le cheval de bataille de l’antiracisme, où la droite de Jacques
Chirac refusait catégoriquement de s’allier au Front national. Dans cette
France-là, face à un Jean-Marie Le Pen présent au second tour de l’élection
présidentielle, aussitôt un bloc s’est formé contre ce parti qui jouait sur la
peur de l’autre. Dans cette France-là, Jacques Chirac n’a même pas eu besoin
d’un débat pour être élu massivement.
Je suivais avec intérêt tous les débats des années 2000 sur
la discrimination positive, sur la visibilité des minorités, sur les quotas,
sur les statistiques ethniques… Tout cela était difficile, souvent ambigu,
parfois contre-productif, mais relevait de la même préoccupation : ne pas
ajouter à la difficulté sociale une difficulté raciale, et dépasser les
préjugés raciaux par la réussite sociale. Cette préoccupation animait la
gauche, mais n’était pas indifférente à certains cercles de droite
progressiste, qui promouvaient, par exemple, le CV anonyme.
Ce combat civil à la française, je l’ai vu peu à peu
s’effriter. A droite, la question de la discrimination et de ses effets
corrosifs sur la société a été supplantée par la question de l’islam. Cette
nouvelle obsession a rendu le débat non plus racial, mais culturel et
identitaire. Au fond, le rejet de l’étranger n’était plus le fait de sa couleur
de peau, mais de sa religion.
Cette vision culturelle a permis au Front national de sortir
de ses impasses par un beau syllogisme dont la conclusion restait
implicite : les Noirs et les Arabes sont souvent musulmans, or l’islam
n’est pas compatible avec la République… donc les Noirs et les Arabes ne
seraient pas compatibles avec la République. On pouvait décomplexer le racisme
en invoquant la culture, et les attentats se chargèrent du reste. A droite, les
digues avec l’extrême droite s’amenuisèrent. A gauche, l’antiracisme historique
de la génération Mitterrand se dilua dans le combat contre les inégalités
sociales. Fini Touche pas à mon pote.
On considéra que la couleur de la peau n’était que le signe
visible du déclassement et qu’il fallait lutter contre le racisme par le
social. Moyennant quoi on oublia que la couleur cristallise la discrimination,
même quand elle n’est pas accompagnée de déclassement social. En oubliant cela,
on a oublié une souffrance : celle que génère le racisme ordinaire, qui
restreint le champ des possibles. Les discriminations de genre ont suscité une
attention nouvelle et légitime, quand les discriminations raciales retournaient
dans l’ombre.
Cette disparition de la question du racisme dans le champ
politique a ouvert la voie à toutes les organisations désireuses de faire
fructifier à leur profit la souffrance qui persistait, et même augmentait, face
au racisme. Ces organisations ont essentialisé cette souffrance, considérant
qu’elle était indépassable parce que la France n’était pas un Etat où vivent
des racistes, mais un Etat raciste. Alors que l’extrême droite faisait dans le
culturalisme, l’extrême gauche s’est mise à faire dans le racialisme.
Pris en étau, malmené, dénoncé, l’universalisme républicain
à la française s’est effacé des consciences et est apparu incapable de répondre
à l’insécurité culturelle des uns comme à la souffrance raciale des autres.
C’est cet effacement que nous payons aujourd’hui, et nous le payons très cher.
Si nous laissions le terrain aux extrêmes, à leurs concepts, à leur vision,
alors nous acterions la fragmentation de la France en archipel. Ce n’est pas
cela que j’espérais en devenant française. Ce n’est pas pour cela que je me
suis engagée en politique.
J’entends déjà celles et ceux, aux extrêmes, qui diront les
uns que je néglige « le socle culturel » du racisme, les autres que
je suis « la Noire de service », « l’idiote utile des Blancs
au pouvoir ». Devançant ces critiques, j’ai la conviction qu’il nous
faut retrouver le sens de l’universalisme français. Pour que cet universalisme
vive et prospère, nous ne devons pas hésiter à nommer les choses, à dire qu’une
couleur de peau n’est pas neutre, qu’un nom ou un prénom stigmatise.
Nous avions entrepris de faire vivre l’universalisme par un
effort envers les minorités visibles. Il faut reprendre ce fil avec audace,
renouer avec le réel d’une souffrance. Il nous faut sortir d’une double
assignation : la couleur de peau, et l’identité culturelle supposée que
désigne cette couleur de peau. Cette double assignation, je l’ai constatée
pendant les dix années où j’ai vécu en Seine-Saint-Denis (accès difficile à
l’emploi, au logement, faible réussite scolaire, etc.). Je la vis en tant que
ministre lorsqu’on moque mes robes colorées: si j’aime la couleur et le wax, ce
serait parce que je suis Noire. « En tenue de cirque », je serais
donc « indigne » de représenter la France. Ce n’est pas anecdotique,
c’est le signe qu’il faut sortir de cette prison mentale et identitaire.
Nous pourrons y arriver si nous confrontons nos mémoires en
faisant confluer les histoires sans les opposer : ce que j’ai appris de la
colonisation, à l’école, au Sénégal, devrait pouvoir se conjuguer avec ce que
j’ai appris en France de la décolonisation. Nous pouvons en unissant les deux
faces du tableau, avec l’aide de nos historiens, créer un récit partagé
permettant de dépasser les clivages.
Nous devons aussi nous reposer la question de la
représentativité des personnes de couleur dans la vie publique, politique,
économique et culturelle de notre pays. Nous devons revenir avec force aux
outils de lutte contre les discriminations raciales sans les confondre avec les
moyens de lutter contre la discrimination sociale.
Pourquoi ne pas poser de manière apaisée et constructive le
débat autour des statistiques ethniques ? Car nous avons fait de
l’universalisme le fondement de nos lois, mais, à ne pas pouvoir mesurer et
regarder la réalité telle qu’elle est, nous laissons prospérer les fantasmes.
Il y a là quelque chose dont nous devons nous ressaisir urgemment, parce que
nous ne devons pas renoncer à notre projet universaliste et républicain, sous
peine de donner raison à ceux qui en détournent le sens et en exploitent sans
vergogne les faiblesses.
Le problème du racisme en France n’est pas réglé. Mais nous
pouvons le faire refluer au prix d’un combat inlassable, économique et social,
démocratique et républicain, qui doit redevenir l’honneur de la France. Osons
débattre publiquement de certains sujets hier encore discutés, aujourd’hui
devenus tabous, sans sombrer dans les habituels procès d’intention.
● LaREM
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]
Richard Ferrand
(président de l’Assemblée nationale)
Déprogrammation, censure, relecture
des œuvres... La meilleure méthode pour encourager la bêtise, la pire pour
lutter contre le racisme. Qui cède au chantage devient otage.
Gilles
Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
Le combat acharné contre le racisme doit mobiliser tous les
Français. C'est l'objet de la Mission de l’Assemblée
dont les députés LaREM
sont à l'origine. Revisiter notre passé pour
éclairer le présent, c'est le travail des historiens. Confondre les deux ne
sert pas la cause.
Aurore Bergé
(porte-parole)
- [Selon Jean-Michel
Blanquer: "On s'appelle la République en marche et pas le communautarisme
en vadrouille."] A mon sens, il
s'agit surtout d'une mise en garde. Aujourd'hui, le risque est grand qu'on ne
sache plus se positionner dans le débat qui se déroule sous nos yeux et qui
est, en grande partie, l'importation d'un modèle de pensée américain.
L'objectif de Jean-Michel Blanquer est d'œuvrer pour qu'il n'y ait pas de
dilution dans notre façon de penser le modèle républicain et
universaliste.
- Il faut que nous repartions de ce que nous avons défendu
pendant la campagne présidentielle. Ce que nous en sommes en train de vivre est
l'exact contraire du combat qui a été le nôtre en 2017. Quel était le cœur de
la campagne du candidat Macron? Le refus de l'assignation à résidence. Or, il
n'existe pas pire assignation à résidence que la dérive identitaire car elle
oblige à considérer les citoyens non plus pour ce qu'ils ont ou pour ce qu'ils
font mais pour ce qu'ils sont. Les voici donc assignés à la communauté à
laquelle ils sont censés appartenir. Nous sommes en plein dans ce que Jérôme
Fourquet dénonce, cette "archipelisation" qui recréé des fractures et
des ilots dans la société française. Nous ne pouvons pas laisser gagner le
mouvement identitaire. Reléguer la question économique et sociale pour
préempter cette question identitaire serait une faute politique, profondément.
Traiter tous les Noirs de la même façon au prétexte qu'ils sont noirs. Traiter
tous les homosexuels de la même façon au prétexte qu'ils sont homosexuels. Etc.
Je refuse cette vision communautariste ! Ceux qui la portent ne sont pas là
pour lutter contre les discriminations contrairement à ce qu'ils veulent nous
faire croire. Leur sujet n'est plus la difficulté à accéder à un logement, à un
travail, non, leur projet consiste à dire :"Tu es noir donc quoi que tu
fasses dans ta vie, tu restes assigné à ta condition de femme ou d'homme
noir." C'est complètement contraire à l'universalisme républicain.
- Lier une expression publique sur le racisme et les
"violences policières", c'est donner une légitimité à ce mouvement
que nous voyons progresser. En revanche, si on considère qu'il faut mettre le
holà à l'identitarisme et poser les enjeux de la lutte contre les
discriminations, pour les droits humains, évidemment, cela fait sens que le
président, garant de l'unité républicaine, prenne la parole et rappelle les
fondamentaux.
- Est-ce que les mouvances décoloniales ont tenté de
gangréner la société française? Oui, c'est le cas au sein de l'université, du
monde du sport, d'un certain nombre de mouvements LGBT. Act Up en a fait les
frais, tout comme la LCR quand elle se transforme en NPA en 2009. Bien sûr, il
y a une tentative d'entrisme au sein d'un certain nombre d'institutions qui ne
devraient pas autoriser cette pollution. Le président a raison de le souligner.
Est-ce paradoxal avec l'expression qu'il [Emmanuel Macron] a employée il y a
deux ans? Il était revenu dessus donc il me paraît plus important de retenir
ses mots actuels sur la part de responsabilité des universitaires. Quand des
petits bourgeois font des tribunes pour dire qu'ils ont honte d'être blancs, on
peut s'interroger sur la pertinence de ce type d'expression publique.
- [Racisme et violences policières] Ces deux débats ne
peuvent pas être mélangés. Cette confusion nous fait oublier que les questions
légitimes sur l'exercice du maintien de l'ordre ou sur l'utilisation de la
force ont d'ailleurs été posées lors du mouvement dit "des Gilets
jaunes". S'agissait-il de policiers blancs contre des manifestants noirs ?
Non ! Affirmer qu'il y aurait un racisme systémique dans la police est tout à
fait illégitime ! Je refuse l'expression "violences policières" : il
y a des violences de la part de certains policiers, elles sont à dénoncer et
sanctionner. Les lier au problème du racisme, c'est accréditer l'idée selon
laquelle il y aurait un racisme d'Etat dont la police serait le bras armé.
C'est le mouvement qui est à l'oeuvre quand on accuse les policiers noirs
d'être des "traitres", des "vendus", de participer à
légitimer la violence d'Etat à l'égard de "leurs frères". On oublie
que parmi les policiers ou militaires qui ont pris des balles, il y avait
Clarissa Jean-Philippe, Ahmed Merabet ou Ibn Ziaten. Les traiter de vendus est
une insulte à la mémoire de ces derniers. Les forces de l'ordre doivent
être soutenues pour ce qu'elles font au quotidien : si nos policiers se sentent
lâchés par des élites qui les stigmatiseraient en brutes ou racistes, et sont
dans le même temps victimes de violences ou de guet-apens, comment peuvent-ils
continuer leur mission? Qui voudra demain intégrer la police?
- [Demande du déboulonnage de la statue de Colbert devant
l'Assemblée nationale] C'est très inquiétant mais je ne devrais pas être la
seule à être inquiète. Vouloir effacer le passé ne permettra jamais de mieux
aborder le présent. C'est la société toute entière qui devrait se révolter
quand une forme de révisionnisme s'opère. Je ne veux pas d'un pays à l'histoire
trafiquée, aux statues abattues, à la complexité des hommes abolie. Le
révisionnisme agit dans les deux sens quand on parle des bienfaits de la
colonisation et quand on veut déboulonner les statues de Churchill ou de
Colbert. Quand je lis qu'un ancien Premier ministre de la République veut
débaptiser la salle Colbert de l'Assemblée nationale, je lui réponds que je
suis fière d'être une députée qui occupe un lieu dont l'histoire nous dépasse
et nous rappelle chaque jour ce pour quoi nous avons été élus, tout autant
qu'il nous rappelle que nous sommes de passage.
- Je suis en colère quand je vois qu'une plateforme retire
de son catalogue pour le recontextualiser le film "Autant en emporte le
vent" ou que Le Grand Rex en déprogramme sa projection. Cela entache notre
liberté de création. Songer que certains sujets ne pourraient plus être abordés
demain parce qu'ils pourraient être offensants pour certaines communautés,
comme c'est déjà le cas aux Etats-Unis, est-ce la liberté de création à
laquelle on aspire dans notre pays ? C'est en France qu'on érigeait hier en
valeur fondamentale le droit au parjure, à la caricature, à la parodie et c'est
en France que nous défilions en hommage et en soutien aux journalistes de
Charlie assassinés.
Marie Lebec (députée)
- Après 3 ans, je crois plus que
jamais au projet que nous portons derrière le président de la République.
Malgré les crises, je vois aussi les résultats obtenus, notamment dans
l’économie.
- Le sens de notre politique depuis 3
ans, c'est d’attirer les investisseurs, créer des emplois et de la richesse sur
notre sol, ce n’est pas d’augmenter les impôts. La France est devenue la première
destination des investissements en Europe. Gardons une politique de stabilité
fiscale.
Sylvain Maillard
(député)
En tant qu’élus, il est aussi de
notre devoir de recréer le lien entre les policiers et l’ensemble des Français.
Ceux qui nous protègent ont droit au respect comme tous les citoyens. Dans une
société de droits et de devoirs, c’est essentiel.
●MoDem
François Bayrou
(président)
J’ai trouvé que les attaques contre les policiers étaient
particulièrement excessives, choquantes et blessantes. Il y a pu avoir des
dérapages comme dans toute société humaine. Mais ces dérapages sont
sanctionnés. Une société qui n’est pas capable de défendre et protéger ceux à
qui on demande de protéger les plus faibles est une société qui va mal. Car la
sécurité, c’est d’abord la sécurité des plus faibles. Et la mission des forces
de sécurité, c’est de protéger les plus faibles. Il faut au moins qu’on
manifeste de la compréhension et du soutien aux forces de police. On ne peut
pas mettre ainsi en accusation un corps tout entier parce qu’il y a pu avoir
des dérapages partiels. (…) Je ne veux pas en faire une affaire de politique
nationale. Je pense seulement aux hommes et aux femmes, à leur mission, aux
risques qu’ils prennent, aux insultes qu’ils reçoivent, et qui ont eux-mêmes
des enfants qui se font insulter dans les cours de récréation.
Laurence Vichnievsky
(députée)
Racisme:
il y a des dérives individuelles qui doivent être sanctionnées et qui le sont.
Mais la police et la
gendarmerie, en tant
que corps, ne sont pas racistes en France. Soutien et reconnaissance à ceux qui
assurent notre sécurité et l’état de droit.
Nathalie Avy-Elimas
(députée)
A travail égal, salaire égal? En
2018, j'ai soutenu la création de l’index de l’égalité professionnelle entre
les femmes et les hommes. Il est aujourd'hui publié par les 2/3 des entreprises
françaises.
●UDI
[Nota: dans ce parti,
les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de
droite ne sont pas retranscrits]
Nathalie Goulet (sénatrice)
Alors que l’urgence sanitaire nous a fait oublier bien des principes juridiques et
budgétaires l’entêtement de l’Etat à interdire aux départements d’agir dans ce
cadre est incompréhensible
●Mouvement radical
Laurent Hénart
(président)
- Stop aux plans comptables! Les 3
derniers mois ont tout changé. Il est tps de refonder notre politique de santé par la concertation la
reconnaissance des personnels soignants et l’investissement. Je demande au gouvernement de clarifier sa
position sur le futur des hôpitaux.
- Nos policiers font un travail
admirable. Je tiens à leur affirmer mon soutien.
● Autres
(Personnalités ou
organisations centristes)
Jean-Pierre Raffarin
(ancien premier ministre)
Il est bête de s’en prendre à
l’histoire. Nous sommes ses créatures. Elle s’apprend plus qu’elle ne se juge.
Notre honneur est de combattre les forces vivantes dont l’histoire nous a
appris la nuisance. C’est vrai que la lutte contre les statues est plus facile!